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Le mémorial du 1^er RCA

La libération du sud de l'Alsace du joug nazi débuta fin novembre 1944. Le 17 novembre 1944, la 5^e Division Blindée (DB) et la 2^e Division d'infanterie Marocaine (DIM) en provenance de Montbéliard s'engagent sur l'axe Aspach/Cernay/Neuf-Brisach. La 1^re DB et la 9^e Division d'infanterie Coloniale (DIC) ont pour objectif Mulhouse et Chalampé (sur le Rhin).

L'offensive est déclenchée le 19 novembre 1944. Les chars de la 1^re DB foncent le long de la frontière suisse et atteignent le Rhin à St-Louis vers 18h. Au matin du 20 novembre 1944, le groupement du colonel Caldairon atteint Brunstatt et contourne Mulhouse par le sud. À 20h, le groupement Gardy franchit les limites de Mulhouse par l'ouest. Ce même jour, la 5^e DB neutralise les positions allemandes à l'ouest de Belfort. La ville ne sera totalement libérée que le 25 novembre 1944. Le général De Lattre ordonne à la 5^e DB de contourner Belfort pour attaquer le long de l'axe Fontaine/Cernay/Colmar. La division de chars du général Vernejoul (5^e DB) se trouve empêtrer sur le trajet de la 1^re DB.

Le char "Foch"

Le 21 novembre 1944, les chars foncent à travers Mulhouse, mais ils sont peu nombreux, moins d'une centaine d'hommes, et ne font qu'illusion. Les Allemands reçoivent des renforts par le pont de Chalampé et contre-attaquent dans le Sundgau. Les combats font rage au centre de Mulhouse que les Allemands n'abandonnent que le 26 novembre 1944. Les Allemands reprennent les villages de Suarce et Lepuix à la limite du Territoire de Belfort et progressent le long de la frontière suisse avec comme objectif d'encercler la 1^re et le 5^e DB. Le 22 novembre 1944, la 5^e DB, commandée par le général Vernejoul, reprend Chavannes-les-Grands, Lepuix et Suarce. Le 23 novembre 1944, les Allemands atteignent la frontière suisse à Pfetterhouse et contraignent les Français au repli à Mulhouse. Le 24 novembre 1944, l'artillerie allemande bombarde Habsheim, Rixheim et l'Ile Napoléon au sud-ouest de Mulhouse et les chars de la Panzerbrigade attaquent dans la Hardt où les Français se replient sur le canal de Huningue. Le 25 novembre 1944, les Français reprennent Heidwiller et Aspach au nord d'Altkirch et progressent le long de la Doller à l'ouest de Mulhouse. Le 26 novembre 1944, la 2^e DIM franchit la Doller et se dirige vers Mulhouse. Elle est suivie par deux Bataillons du 6^e Régiment de Tirailleurs Marocains (RTM), la 4^e Division Marocaine de Montagne (DMM), quatre bataillons de FFI et le 2^e Bataillon de Chasseurs à Pied (BCP). Le 27 novembre 1944, Dannemarie est libéré et le 28 novembre 1944 après la libération de Soppe, la 1^re DB cède la place à la 5^e DB sur ordre du général De Lattre. Le front se stabilise le long de la Doller à l'ouest de Mulhouse et le long du canal de Huningue à l'est. L'offensive française est annulée. Elle reprendra le 5 décembre 1944 avec pour objectif la tête de pont allemande à Neuf-Brisach. Les Allemands opposeront une résistance désespérée. L'armée française avance doucement et libère petit à petit les villages notamment sur les contreforts vosgiens. La contre-attaque allemande dans les Ardennes le 16 décembre 1944 empêchera l'armée américaine de venir en renfort. En janvier 1945, les enfants mulhousiens sont évacués par la Croix-Rouge vers la Suisse.

Le 20 janvier 1945, sous une forte tempête de neige, les chars français attaquent en banlieue mulhousienne. Pfastatt, Bourtzwiller, Illzach et Kingersheim sont libérés. Lutterbach le sera après d'intenses combats qui dureront toute la journée. Reiningue sera libéré le 22 janvier 1945. Les combats se poursuivent dans la région de Wittelsheim jusqu'au 25 janvier 1945. Cernay est libéré le 30 janvier, Colmar le 2 février, Neuf-Brisach le 4 janvier et Chalampé le 9 janvier 1945. La poche de Colmar est tombée le 6 février avec l'aide des Américains. L'Alsace sera totalement libérée le 18 mars 1945.

Le 23 novembre 1944, la 5^e DB débute son offensive sur Magny, 1^er village d'Alsace depuis le Territoire de Belfort. Un escadron de chars Sherman du 1^er régiment de Chasseurs d'Afrique (RCA), deux pelotons de Tank Destroyers, une compagnie de la Légion Etrangère et une section du Génie partent de Chavannes-les-Grands à 12h45. Le 1^er RCA fut créée le 17 novembre 1831 et était en garnison en Algérie. Il se distingua durant les batailles d'Isly en 1844, Balaklova en 1854, Solferino en 1859, San Pablo del Monte en 1863, en Extrême-Orient en 1885, à Madagascar en 1895, au Maroc en 1907/1908/ et 1934, dans les Flandres en 1914, à Uskub en 1918, à Montbéliard en 1944 et à Tübingen en 1945. Le régiment dissous en 1964 fut recréé en 1998 et est en garnison au camp de Canjuers dans le Var.

Le mémorial du 1^er RCA

Le Sherman utilisé par le 1^er RCA était un char d'un poids de 31 tonnes, long de 6,27 m, large de 2,67 m et haut de 3,37 m. Il était armé d'un canon de 75 mm et de 2 mitrailleuses. Son moteur 8 cylindres en ligne de 500 ch lui permettait une vitesse de 42 km/h sur route. Son équipage était constitué de 5 hommes. Il fut mis en service en 1942 et fut construit à 49230 exemplaires.

La colonne blindée emprunte la route, car les champs détrempés par les intempéries sont impraticables aux lourds blindés qui s'y embourberaient. Au sommet de la côte entre Chavannes-les-Grands et Magny, la colonne est prise sous le feu d'un canon antichar allemand. Le canon de 88 mm est dissimulé derrière le pont à l'entrée du village de Magny. Le 1^er obus brise la chenille gauche du 3^e char de la colonne, le char Foch. En essayant de manœuvrer, le char se retrouve avec la caisse posée sur l'accotement et la chenille intacte embourbée dans le terrain détrempé. La colonne est immobilisée et les deux chars à l'avant sont à la merci du canon.

Le 2^e tir des Allemands perfore les 76 mm du blindage avant du char Foch, tuant le mitrailleur et enflammant l'intérieur. Le char reposant sur sa caisse, l'issue de secours du dessous est bloquée. Le canon du char pointé vers l'ennemi bloque, lui, l'ouverture de la trappe du conducteur. Des quatre membres d'équipage survivants, trois moururent brulées vifs. Seul le chef de char, l'aspirant Guy Rabiller, parvient à s'échapper à temps de la tourelle malgré sa jambe arrachée. Malgré sa blessure, il poursuivit sa carrière militaire pour atteindre le grade de colonel. Il est décédé en 2004.

Le reste de la colonne se repliera sur Chavannes-les-Grands. L'attaque a échoué, le bilan de la journée sera de deux Shermans détruit, 12 tués et 48 blessés.

Le mémorial du 1^er RCA a été élevé à l'endroit de la destruction du char Foch. Le char Sherman, qui y est installé, témoigne de la destruction de 50 chars de ce type dans un rayon de 25 km lors de la bataille de la Trouée de Belfort pour la libération de l'Alsace. Il rend également hommage aux 200 tués et aux 800 blessés lors de cet engagement.

Ces photographies ont été réalisées en mai 2012.

Y ACCÉDER:

À Dannemarie, prendre la D103 vers Manspach. Poursuivre vers Romagny, puis vers Magny et Chavannes-les-Grands. Le mémorial est au bord de la route après le village de Magny.

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 1^er mars 2013

Cette page a été mise à jour le 12 février 2015