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Le mémorial
Edmond Marin La Meslée

Le commandant Edmond Marin La Meslée, as de l'aviation française, a été abattu par la flak (artillerie antiaérienne) allemande le 4 février 1945. Il s'écrasa aux commandes de son Republic P47 Thunderbold à proximité du village de Dessenheim. À l'endroit du crash, l'armée française éleva, en 1946, un mémorial.

Edmond Marin La Meslée est né le 5 février 1912 à Valenciennes au sein d'une famille très liée à l'aviation. Son père fut le cofondateur du club d'aérostation et d'aviation de Valenciennes et deux de ses frères serviront, comme lui, dans l'armée de l'air. En 1929, après avoir obtenu deux baccalauréats, il entame des études de droit. Ayant décroché une bourse de pilotage auprès de l'état, il obtient le brevet de pilote le 1^er août 1931 à l'école Morane-Saulnier de Villacoublay. Il devance alors l'appel au service militaire et se fait incorporer fin novembre 1931. Après avoir fréquenté les écoles d'Istres et d'Avord, il intègre, le 20 septembre 1932, avec le grade de sous-lieutenant de réserve le 2^e régiment de chasse de Strasbourg. Mais confiné à l'armée de réserve, il démissionne en novembre 1932 pour s'engager dans l'armée d'active avec le grade de sergent. Pour devenir officier, il passe les concours à l'école de St-Cir et à l'école des élèves officiers de Versailles. Il n'intègrera celle-ci qu'en septembre 1936 lorsqu'elle sera devenue l'école de l'air. Entretemps, il s'est marié avec Élisabeth Joliet à Perrigny-lès-Dijon le 10 juin 1935. Il est promu sous-lieutenant en octobre 1937 et rejoint la 5^e escadre de chasse à Reims.

Le 1^er octobre 1939, il est promu lieutenant et commandant en second de l'escadrille SPA67 du groupe de chasse (GC) 1/5. Celle-ci vole sur des chasseurs Curtiss H75 Hawk d'origine américaine. C'est à bord de cet appareil qu'il obtiendra ses 16 victoires aériennes (plus 4 probables). Il décroche la première le 11 janvier 1940 lorsqu'il abat un Dornier DO17 au-dessus de Longwy. Les autres seront obtenus durant la campagne de France. Le 12 mai 1940, il abat trois Junkers JU87 Stuka. Suivront ensuite le 13 mai 1940, un chasseur Messerschmitt BF109, le 15 mai, un Henschel Hs126, le 16 mai, un Dornier DO215, le 18 mai, trois Heinkel He 111, le 19 mai, un Heinkel He111, le 24 mai, un Henschel Hs126, le 25 mai, un Henschel Hs126, le 26 mai, un Heinkel He111, le 3 juin, un Henschel Hs126 et le 10 juin, un Junkers JU88. Le 2 juin 1940, il remplace le capitaine Accart, grièvement blessé, au commandement de l'escadrille. À partir du 11 juin 1940, l'escadrille se replie progressivement vers le sud pour être affectée le 20 juin en Algérie puis le 14 juillet au Maroc.

En décembre 1941, il est promu capitaine et reçoit officiellement le commandement de l'escadrille. Après le débarquement américain en Afrique du Nord en novembre 1942, l'armée française reprend le combat contre l'Allemagne nazi. Les Américains équipent le GC 1/5 avec des avions Curtiss P40 puis en juin 1943 avec des Bell P39 Airacobra. La mission assignée au GC 1/5 est la protection aérienne des convois maritimes et la surveillance des côtes. En juin 1944, Edmond Marin La Meslée est promu commandant. Après le débarquement en Provence, le GC 1/5 revient en France (Salon-de-Provence) le 30 septembre 1944. En novembre 1944, elle est équipée de Republic P47 Thunderbolt avec comme mission l'appui des troupes au sol. Le GC 1/5 est déployé, le 4 décembre 1944, à Ambérieu-en-Bugey afin de soutenir la 1ere Armée française combattant en Alsace. Le 29 décembre 1944, elle est redéployée à Tavaux dans le Jura.

Le 4 février 1945, Edmond Marin La Meslée décolle à la tête de trois patrouilles pour sa 232^e mission de guerre. Chacun des onze P47 emporte deux bombes de 250 kg avec pour objectif le village allemand de Hügelsheim au nord-est du Pont-de-Chalampé. C'est le point de passage principal des Allemands en retraite. En cours de vol, un nouvel objectif est assigné à l'escadrille. Il s'agit de détruire un pont de bateaux sur le Rhin à quelques kilomètres de Neuf-Brisach. Le commandant et son escadrille parviennent à traiter l'objectif sans aucune perte. Au retour, un autre objectif leur est assigné. Il s'agit de mitrailler un convoi circulant entre Ensisheim et Neuf-Brisach. Celui-ci est repéré sur la route reliant Balgau à Dessenheim. Lors du premier passage, l'équipier gauche du commandant, le sergent-chef Uhry, est touché par la flak. Il s'écrase près de la ferme du Schaeferhof à Fessenheim. Au cours de la 2^e passe, c'est l'avion du commandant qui est touché. Il s'écrase dans un champ. Le corps du commandant Marin La Meslée, mortellement touché par un éclat à la tête, est récupéré par les Allemands. Ils le remettent, après lui avoir rendu les honneurs, à l'abbé Weber qui l'inhumera le 12 février 1945 à Rustenhart.

Après la fin de la guerre, un monument commémoratif sera érigé sur le lieu du crash. Il s'agit d'une étoile blanche à cinq branches d'un diamètre de 30 m. Le monument a été inauguré le 29 juin 1946. Le corps du commandant y fut transféré le 13 juin 1950. La stèle recouvrant sa tombe porte sa dernière citation "Chasseur d'un prestige inégalé, doué des plus belles qualités de chef dont il était le type accompli, a su faire jaillir autour de lui, par son seul exemple l'enthousiasme et l'ardeur en même temps qu'il forçait l'admiration de tous. Impatient d'ajouter encore au palmarès éblouissant de ses vingt victoires conduisait son groupe à la délivrance de l'Alsace lorsque le 4 février 1945 il trouva à l'ennemi une mort glorieuse à la mesure de sa vie : en tête de la formation qu'il commandait. Pur visage de l'Aviation de chasse dont il était l'incarnation, il restera, par ses vertus et par sa gloire l'une des figures les plus éclatantes de l'Armée de l'air et l'un des héros les plus nobles de la nation". L'écrivain Jules Roy parle d'Edmond Marin La Meslée dans plusieurs de ses ouvrages. Concernant le mausolée, il écrira en 1948 "A l'endroit de sa chute, ses compagnons d'armes ont dessiné une étoile à cinq branches … Maintenant son étoile répond de la terre noire à toutes celles qui s'allument le soir au-dessus d'elle".

Edmond Marin La Meslée totalise 16 victoires aériennes et 4 probables en 101 missions. Il se place au 5^e rang des as français de la 2^e Guerre mondiale à égalité avec André Jacques, Delfino Louis, La Poype Roland et Sauvage Roger. Il a été fait Chevalier de la Légion d'honneur en 1940. Il est également titulaire de la Croix de guerre avec 11 palmes et une étoile d'argent et de la Distinguished Flying Cross américaine et a été cité dix fois à l'ordre de l'armée.

(origine Wikipédia)

Le Republic P47 Thunderbolt a été conçu après l'échec de plusieurs prototypes refusés par l'armée américaine. Le XP47B a été construit autour de l'énorme moteur Pratt & Whitney R2800 en double étoile fournissant une puissance de 2000 ch. C'était le plus grand chasseur de l'époque avec un poids à vide de 4490 kg, une envergure de 12,40 m, une longueur de 11,03 m et une hauteur de 4,31 m (la taille d'un bombardier). Le moteur entrainait une hélice quadripale de 3,17 m de diamètre. L'avion était armé de huit mitrailleuses de 12,7 mm avec chacune un magasin de 350 cartouches. Il effectua son premier vol le 6 mai 1941. La production débuta en janvier 1942 et les livraisons débutèrent en septembre 1942. La première escadrille à en être équipé fut le 56^e groupe de chasse qui partit, fin 1942, pour l'Angleterre. La première mission de guerre eut lieu le 10 mars 1943 au-dessus de la France, mais fut avortée par des problèmes de radio. Le 15 avril 1943, l'avion obtint sa première victoire aérienne avec le major Don Blakeslee. Le 17 août 1943, le P47 réalisa sa première mission d'escorte à longue distance de bombardiers B17 au-dessus de l'Allemagne. Ses lettres de noblesse, le P47 les obtint durant la bataille des Ardennes en soutenant les troupes au sol.

P47 Thunderbolt (origine Wikipédia)

Le P47 fut peu apprécié comme chasseur bien que de nombreux as américains aient obtenu leurs victoires avec lui. Francis Gabreski obtint 31 victoires, Robert Johnson en obtint 28, Neel Kearby en obtint 24 et H. Zemke en obtint 20. Le P47 avait une charge maximale de 8000 kg comprenant 1135 kg de bombes ou 10 roquettes de 127 mm. Sa vitesse maximale était de 689 km/h avec un plafond de 12810 m. Son rayon d'action était de 3047 km. Les différentes versions construites totalisèrent 15683 exemplaires. Le dernier d'entre eux fut retiré du service en 1966 (force aérienne péruvienne).

P47 Thunderbolt (origine Wikipédia)

Ces photographies ont été réalisées en février 2014.

Y ACCÉDER:

D'Ensisheim, prendre la direction de Neuf-Brisach par la D2. Le mémorial se situe à droite de la route entre Rustenhart et Dessenheim.

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 2 mars 2014

Cette page a été mise à jour le 2 mars 2014