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La libération de l'Alsace débuta lorsque les Français percèrent le front allemand en Franche-Comté. Le 14 novembre 1944, ils libérèrent Héricourt et Montbéliard. Ils dégagèrent Belfort du 20 au 25 novembre. Pendant ce temps, le Command Combat n° 3 de la 1re Division Blindée longeait la frontière suisse et atteignit Seppois, puis le Rhin, à Rosenau, le 19 novembre. Les chars français entrèrent dans Mulhouse le 21 novembre où ils subirent une dure contre-attaque de la 149e Armée allemande. Au nord, la 7e Armée américaine perça le front des Vosges. Elle libéra Saint-Dié le 23 novembre et Schirmeck le 24. Le 25 novembre 1944, la 3e US Infantery Division (USID) découvrit, vide, le camp de concentration de Natzweiller-Struthof. En provenance de Lunéville, la 44e USID libéra Sarrebourg le 20 et la 2e Division Blindée (DB) du général Leclerc passa Saverne et entra dans Strasbourg le 23.
Mouvement de chars US près de Grussenheim (© Wikipédia)
Un Tank Destroyer US près de Sparsbach (© Wikipédia)
Fin novembre, la XIXe Armée allemande fut prise en tenaille dans la région de Colmar formant une poche allant des faubourgs de Mulhouse au sud jusqu'aux abords de Sélestat au nord représentant un front de 170 km. Elle s'accrocha à la forêt de la Hardt pour protéger le pont de Chalampé, dernier passage sur le Rhin. Entre le 28 novembre et le 4 décembre, les combats causèrent plus d'un millier de pertes aux troupes françaises notamment lors de la bataille du pont du Bouc à Rixheim. Pour rétablir la situation en Alsace, Hitler nomma fin novembre Heinrich Himmler haut commandant du Rhin supérieur (Oberrhein). De nombreux renforts (très souvent des combattants inexpérimentés) y furent acheminés. Le 5 décembre 1944, la 1re Armée française attaqua la poche de Colmar. La résistance des Allemands fut féroce. La 3e division d'infanterie algérienne et la 4e division de montagne marocaine progressèrent difficilement sur les flancs de la poche. Le 2 décembre, les Américains libérèrent Sélestat, au nord, et le 3 ils furent à Ribeauvillé. Thann, au sud, fut libéré le 10 décembre. Le 2e Corps d'Armée français accompagné par les Américains se lança dans l'offensive en passant les crêtes vosgiennes depuis le col du Bonhomme jusqu'à Sigolsheim. Après de très violents combats sous la neige, les Français parvinrent à déboucher sur la plaine, mais la contre-attaque allemande (opération Habicht) lancée à partir du 12 décembre les bloqua. Le 13 décembre, la 106e PanzerBrigade s'empara de la gare d'Ostheim, mais les troupes allemandes s'enlisèrent sur la colline de Sigolsheim (surnommée le Blutberg, la montagne sanglante). Le front fit des va-et-vient à Mittelwihr, Beblenheim, Sigolsheim, etc. Ces villages, avec Kaysersberg, Kientzheim et Ammerschwihr, furent libérés le 18 décembre 1944. Voir ci-après l'épopée du char "Renard". Mais faute de munitions et confrontée à des problèmes de logistique, la progression s'arrêta à 8 km de Colmar et l'offensive fut interrompue le 24 décembre.
Depuis le 16 décembre 1944, les alliés subissaient dans les Ardennes, une puissante contre-attaque allemande (opération Wacht am Rhein). Le commandement américain envoya la 3e armée US du général Patton au secours de la 1re armée US en difficulté. La 7e armée US se trouva seule à défendre un front de 150 km entre la Moselle et le nord du Bas-Rhin. Les Allemands en profitèrent pour lancer une attaque sur Bitche et Saverne le 31 décembre. Les Américains envisagèrent alors, le 2 janvier 1945, d'abandonner le Bas-Rhin et Strasbourg pour se retirer dans les Vosges. Mais le général de Gaulle parvient à les maintenir en place. La 1re Armée française fut chargée de défendre Strasbourg. Le 5 janvier 1945, les Allemands lancèrent l'opération Nordwind et refranchirent le Rhin en direction de Strasbourg qu'ils assiégèrent le 7. En même temps, la XIXe Armée allemande lança l'opération "Sonnenwende" depuis la poche de Colmar avec pour objectif Erstein et la jonction avec l'armée allemande attaquant depuis le nord. Les combats sous la neige et le froid (-20°) firent de nombreuses victimes chez les alliées. Au nord, de violents combats de chars repoussèrent les Américains au-delà de la Moder (avec notamment la bataille de chars de Hatten-Rittershoffen entre le 9 et le 21 janvier) et ce n'est que l'intervention de la 2e Division Blindée le 21, qui parvient à stabiliser le front. Au sud, la 106e Panzer-Brigade Feldherrnhalle, les Jagdpanther de la 654e Panzer-Jäger-Brigade et la 198e Infanterie-Division furent stoppés par un pont détruit près de la sucrerie de Kraft. Dans la nuit du 8 au 9 décembre, ils firent cependant 539 prisonniers de la 1re division française libre (DFL) isolés dans le village d'Obenheim. Après cinq jours de combats acharnés, les Allemands avaient repris quelques villages, mais le 198e ID avait perdu le quart de ces effectifs et la 269e ID qui devait la relayer fut envoyé sur le front de l'est où les Russes avaient repris l'offensive. Himmler dut alors se résoudre à annuler la contre-attaque allemande.
Un Jadgpanther en 1945 (© Wikipédia)
Un char Panther près de Wissenbourg lors de l'opération Nordwind
(© Wikipédia)
La réduction de la poche de Colmar fut alors confiée à la 1re Armée française du général de Lattre de Tassigny. Fort de nouveaux renforts, il alignait alors 350 000 hommes face aux 100 000 Allemands. Le 1er Corps d'Armée devrait déboucher de Mulhouse et le 2e Corps d'Armée avec le 21e Corps d'Armée US attaquerait du nord. L'attaque du 1er Corps fut déclenchée le 20 janvier 1945 sous une tempête de neige et des températures de -20° et prit les Allemands au dépourvu. Les Allemands s'accrochèrent cependant avec acharnement dans la région de Mulhouse. Le 2e Corps (2e et 5e DB, 1re division française libre) se lança dans la bataille durant la nuit du 22 janvier avec les 3e et 28e USID pour essayer d'atteindre le Rhin en contournant Colmar. La résistance des Allemands fut tenace surtout sur Grussenheim et Jebsheim. Le 24 janvier, le front n'avait quasiment pas évolué, quelques villages sur le front de la Doller ont bien été libérés et une brèche entre la forêt de l'Illwald et la forêt de Colmar permit aux Américains d'avancer entre Holtzwihr et Illhaeusern. Entre Elsenheim et Grussenheim la 708e Volksgrenadier-Division, ayant reçu les renforts de la 2e Gebirgs-Division en provenance de Norvège et de la 654e Panzer-Brigade, contre-attaqua le 25 janvier. Voir plus bas l'histoire du lieutenant Audie.
Tank
Destroyer US près de Colmar en 1945 (© Wikipédia)
Le 25, le 21e Corps d'Armée US vient en soutien et parvient à la jonction avec le 1er Corps d'Armée français. Entre Colmar et le Rhin, les combats furent d'une dureté extrême. Ils atteignirent un point culminant le 28 janvier à Jebsheim où s'illustrèrent les Français du 1er régiment de chasseurs parachutistes (RCP). En même temps au sud les Français furent bloqués dans le bassin potassique face à la 106e Panzer-Brigade. Ils mettront neuf jours pour libérer Wittenheim et progresser jusqu'à Ensisheim. La ville de Colmar fut libérée le 2 février. Ce fut le début du retrait des Allemands. Les troupes françaises et américaines firent leur jonction à Rouffach le 3 février 1945 en piégeant à Osenbach 500 soldats allemands (qui furent faits prisonniers). Le pont de Neuf-Brisach ayant été détruit, les Allemands refluèrent vers Chalampé. Neuf-Brisach fut libéré le 6 février par la 30e USID. Le 9 février, la poche de Colmar avait cessé d'exister et le Haut-Rhin était libre. Le nord de l'Alsace ne fut totalement libéré que le 15 mars 1945. La XIXe Armée allemande réussit tout de même à évacuer 67 848 de ces soldats et se réorganisa dans le Pays de Bade. Elle ne se rendra que le 6 mai 1945.
Char US sur la place de l'église à Rouffach (© Wikipédia)
Soldat US à Ostheim en janvier 1945 (© Wikipédia)
Les combats pour la poche de Colmar ont été d'une violence extrême. Les pertes sont difficiles à comptabiliser. Certaines estimations font état de 30 000 à 40 000 pertes (morts, blessés et disparus) pour chaque camp. La 1re Armée française eut 4800 tués et 18 000 blessés et disparus. Le général de Lattre de Tassigny estima les pertes à 2 137 tués (1 595 Français et 542 Américains) et 11 253 blessés (8 583 Français et 2 670 Américains). La XIXe Armée allemande eut trois fois plus de pertes (entre 22 000 et 38 500) et plus de 20 000 prisonniers (40 000 pour certaines sources).
Neuf-Brisach endommagé par les tirs de l'artillerie US (© Wikipédia)
Dans la poche de Colmar se sont battus, du côté allemand, la XIXe Armee du General der Infanterie Siegfried Rasp constitué de la 2e Gebirgs-Jäger-Division, de la 106e Panzer-Brigade Feldherrnhalle, du LXIV Armeekorps du Generalleutnant Max Grimmeiss (189e Infanterie-Division, 198e Infanterie-Division, 16e Volksgrenadier-Division, 708e Volksgrenadier-Division), du LXIII Armeekorps du Generalleutnant Erich Abraham (159e Infanterie-Division, 338e Infanterie-Division, 716e Infanterie-Division). Était également présent le 993e Artillerie-Groupe, le 1/93e Panzer-Jäger-Brigade, le 1/525e Panzer-Jäger-Brigade, le 654e Panzer-Jäger-Brigade, la 136e Gebirgs-Jäger-Division, la 137e Gebirgs-Jäger-Division, le 326e Infanterie-Division, la 225e Volksgrenadier-Regiment, le 223e Volksgrenadier-Regiment, le XVII Grenadier-Bataillon Oberrhein et la section médicale du 136e Gebirgs-Jäger-Division.
Pour les alliées se sont battus la 1re Armée française du général Jean de Lattre de Tassigny constitué de la 10e division d'infanterie, du 1er Corps d'Armée du général Émile Béthouart (4e division marocaine de montagne, 2e division d'infanterie marocaine, 9e division d'infanterie coloniale, 1re Division Blindée), du 2e Corps d'Armée du général Joseph de Goislard de Monsabert (3e division d'infanterie algérienne, 1re division de marche d'infanterie, 2e Division Blindée, 5e Division Blindée, 3rd US Infantry Division et 28th US Infantry Division). Était également présent pour les troupes française le 3/62e régiment d'artillerie d'Afrique (RAA), le 6e régiment de cavalerie d'Afrique (RCA), le 11e RCA, le 4/1 régiment étranger de cavalerie, le 3/96e bataillon de Génie, le 1er bataillon de choc, le 1er régiment de chasseurs parachutistes, le 3e régiment de marche de la Légion étrangère (RMLE), le 3/14 bataillon médical et le 1er Corps aérien Français. Pour les Américains il y avait également le 441e Artillery Battalion, le 601e US Battalion Tank Destroyer, le 756e US Armored Regiment, le 15e US Infantry Division et le 254e US Infantry Division.
Le char Sherman "Renard"
Le Tank Destroyer "Porc-Epic"
Holtzwihr
Le mémorial Audie commémore l’exploit du lieutenant Audie L. Murphy (1924-1971) du 15e USIR qui lui valut la médaille d'honneur du congrès, la plus haute distinction américaine. Audie L. Murphy naquit le 20 juin 1924 à Kingston (USA) dans une famille nombreuse (12 enfants) de métayers texans. Il fut incorporé à 17 ans (il avait falsifié sa date de naissance) le 30 juin 1942 à Dallas. Affecté au 15e USIR de la 3e USID intégré à la 7e armée du général Georges Patton, il débarqua à Casablanca au Maroc le 20 février 1943. Débarqué en Sicile le 10 juillet 1943, il y gagna les galons de caporal. Il y déclara "j'ai vu la guerre comme elle est véritablement et je ne l'aime pas, mais je vais continuer à combattre". En septembre 1943, il débarqua au sud de Naples et devint sergent. Une crise de paludisme l’empêcha de participer à la libération de Rome. Il débarqua ensuite, le 15 août 1944, à Ramatuelle lors du débarquement de Provence et remonta la vallée du Rhône jusqu'aux Vosges où il fut blessé à la carrière de Cleurie. Il retrouva son unité engagée dans la poche de Colmar le 14 janvier 1945.
Le 3e USID du lieutenant général John W. O'Daniel et le Combat Command 4 des troupes françaises du général Schlesser en provenance de Guémar furent chargés de chasser les troupes allemandes installées dans le village de Holtzwihr depuis l'automne 1944. Une première tentative, le 23 janvier 1945, se soldat par un cuisant échec. Bien qu'ils aient atteint le centre du village, ils furent repoussés par les Allemands. Le 26 janvier 1945 vers 14 h, dans la neige et un froid glacial, un bataillon d'une centaine de Gebirgsjäger (chasseur alpin) soutenu par six Jagdpanther tenta d'encercler les troupes US qui stationnaient dans la forêt au nord du village. Le lieutenant Audie, posté à l’orée du bois, ordonna à ces hommes de se replier et, bien que blessé par un éclat de mortier, guida par téléphone le tir de l'artillerie. Très rapidement, les deux Tank-Destroyer (TD) US stationnés à cet endroit furent mis hors combat. Le lieutenant Audie, couché dans un fossé, abattit avec son fusil les Allemands qui s’avançaient vers lui. À court de munitions, il grimpa dans un des TD en feu et utilisa la mitrailleuse pour empêcher l'avance des attaquants tout en guidant les tirs de l'artillerie. Le bataillon allemand fut décimé et les chars allemands firent demi-tour. Un autre régiment US arrivé en renfort nettoya la forêt des derniers combattants allemands alors qu’un ciel plus clément permit l'intervention des chasseurs-bombardiers US. Le village de Holtzwihr, détruit à 80 %, fut libéré le 27 janvier 1945 au matin.
Piédestal d'un calvaire près du mémorial Audie portant des traces de balles
Pour atteindre le mémorial Audie, il faut depuis l'église de Holtzwihr emprunter la rue de l'église puis la rue de la maison rouge. Le mémorial se situe au début de la forêt.
En poursuivant sur le chemin au-delà du mémorial Audie, nous atteignons le mémorial du Lancaster. À cet endroit c'est écrasé, dans la nuit du 4 au 5 décembre 1944, le bombardier anglais Avro Lancaster immatriculé "PB765 (EM-8)" du 207e Squadron de la Royal Air Force. Les bombardiers du 207e et du 44e Squadron décollèrent le 4 décembre 1944 à 16 h de Spilsby (côte est de l'Angleterre) pour une mission de bombardement de la gare de Heilbronn au nord de Stuttgart. Vers 19 h ils y déversèrent 1254 t de bombes détruisant la ville à 80 %. Sur le chemin de retour, au-dessus de Fribourg, le Lancaster "PB765" fut touché par la Flak (défense antiaérienne allemande) et par un chasseur de nuit de la Luftwaffe. Les tirs allemands tuèrent les mitrailleurs Edward Sharp et William Turner et mirent le feu à l'aile droite. Les survivants sautèrent en parachute alors que l'avion poursuivait sa route jusqu'à la forêt de Holtzwihr. Le mécanicien Éric Dunn et le bombardier William Wulff atterrirent près du Rhin du côté allemand et le radio Roy Hill atterrit près du Rhin du côté français et furent faits prisonnier. Le pilote Georges Wall tomba dans la forêt de Holtzwihr. Fait prisonnier le lendemain, il fut transféré à la prison de Colmar. Son parachute, récupéré par les villageois, servit après guerre à la confection d'une robe de mariée pour une habitante de Holtzwihr. Le navigateur Arthur Clarke fut porté disparu, son cadavre fut probablement retrouvé, en mai 1945, dans la forêt de Grussenheim, mais ne fut pas formellement identifié. Le passage du bombardier en feu ayant été observé par les villageois, ceux-ci se rendirent au matin sur les lieux du crash où ils retrouvèrent les dépouilles de Sharp et de Turner qui furent enterrés au village puis transférés après guerre à la nécropole de Choloy-Ménillot (Meurthe-et-Moselle). Lors de cette mission, quatre bombardiers furent abattus et sur les 28 hommes d'équipage seuls les quatre survivants du Lancaster "PB765" échappèrent à la mort.
Le lieu du crash du Lancaster
Le Lancaster est un bombardier anglais construit par la société Avro à 7377 exemplaires. Il effectua son premier vol en janvier 1941. Propulsé par quatre moteurs V12 Rolls-Royce Merlin de 1280 cv, il avait une envergure de 31,09 m pour une longueur de 22,18 m. D'une masse à vide de 16 705 kg et à pleine charge de 29 000 kg, il pouvait voler à la vitesse de 450 km/h à l'altitude de 6500 m. D'un rayon d'action de 3200 km, il était armé de huit mitrailleuses de 7,7 mm et pouvait transporter entre 6500 et 8000 kg de bombes. Il avait un équipage de 7 hommes. Les Lancaster effectuèrent 156 000 missions au cours desquelles ils larguèrent 608 000 t de bombes. Parmi les missions les plus célèbres réalisées par les Lancaster figurent la destruction des barrages de la Ruhr durant la nuit du 16 mai 1943, le bombardement de la base de Peenemünde le 17 août 1943 et l'attaque du cuirassé Tirpitz le 12 novembre 1944. Trois mille huit cent quatorze Lancaster furent perdus au combat.
Un Avro Lancaster (© Wikipédia)
L'équipage du Lancaster "PB765" se composait du pilote F/O Georges Wall (Royal Australian Air Force), du mécanicien Sgt Eric Floyd Dunn (Royal Air Force), du navigateur P/O Arthur Henry Clarke (Royal Australian Air Force), du radio P/O Roy Ernest Hill (Royal Air Force), du bombardier P/O William Henry Wulff (Royal Australian Air Force), du mitrailleur F/S Edward Sharp (Royal Air Force) et du mitrailleur Sgt William Françis Turner (Royal Air Force). En 1989, les recherches de Joseph Barthélemy et de Patrick Baumann permirent de retrouver les quatre survivants du crash. Trois d'entre eux revinrent sur les lieux du crash en 1989, 1990 et 1995. Pour faciliter l'accès au site, une passerelle, nommée passerelle Georges Wall, financée par le Crédit Mutuel et les enfants de Georges Wall, fut installée et inaugurée lors du 75e anniversaire du crash, le 3 décembre 2019.
La passerelle Georges Wall
Jebsheim
Le mémorial de la "Croix du Moulin" a été érigé à l'emplacement d'un ancien moulin détruit lors de la bataille pour la libération de Jebsheim qui eut lieu entre le 25 et le 30 janvier 1945. Cette libération coûta la vie à 900 combattants et fit plus de 2000 blessés. Le mémorial dédié à la paix a été érigé à l'initiative de l’américain Roger Johnson et de deux parachutistes parisiens, messieurs Fauquet et Wagener ayant combattu à cet endroit. Le monument, constitué de trois ailes formant une croix et symbolisant les trois nations belligérantes, fut inauguré le 12 juin 1988.
Le mémorial de la "Croix du Moulin" se trouve le long de la D3 reliant Jebsheim à Ostheim.
Cette casemate, vestige de la ligne Maginot, a été très malmenée lors de la bataille de la poche de Colmar. Elle est située au bord de la route entre Jebsheim et le mémorial de la "Croix du Moulin".
Casemate près de Jebsheim
Traces d'impacts
Au centre de la photo une tête d'obus fichée dans le béton
Un coup au but !
L'entrée passablement endommagée
Grussenheim
Le char "Chemin des Dames" de la 3e compagnie du 501e régiment de chars de combat (RCC) fut détruit le 26 janvier 1945 par un chasseur de char allemand Nashorn (Hornisse) armé du redoutable canon de 88. Le lieu exact de sa destruction se situe environ à 1000 m à l'ouest du mémorial actuel, au niveau du carrefour 177 sud. Le Nashorn fut lui-même détruit par d'autres chars de la 3e compagnie. Durant les combats de Grussenheim, trois Nashorn et un char Panther furent détruits. L'équipage du char "Chemin des Dames" se composait du chef de char le sous-lieutenant Pierre de la Fouchardiere, grièvement blessé, du tireur André Issaly, indemne, du chargeur Mager, tué, du conducteur Henri Prigent, blessé, et de l'aide-conducteur Marcel Danic, indemne. Maurice Boverat déclara par la suite : "le char fut atteint de plein fouet, Minazi est projeté loin du char, mais s'en tire sans dommage, le chef de char, très sévèrement blessé, réussit à sauter à terre, mais notre pauvre camarade Mager n'a pas cette chance, gravement blessé, il parvient à grande peine à se hisser hors du char au milieu des flammes, mais là ses forces l'abandonnent…". Un volontaire ira le lendemain, sous les obus, chercher son corps calciné.
Un Nashorn sur le front russe
Le char "Chemin des Dames" est un char américain Sherman M4A2. Le Sherman fut construit à 49 234 exemplaires (10 968 exemplaires pour la version M4A2). Long de 5,89 m, large de 2,62 m et haut de 2,74 m, il a une masse de 31,8 t. Sa conduite nécessite un équipage de 5 hommes. Son armement comprend un canon de 75 mm et deux mitrailleuses Browning de 7,62 mm. Une autre mitrailleuse de 12,7 mm peut être installée sur la tourelle. La version M4A2 est propulsée par un moteur GM Detroit Diesel 6046D de 410 cv pour une cylindrée de 13 962 cm³ (deux moteurs 6 cylindres couplés). Il a une autonomie de 240 km avec une vitesse maximale de 48 km/h.
Le pont situé à côté du mémorial a été baptisé "Pont Lieutenant Arnaud". Il fut l'objet d’âpres combats notamment durant la nuit du 27 au 28 janvier 1945 où la tentative de rétablir une passerelle sur le ruisseau Blind pour remplacer le pont détruit fit plus de 50 victimes parmi les 1er bataillon du Génie et de la 1re division française libre (DFL). La pose d'un nouveau pont fut enfin finalisée au matin du 28 janvier 1945, mais il resta inutilisable, car un char détruit obstruait le passage.
Le mémorial du char "Chemin des Dames" est situé le long de la rue de la 2e DB à Grussenheim. Le long du chemin prolongeant la rue de la 2e DB sont situés la stèle du capitaine Richard Duchaine et du légionnaire Léon Hoiler tués à cet endroit le 28 janvier 1945 et la stèle commémorative du lieutenant Régis Roux, de l'adjudant Pierre Gabory, du soldat Daniel Bo et du soldat Ahmed Ben Mohanmed de la 32e batterie XI/64 du régiment d'artillerie d'Afrique de la 2e DB. Le mémorial honore également les fusiliers marins de la 2e DB tombés durant la libération de Grussenheim. Il s'agit du matelot Roger Loisel (TD Phoque), du quartier-maître Jean Ramonet (TD Phoque), de l'aspirant Edmond Maymil (Jeep Arc en Ciel), de l'enseigne de vaisseau Louis Robin (automitrailleuse Requin), du matelot Roger Lemercier (TD Souffleur) et du quartier-maître Henri Prisse (TD Souffleur) ainsi que les morts de la 4e compagnie de la 501e RCC de la 2e DB, l'aspirant Jacques Picard, le sergent Michel Roederer, le caporal Simon Herscovici et les chasseurs Pierre Del Porto, Henri Deroche, Huques Dieudonné de la Barrière, Maurice Karsenty, Jean Mailho et Jean-Paul Mestrand tombés au champ d'honneur le 26 janvier 1945.
Illhaeusern
Le Tank Destroyer M10 "Porc Epic", engagé à Nîmes en août 1944 et en Haute-Saône en novembre 1944, fut mis hors de combat le 26 janvier 1945. Parmi les cinq membres d'équipage, trois furent tués, Claude Beaufils, René Cardot et René Garnier, alors que Charles Badina et le chef de char Marc Samin furent blessés. Selon sa volonté, les cendres de Marc Samin, décédé le 14 octobre 1991, ont été dispersées dans le char.
Le Tank Destroyer M10 fut produit à 6406 exemplaires entre septembre 1942 et décembre 1943. Basé sur un châssis de char Sherman M4A2, il est long de 6,83 m, large de 3,05 m, haut de 2,57 m et a une masse de 29,6 t. Sa conduite nécessite un équipage de 5 hommes. Son armement comprend un canon de 76,2 mm avec 54 obus et une mitrailleuse de 12,7 mm approvisionnés avec 1300 coups. Propulsé par un moteur six cylindres en ligne de 375 cv, il a une autonomie de 320 km avec une vitesse maximale de 51 km/h.
Le mémorial du char "Porc Epic" est situé le long de la D106 reliant Elsenheim à Illhaeusern. Il est également un mémorial pour les 121 morts au combat du 8e régiment de chasseurs d'Afrique et ceux tombés en ces lieux fin janvier 1945. Il s'agit du capitaine André Periquet, du sous-lieutenant Henri Curot, de l'adjudant-chef Edmond Chauvin, du chasseur Lucien Hennard, de l'équipage du TD "Porc Epic", Claude Beaufils, René Cardot et René Garnier, de l'équipage du TD "Crotale IV", Léon Charles et Ismaël Chakoff et de l'équipage du TD "Margouillat III", René Franceschi.
Ostheim
Du village il ne subsistait après les combats de la libération qu'un pan de mur séparant deux maisons. Ce pan de mur fut conservé et transformé en monument aux morts.
Kienztheim
Le mémorial de la 5e DB est constitué du char "Renard" détruit le 18 décembre 1944 lors des combats de libération de Kaysersberg. Il faisait partie du sous-groupe Bourgin du 1er RCA (CC5) de la 5e DB commandé par le général Henri de Vernejoul. Son équipage était composé du chef de char l'adjudant-chef Henri Barbanton, du tireur le brigadier Auguste Proux, le chargeur le chasseur Chaillet, du pilote le chasseur de 1re classe André Soubeyran et de l'aide pilote le chasseur Léon Degres.
Il s'agit d'un char Sherman M4A4 produit à 7499 exemplaires. Il diffère des autres versions de Sherman par son moteur, un Chrysler A57 de 30 cylindres en étoile de 20 500 cm³ développant 370 cv. D'une masse de 31,6 t, il avait une vitesse maximale de 40 km/h.
Le 17 décembre 1944 vers 13 h 30, le 2e escadron avec le 2e peloton (lieutenant Dutilh), une section de la 1re compagnie du régiment de marche de la Légion étrangère (lieutenant Grand d'Esnon) et un peloton de Tank Destroyer (TD) de la 2e escadre du 11e RCA en provenance du col de Riquewihr attaqua Kientzheim. À 14 h 30, le 3e peloton du 2e escadron (lieutenant De Roux) avec le char "Renard" rejoignit Kientzheim. À 16 h, le char "Renard" riposta au tir d'un char Panther allemand venant de Kaysersberg. Ce Panther détruisit le TD "Eylan" du 11e RCA. Le 18 décembre 1944 débuta l'attaque sur Kayserberg par un tir de barrage de l'artillerie postée à Riquewihr. Le 3e peloton du lieutenant De Roux parti alors en tête sur la route et le chemin du Schlossberg. Le char de tête, touché par un tir du Panther, s'immobilisa sur le chemin qui s'effondra sous son poids. Le mur de soutènement du chemin s'étant effondré, le char "Renard" glissa en contre bas dans les vignes. Il riposta au tir du Panther, mais fut touché à son tour et prit feu. Le tireur continua à tirer et mit le Panther hors service avant d’arrêter le moteur de son char et de continuer le combat à pied avec l’équipage. Le Panther, qui n'était que faiblement touché, fut récupéré par l'escadron Davout et rebaptisé "Kaysersberg". Piloté par André Soubeyran et le tireur Auguste Proux, ce Panther causa de nombreux ennuis aux personnels chargés de la circulation pendant la bataille de Colmar, mais ne fut finalement pas engagé contre les Allemands. Il fut abandonné en panne près de Lauterbourg le 4 avril 1945.
L'impact qui détruisit le char "Renard"
Ci-après la retranscription du Journal de Marches et Opérations du 1er RCA entre le 15 et le 18 décembre 1944 retraçant les combats de libération de Kientzheim et de Kaysersberg :
Le 1er
RCA (Premier régiment de chasseurs d'Afrique) était constitué de 3 sous
groupements :
– Sous-groupement Bourgin,
– Sous-groupement Robelin,
– Sous-groupement Ribes.
Ces trois sous groupements ont contribué à la libération de l'Alsace et donc, de Kientzheim, en participant, entre autres, à la réduction de la poche de résistance allemande de Colmar.
Opérations du Sous-groupement Bourgin
15 décembre :
Départ de Hadol pour la région d'Anould - Saint-Léonard, suivant l'itinéraire Poureux - Jarménil - Bruyères - Col du Plafond.
Zone de stationnement :
PC du Sous-groupement, Escadron Hardion : Honville,
1/1 R.M.L.E., PC Arrière, T.C.1 : Ban-de-Laveline,
Escadron Couvreux, Escadron Davou : Coinches.
La dernière partie de ce mouvement, soit Anould - région de Ban-de-Laveline, a été effectuée dans l'après-midi du 16.
17 décembre :
Le Sous-groupement se porte sur Ribeauvillé, où il prend contact avec la 36e DIUS (division d'infanterie US), commandée par le Major-général Dahlquist.
9 heures - Le colonel Bourgin
se rend au PC du général Dahlquist et les renseignements suivants lui sont
donnés par le général lui-même. Kaysersberg serait tenu par ses éléments
d'infanterie, ainsi que la crête qui sépare Riquewihr et Kientzheim et la crête
sud de Kaysersberg. Un char américain ayant sauté sur une mine sur la piste de
Riquewihr à Kientzheim, celle-ci serait bouchée ; mais le passage des chars
serait possible en tous terrains. Le général estime qu'il y aurait intérêt à
marcher sur Kientzheim, premier objectif, Ammerschwihr, second objectif. Les
opérations seraient faites avec l'appui du combat-team commandé par le général
Stack, dont le PC se trouve à Riquewihr.
Le colonel décide de se porter
à Riquewihr avec son PC Avant. Il prend contact à 10 h 30 avec le général Stack,
le Sous-groupement restant à Ribeauvillé. Après entente avec l’état-major de la
36e DIUS et le 141e RIUS (régiment d'infanterie
américain), il est décidé que le Sous-groupement Bourgin prendra à son compte
l'affaire de Kientzheim et que les opérations de nettoyage s'effectueront en
collaboration avec la compagnie du 141e RIUS occupant les crêtes nord
du village.
Mais il apparaît que les
Allemands ont remis la main sur la plus grande partie de Kaysersberg dont les
Américains ne tiennent que la partie ouest. En conséquence, le colonel Bourgin
décide :
1 - De constituer un
détachement d'attaque aux ordres du capitaine Davout et comprenant : son
escadron moins un peloton, la compagnie Bertelin moins une section, la section
Bize, du génie, un peloton de TD [tank destroyer].
2 - D'attaquer le plus tôt
possible Kientzheim par le nord et de pousser au plus vite au sud-est du village
pour mettre la main sur le pont de la route d'Ammerschwihr.
3 - De se porter, après relève
par l'infanterie américaine, en direction de Kaysersberg pour y effectuer
liaison avec les éléments amis tenant l'ouest du village.
Le reste des éléments du
Sous-groupement aux ordres du capitaine Couvreux demeure en réserve aux environs
de Riquewihr, soit :
Un peloton light du 1er escadron,
Un peloton médium du 2e escadron,
Une section d'infanterie de la 1/1 R.M.L.E.,
Un peloton de reconnaissance,
l'escadron Hardion.
Le PC Arrière et le TC 1 demeurent dans la partie sud de Ribeauvillé.
Dans la matinée, une contre-attaque allemande a repoussé les troupes américaines de
la côte 408 au sud de Kaysersberg. Les Américains nettoient la côte 686 au nord
de Kaysersberg.
Le capitaine Davout reçoit l'ordre de pousser le plus vite possible son attaque sur
Kientzheim, mais il signale qu'il est gêné par de grosses difficultés de
terrain. La route descendant sur Kientzheim est minée à partir de la côte 270 ;
il doit passer dans des terrains lourds et détrempés, deux chars sont embourbés.
Il signale peu après que son attaque est déclenchée sans qu'il ait pu prendre
liaison avec l'officier américain commandant la compagnie qui doit l'aider au
nettoyage de Kientzheim.
13 h 30 - Le capitaine Davout pénètre dans Kientzheim. La situation des troupes
américaines est critique à Kaysersberg. La 36e D.I.U.S. demande que
le détachement Davout soit renforcé en chars et pousse sur Kaysersberg. Mais
l'infanterie américaine n'a pas rejoint les éléments du détachement. Elle se
fera attendre de 14 à 18 heures, ce qui rend les opérations de nettoyage du
village très lentes.
13 h 50 - Le peloton médium de Roux, du Détachement Couvreux, est mis à la
disposition du capitaine Davout.
Pendant toute l'opération, les TD ont été chargés de couvrir en direction de
Kaysersberg où l'on connaît la présence de chars allemands. Ceux-ci ne sortiront
pas, mais ils tirent de temps à autre de la sortie sud de Kaysersberg. Un TD est
touché et brûle près de l'entrée ouest de Kientzheim.
14 h 30 - Le peloton de Roux a rejoint Kientzheim.
14 h 40 - On apprend que le lieutenant Dutilh vient d'être gravement blessé. Le
peloton Dutihl et une section de Légion avaient reçu la mission d'aborder le
village par la gauche (entrée est) et de s'assurer dès l'abord, du pont menant à
Ammerschwihr. Au moment où les deux chars envoyés par le lieutenant Dutilh
arrivaient au pont, celui-ci sautait. C'est peu de temps après que le lieutenant
Dutilh, qui avait pénétré dans le village, fut mortellement blessé.
16 h - On apprend la mort du lieutenant Dutilh.
16 h 10 - Une compagnie américaine, envoyée en renfort sur Kientzheim, déclare
le village occupé par l'ennemi et repart. Cette erreur est corrigée, mais va
provoquer un important retard.
17 h 30 - Le capitaine Davout n'est toujours pas rejoint par l'infanterie
américaine et l'ordre de la 36e DIUS de pousser à tout prix sur
Kaysersberg ne peut être exécuté, sous risque de perdre le village qui vient
d'être conquis.
18 h - La route Riquewihr - Kientzheim est entièrement déminée et la compagnie
américaine est enfin arrivée.
18 h 30 - Des tirs sur les lisières est de Kaysersberg sont demandés au
capitaine Davout par la 36e DIUS Quelques chars exécutent ces tirs.
Kientzheim sera soumis en fin d'après-midi et au cours de la nuit à de nombreux
tirs de harcèlement ennemis.
Cette brillante opération nous coûtait cher (lieutenant Dutilh tué et la valeur d'une section de légionnaires blessés), mais, sans compter de nombreux Allemands tués, nous avions fait près de 300 prisonniers et conquis définitivement Kientzheim, ce qui allait permettre le lendemain de rétablir la situation à Kaysersberg.
18 décembre :
Le colonel Bourgin se rend au PC du général Stack pour monter l'opération sur
Kaysersberg. L'attaque est prévue pour 8 heures, précédée par un tir
d'artillerie de 15 minutes sur les lisières est de Kaysersberg.
Le détachement d'attaque est confié au capitaine Davout et comprend deux pelotons
médium du 2e Escadron et les pelotons médium Valette du 4e,
plus la compagnie Bertelin, c'est-à-dire deux sections du R.M.L.E., éprouvé par
les pertes du 17, renforcées par la 3e section, plus un appui
d'infanterie américaine comprenant un peloton d'environ 18 hommes et une section
de mitrailleuses comprenant 5 ou 6 hommes.
Les Américains tiennent la partie ouest de Kaysersberg et, dès l'action faite, la
liaison devra s'établir entre les occupants amis et les attaquants. Les
Américains prennent à leur compte la garde de Kientzheim.
5 h 30 - Le peloton de mortiers de l'Escadron Hardion est mis à la disposition du
capitaine Davout.
6 h - Le colonel commandant les éléments américains de Kaysersberg demande à être
informé de l'heure exacte de l'attaque. La liaison n'ayant pu être établie avec
le capitaine Davout, on demande aux Américains une liaison directe Kientzheim -
Kaysersberg.
La mise en place du dispositif est retardée par suite des difficultés de
circulation sur l'axe Riquewihr - Kientzheim. La section de la 1/1 R.M.L.E.,
alertée à 5 h à Riquewihr, ne parvient à Kientzheim qu'à 8 h 15. Le
déclenchement de l'attaque est reporté à 9 h, précédé d'un tir d'artillerie de
15 minutes.
9 h - L'action est brillamment menée par les chars du Capitaine Davout qui abordent le
village à 9 h 15. Celui-ci est fortement occupé. Malgré ses effectifs réduits,
le nettoyage doit être mené maison par maison. Au centre du village, un réduit
organisé par le commandant d'armes allemand est le lieu d'un corps à corps
sévère. Un grand nombre de prisonniers est capturé.
12 h 02 - De nombreux tirs d'artillerie sont effectués aux lisières nord de
Kientzheim.
12 h 10 - Une demi-section de F.T.A. (trois half-tracks à mitrailleuses
quadruples) est mise à la disposition du capitaine Davout à la sortie ouest de
Kientzheim. Les opérations de nettoyage de Kaysersberg se poursuivront tout
l'après-midi. D'heure en heure, des centaines de prisonniers sont acheminés sur
Riquewihr, trois blockhaus sont réduits, deux automoteurs et un Panther détruits
ou capturés.
Trois de nos chars ont été tour à tour détruits par les obus du Panther bien embossé -
notamment le char «Renard» qui a commencé à flamber. Son équipage a sauté à
terre sauf le tireur, le brigadier Proux, qui a bien repéré le char ennemi et
continué à tirer, n'abandonnant son arme qu'après avoir fait taire son
adversaire ; on s'apercevra que l'obus vengeur a ricoché sur le masque du canon
et a traversé le plafond de la chambre de conduite. C'est ainsi que le Panther
est capturé en parfait état de marche.
16 h - Le nettoyage est terminé et la liaison prise avec les éléments américains qui se
trouvent dans les caves à l'est du village. La compagnie américaine venue de
Kientzheim capture trois prisonniers.
16 h 30 - On apprend que le lieutenant de Roux est gravement blessé d'une balle
au poumon.
Liaison est prise avec le sous-groupement Ribes venu du Bonhomme et qui se
trouve à l'ouest de Kaysersberg. Le combat de rues commence bientôt, entamé avec
fougue par la 1/1 R.M.L.E..
17 h - Le sous-groupement Robelin arrive à Kaysersberg pour prendre à son compte
l'action sur Ammerschwihr.
18 h - Le sous-groupement prend son dispositif de nuit :
Détachement Davout : Kaysersberg et Kientzheim,
PC Avant, détachement Couvreux, escadron Hardion : Riquewihr,
PC Arrière : Ribeauvillé.
Ce succès splendide, s'il nous coûte encore six tués et une quinzaine de blessés,
met entre nos mains plus de 400 prisonniers et rétablit entièrement la
situation. Kaysersberg est définitivement délivrée.
Dans nuit, le ravitaillement d'essence et de munitions éprouve des difficultés
effroyables, par un terrain détrempé et sous le feu ennemi. Les camions mettent
10 heures pour parcourir les quelques kilomètres de la piste Riquewihr -
Kientzheim. Mission exténuante au cours de laquelle se distinguent tout
particulièrement le maréchal des logis-chef Picot, les chasseurs Rouxelin et
Ramos.
La nécropole de Sigolsheim
Elle regroupe les corps des soldats français morts pour la France lors des combats de la poche de Colmar (5 décembre 1944 - 9 février 1945). La nécropole fut aménagée entre 1962 et 1965, selon les souhaits du Maréchal de Lattre de Tassigny, le commandant de la 1re Armée française. Elle fut inaugurée le 2 mai 1965 par le ministre des anciens Combattants et par madame la maréchale de Lattre de Tassigny.
La nécropole est implantée sur les pentes de la colline dénommée par les Allemands "Blutberg", la colline de sang. Y sont regroupés les corps de soldats exhumés des cimetières communaux du Haut-Rhin, des Vosges et du Territoire de Belfort. Y sont inhumés dans des tombes individuelles 1589 soldats, dont 792 militaires maghrébins et 15 militaires juifs.
Au pied de la nécropole fut érigé par les anciens combattants de la 1re Armée française "Rhin et Danube" le monument à la mémoire des soldats américains du 21e Corps d'Armée US, de la 8e, de la 28e, de la 36e et de la 75e DIUS et de la 12e DBUS morts en Alsace. Il fut inauguré le 13 mai 1995 en présence de Madame Paméla Harriman, ambassadeur des États-Unis en France.
La nécropole de Colmar
Elle regroupe les dépouilles des soldats français tombés lors des combats sur le Rhin en juin 1940 et lors des combats de la poche de Colmar en 1944/1945. Aménagée entre 1958 et 1960, y reposent 2278 soldats. Parmi eux 1768 furent tués entre 1940 et 1945, 8 sont des déportés français, 17 des requis du service du travail obligatoire (STO) et 65 des prisonniers de guerre dont 11 Polonais. À leurs côtés reposent également 510 soldats français de la 1re Guerre mondiale tombés dans les batailles des Vosges.
Au fond de la nécropole, une zone regroupe les dépouilles de 868 soldats allemands de la 1re Guerre mondiale.
La nécropole allemande de Bergheim
Cette nécropole regroupe les corps de 5307 soldats allemands tués au cours des combats de l'hiver 1944/1945 pour la libération du sud de l'Alsace. Ces soldats étaient initialement inhumés dans les cimetières communaux de 225 villages haut-rhinois. La nécropole aménagée sur les hauteurs du "Grasberg" fut inaugurée le 7 juin 1975.
Ces photographies ont été réalisées en novembre 2008, en décembre 2019 et en décembre 2024.
Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.
Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.
Cette page a été mise en ligne le 11 janvier 2008
Cette page a été mise à jour le 1er janvier 2025