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La Tête du Violu

Le col de Sainte-Marie-aux-Mines a été depuis la préhistoire un lieu de passage très fréquenté. Durant le moyen-âge, le col est un passage obligé entre la Lorraine et l'Alsace. Il fera l'objet d'un péage. En 1311, le duc de Lorraine Thiebault y fait construire un château au lieu connu actuellement sous le nom de Château-de-Faîte. Ce château sera détruit en 1636 sur ordre de Louis XIII durant la guerre de Trente Ans. À l'époque, le col est un lieu d'affrontement entre les troupes lorraines et les Suédois. Au cours du XVIe siècle, le minerai extrait des mines de Sainte-Marie-aux-Mines et appartenant au duc de Lorraine transite par le col.

la vallée de ste marie
La vallée de Sainte-Marie aux Mines

En août 1673, Louis XIV à la tête de son armée, franchit le col pour prendre possession de l'Alsace. Il y repassera en septembre lors de son retour victorieux à Versailles. Il y repassera en 1681. Les troupes de Napoléon y passeront à plusieurs reprises. En 1814, les troupes bavaroises et russes passent le col à la poursuite des troupes impériales en déroute. L'essor de l'industrie textile dans les vallées vosgiennes en fera une importante route vers la région parisienne. En 1841, on y comptabilisa 300 véhicules hippomobiles par jour. En 1886, un projet de tunnel commence à se dessiner. En 1870, les Prussiens empruntent le col lors de leur campagne victorieuse contre la France (voir la bataille de Reichshoffen). En 1871, la nouvelle frontière franco-allemande passe au col.

borne frontière
L'ancienne borne frontière du col de Sainte-Marie
(réinstallée récemment mais à l'envers)

Fin juillet 1914, la situation internationale se dégrade de façon sérieuse. Le 31juillet 1914, un régiment de Uhlans et une batterie d'artillerie font leurs entrées à Sainte-Marie-aux-Mines. La guerre est déclarée le 3 août 1914. Le 8 août, le général Dubail, commandant la 1re armée Française ordonne au 21e Corps d'Armée de conquérir les cols de Sainte-Marie-aux-Mines et du Bonhomme. L'attaque est déclenchée à 11 h par le 31e bataillon de chasseurs à pied (BCP) qui subit de lourdes pertes devant les retranchements allemands du poste frontière du col. Il ne parvient à occuper le col que dans la soirée. Au cours de la nuit, ordre est donné au 149e régiment d'infanterie (RI), en réserve à Saint-Dié, d'attaquer immédiatement les hauteurs au nord du col. Sans aucune préparation d'artillerie et sans reconnaissance, l'attaque du 149e RI, au Renclos-des-Vaches, se heurte aux positions fortement retranchées des Allemands. Les Allemands ont profité des quelques jours qui ont précédé la déclaration de guerre pour fortifier les frontières. En début d'après-midi, les Allemands amènent par train des renforts à Sainte-Marie-aux-Mines. Le colonel Menvielle, à qui fut confié le commandement du 149e RI et du 31e BCP, signale à 15 h au commandement en chef que sa situation est critique. Les Allemands contre-attaquent à 17 h 30. Les Français creusent rapidement des tranchées pour se protéger. Ils parviennent au prix d'énormes pertes à repousser les Allemands. Il en ira de même des contre-attaques allemandes de 18 h et 19 h. Les Français comptent à la fin de la journée 99 tuées (dont sept officiers), 248 blessées et 84 disparus. Ils se replieront sur Wisenbach au cours de la nuit.

Le 12 août 1914, le 14e corps d'Armée du général Pouradier-Duteil reçoit l'ordre de pénétrer dans le val de Villé par le col d'Urbeis au nord et par le col de Sainte-Marie-aux-Mines au sud. Le 13 août, la 27e division d'infanterie (DI) se lance à l'attaque du col des Bagenelles où elle subit de lourdes pertes (39 tuées, 92 blessées et 3 disparus). La 28e DI enlève pendant ce temps les cols d'Urbeis et de la Hingrie. Le 14 et le 15 août, la 27e DI est fixée au col de Sainte-Marie-aux-Mines par de violents bombardements. La 28e DI progresse lentement dans la vallée d'Urbeis. Le 16 août, en fin de matinée, le général commandant la 28e DI est prévenu par un civil de l'évacuation de Sainte-Marie-aux-Mines par les troupes allemandes. Le même jour à 17 h, le 7e bataillon de chasseurs alpins (BCA) de la 28e DI entre à Sainte-Marie-aux-Mines. Le 17 août, le général Pouradier-Duteil ordonne la destruction de la voie ferrée Strasbourg-Mulhouse au nord de Sélestat. L'attaque, déclenchée le 18 août, se heurte à la résistance des Allemands qui occupent le défilé qui mène à Sélestat. Le 18 août à 13 h 30, le 30e Bayerische Reserve Division contre-attaque. Les Français se replient sur Sainte-Croix-aux-Mines. Les Allemands poursuivent leurs efforts et le 22 août les Français sont repoussés au-delà du col de Sainte-Marie-aux-Mines.

éclat d'obus

Le 23 août à 11 h le détachement Justin s'empare du col de Sainte-Marie-aux-Mines. Les Allemands se replient sur Sainte-Marie-aux-Mines. Leurs renforts montant vers le col sont massacrés par les mitrailleuses postées au-dessus du pont de Robinot. Une trentaine de véhicules sont détruits dans cette attaque. La contre-attaque allemande se fera le 24 août en provenance du "Pain de Sucre" (au sud-est du col) et par la Chaume de Lusse (au nord-est). Ils s'emparent du col qu'ils ne lâcheront plus jusqu'au 11 novembre 1918.

vestige de tranchée
Vestige de tranchée au nord du col de Ste-Marie aux Mines

Après la fin août 1914, le front dans les Vosges est stabilisé, mais des opérations destinées à s'emparer des points hauts sont régulièrement déclenchées. La Tête du Violu avait été transformée en observatoire par les Allemands. Ils y avaient installé un mirador d'une quinzaine de mètres de hauteur qui offrait une vue magnifique sur la vallée de Saint-Dié. Le 3 octobre 1914, ordre est donné au lieutenant-colonel Desmaillet de s'emparer de la Tête du Violu. Sept batteries d'artilleries sont chargées de préparer l'attaque exécutée par trois bataillons. Celle-ci est déclenchée le 31 octobre 1914. L'artillerie s'en prend en premier à l'observatoire et aux batteries d'artilleries installées au Brézouard. À 15 h, 250 chasseurs du 28e BCA s'emparent du sommet. Au sud, deux compagnies du 28e et du 30e BCA s'emparent du collet du Violu (l'actuel Arbre de la Liberté), mais y sont bloquées par les défenses allemandes. Au nord, le capitaine Regnault à la tête de trois compagnies du 28e BCA attaque la ligne de crête vers le col de Sainte-Marie-aux-Mines par le ravin de la Cude. Le mamelon de la borne frontière 2608 (altitude 870 m) sera emporté après trois attaques à la baïonnette. Cette position, offrant une bonne vue sur le Brézouard et la plaine d'Alsace, sera par la suite dénommée Fort Regnault. En même temps, une diversion est organisée par le 13e BCA à la Chaume de Lusse, au nord du col de Sainte-Marie-aux-Mines. Dans cette attaque de diversion, le lieutenant Falcoz et le médecin auxiliaire Lépine (fils du célèbre préfet) trouvèrent la mort. Après cette action, la ligne de front ne bougera plus. Durant l'attaque du collet, le 28e BCA perdra 20 hommes et aura 32 blessés. Les pertes du 30e BCA ne sont pas connues. La prise de Fort Regnault coutera la vie à 12 hommes et fera 36 blessés dans les rangs français.

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Fortin allemand entre le col de Ste-Marie et le Château de Faite

Les Allemands poursuivront cependant leurs efforts pour reconquérir les crêtes de la Tête du Violu qui sont aux mains des Français. Les positions allemandes sont situées à quelques mètres en contrebas sur les flancs est du massif. Dès janvier 1915, ils engagent une guerre des mines. Celle-ci est prioritairement dirigée vers la Tête du Violu. Le 14 et le 15 février 1915, une offensive allemande a pour cible le Bernhardstein. Le 18 février, une explosion de mine à la côte 607 est suivie d'une attaque allemande puis d'une contre-attaque française. Les combats dureront deux jours. En juin 1915, le commandement de la 41e DI qui tient les positions de la Tête du Violu s'inquiète des offensives allemandes et demande des renforts à l'état-major. La compagnie 28/3 du génie y est envoyée pour enrayer les travaux du génie allemand. À partir de juillet 1915, des bruits de creusement de sape sont perçus dans le secteur du Fort Regnault et de la Cude. Une section de la compagnie 7/52 du génie y est affectée. Elle y creuse trois puits dans la tranchée de première ligne pour servir d'écoute. Le 1er août 1915, ces puits et une partie de la tranchée sont détruits par l'explosion de la mine allemande.

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Galerie souterraine près de la position du Zunfthaus

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Vestige de galerie allemande (zunfthaus 2)

À partir du 19 août 1915, les Français entreprennent de détruire le grand blockhaus allemand au Violu (le Betonturm ?). Du 19 au 22 août ont lieu des tirs préparatoires à l'aide d'obus de 37. Le 23, toute l'artillerie de tranchée prend part à l'action. Le 24, la batterie de 58 de tranchée accentue ces tirs. Le 25, 48 obus de 58 tombent à proximité du blockhaus et quatre le touchent de plein fouet. Toutes les nuits, les Allemands profitent du répit laissé par l'artillerie française pour reconstituer le blockhaus à l'aide de sac de ciment empilé. Cette méthode de réparation est rapide et silencieuse. Les Allemands riposteront à cette action par un violent bombardement du secteur français dit "le labyrinthe" où ils détruiront presque totalement le réseau de tranchées. Malgré l'ampleur des destructions, les Français ne déploreront que quatre blessés.

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Le "betonturm"

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L'étage supérieur du "betonturm"

L'explosion d'une mine française le 2 octobre 1915 provoque en représailles l'attaque des tranchées de première ligne par des lance-flammes. Après une accalmie, la guerre des mines reprend en mars 1916 lors de la bataille de Verdun. Le 17 mars 1916, les Allemands attaquent les tranchées françaises pour détruire à l'explosif les entrées des puits de mine. Quelques jours plus tard, les Français font exploser une mine qui tue plusieurs mineurs allemands. Le 24 mars 1916, les Allemands tireront 2000 obus sur les lignes françaises en représailles à la mort d'un capitaine du Brigade Ersatz Bataillon 82 abattu le 22 mars. Le bombardement servit également à couvrir un coup de main destiné à faire des prisonniers. Les Allemands et les Français se lancent alors dans une escalade, les explosions deviennent de plus en plus fortes jusqu'en avril 1916. À partir de cette date, la guerre des mines cesse totalement dans le secteur de la Tête du Violu. Au printemps 1916, dans le secteur du Fort Regnault et à la Cude, le génie avait creusé vingt puits d'une profondeur totale de 107 m, une douzaine de galeries d'une longueur totale de 118 m et 160 m de rameaux. Certains puits avaient une profondeur de 18 m. Le front à la Tête du Violu devient à partir de mi 1916 un front "calme". Enfin "calme" est un terme relatif. Un front calme connut quand même journalièrement ses duels d'artilleries, de grenades et de coups de main ponctuels. Un front calme connait journalièrement plusieurs dizaines de blessés et un ou deux morts.

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Une entrée de galerie et d'abri sur le chemin du Benzolbahn allemand

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Une entrée de sape française

Un de ces coups de main a été exécuté le 24 mars 1917 sur Fort Regnault par les Allemands. Le compte-rendu rédigé par le colonel Schneider, commandant la 161e division d'artillerie, nous apprends que ce jour, à 16 h 20, l'artillerie allemande ouvre le feu sur les tranchées françaises du Violu et de Fort Regnault. À 16 h 23, le commandant du groupe 5 déclenche un contre-feu et demande l'appui du groupe 4 et de l'artillerie de la 129e DI. À partir de 17 h, l'artillerie allemande intensifie les tirs sur Fort Regnault en diminuant ceux sur le Violu. Elle vise également les batteries françaises et les observatoires. L'artillerie française répond en intensifiant ces tirs à l'avant de Fort Regnault. L'attaque de l'infanterie allemande a certainement été déclenchée vers 17 h 05. Le contre-feu de l'artillerie française sur Fort Regnault a probablement stoppé les fantassins allemands. À 17 h 40, le commandant du groupe 5 donne l'ordre de ralentir les tirs en constatant le ralentissement de l'artillerie allemande. À 18 h 03, l'artillerie française cesse de tirer sur le Violu. À 18 h 33, l'ordre de cesser le feu est donné. Le contre-feu a été exécuté pour le 161e DA par dix canons de 58 (560 bombes tirées), huit canons de 75 (1750 coups tirés), quatre canons de 90 (290 coups tirés), douze canons de 95 (550 coups tirés), deux canons de 120C (117 coups tirés) et quatre canons de 120L (175 coups tirés). La 129e DA a mis en œuvre deux canons de 155C (100 coups tirés), deux canons de 120L (60 coups tirés), deux canons de 90 (60 coups tirés) et deux canons de 95 (70 coups tirés). L'artillerie française a tiré 3732 obus en 2 h 10. L'artillerie allemande a mis en œuvre selon les observateurs français trois batteries de 77, trois batteries de 105, deux batteries de 150 et les différents minenwerfer existant dans les tranchées. Dans son compte-rendu, le colonel Schneider signale le "concours empressé apporté par l'artillerie de la 129e DI", les "décisions rapides et heureuses prises par le commandant Delalleau", "l'énergie avec laquelle l'artillerie de tranchée commandée par le sous-lieutenant Jeantet a pris part à la contre-préparation malgré le bombardement ennemi" et la "belle tenue sous le feu des deux sections de la batterie Guilhou qui a continué à exécuter un tir rapide et précis bien qu'elles fussent prises à partie par des batteries ennemies" (compte-rendu n ° 342/350 relatif à la tentative de coup de main exécuté le 24/03/1917 sur Regnault).

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Abri allemand près du site du Zunfthaus

Le 4 avril 1917, le lieutenant-colonel Carlier commandant le 163e RI, reçoit l'ordre de préparer un coup de main sur les positions allemandes afin d'identifier les troupes adverses. Le coup de main sera exécuté le 26 avril 1917. Le déroulement, la date et le lieu furent déterminés et communiqués à l'état-major le 10 avril. L'attaque devait se dérouler comme suit : à H-40, début de la préparation d'artillerie, à H, début de l'attaque d'infanterie, à H+45, fin de l'attaque d'infanterie et à H+60, cessation du feu. Le lieu de l'attaque choisi était le saillant des lignes allemandes au nord-est du Chipian (Violu sud). Ayant été informé de fuites au sujet du plan d'attaque, le lieutenant-colonel modifia la veille le plan d'attaque. L'attaque a été exécutée selon l'horaire suivant : à H-10, début des tirs d'artillerie, de H-10 à H+15, triplement de la cadence de tir, à H, début de l'attaque d'infanterie, de H+15 à H+60, tirs d'artillerie à cadence normale, à H+60, fin de toutes les actions. Ce timing était une nouveauté, comme le mentionne le lieutenant-colonel dans son rapport expliquant les raisons de l'échec du coup de main. L'identification des troupes ennemies n'a pu être établie. Les Allemands ont réagi à l'attaque par un violent feu d'artillerie jugée très exceptionnelle. Le lieutenant-colonel estime que l'artillerie allemande a été considérablement renforcée non pas en vue d'une action de leur infanterie, mais pour contrer le coup de main français dont ils avaient eu connaissance. Le lieutenant-colonel mentionne avoir été informé que trois officiers situés dans des lieux fort éloignés connaissaient le projet de coup de main. Le premier était le lieutenant-aviateur Faust basé à Corcieux, le deuxième était le capitaine Louchet à Épinal et le troisième était le sous-lieutenant Noara qui en avait été informé à Gérardmer. Ce dernier connaissait l'heure et le lieu de l'attaque. Le lieutenant-colonel parle dans son rapport d'un pays où une partie de la population est "animée de sentiments germanophiles" et des hommes de son régiment recruté en majorité dans le midi de la France "le pays de l'exubérance et de la prolixité". Il estime donc que le projet s'est fatalement su du côté allemand (compte-rendu n° 850/5 du lieutenant-colonel Carlier en date du 27/04/1917).

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Abri près du Betonturm

abri lance charge
Un autre abri à proximité

Un autre coup de main allemand a été exécuté le 26 juillet 1918 sur les positions du Violu nord. D'après le compte-rendu du colonel de Gouvello, l'attaque a été exécutée par des groupes d'assauts d'un effectif de 25 à 30 hommes qui "ne cherchaient pas le combat". Ils s'emparaient de prisonniers et "s'enfuyaient aussitôt". Le colonel de Gouvello a été chargé par le général Dauvin, commandant la 21e DI, d'enquêter sur ce coup de main. Le rapport établit que le sergent Chotard, le sous-lieutenant Eswein, le commandant Delafosse (commandant le 2e bataillon du 93e RI) et le lieutenant-colonel Berducou (commandant du 93e RI) avaient fait leur devoir. Il établit également que le sous-lieutenant Parent s'était replié avec quelques hommes devant l'attaque ennemie sans tenter de dégager ses hommes pris sous le feu ennemi de l'autre côté de son abri. L'adjudant Sibille est reconnu coupable des mêmes faits. Le colonel de Gouvello recommande une punition de quinze jours d'arrêt de rigueur à l'encontre de sous-lieutenant Parent pour "s'être replié de son G.C. bombardé et menacé d'une attaque, suivant sa consigne, mais sans avoir cherché à dégager certains de ses hommes assaillis par l'ennemi". Il signale que le sous-lieutenant Parent est un engagé volontaire ayant fait toute la guerre qu'il possède une citation à l'ordre de la division et qu'il s'est signalée par sa bravoure. Il recommande également une punition de huit jours d'arrêt de rigueur pour l'adjudant Sibille pour le même motif. Le général Dauvin confirmera ces punitions le 29 juillet 1918 (compte-rendu n° 6743 du colonel de Gouvello en date du 28/07/1918). Le compte-rendu du lieutenant-colonel Hollande, commandant l'AD 21, nous apprend que l'artillerie allemande a pris le Violu et le secteur de la Cude sous son feu le 26 juillet 1918 à 10 h. L'artillerie française répond à 10 h 05. À 10 h 10, le général commandant la DI donne l'ordre de ne pas économiser les munitions. À 10 h 12, l'infanterie demande d'augmenter la cadence de tir. À 10 h 20 le tir est stoppé sur indication de l'infanterie signalant l'arrêt des tirs ennemis. À 10 h 25, l'infanterie demande la reprise des tirs suite à l'allongement des tirs allemands qui n'avaient en réalité pas cessé. Les batteries françaises et allemandes cesseront tous tirs à 10 h 55. L'artillerie française a tiré durant cette action 790 obus de 75, 20 obus de 90, 286 obus de 95, 186 obus de 120L, 30 obus de 155C et 85 obus de 58AT (1397 obus en tout). (compte-rendu n° 1340 du lieutenant-colonel Hollande du 28/07/1918).

dépot de munitions
Le dépôt de munitions du Zunfthaus

Le 12 juin 1918, le 60e RI américain prend position à la Tête du Violu et à la Cude. Ils sont accueillis par un violent bombardement allemand à l'aide d'obus au gaz le 17 juin. Un des abris sera touché de plein fouet provoquant la mort de trois soldats et trois blessés graves. Vingt-cinq soldats y seront gazés. Ce sera une des dernières actions importantes à la Tête du Violu.

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Vestige de tranchée au somment de la Tête du Violu

 

La visite des vestiges de ce champ de bataille se fait en fonction du temps dont vous disposez. Pour le tour complet, il faut compter une journée. Nous allons débuter par le petit tour consacré au Haut-de-Faite. Le périple débute au col de Ste-Marie-aux-Mines avec les stèles en souvenir du sacrifice des lieutenants Sternberg et Boudet de la 18e compagnie du 221e bataillon d'infanterie mort le 22 août 1914 et du lieutenant Rouilly et des hommes du 21e et du 23e régiment d'infanterie de forteresse (RIF) qui ont défendu jusqu'à la mort le col en juin 1940. Ces stèles sont disposées au nord de la route.

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Stèle des lieutenants Sternberg et Boudet

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Stèle du lieutenant Rouilly et de ses hommes

Nous suivons ensuite le chemin forestier pour nous rendre au cimetière militaire français.

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Le cimetière français

Nous poursuivons sur le chemin qui contourne le sommet du Haut-de-Faite. Arrivée à l'embranchement, nous continuons sur le chemin de droite pour accéder à la tombe du soldat Richter, tombé en 1916. Le chemin nous mène ensuite aux restes d'un portail surmonté d'un lion. Ici débutait le camp allemand Hegelau dénommé ainsi en honneur du colonel Hegel. En prenant, à cet endroit, le sentier montant, on aboutit aux vestiges du mess des officiers. Celui-ci, construit en briques rouges, se nommait Rothaus. À côté se trouve l'entrée d'une des nombreuses galeries creusées par les soldats.

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La tombe du soldat Richter

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Le portail au lion

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L'emplacement de la "Rothaus"

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L'entrée de la sape à côté de la "Rothaus"

Nous revenons sur le chemin que nous poursuivons vers l'est pour aller découvrir les vestiges (à 500 m) du lavoir du camp. Celui-ci, construit à contre-pente, était protégé des bombardements français.

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Le lavoir du camp Hegelau

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Nous rebroussons chemin jusqu'à l'embranchement précédent, où nous empruntons le sentier grimpant tout droit au sommet du Haut-de-Faite. Sur ce sommet s'élevait le château de Thiebaut de Lorraine construit au XIVe siècle. Le sommet entre le rocher des chèvres et l'emplacement du château a été fortifié par les Allemands. De nombreux ouvrages et galeries souterraines sont visibles. Par contre, les vestiges du château médiéval ont disparu.

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Le sommet du Haut-de-Faite

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Reste d'un observatoire

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Entrée d'une sape au Haut-de-Faite

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Un autre abri

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Galerie souterraine (noyé par l'eau de pluie)

Le sentier redescend vers le col de Ste-Marie-aux-Mines. Dans la pente s'échelonnent un fortin et trois bunkers à mitrailleuses. Ces abris bétonnés contrôlaient le col. Ils étaient entourés d'un réseau infranchissable de barbelés et étaient reliés entre eux par des tranchées encore très reconnaissables.

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Le fortin dans la pente vers le col

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Poste de mitrailleuse dans la pente vers le col

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Bunker à mitrailleuse allemand en montant vers le Haut de Faîte

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Le 2e bunker à mitrailleuse en montant vers le Haut de Faîte

Ce petit tour (1h30 de marche) permet de se faire une petite idée d'un champ de bataille en montagne. Nous allons maintenant parcourir les pentes du Violu. Au niveau du col, sur le côté sud de la route, nous prenons le chemin balisé d'un rond rouge vers la côte d'Echery (c'est le chemin le plus à gauche). Très vite apparaissent les premiers abris allemands. Ces abris sont en ruine. Probablement détruit par les démobilisés de 1919 chargés de faire disparaitre les vestiges du conflit. Ils étaient chargés à partir de 1920 de combler les tranchées et de faire disparaitre les bunkers et autres abris.

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Un des abri détruit le long du chemin vers la côte d'Echery

Un peu plus loin se trouve les vestiges de l'infirmerie "Hesen". Nous sommes ici sur le versant est du Bernhardstein. Les combats à cet endroit ont été un peu moins intenses qu'à la Tête du Violu.

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Les entrées de l'infirmerie "Hesen"

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Une des salles de cette infirmerie

Nous poursuivons notre périple vers la ferme Kohler que nous dépassons pour descendre le long de la route goudronnée. À l'embranchement, nous prenons le chemin à droite. À cet endroit se trouve un abri qui a été transformé par son propriétaire actuel en garage. Cet abri est d'ailleurs connu comme "garage des ambulances". De cet endroit, le chemin (balisage rond rouge) reprend sa montée.

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L'abri "Garage des ambulances"

Au prochain embranchement subsiste une petite grotte devant laquelle sont visibles quelques restes de béton. Cette grotte a été creusée dans le granit par les Allemands pour en faire la Feste Heimat (fort de la patrie).

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La grotte

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L'espace intérieur

Il nous faut maintenant prendre le chemin de droite (ne pas tenir compte des panneaux d'interdiction). Nous grimpons vers les abris du "Lustiger Spielmann" (joyeux musicien). Au-dessus desquels, à flanc de montagne, se trouve l'abri "Flick & Flock".

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Les abris Spielmann

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L'abri Spielman principal

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L'abri Flick & Flock

Le chemin passe ensuite à côté d'une stèle qui signale l'emplacement d'un ancien cimetière allemand. Juste après voici les vestiges de l'abri "Reinhards Eck" (le coin de Reinhard).

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La stèle marquant l'emplacement d'un ancien cimetière allemand

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Abri Reinhards Eck

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Abri Reinhards Eck

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La chambre de cet abri

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Un autre des abris du Reinhards Eck

Le chemin grimpe vers le croisement de l'Arbre de la Liberté. Nous voici au collet du Violu pris le 31 octobre 1914 par le 28e et le 30e BCA comme le signale la stèle récemment mise en place.

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L'arbre de la Liberté au collet du Violu

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La stèle commémorative des combats au collet du Violu

Nous reprenons vers le nord par le chemin le plus à droite (balisage rectangle bleu/blanc/bleu) vers la ferme Kohler pour nous diriger vers le camp "Zunfthaus". C'est la plus grande concentration d'abris à la Tête du Violu.

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L'abri Zunfthaus 1

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Une des salles de cet abri

Nous trouvons ici les abris "Zunfthaus" I et II (maison des corporations) suivis d'un dépôt de munition (partiellement détruit) et une forge. De grands abris souterrains complètent ces abris visibles. Un de ces abris souterrains n'est accessible qu'à travers d'une étroite tranchée.

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L'abri Zunfthaus 2

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Dans cet abri

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Une des galeries partant de cet abri

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Un peu plus loin dans cette galerie

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Le dépôt de munitions

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La forge

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L'entrée d'un abri souterrain

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La descente vers l'abri

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La chambre souterraine

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La galerie partant de cet abri

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Une autre entrée d'un abri souterrain

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Dans cet abri s'enfonce une galerie avec un angle de 45°

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L'entrée d'un stollen allemand

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L'entrée dans la salle souterraine

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La salle souterraine du stollen

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La sortie (ou l'entrée) de l'autre côté

En contrebas des "Zunfthaus" subsistent les vestiges du poste de transmission téléphonique et optique "Haus Thomas" (maison Thomas) et d'une cuisine avec une vieille cuisinière qui a échappé aux ferrailleurs.

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Le poste de transmission "Haus Thomas"

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L'entrée dans le poste

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Une des salles du poste de transmission

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Vue sur le poste de transmission

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La cuisine

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La cuisinière

En reprenant le chemin, nous croisons à quelques mètres une embase de minenwerfer, une stèle commémorative et d'autres abris. Nous y trouvons également la station supérieure du funiculaire avec sa machinerie. Plusieurs téléphériques et funiculaires alimentaient les camps allemands dans les lignes arrière de la Tête du Violu et du Bernhardstein. Ils permettaient d'acheminer les matériaux de construction et les munitions depuis les dépôts de Sainte-Marie-aux-Mines.

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Socle de minenwerfer

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La stèle commémorative au Zunfthaus

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Station du téléphérique

maschinen haus 2
L'emplacement des machines

Nous poursuivons la descente le long du chemin. Nous passons le chemin partant sur la gauche (nous y reviendrons) et allons jusqu'au prochain croisement où nous prenons à droite le chemin qui devient très vite un sentier non balisé. Au niveau de ce croisement sont visibles les ruines d'un abri. Ce chemin est le tracé de l'Albertibahn, un chemin de fer alimenté au benzol qui ne produisait pas de fumée. Ce chemin de fer à voie étroite reliait le "Pain de Sucre" à la station du funiculaire que nous avons vu précédemment. En contrebas du chemin (peu visible) sont les ruines des soutes à charbon alimentant les cuisines allemandes dont subsiste la plateforme où étaient installés les baraquements en bois.

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L'abri au croisement des chemins

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La soute à charbon

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Le socle des baraques des cuisines

Le sentier nous mène ensuite vers une curiosité sur la ligne de front. Nous trouvons ici une piscine chauffée. Elle était à disposition des convalescents de l'infirmerie installée dans le chalet suisse existant encore de nos jours. Nous débouchons sur la ferme Kohler.

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La piscine

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L'ancienne infirmerie

Nous remontons vers la Tête du Violu par le chemin balisé par le rectangle bleu/blanc/bleu. Nous repassons au croisement précédent et poursuivons la montée (le chemin que nous avons descendu). À l'embranchement suivant, nous prenons le chemin partant à droite vers le col de Sainte-Marie-aux-Mines. Nous traversons maintenant la première ligne allemande du Violu nord. Le premier abri que nous rencontrons est le "Retnerturm" (tour des retraités), poste de mitrailleuse.

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Le Retnerturm

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Dans ce poste de mitrailleuse

Nous rencontrons ensuite le fortin "Betonturm" (tour de béton) particulièrement imposant. Ce fortin à deux étages possède de nombreux créneaux de tir. Il était équipé de portes blindées et de chicanes rendant les intrusions presque impossibles. Il est construit sur le même schéma que le fortin sommital de la Tête des Faux.

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Le Betonturm

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Une des entrées du Betonturm

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La salle inférieure du Betonturm

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La partie supérieure du Betonturm

De nombreux abris souterrains accompagnent le "Betonturm". À proximité de ces abris subsiste un puits de tir d'un lance-bombes. Le puits profond de plusieurs mètres était équipé de panneaux blindés le protégeant des tirs de grenades françaises. Ce puits était destiné à sa protection, car pour le détruire il fallait un coup au but extrêmement précis quasiment impossible à réussir. Les galeries d'accès au puits sont par contre inaccessibles.

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Entrée d'un abri souterrain près du Betonturm

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La salle de cet abri souterrain

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Les portes blindées de cet abri

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Le puits du lance-charge près du Betonturm

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Une autre vue de ce puits

Nous arrivons au croisement de chemin dénommé "le labyrinthe". Nous sommes dans le secteur français. À cet endroit, les innombrables tranchées (parallèle au front) et boyaux (perpendiculaire aux tranchées) formaient un tel enchevêtrement que les soldats avaient beaucoup de mal à y retrouver leur chemin surtout au moment des relèves. Un endroit similaire à la côte 607 au nord du col de Sainte-Marie-aux-Mines fut dénommé par les soldats allemands "die Spinne" (l'araignée).

Vous pouvez vous épargner la grimpée au sommet de la Tête du Violu. À part quelques rares traces de tranchées, aucun vestige ne subsiste au sommet. Les ferrailleurs ont écumé le site. Lors de ma visite, je n'ai repéré qu'un seul piquet "queue de cochon" et aucun fil de fer barbelé qui sont pourtant légion dans les autres lieux de bataille des Vosges.

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Vestige de tranchées au sommet de la Tête du Violu

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Vestige ferreux au sommet de la Tête du Violu

Depuis le "labyrinthe", nous retournons vers le col de Sainte-Marie-aux-Mines par le "Chemin des Soldats" (balisage rectangle bleu/blanc/bleu). À l'approche du col, nous retrouvons les vestiges des tranchées et boyaux allemands. Un grand abri, presque totalement enterré, est également visible sur le côté droit du chemin.

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Abri dans les tranchées près du col de Ste-Marie aux Mines

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Reste de tranchées près du col de Ste-Marie aux Mines

Nous sommes de retour au col de Sainte-Marie-aux-Mines d'où nous empruntons, en voiture cette fois-ci, le chemin de la Grande Cude (balisage cercle vert). Au carrefour des Biches, nous prenons le chemin vers Québrux afin de rendre visite à l'abri "De Gail". Le lieutenant André De Gail, originaire d'Obernai, a été tué le 9 août 1914 à un kilomètre au nord-ouest de Sainte-Marie-aux-Mines en commandant l'assaut de la 2e compagnie du 149e RI. De l'abri qui lui est dédié, n'est malheureusement visible que l'entrée dont la porte est murée par la stèle commémorative. Le corps du lieutenant De Gail, après avoir été inhumé sur le site, a été transféré dans le caveau familial en 1923.

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L'abri De Gail

De retour à Sainte-Marie-aux-Mines, nous nous rendons au col des Bagenelles, autre lieu de nombreux combats, mais dont les traces ont été effacées par le temps. De là, nous nous rendons à l'auberge du Haicot où nous poursuivons le long de la route goudronnée jusqu'au croisement de chemin. De cet endroit part un sentier (chemin) balisé d'un rectangle rouge en direction du Brézouard. Après le chalet du ski club subsiste au bord du chemin la magnifique fresque réalisée par les hommes du Landsturm Infanterie Bataillon Friedberg. Dans le bois à l'arrière de la fresque sont encore discernables les traces des tranchées qui à l'époque couvraient toute la montagne.

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La fresque du Haicot

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La tête de la fresque

Nous terminons notre visite comme nous l'avons commencé par un passage au cimetière. Cette fois, il s'agit du cimetière allemand qui se trouve à la sortie de Sainte-Marie-aux-Mines en direction de Sélestat. Le monument commémoratif vaut à lui seul le détour.

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Le cimetière allemand de Ste-Marie aux Mines

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Le monument commémoratif du cimetière allemand

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Fosse commune

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Une des stèles commémorative du cimetière

Je tiens à remercier messieurs Éric Mansuy et Louis Scheromm ainsi que "l'abri-mémoire" d'Uffholtz (www.abri-memoire.org) pour leur aide documentaire.

Ces photographies ont été réalisées en avril 2011 et en mai 2013.

 

Y ACCÉDER:

La visite des vestiges de la Tête du Violu débute au col de Sainte-Marie-aux-Mines. Le circuit se fait à pied. Il faut compter de 6 à 8 h de marche.

La fresque du LIB Friedberg est accessible à pied depuis l'auberge du Haicot au-dessus du col des Bagenelles. Compter une demi-heure.

Le cimetière militaire allemand de Sainte-Marie-aux-Mines est accessible en empruntant le chemin qui part de l'entrée du cimetière civil à la sortie de Sainte-Marie-aux-Mines en direction de Sélestat.

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 15 mai 2011

Cette page a été mise à jour le 10 février 2015