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Le bois de Gobesart

Au lendemain de la bataille de la Marne, les Allemands lancèrent une attaque en direction de St-Mihiel pour contourner la 3e armée française du général Sarrail stationnant à Verdun et ainsi ne pas affronter la ceinture de forts entourant la ville. Le 8 septembre 1914, ils attaquèrent en direction des Haut-de-Meuse par la tranchée de Spada au nord de St-Mihiel. Arrêté par la résistance acharnée du fort de Troyon, les Allemands bâtirent en retraite.

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Vestiges de tranchée allemande bétonné au Bois brulé

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Entrée d'une sape au Bois brulé

Le 16 septembre 1914, Joffre retira le XXe corps d'armée (CA) des Haut-de-Meuse puis fit de même, le 19 septembre, avec le VIIIe CA. Les Allemands ayant observé les mouvements de troupes à l'aide d'avions y virent une opportunité. Le 20 septembre 1914, ils attaquèrent par Thiaucourt en direction des Haut-de-Meuse entre St-Mihiel et Pont-à-Mousson. Le IIIe corps d'armée bavarois était opposé à la 75e division d'infanterie (DI) déjà très éprouvée lors de la bataille de la Marne. Le 21 septembre 1914, les Français battant en retraite, les Allemands s'emparent de la crête des Éparges. Pendant ce temps, le général Lebocq prit l'initiative d'une contre-attaque avec la 73e DI sur le flanc sud des Allemands. Le XIVe corps d'armée badois repoussa les Français sur la ligne Martincourt-Bernécourt. Du 22 au 25 septembre 1914, la 73e DI reconquit le terrain sur un front de 6 km. Les Français libérèrent les villages de Flirey, Limey, Lironville et Mamey au prix de 3500 tués et blessés. Durant l'après-midi du 24 septembre 1914, les Allemands occupèrent la ville de St-Mihiel. Le 25 septembre 1914, ils bombardèrent avec des canons de fort calibre le fort du Camp des Romains au sud-est de St-Mihiel. À 5h30, les Allemands détruisant les barbelés prirent pied dans les fossés et sur le dessus du fort. Le chef du fort se rendit à 8h30. À 15h, la garnison du fort défila devant le général commandant la VIe Infanterie Division bavaroise. À ce moment, le saillant de St-Mihiel était formé. Il constitua une pointe de 20 km de profondeur dans le flanc français. La ligne Les Éparges / St-Mihiel / Pont-à-Mousson forma un front de 60 km.

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Tranchée de 1re ligne allemande au Bois brulé

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La suite de cette tranchée allemande

La forêt entre St-Mihiel et Apremont-la-Forêt, occupant un plateau, fut durant toute la guerre le lieu de dur combat. Les vestiges y sont encore nombreux.

Le Bois brulé

Au lieu-dit "Bois brulé" fut construite par les Français, en 1875, une redoute, poste avancé entre les forts du Camp des Romains et de Lirouville. Elle fut construite en terre en bordure du plateau dominant Apremont-la-Forêt. Il s'agissait de deux bastions reliés par une courtine de 200 m de longueur. Les bastions étaient constitués de casemates semi-enterrées recouvertes de terre dont le sommet était équipé d'un parapet de tir au fusil. À l'avant de l'ouvrage était disposé un réseau de fil barbelé. La redoute permettait le contrôle de la route reliant St-Mihiel à la vallée d'Apremont-la-Forêt à Sampgny. Par cette route transitait le ravitaillement allemand pour St-Mihiel. Il était donc vital pour les Allemands de se rendre maitre de la redoute. Les combats durèrent d'octobre 1914 à mars 1915.

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Vestiges de tranchée allemande au Bois brulé

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Poste observatoire ou de mitrailleuse dans la tranchée allemande

La première attaque allemande eut lieu le 6 octobre 1914. Elle se poursuivit les 10 et 11 octobre 1914 sans succès. Du 3 au 8 novembre 1914, puis le 15 novembre 1914, les Allemands reprirent les attaques sur la redoute, toujours victorieusement défendu par les Français. Le 25 novembre 1914, ils lancèrent une attaque généralisée sur tout le "Bois brulé". Ils prirent pied dans les tranchées françaises, devant la redoute, le 27 novembre 1914. Ce ne fut que le 5 décembre 1914 que les Allemands se rendirent maitre du bastion nord. Les Français échouèrent dans leur contre-attaque du 11 décembre 1914. Le 18 décembre 1914, la courtine tomba aux mains des Allemands qui prirent pied dans le bastion sud le 27 décembre 1914. Le 31 décembre 1914, la 5e division bavaroise maitrisa la totalité de la redoute. Il aura fallu aux Allemands trois mois de combat pour conquérir 300 m de terrain. Les combats ont fait 1565 morts, 7657 blessés et 845 disparus côté français et environ 10000 tués et blessés côté Allemands.

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Plan de la redoute de Bois brulée

À 12h, le 5 avril 1915, l'artillerie française se mit à pilonner les lignes allemandes. L'infanterie s'élança le 7 avril 1915 à 18h15. Elle enleva la 1re et la 2e ligne allemandes, mais ne put se maintenir face à la contre-attaque allemande du 8 avril 1915 qui reprit tout le terrain conquis par les Français. Lors de cette contre-attaque, l'adjudant Jacques Pericard, du 95e RI, se trouva à défendre sa tranchée entourée de cadavres et de blessés. Devant une situation désespérée et afin de galvaniser ses hommes, il s'écria "Debout, les morts". À ce cri, les blessés reprirent le combat et repoussèrent l'ennemi. À la fin de la bataille, il ne resta que 2 soldats de valides dans la tranchée qui ne tomba pas aux mains des Allemands. Jacques Pericard, né le 17 décembre 1876, fut mobilisé le 3 août 1914 comme sergent du 62e régiment d'infanterie territoriale. Malgré son âge, il demanda une affectation dans une unité d'active. Il reçut le commandement de la 4e section de la 4e compagnie du 95e RI. Après ses exploits au "Bois brulé" où il incarna le symbole de la résistance française, il fut nommé sous-lieutenant. C'est en tant que lieutenant qu'il participa aux batailles de Verdun puis de Champagne. Après avoir été blessé gravement à deux reprises, il fut réformé. Il fut à l'origine de la cérémonie de ravivage de la flamme du soldat inconnu qui a lieu tous les soirs à 18h30 sous l'Arc de Triomphe de l'Étoile à Paris.

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Vestiges de tranchée allemande au Bois brulé

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Tranchée au Bois brulé

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Tranchée de 1re ligne allemande au Bois brulé

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Tranchée de 1re ligne française au Bois brulé

En plus des vestiges des tranchées allemandes, nous trouvons, à cet endroit, la reconstruction d'une tranchée française. Cependant, elle ne correspond pas aux tranchées de 1re ligne française érigée au "Bois brulé". Elle a été reconstituée strictement selon les instructions du manuel de l'armée en vigueur en 1915. Elle est donc toute théorique.

C'est à cet endroit que le lieutenant André Delavie du 210e RI, découvrit, en décembre 1914, la possibilité d'écouter les conversations téléphoniques allemandes. Le système téléphonique utilisant un courant électrique pour transmettre la voix nécessite un circuit aller et un circuit retour donc deux fils. À l'époque, les militaires avaient remplacé un des fils par une prise de terre. Notre lieutenant, professeur de physique dans le civil, découvrit donc qu'en fichant une antenne dans le sol, il pouvait intercepter les conversations téléphoniques. Il mit cependant du temps pour convaincre l'armée du procédé et pour imposer l'utilisation de deux fils téléphoniques pour éliminer la possibilité d'écoutes par l'ennemi.

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La tranchée française au Bois brulé

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Une autre partie de la tranchée française

La croix des Redoutes qui commémore les exploits et les victimes françaises a été érigée en 1922 par d'anciens combattants venus en pèlerinage. La première croix fut élevée avec deux troncs d'arbres mutilés par les tirs. Elle fut remplacée, le 21 septembre 1925, en même temps que furent posé les plaques du souvenir du 95e RI.

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La croix des Redoutes

Hôpital allemand

Presque en face de la redoute du "Bois brulé", les Allemands édifièrent, en 1916, un centre de tri des blessés. Il s'agit d'un abri bétonné de 35 m de longueur. Il comprend une grande pièce de 13 m sur 4 m complétée par trois chambres plus petites dont l'une servit de salle d'opération. Construit par le 16e Infanterie Regiment Bavarois, cet hôpital était ceinturé par un boyau desservant une série d'abris-cavernes. L'hôpital était desservi par un chemin de fer à voie étroite de 60 cm dont les wagons étaient tirés par des chevaux pour éviter le repérage. Il était relié à Woinville, Vigneulles-les-Hattonchâtel ou à St-Mihiel où se trouvaient onze lazarets (hôpitaux).

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La façade de l'hôpital

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La salle principale de l'hôpital

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Une des petites salles de l'hôpital

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La façade de l'hôpital

Cimetière allemand

Dans ce cimetière reposent 6046 Allemands tombés lors des combats du secteur en 1914 et 1915. Sur les côtés du cimetière sont regroupées des stèles commémoratives érigées durant le conflit sur les tombes disséminées sur le champ de bataille.

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Le cimetière allemand

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Le monument commémoratif du cimetière

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Le regroupement des stéles

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La tranchée des Bavarois et Roffignac

Les vestiges maintenus en état sont ceux de la 1re ligne allemande en forêt de Gobesart. Ces tranchées rejoignaient celles du "Bois brulé". Au sud de cette tranchée peut encore être devinée la présence de la 1re ligne française. Celle-ci n'a cependant pas bien résisté au temps.

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La tranchée allemande des Bavarois

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Banquettes de tir dans la tranchée des Bavarois

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Entrée d'un abri

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Banquette de tir

La légende prétend que les merisiers bordant les tranchées du secteur seraient issus des cerises reçues dans les colis par les soldats.

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Descente vers un abri-caverne

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Une autre vue de la banquette de tir

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Bunker de tir en 1re ligne allemande

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La 1re ligne française

Ces photographies ont été réalisées en février 2014.

 

Y ACCÉDER:

À Apremont-la-Forêt, prendre la D907 en direction de St-Mihiel. En haut de la côte prendre le 1er chemin, à gauche, qui mène à la redoute du "Bois brulé". Un petit circuit piétonnier permet de visiter les vestiges de la redoute et des tranchées.

Revenir sur la route et poursuivre vers St-Mihiel. Prendre le 1er chemin goudronné sur la droite au niveau du monument. L'hôpital est situé sur la droite du chemin après le croisement.

Poursuivre ensuite sur ce chemin jusqu'au prochain croisement et prendre à gauche jusqu'au cimetière.

De là prendre le chemin, à gauche, qui, en passant devant l'élevage de poulets, mène à la route. Reprendre la direction d'Apremont-la-Forêt. Au niveau du monument commémoratif des combats du 17 juin 1940, prendre le chemin sur la droite jusqu'au parking de la tranchée des Bavarois.

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 24 avril 2014

Cette page a été mise à jour le 11 février 2015