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La chapelle commémorative de Dormans

La chapelle-mémorial de Dormans commémore les deux batailles de la Marne en septembre 1914 et en juillet 1918. Construit sur une colline dominant le château de Dormans, la chapelle se dresse à 117 m au-dessus de la Marne.

Le 3 septembre 1914, les troupes allemandes, après être passé par la Belgique et ayant refoulé la 5^e Armée française sur les rives nord de la Marne, stationnèrent devant la ville de Dormans. Le général Pétain reçut alors l'ordre de retarder le franchissement de la Marne pour couvrir la retraite de l'armée française. De violents combats s'engagèrent dans la soirée lorsque les Allemands tentèrent de franchir la rivière au pont de Try-Verneuil. Ces combats épargnèrent cependant la ville de Dormans. Pour le déroulement de la 1^re bataille de la Marne, voir la page sur "Le mémorial de la 1^re Bataille de la Marne".

Entre 1915 et 1917, Dormans, se trouvant au sud du front, servit de cantonnement et abrita un hôpital et un dépôt de l'artillerie lourde. En 1917, la ville était le quartier général du général Michelet. L'armée allemande déclencha, le 27 mai 1918, la bataille qui devait lui apporta la victoire et la paix, le "Friedensturm". Ayant bousculé les troupes françaises, les Allemands progressèrent de 50 km en quelques jours avant d'être bloqués sur la Marne en formant la poche de Château-Thierry. Autour de Dormans, 100 000 soldats alliés firent face à 14 divisions allemandes largement supérieures en nombre. Le général en chef de l'armée allemande, Erich Ludendorff, ayant choisi Dormans pour le passage de la Marne, l'armée allemande déclencha, dans la nuit du 14 au 15 juillet 1918, la bataille. Mille canons allemands dévastèrent Dormans alors que les pionniers allemands installèrent des ponts flottants pour remplacer les ponts que le génie français avait dynamités. Quelques heures plus tard, les troupes d'assaut allemandes franchirent la Marne et attaquèrent. Pendant les 16 et 17 juillet 1918, les Allemands tentèrent vainement de remonter la vallée de la Marne en direction d'Épernay. Le 18 juillet 1918, le général Foch lança la contre-attaque. Le 20 juillet 1918, Dormans, en ruine, fut réoccupé par les Français.

Le projet d'une chapelle-mémorial fut initié en 1919 par Madame de Rochefoucauld, duchesse d'Estissac. Elle créa un comité constitué du cardinal Luçon, archevêque de Reims, de Joseph Marie Tissier, évêque de Chalons et du maréchal Foch. C'est le maréchal Foch qui désigna l'emplacement de construction de la chapelle dénommée alors chapelle de la reconnaissance ou chapelle des victoires. Dormans concrétisait à ces yeux le point synthétique des deux batailles de la Marne. Une association chargée de recueillir des fonds fut fondée le 18 juin 1919 et l'emplacement choisi pour la construction fut béni le 18 juillet 1919. La première pierre de la chapelle fut posée le 18 juillet 1920. La construction sous les ordres de l'architecte Alexandre Marcel puis de celle de Georges Alexandre Closson s'acheva en 1931. La construction fut financée, entre autres dons, par la souscription nationale dite "Journée des quatre monuments" lancée en 1929. Les quatre monuments nationaux sont Notre-Dame-de-Lorette, l'ossuaire de Douaumont, le mémorial du Hartmannswillerkopf et la chapelle-mémorial de Dormans. La chapelle-mémorial fut desservie par les Pères Salésiens jusqu'en 1980 puis fut délaissée. Aujourd'hui, elle est la propriété de la commune de Dormans et est entretenue par l'association "Mémorial de Dormans 1914-1918". Elle est classée Monument historique depuis juin 2019.

Le mémorial de Dormans est constitué de la chapelle, d'un cloitre, d'un ossuaire et d'une lanterne des morts. La lanterne des morts, pilier creux, symbolise la mort et le deuil. Elle se dresse à côté de l'ossuaire dont la crypte contient 130 cercueils accueillant les restes de 1332 soldats dont seulement onze purent être identifiés. La crypte renferme également un rare masque mortuaire du maréchal Foch et deux urnes funéraires. Une des urnes, déposée en 1948, contient des cendres de déportés au camp de concentration de Dachau. L'autre urne contient de la terre rapportée de Monte Cassino en hommage aux hommes des Forces françaises libres tués lors des combats à cet endroit en 1943/1944. Le cloitre assure la jonction entre l'ossuaire et la chapelle. Les bas-reliefs qui en ornent les murs représentent les armées ayant participé à la1^re et à la 2^e bataille de la Marne.

La chapelle de style néogothique se compose de deux chapelles superposées, la chapelle inférieure ou crypte et la chapelle supérieure. Elle est surmontée d'une tour carrée percée de meurtrières qui culmine à 52 m de hauteur. Cette chapelle, empreinte de pureté et de simplicité, répond au dogme cistercien dicté par Saint-Bernard. La chapelle inférieure symbolise le deuil. Elle est construite en pierre de taille sur lesquelles sont gravés les noms des donateurs. La porte d'accès en fer forgé est une œuvre de Raymond Subes.

La chapelle supérieure symbolise la gloire et l'hommage envers les soldats tués lors des batailles. Les nombreux vitraux qui l'illuminent sont des œuvres du maitre-verrier Charles Lorin et les statues furent sculptées par Firmin Michelet. La grande verrière de 7 m de large situés derrière l'autel représente Jeanne d'Arc et l'archange Saint-Michel présentant un poilu au Christ glorieux. Sur les autres vitraux sont représentés les armoiries des provinces françaises, de saints patrons des armées et les Vierges du front. Les quatre piliers soutenant la coupole avec ses 32 fenêtres représentent les quatre invasions subites par la France. Celle des Huns arrêtés en 451 aux Champs Catalauniques, celle des Arabes arrêtés en 732 à Poitiers, celle des Anglais stoppés après la chevauchée vers Reims de Charles VII en 1429 et celle des Allemands arrêtés lors des deux batailles de la Marne.

Ces photographies ont été réalisées en juillet 2020.

Y ACCÉDER:

La chapelle-mémorial se situe dans le parc du château de Dormans. L'accès est fléché dans le village.

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 19 septembre 2020

Cette page a été mise à jour le 19 septembre 2020