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Le Chemin des Dames

Le plateau parcouru par le Chemin des Dames a fait l'objet de plusieurs batailles au cours de l'histoire de France. Celle qui a le plus marqué la mémoire collective est celle qui s’y déroula entre le 16 avril et le 24 octobre 1917.

La région de l'Aisne qui porte le nom de Chemin des Dames est un étroit plateau calcaire orienté est-ouest, bordé au sud par la rivière Aisne et au nord par la rivière Ailette. Ce plateau, qui n'a que quelques dizaines de mètres de largeur au niveau de l'isthme de Hurtebise, surplombe d'environ 100 m les vallées le bordant. De nombreux ruisseaux ont creusé au sein de ces flancs des ravins perpendiculaires. Le plateau dénudé contraste avec les pentes escarpées et couvertes de forêts de ces flancs. Il constitue un bel observatoire sur la plaine de Laon, au nord, sur la plaine de champagne, à l'est, et la plaine de Soissons, au sud-ouest. Le plateau était parcouru sur sa crête par un petit chemin peu carrossable qu’empruntèrent fréquemment, entre 1776 et 1789, Adélaïde et Victoire, les deux filles de Louis XV et appelées "Dames de France". Elles empruntèrent ce chemin lorsqu'elles allaient de Paris au château de Boves, rendre visite à leur préceptrice Françoise de Chalus (1734-1821), la duchesse de Narbonne-Lara, maîtresse de Louis XV. C'est elles qui donnèrent le nom au chemin que le mari de la duchesse fit empierrer pour leur faciliter le parcours.

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Paysage du Chemin des Dames à la Royère

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Paysage du Chemin des Dames à la Royère

La première bataille en ces lieux se déroula en 57 av. J.-C.. Jules César s'y heurta à la confédération des Belges et des Gaulois du nord, forte de près de 250 000 hommes, qui assiégeaient Bibrax (Laon), dépendant de Reims alliée de Rome. Les légions de Rome ne comprenaient que 50 000 hommes. Jules César envoya un de ses lieutenants contourner le massif de l’Aisne par la vallée de l’Oise, tandis qu’il avança vers l'armée gauloise par l’est du massif. Il franchit l’Aisne à Berry-au-Bac, avec 8 légions et des troupes africaines en y laissant 3000 hommes pour tenir le passage. Protégé au nord, à l’ouest et au sud, par la Miette et l’Aisne, il établit un vaste camp sur la croupe qui domine les vallées. Les Gaulois avancèrent vers l’emplacement de la Ville-aux-Bois, et vinrent sur les bords de la Miette provoquer les cohortes romaines. Ayant découvert des gués à l’ouest de Berry-au-Bac, les Gaulois essayèrent de franchir l’Aisne pour tourner le camp romain. Jules César, averti, lança sur eux sa cavalerie. Les Belges qui étaient passés sur la rive gauche furent massacrés. Jules César, patient, attendit le résultat de son ample mouvement débordant par l’ouest. À la nouvelle de l'anéantissement de l'armée belge, les guerriers de la tribu des Bellovaques quittèrent l’armée gauloise. Affaiblie, cette armée se décida alors à la retraite. Intactes, les légions romaines, qui avaient su attendre, poursuivirent leur marche victorieuse vers le nord.

Vers 557, l'armée franque de Clovis défit devant Soissons, l'armée de Syagrius, le gouverneur romain de la Gaule. À la suite de cette victoire eut lieu l'épisode, que tous les écoliers français connaissent, du célèbre vase de Soissons. Qui en réalité n'a jamais existé. La troisième bataille sur le Chemin des Dames eut lieu le 7 mars 1814. Lors de la campagne de France, les armées de Napoléon 1er battirent les Prussiens de Blucher et les Russes de Woronzof lors de la bataille de Craonne. Cette bataille, qui eut lieu près de Hurtebise, fit 5400 morts parmi les jeunes recrues de l'armée napoléonienne qui était surnommée les "Marie-Louise". Le Chemin des Dames fit l'objet d'intenses combats durant la 1re Guerre mondiale. La dernière bataille s'y déroula en juin 1940, où les chars français s’opposèrent vainement à l'avancée de l'armée nazie lors du Blitzkrieg.

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Le monument Napoléon

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Le monument des Marie-Louise à Hurtebise

Après le déclenchement de la 1re Guerre mondiale et l'invasion de la France par les troupes allemandes, les Français furent obligés, le 31 août 1914, de quitter leurs positions sur le Chemin des Dames devant l'avance rapide des Allemands. Lors de la 1re bataille de la Marne, les Français atteignirent la vallée de l'Aisne le 13 septembre 1914, repoussant les Allemands sur le plateau du Chemin des Dames. Entre le 13 et 15 septembre 1914, les troupes françaises et britanniques tentèrent vainement de s'emparer du plateau. Le 30 octobre 1914, les Allemands parvinrent à se rendre maîtres du village de Vailly. Les Français reprirent l'attaque le 8 janvier 1915, mais le 13 janvier 1915, à la faveur d'une crue de l'Aisne, les Allemands contre-attaquèrent et mirent les Français en difficulté. Le général Maunoury ordonna alors le repli des Français, ce qui se fit dans le plus grand désordre. Les Allemands se rendirent maîtres de la Caverne du Dragon et de l'isthme de Hurtebise le 25 janvier 1915. Le front sur le Chemin des Dames sombra ensuite dans un calme relatif. Les Allemands tenaient la crête et les Français s'accrochèrent aux pentes sud du plateau.

Fin 1916, le commandant en chef de l’armée française, le général Joffre décida de reprendre l'offensive dès le mois de février 1917 sur le front entre Vimy et Reims. Le front formait à cet endroit un angle droit passant par Soissons. Selon son plan, les Anglais devaient attaquer entre Vimy et Soissons et les Français entre Soissons et Reims. En décembre 1916, le gouvernement français remplaça à la tête de l'armée le général Joffre par le général Nivelle. Celui-ci reprit le plan de Joffre pour appliquer l'exemple victorieux obtenu fin 1916 à Verdun par la guerre de mouvement. Le plan de Nivelle fut cependant contesté par l'ancien ministre de la Guerre Lyautey et le nouveau ministre de la Guerre Paul Painlevé y était opposé. De nombreux généraux étaient également sceptiques. Nivelle proposa alors, début avril, sa démission. Le ministre Painlevé et le chef du gouvernement Poincaré la refusèrent, inquiets d'un possible effondrement du front russe. La date de l'offensive fut maintenue. Malheureusement pour le plan français les Allemands appliquèrent, entre le 15 et le 19 mars 1917, l'opération Alberich qu'ils avaient décidée à l'automne 1916. Ils se replièrent sur la ligne Hindenburg, réduisant ainsi le front de 70 km. Le front allait maintenant de Vimy à Reims en passant par le Chemin des Dames. Les Français, qui mirent une semaine à se rendre compte du repli allemand, durent adapter leur plan d'attaque. Le nouveau plan dissocia l'attaque des Britanniques sur Vimy de celle des Français sur le Chemin des Dames. Les Français devaient attaquer sur un front de 30 km. L'objectif était de percer les lignes allemandes entre Reims et Hurtebise pour franchir, au soir de la 1re journée, l'Ailette, atteindre à J+1 la plaine au nord de Laon et à J+4 la Somme à Saint-Quentin. Pour atteindre ces objectifs, le général Mangin estima que l'infanterie devait avancer de 100 m toutes les 3 minutes (2 km/h). Le règlement militaire de l'époque fixait la marche normale à 240 m par 3 minutes. Pour faciliter l'offensive, les réserves allemandes devaient être fixées dans le nord par l'attaque des Britanniques sur la Scarpe et des Français sur Saint-Quentin.

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Paysage du Chemin des Dames à hauteur du monuments des Basques

L'offensive prévoyait que la 5e Armée du général Mazel (11 divisions d'infanterie, 1 division de cavalerie et 2 brigades russes) attaquerait entre Hurtebise et Reims (aile droite). La 6e Armée du général Mangin (17 divisions d'infanterie, 1 division de cavalerie, 1 division territoriale et des troupes coloniales de tirailleurs sénégalais et zouaves) attaquerait entre Chavonne et Hurtebise (aile gauche). La Xe Armée du général Duchene, la IVe Armée du général Authoine et le 2e Corps d'Armée du général Blondlat se tiendraient en réserve pour exploiter la percée. S'y ajoutaient 47 escadrilles aériennes et 39 ballons de reconnaissance et de réglage de tir. L'artillerie aligna 2710 canons et 2300 mortiers. Un canon lourd était disposé tous les 21 m de front, et un canon de campagne ou un mortier, tous les 23 m. Pour la préparation d'artillerie, 5 millions d'obus de 75 et 1,5 million d'obus de gros calibre étaient prévus. L'acheminement de ces munitions nécessita 26000 wagons de chemin de fer. L'offensive prévoyait également l'utilisation pour la première fois des chars, dénommée artillerie spéciale (AS). À Berry-au-Bac attaquerait le groupement Bossut (82 chars Schneider et 5 compagnies d'infanterie), formant le 32e Corps, et le groupement Chaubès (50 chars Saint-Chamond et 3 compagnies d'infanterie), formant le 5e Corps de la Ve Armée. À Laffaux fut engagé, en mai 1917, le groupement Lefebvre formant le 37e Corps de la VIe Armée. L'offensive rassembla environ 1 200 000 d'hommes sous le commandement du général Robert Nivelle.

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Paysage du Chemin des Dames à hauteur du monuments des Basques

Du côté allemand, entre Vauxaillon et Berry-au-Bac, se trouvait la VIIe Armée du général Boehm et, de Berry-au-Bac à Reims, se trouvait la 1re Armée du général Von Below soit 682 650 hommes sous le commandement du général Erich Ludendorff. L'armée allemande alignait également 530 avions, dont de nombreux chasseurs qui avaient la maîtrise du ciel.

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Paysage du Chemin des Dames à hauteur du monuments des Basques

L'offensive prévue pour le 16 avril 1917 n'avait pas pu être gardée secrète. De nombreux politiciens connaissaient le lieu et la date de l'offensive depuis des mois provoquant ainsi de nombreuses fuites d'informations. Lors d'une attaque effectuée le 4 avril 1917 entre Loivre et Berry-au-Bac, les Allemands s’emparèrent du plan d'engagement du 3e Zouave de la 37e DI. Tout le plan d'engagement français était alors aux mains des Allemands. En janvier 1917 en face de la VIe Armée française les Allemands avaient 4 divisions d'infanterie, la veille de l'offensive s'y trouvait 7 divisions. En face de la Ve Armée française, les Allemands renforcèrent les troupes en place de la même façon. L'artillerie allemande fut renforcée de 100 %. À l’arrière du front, dans la région de Laon, les Allemands avaient amassé en réserve entre 12 et 15 divisions d'infanterie.

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Section de chemin de fer camouflée au Chemin des Dames (© Wikipédia)

Le 7 avril 1917, la 22e DI se lança à l'assaut du village de Laffaux, mais fut tenu en échec par les Allemands. Le 8 avril 1917 débuta la préparation d'artillerie. Jusqu’au 15 avril 1917, l'artillerie déversa 533 obus par minute sur les lignes allemandes. Mais le temps couvert gêna considérablement le réglage de l'artillerie et les observations aériennes. Les Français ne repérèrent que 53 batteries d'artillerie allemandes sur les 392 reparties sur le Chemin des Dames. Le 16 avril 1917 à 3 h 30, 180 000 hommes avancèrent en 1re ligne. Le temps est épouvantable. Il neigeait et les températures glaciales pénalisaient énormément les troupes coloniales. Parmi les Sénégalais qui s'étaient entraînés sur la Côte d'Azur, 1163 hommes furent évacués avant l'assaut pour des affectations pulmonaires et des gerçures. Les fantassins devaient attaquer en tenue d'assaut. Chaque homme portait une couverture roulée dans une toile de tente (porté en sautoir), un outil individuel, une musette de vivre (pour 3 jours), une musette avec 16 grenades, un bidon d'eau de 2 l, un bidon supplémentaire de 1 l, un masque à gaz, des sacs de terre (vides), un panneau de signalisation ou des feux de Bengale, un paquet de pansements, 120 cartouches et le fusil Lebel. Les troupes du 20e Corps attaquèrent même avec le barda complet et des vivres pour 6 jours.

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L'attaque à Craonne (© Wikipédia)

À 6 h, le barrage d'artillerie se mit à avancer de 100 m toutes les 3 minutes. Ce fut le signal pour l'assaut. Les hommes sautèrent le parapet de la tranchée de 1re ligne. Au Moulin de Laffaux, l’offensive du 1er Corps colonial se brisa contre les défenses formidables de la ligne Hindenburg. Les premières vagues d’assaut, après avoir enlevé la 1re ligne et le Mont des Singes, se trouvèrent contre-attaquées et mal soutenues par l'artillerie et sans renforts, elles durent se replier. Ils déplorèrent la perte de 3800 hommes. Au niveau des falaises de l'Aisne, du défilé de Vailly au vallon de Braye-en-Laonnois, la bataille fut violente. Le front français passa alors sur la rive gauche de l’Aisne, au sud de Vailly et de Chavonne, traversa l’Aisne à l’est de Chavonne, puis, par le château de Soupir, remonta vers le nord-est. Les Allemands étaient retranchés sur les falaises et dans les creutes, leurs lignes dominaient à pic les positions françaises. Les Grinons et Chavonne furent attaqués par le 172e régiment d'infanterie (RI) qui, en mars, au moment du repli allemand, s’était déjà battu sur l’Aisne à l’est de Soissons. Chavonne fut pris d’un seul élan, peu après l’attaque, par un bataillon qui en nettoya les ruines et les caves à la grenade. Les Grinons résistèrent plus longtemps.

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Le Chemin des Dames à la ferme de la Royère (© Wikipédia)

Le mont Sapin fut enlevé par le 25e bataillon de chasseurs à pied. C’était un obstacle redoutable. Le mauvais temps ayant rendu les pentes raides, boueuses et glissantes, l’ascension du mont fut lente et les troupes se trouvèrent très devancées par le barrage roulant d’artillerie. L’ennemi en profita pour sortir ses mitrailleuses. Les chasseurs progressèrent alors en se protégeant par des barrages de grenades à fusil, et, quand celles-ci manquèrent, par des barrages de grenades à main. Ils avancèrent pas à pas en nettoyant les abris, faisant 400 prisonniers, dont 10 officiers, ils prirent 22 mitrailleuses et 19 minenwerfer. Les Allemands résistant désespérément dans un ouvrage, les chasseurs le contournèrent pour atteindre la lisière nord du bois, poussant leur gauche vers les Grinons et leur droite sur la carrière souterraine de la Cour Soupir. Le mont Sapin devint alors la clef de voûte de toute la ligne française. L’éperon qui domine la route, au nord, est couvert par le bois des Gouttes d’Or. Les fantassins du 172e RI en liaison, à gauche, avec les chasseurs emportèrent le Balcon, nommé ainsi parce qu’il domine, à pic, les lignes françaises de départ, le cours de l’Aisne, Soupir et le château de Soupir sur les flancs ouest des Gouttes d’Or. Les fantassins poussèrent vers la Cour Soupir, pendant qu’un autre régiment avança sur les pentes ouest des Gouttes d’Or. Celui-ci, toutefois, fut arrêté dans les sous-bois par de terribles moyens de défense restés intacts. Plus à l’est, au débouché sud du cirque de Braye-en-Laonnois, un autre régiment dut aussi s’arrêter.

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Assaut au Chemin des Dames (© Wikipédia)

À l'éperon de Troyon, les troupes du 20e Corps parvinrent à s’installer sur la crête du Chemin des Dames. Toutefois, les Allemands résistèrent encore dans la sucrerie de Cerny. La 10e Division coloniale du 2e Corps d’infanterie coloniale devait enlever les lignes successives de la première position ennemie qui couvraient le plateau, enveloppant dans un lacis de tranchées et de boyaux la ferme d’Hurtebise et de nombreuses creutes, dont la Caverne du Dragon. Le goulot d’Hurtebise devait être enlevé par une manœuvre de débordement du 2e CAC et du 1er Corps d’armée, ce dernier opérant sur le plateau de Vauclair. Derrière le barrage roulant qui s’abattit sur le plateau, les marsouins, Sénégalais et Marocains de la 10e DI coloniale abordèrent, en ordre, les premières lignes allemandes. La crête fut atteinte presque sans pertes. Le barrage d’artillerie allemand, peu nourri, présentait des lacunes. Toutefois, l’infanterie pesamment chargée et surtout embourbée dans les trous d’obus remplis de vase progressa avec une vitesse inférieure aux prévisions. Le barrage d'artillerie, se conformant à l’horaire prévu, se décrocha de l’infanterie et s’éloigna progressivement des premières vagues qu’il cessa alors de protéger. Quelques mitrailleuses, qui se sont révélées sur le plateau, n’arrêtèrent pas l’élan des fantassins du 53e régiment colonial qui descendit le versant nord du plateau le long des pentes raides dévalant vers l’Ailette. Mais ces éléments furent bientôt décimés, par des feux croisés et des rafales de mitrailleuses de la deuxième position. Le barrage d’artillerie passé, les Allemands sortirent des creutes du plateau et, par leur feu, clouèrent sur place les vagues qui, en quelques minutes, subirent des pertes considérables, 150 officiers et 5000 hommes furent tués ou blessés. Ne pouvant franchir cette zone meurtrière, elles s’arrêtèrent, s’abritèrent et même sur certains points refluèrent sur la dernière tranchée dépassée. Les bataillons de la première vague, arrêtés, furent bientôt rejoints par ceux de soutien qui, partis à l’heure fixée, vinrent se fondre sur la ligne de combat. Les bataillons de réserve, conformément au plan d’attaque, s’avancèrent à leur tour. Quelques-uns furent, toutefois, arrêtés à temps et occupèrent les premières tranchées allemandes conquises. En moins d’une heure, le combat s’était stabilisé sur le plateau de chaque côté de la ferme. Toutes les tentatives pour reprendre le mouvement en avant échouèrent dès que l’on arrivait sur la ligne battue par les mitrailleuses allemandes. La progression à la grenade par les boyaux et tranchées fut seule possible. Elle se heurta à une résistance de plus en plus vive. Les réserves allemandes furent, en effet, à peu près intactes. Bien abritées dans les creutes du versant nord ou dans les abris très profonds, elles n’avaient pas souffert du bombardement. Le 69e bataillon de tirailleurs sénégalais parvint jusqu'à Ailles où il fut presque anéanti par la défense allemande.

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La "Constellation de la Douleur" à la Caverne du Dragon

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La "Constellation de la Douleur" à la Caverne du Dragon

À la Caverne du Dragon les troupes d’assaut dépassèrent les entrées sud de la grotte, les Allemands avaient muré les galeries et en conservaient la partie nord. Après le passage des troupes de la 1re vague les Allemands du Reserve Infanterie Regiment (RIR) 92, sortant de la Caverne du Dragon, se réinstallèrent dans les tranchées de 1re ligne. Leurs mitrailleuses clouèrent au fond de la vallée Foulon les bataillons de la 2e vague française. À Craonne, crevant les trois positions allemandes, les troupes du 5e Corps français, 10e et 9e DI en 1re ligne, 125e DI en soutien, devaient atteindre le soir même Amifontaine, 9 km au-delà de la ligne de départ. La vallée marécageuse de la Miette fut un sérieux obstacle. En liaison à droite avec la 10e DI, la 2e DI devait enlever le bastion de Chevreux, puis Corbeny, et pousser vers le nord. La 1re DI devait s’emparer de Craonne. Craonne, Chevreux, le bois des Buttes et, derrière, la route furent des obstacles particulièrement redoutables avec leurs abris enterrés, leurs tunnels, leurs sapes profondes reliées entre elles et surtout leurs blockhaus bétonnés, abritant mitrailleuses, minenwerfer et même des canons de 77. Enfoncés d’abord dans l’ombre des taillis et des bois, ces blockhaus apparurent, après le bombardement, nus, menaçants, à peine écornés par les obus de 240 et de 155. Le matin de l’attaque, des avions allemands survolèrent les lignes très bas. L’artillerie allemande commença à 5 heures un tir sur les tranchées. À 6 heures, dans le brouillard, sur un sol absolument détrempé, les vagues d’assaut franchirent les tranchées de départ, dépassèrent la première ligne allemande. Mais bientôt, de nombreuses mitrailleuses se dévoilèrent et prirent d’enfilade les unités d’attaque, particulièrement les mitrailleuses de l’éperon de Craonne qui, dominant la plaine de plus de 100 m, dirigèrent de haut en bas un feu extrêmement meurtrier. Décimées, privées de leur chef, beaucoup de vagues durent bientôt renoncer à progresser. Malgré un nouveau bombardement de l'artillerie française, la résistance ennemie fut acharnée. L’attaque progressa à peine en raison des tirs de mitrailleuses sous casemates, tirs de face et surtout de flanc. Les pertes furent sérieuses.

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Dans la Caverne du Dragon (© Wikipédia)

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Dans la Caverne du Dragon (© Wikipédia)

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Dans la Caverne du Dragon (© Wikipédia)

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Dans la Caverne du Dragon (© Wikipédia)

Le bois des Buttes formait un saillant dans les lignes françaises. Il était fortement organisé par les Allemands, auxquels les trois sommets les plus élevés fournissaient d’excellents observatoires et était devenu un des piliers de la ligne ennemie. Avec ses abris à 20 mètres sous terre, ses galeries souterraines pourvues de voies ferrées, ses blockhaus pour mitrailleuses, ses observatoires bétonnés, c’était une vraie forteresse. Il fut attaqué par le 31e RI. Pendant qu’une partie du régiment marchait, du sud au nord, vers les trois sommets du bois, l’autre s’avançait, d’ouest vers l’est, vers le village de la Ville-aux-Bois. La 1re ligne ennemie fut franchie d’un seul bond, mais, sur la 2e ligne, la bataille fut intense. Il fallut réduire un à un les blockhaus, assiéger les abris, progresser à la grenade dans les boyaux. Les fantassins du 31e RI, dominant les Allemands, avancèrent en faisant de nombreux prisonniers. À midi, le bois des Buttes fut pris en entier, avec plus de 800 prisonniers. Chassé du bois des Buttes, l’ennemi se replia sur le village de la Ville-aux-Bois, farci de mitrailleuses. Les Français parvinrent aux lisières, mais furent contre-attaqués.

Au bois aux Boches et à la Musette, chaque blockhaus comprenait une mitrailleuse et un abri enfoui profondément. Se flanquant réciproquement en croisant leurs feux, ces blockhaus étaient reliés entre eux et avec les organisations arrière par de profonds boyaux et des galeries souterraines. Ils furent un sérieux obstacle. Débordés au sud et même à l’est, les occupants continuèrent à résister, rendant précaire par leurs feux de flanc l'installation des Français sur le terrain conquis. À Juvincourt, de septembre 1914 à avril 1917, la ferme du Choléra, point dominant, fut un secteur agité par les nombreux coups de main des deux adversaires. C’est de ce secteur que les troupes du 32e Corps partirent à l’attaque des positions allemandes. Mais les bataillons de ce corps furent violemment mitraillés, de la Côte 108 au sud de l’Aisne, et de Juvincourt, et cloués sur place.

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Blockhaus allemand

À Corbeny, deux groupements de chars devaient coopérer à l’enlèvement de la deuxième position ennemie, l’un à l’ouest de la Miette, en direction de Juvincourt, l’autre à l’est entre cette rivière et l’Aisne, en direction de Guignicourt et de Prouvais. Le premier groupement, celui de l’ouest, se porta, avant l’attaque, en position d’attente dans les bois de Beau Marais, derrière la ferme le Temple. À 0 h 20, les groupes de chars Schneider partirent en colonne à travers les lignes françaises, suivant une piste aménagée. Dès la sortie du bois, au nord de la ferme le Temple, les chars furent pris à partie par un feu violent d’artillerie, des avions allemands suivaient leur marche et l’indiquaient au moyen de fusées rouges. Les chars, successivement atteints, restèrent en panne, la plupart en feu. Des bidons d’essence en réserve, amarrés aux chars, prirent feu. Un groupement de chars d’assaut ayant suivi la route de Pontavert à Guignicourt, sur la crête de la croupe du Choléra, fonça alors dans la deuxième position allemande, malgré les barrages de l’artillerie lourde allemande. L'attaque de l’infanterie française, décimée, éparpillée, à bout de souffle avec de petits groupes de tirailleurs çà et là dans des trous d’obus, fut brisée et les efforts dispersés se heurtèrent à la résistance allemande qui, le premier désordre passé, s’organisa solidement. Malgré la violence sans cesse accrue du feu d’artillerie, les chars continuèrent leur raid, dépassant Juvincourt. Certains d’entre eux atteignirent même le bois Claque Dents dont on voit la lisière au-delà de la vallée de la Miette. Pris à partie de trois côtés à la fois par des pièces tirant à tir direct, plusieurs chars furent démolis. Ceux qui restèrent repoussèrent une contre-attaque ennemie qui s’avançait en direction de la ferme Mauchamp. En quelques coups de canons et de mitrailleuses, les chars dispersèrent aisément les tirailleurs ennemis. Les équipages à pied des chars détruits se jetèrent dans les tranchées et essayèrent de continuer la lutte, mais des avions volant très bas les repérèrent et les mitraillèrent à bout portant. L’ordre de repli fut donné. Quelques chars revinrent vers 10 h vers la ferme du Choléra. Cinquante-sept chars furent détruits, 64 étaient tombés en panne ou s'étaient enlisés. Aucun n'avait atteint la 1re ligne allemande. Sur les 790 hommes d'équipage et d’accompagnement, 180 furent tués.

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Un char Schneider

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Char Saint-Chamond (© Wikipédia)

À Loivre et à Brimont, les troupes du 32e Corps attaquèrent depuis l’Aisne aux abords de Reims. Loivre fut repris par les 23e RI et 133e RI surnommés respectivement "Les Braves" et "Les Lions". Pendant que d’autres bataillons débordaient le village et franchissaient le canal, le 3e bataillon du 133e RI l’attaquait de face. La position étant solidement organisée et énergiquement défendue, ils durent s’arrêter devant le cimetière, véritable bastion avec casemates bétonnées, et devant les décombres du moulin, l’un et l’autre remplis de mitrailleuses. Ils reculèrent un peu pour demander un barrage de 75, puis s’élancèrent à nouveau, derrière le barrage. L’emplacement du moulin et le cimetière où 122 prisonniers furent faits dans un seul abri de mitrailleurs furent emportés, puis le village en ruines, où ils se jetèrent à la baïonnette, pendant que leurs clairons sonnaient la charge. Le butin fut considérable, un bataillon de 500 hommes avait fait, à lui seul, 825 prisonniers. Au nord de Loivre et au sud attaqua la 14e DI, les 44e RI, 60e RI, 35e RI et 42e RI. Leur élan fut tel qu’ils franchirent les deux premières positions. Des éléments arrivèrent jusqu'à Berméricourt. La brigade russe poussa jusqu’aux abords de Brimont, mais ne put parvenir jusqu’au fort.

À 10 h 15, le général Muteau ordonna la reprise de la préparation d'artillerie afin de renouveler les attaques sur le plateau de Californie, Vauclair et Corbery. À 10 h 30, le général Gamelin communiqua au général Nivelle par téléphone : "La "bataille se livre sur les 1res et 2e positions. Progression sensible de la Ve Armée, la VIe Armée sur sa droite semble avoir atteint Ailles, Bovelle et Cerny-en-Laonnois. Progrès plus lent à l'ouest". La bataille sur les 1res et 2e lignes ne correspondait pas aux prévisions du plan du général Nivelle.

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Vestiges de tranchées au plateau de Californie

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Entrée d'un abri souterrain au plateau de Californie

À midi se déclencha une nouvelle attaque française en direction de Vauclair et de Sapigneul. Ils furent tenus en échec par les Allemands. Les pertes furent qualifiées dans les communiqués comme cruelles. Les Allemands contre-attaquèrent sur Chavonne pour dégager les Grinons, la bataille fut violente. Les Allemands, connaissant le dédale des ruines et des tranchées, refoulèrent les Français du cimetière au nord du village, où des éléments avancés avaient pris pied.

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Le monument du village disparu de Sapigneul

À 14 h fut publié le 1er communiqué officiel : "La lutte d'artillerie a pris un caractère de violence extrême pendant la nuit sur tout le front compris entre Soissons et Reims". Aucune mention ne fut alors faite de l'offensive mobilisant plus d'un million d'hommes. Sur le terrain, la situation ne s’améliorait pas. Les soldats étaient bloqués. Le général Blondlat ordonna la reprise de la préparation d'artillerie sur le moulin de Laffaux. Au mont Sapin, les Allemands, pour le reprendre, lancèrent de violentes contre-attaques, les chasseurs, qui avaient épuisé leurs grenades, se servirent de grenades allemandes trouvées sur place pour les repousser. À 14 h 30, le 32e Corps d'armée arrêta les massives contre-attaques allemandes dans la région de Prouvais. Les Allemands, pris sous les feux de l'artillerie lourde, subirent de lourdes pertes. Vers 15 h, les Allemands contre-attaquèrent dans le secteur de Loivre et Berméricourt.

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Attaque à Craonne (© Wikipédia)

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Attaque à Craonne (© Wikipédia)

Après une nouvelle offensive vaine sur le Moulin de Laffaux déclenché vers 18 h, les hommes de la VIe Armée et du 1er Corps colonial furent repoussés sur leurs lignes de départ. Durant la nuit, la VIe Armée put maintenir ces positions, mais dut abandonner le Mont des Singes. Une violente contre-attaque allemande, déclenchée vers 18 h 50, dans le secteur de la Côte 108 et Sapigneul rejeta également les Français sur leurs lignes de départ. Les Français ne purent se maintenir qu'à la Côte 108.

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Le "Jardin du souvenir" au moulin de Laffaux

En fin de journée, le gain de terrain par les Français était minime. Ils ne purent maintenir leur avancée qu'en contrebas du plateau entre Soupir et Chivy et dans le secteur de la Ville-aux-Bois. Le député Jean Ybarnégaray déclara : "la bataille a été livrée à 6 h, à 7 h elle était perdue".

Le 17 avril 1917, la lutte se poursuivit sur une plus petite échelle. Le mauvais temps transformait le terrain en boue glacé. Le temps gênant considérablement la préparation d'artillerie, les attaques se limitèrent à la rectification des positions précaires. À 4 h 45, la IVe Armée attaqua à l'est de Reims sur la butte de Moronvilliers. Les hommes du général Anthoine prirent le Mont Cornillet, le Mont sans Nom et le Mont Blond en faisant 2500 prisonniers. Le 1er Corps fut durement engagé sur le Plateau de Californie. À 4 h 30, les Allemands attaquèrent avec des troupes fraîches au Mont Sapin, mais les chasseurs du 25e BCP, malgré leurs pertes, en restèrent maîtres. Vers 10 h 30, ordre fut donné au général Micheler de se borner à consolider les occupations de la crête du Chemin des Dames avec la VIe Armée.

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Blockhaus allemand au plateau de Californie

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Blockhaus allemand au plateau de Californie

Aux Falaises de l'Aisne, après un travail d’artillerie intense, qui défonça quelques creutes, les troupes du 172e RI reprirent l’assaut sur les Grinons à 17 h 30. Les mitrailleuses allemandes, sorties des creutes, tentèrent de les arrêter, mais furent incapables d’empêcher les fantassins et les Sénégalais d'emporter le sommet des Grinons. Les Français le perdirent sous une contre-attaque sortie d’abris à contre-pente puis le reprirent pour le garder définitivement. Chavonne fut également pris. La bataille s’était livrée sous une tourmente de neige et dans la boue glacée qui éprouva durement les Sénégalais.

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Carte du secteur de Cerny-Deimling en date du 15 juin 1917 (JMO de la 204e Brigade Marocaine)

Vers 17 h 30, les régiments d’attaque français emportèrent le bois des Gouttes d’Or en entier et, poussant hardiment, atteignirent la Croix sans Tête et la Côte 197, point culminant du plateau d’Ostel. Cet important succès affola les Allemands et les força à retraiter en désordre. Les 2e lignes et les réserves se replièrent sans même prévenir les unités de 1re ligne. Du côté de Vailly, les Français trouvèrent le repas d’une compagnie entière tout servi et déjà entamé. Sur le terrain de l’avance, les traces de retraite hâtive abondèrent, le sol était couvert de matériel abandonné. La sucrerie de Cerny fut également prise. Au niveau de la Caverne du Dragon, à la suite d’un violent tir de minenwerfer, les Allemands réussirent à enlever au 43e bataillon de chasseurs la position du Doigt, au nord du monument d’Hurtebise. Devant la menace d’être rejetés de la crête, vers des positions intenables de la vallée Foulon, les Français décidèrent de dégager largement la région du monument. À Craonne, la 2e DI ayant pris pied dans la 1re position allemande, la lutte tourna à la guerre de positions. Au soir du 17 avril, le village de la Ville-aux-Bois était peu à peu encerclé. Le village de Braye-en-Laonnois sera pris par la VIe Armée à 19 h 45.

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Soupir après les attaques d'avril 1917 (© Wikipédia)

Le soir du 17 avril 1917, aux Bois aux Boches et à La Musette, un bataillon du 113e RI, en liaison, à gauche, avec des éléments du 313e RI et du 4e RI, fut chargé d’enlever les blockhaus. Le bataillon, dans la nuit tombante, s’élança au chant du régiment, "Voilà le 113e qui passe", et progressant à droite et à gauche de la N44, aborda, à coups de grenades, les abris creusés sous la chaussée. Les Allemands surpris d’abord par la rapidité de l’attaque se ressaisirent et les mitrailleuses crépitèrent. Un des blockhaus, attaqué à la grenade, et rempli de munitions, explosa avec un bruit formidable, faisant le vide autour de lui, projetant au loin des blocs énormes de béton. Malgré ses pertes, le bataillon poursuivit sa tâche. À 21 h, la N44, les ouvrages de Cologne et Hanovre, à l’est de la route, étaient enlevés. Le bataillon progressa jusqu’au carrefour de la Musette. L’encerclement du bois des Boches, auquel ont collaboré le 313e RI et une compagnie du 4e RI, était terminé. Le nettoyage s’acheva dans la nuit et donna 400 prisonniers, dont 10 officiers, en même temps qu’une grande quantité d’armes, d’engins et de munitions.

Le 18 avril 1917, l’offensive fut arrêtée au niveau d'Hurtebise, les fantassins de la 10e DI conservèrent le terrain conquis et repoussèrent toutes les contre-attaques, çà et là ils progressèrent dans quelques boyau ou tranchée. Mais les pertes furent lourdes. La zone du plateau, bouleversée immédiatement derrière la ligne atteinte, était détrempée, boyaux et tranchées étaient remplis d’une boue gluante qui gênait les mouvements. À 6 h, l’assaut fut donné au Bois aux Buttes. À 8 h, la Ville-aux-Bois fut enlevée. Dans la matinée, les Français progressèrent jusqu’à la Musette puis dépassèrent la route nationale. En trois jours, le 31e RI fit 1500 prisonniers, dont 2 commandants et 32 officiers et captura 50 mitrailleuses, 15 minenwerfer et 6 canons. À 16 h, les Allemands contre-attaquèrent entre l'Aisne et Juvincourt, mais furent arrêtés par l'artillerie lourde qui leur causa de lourdes pertes. La VIe Armée occupa le plateau du Chemin des Dames après le repli des Allemands sur la Siegfried Stellung, le long de la crête du Chemin aux Dames. La Ve Armée ne progressa pas, mais résista aux nombreuses contre-attaques allemandes. Le fort de Condé, abandonné par les Allemands, fut investi par les Français. Les villages de Chivy, Braye-en-Laonnois, Ostel, Chavonne, Vailly, Celles, Condé-sur-Aisne, Laffaux, Nanteuil-la-Fosse, Sancy, Jouy, Aisy étaient aux mains des Français. De Soupir à Missy-sur-Aisne, la ligne de front avait avancé de 6 à 7 km. Au niveau d'Hurtebise, les troupes de la 10edivision coloniale, épuisées, furent relevées dans la nuit du 18 au 19 avril par celles du 11e Corps.

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Troupes française au Chemin des Dames (© Wikipédia)

Le 19 avril 1917, l'offensive française reprit. Les attaques françaises échouèrent devant Bernericourt, le mont de Sapigneul et le Mont Spin. Le 1er corps enleva le plateau de Californie avant de le reperdre. Les troupes de la VIe Armée enlevèrent le monument d'Hurtebise puis progressèrent au nord d’Hurtebise en capturant 500 Allemands. La IVe Armée progressa en direction de Laigue. Après de furieuses contre-attaques, les Allemands reprirent la sucrerie de Cerny-en-Laonnois rendant ainsi précaire l'installation des Français sur la crête. À Craonne, la 1re DI et la 162e DI parvinrent à s’accrocher au rebord du plateau.

Le 20 avril 1917, les Français suspendirent l'offensive. La VIe Armée se maintiendra sur les positions acquises, mais la Ve Armée échouera dans ses attaques ponctuelles des positions allemandes. Le 21 avril 1917, les Allemands se replièrent sur la ligne Hindenburg. Ils avaient, depuis le début de l'offensive française, perdu 21 604 prisonniers, 183 canons et 412 mitrailleuses. Les Français, prenant acte de l’échec de la bataille, abandonnèrent définitivement l'offensive globale au profit d'offensives ponctuelles le 22 avril 1917. Ce même jour, ils durent repousser une puissante attaque allemande à Moronvillers.

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Tir de barrage à Craonne en 1917 (© Wikipédia)

Dans la nuit du 22 au 23 avril, le 34e RI releva dans Craonne le 1er RI. La 1re ligne devant les pentes raides du plateau étant constituée par une série de trous d’obus, les communications étaient impossibles de jour. Ils n’y avaient ni boyaux ni tranchées et, du rebord du plateau, les Allemands dominants tiraient sur les isolés qui se montraient. En préparation de l’attaque qui devait donner l’entière possession des plateaux de Craonne et de Californie, le secteur fut complètement réorganisé. Les Allemands surveillaient attentivement tous les mouvements, bombardant les points où l’on travaillait, harcelant continuellement les pistes. Le 25 avril 1917, les Allemands lancèrent une nouvelle contre-attaque qui ne leur permit pas de gain de terrain.

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Le Vieux Craonne

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Le Vieux Craonne

Après la nomination du général Pétain comme chef d’État major général, le 29 avril 1917, les Français reprirent l'offensive sur les monts de Champagne le 30 avril 1917. Ils obtinrent quelques succès au Mont Cornillet, au Mont Haut et à Moronvilliers. Cela conduisit, le 1er mai 2017, les Allemands à deux puissantes contre-attaques dans le secteur de Moronvilliers. Le 4 mai 1917, le général Mangin fut remplacé à la tête de la VIe Armée par le général Maistre en vue d'une nouvelle offensive. Le 4 mai 1917 à 6 h 30, la Ve Armée attaqua au Mont Spin et à Sapigneul. Elle enfonça la 1re ligne allemande, mais dut reculer devant les nids de mitrailleuses non détruits malgré la préparation d'artillerie entamée le 29 avril. La 41e DI prit Bernéricourt vers 13 h, mais une contre-attaque allemande en fin de journée la rejeta sur ces lignes de départ. L'attaque du 18e RI sur Craonne vers 18 h surprit les Allemands et permit aux Français d'atteindre les rebords du plateau. Ce jour, eurent lieu les 1res mutineries dans l'armée française. La 13e compagnie du 321e RI refusa de partir à l'attaque.

Le 5 mai 1917, le 18e RI et le 34e RI attaquèrent pour consolider les positions prises sur le bord du plateau, mais ne purent déboucher sur l'Ailette. Ils connurent de fortes pertes, 800 hommes pour le 18e RI et 1100 hommes pour le 34e RI. La Xe Armée attaqua en direction du plateau de Vauclair et des Casemates. Les Français atteignirent la crête dominant l'Ailette et firent 700 prisonniers. Le 15e Corps attaquant entre Craonne et Hurtebise fut cependant pris à revers par les Allemands sortant de la Caverne du Dragon. La ligne française fut portée dans les ruines de Cerny-en-Laonnois et près du bord nord du plateau. Mais les Allemands ne se résignèrent pas à la perte du plateau. D’ailleurs, ils possédaient encore les entrées de nombreux tunnels qui débouchaient dans les lignes françaises. Ces tunnels leur servaient de véritables places d’armes à l’épreuve où se rassemblaient leurs troupes pour les contre-attaques.

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Le Chemin des Dames (© Wikipédia)

Les 5 et 6 mai, le Moulin de Laffaux fut attaqué par les 4e, 9e et 11e Cuirassiers, appuyés par les chars du groupement Lefebvre (AS1 et AS10 équipé de chars Schneider et AS31 équipé de chars Saint-Chamond). Le 5, à 4 h 45 du matin, les cuirassiers à pied s’élancèrent contre la redoutable position. La 1re tranchée fut enlevée, mais le Moulin tient bon et, de chaque côté, des nids de mitrailleuses arrêtèrent la progression. Les chars atteignant le plateau, malgré les obstacles du sol, le Moulin finit par être enlevé. Pendant ce temps, la 2e vague atteignit la 2e ligne allemande. Un barrage de grenadiers allemands l’ayant arrêtée, un fusilier mitrailleur du 11e Cuirassier abattit les grenadiers les uns après les autres. Sur la droite, vers les carrières Fruty, que le bombardement n’avait pas ébranlées, la progression fut lente et pénible, mais les cuirassiers cernèrent et enlevèrent les carrières. À 10 heures, l’ensemble de la 2e ligne fut pris. Vers 11 heures, celle-ci fut dépassée sur plusieurs points. À gauche, le 4e Cuirassier enleva le château de la Motte, à droite, le 11e atteignit la Côte 170 et au centre le 9e poussa sur les carrières du ravin d’Allemant où les Allemands résistèrent avec acharnement. Les Français échouèrent dans la prise du Mont des Singes. Douze chars furent détruits durant l'attaque. Le 6 mai, le 4e reprit, pour la deuxième fois, le château de la Motte. Les carrières 66ter au sud du ravin d’Allemant, furent débordées, 2 pelotons du 9e Cuirassier s’y battirent avec fureur à la grenade. Malheureusement, au soir, la division se trouvant fortement attaquée dut se replier. Elle abandonna une seconde fois le château de la Motte et se fixa à 200 m au sud. Les observatoires du plateau furent conquis et 650 prisonniers furent dénombrés.

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La chapelle mémorial de Cerny-en-Laonnois

Le 6 mai, à 6 h 30, un effroyable bombardement allemand s’abattit sur Craonne. Le plateau disparaissant dans les flammes, la fumée et la poussière semblait être en éruption. Le barrage français, à son tour, se déclencha et, dans cet enfer, les colonnes allemandes s’infiltrèrent. Malgré leurs pertes sensibles, surtout en officiers, les fantassins du 34e RI, dans un combat à la grenade et de combat de petits groupes isolés dans les trous d’obus, continrent la ruée allemande. Un peloton du 110e Territorial se porta au secours des défenseurs débordés. Enfin, à 13 heures, un bataillon du 49e RI contre-attaqua et rétablit la situation du matin.

Le 9 mai 1917, l'offensive Nivelle fut suspendue. Le 14 mai 1917, la IVe Armée se rendit maître du Mont Blond et du Mont Cornillet. Le lendemain, le général Pétain remplaça le général Nivelle à la tête de l'armée française. Les Allemands tentèrent une nouvelle offensive sur le Chemin des Dames le 19 mai 1917, mais connurent un nouvel échec. Le 20 mai 1917, débutèrent les mutineries dans l'armée française. Elles affecteront 150 unités combattantes. Les troupes au repos refusèrent la reprise des combats. Les tribunaux militaires prononceront 3427 condamnations, dont 554 peines de mort, et 1381 peines de travaux forcés. Le président Poincaré gracia 90 à 95 % des cas des peines de mort, mais le général Pétain refusa à 7 reprises de transmettre le dossier de grâce. Quarante neufs mutins furent exécutés.

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Mémorial à la creute de Froidmont

Le 1er juin 1917, les Allemands lancèrent une attaque autour de Laffaux. Dans la nuit, le 2e bataillon du 18e RI refusa de ce battre. Cent trente hommes furent arrêtés, 12 passèrent en conseil de guerre et 5 furent condamnés à mort. Trois furent exécutés, un fut gracié et un put s'évader (le caporal Moulin, héros de Verdun). Le 3 juin 1917 débutèrent les mutineries au 217e RI qui durèrent jusqu'au 12 juin. Face à ces mutineries, le général Maistre fit ajourner le 4 juin 1917, l'offensive prévue pour le mois de juin.

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Paysage du Chemin des Dames près du monument des Basques

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Paysage du Chemin des Dames près du monument des Basques

Le 3 juin 1917, deux divisions fraîches, les 15e et 41e ID, spécialement entraînés, devaient enlever le "Winterberg", nom allemand du plateau de Craonne. La préparation d’artillerie commença dès le 1er juin. Dans la nuit du 2 au 3 juin 1917, pendant les accalmies du marmitage, des détachements tentèrent d’aborder les lignes françaises pour juger du travail de l’artillerie, mais ils furent repoussés. Au matin du 3 juin, le bombardement se déchaîna avec une violence qui rappela ceux de Verdun. À 3 h 30, les deux divisions allemandes se lancèrent à l’assaut en lignes épaisses, coude à coude. Les IR102 et IR148 de la ID41 avaient pour objectif le plateau de Californie, pendant qu’un bataillon du IR152, fier d’être entré le premier à Bucarest, progressa vers Craonne, le long des pentes est du plateau qu’il voulait prendre à revers le IR148 attaqua par le saillant nord de la Californie, tenu seulement par les 64e et 24e Bataillons de chasseurs alpins. Les positions furent bouleversées, toutes les lignes téléphoniques rompues, les fusils-mitrailleurs et les fusils encrassés et sous le premier choc, les chasseurs se replièrent, mais bientôt accrochés au sol, ils résistèrent énergiquement, à coups de fusils, à coups de grenades. Des coureurs ayant pu gagner l’arrière pour réclamer du secours, à 7 h, des éléments du 5e Bataillon de chasseurs montèrent de Craonne et deux compagnies du 28e Bataillon de chasseurs se préparèrent à contre-attaquer, pendant que l'artillerie française, écrasant le plateau, enferma les occupants dans leur conquête. Les Allemands tenaient alors une partie du terrain sensiblement rectangulaire dont les côtés ouest et sud étaient en contact avec les défenseurs. À 2 h 30, les chasseurs des 64e et 28e Bataillons contre-attaquèrent, les uns du sud, les autres de l’ouest. Les Allemands, bousculés, se rendirent ou s’enfuirent, tout le terrain perdu le matin fut repris, le 64e Bataillon de chasseurs retrouva son matériel, notamment toutes ses mitrailleuses, le sol était couvert de cadavres allemands et certains éléments de tranchées étaient remplis de morts. La position sur le plateau des Casemates était occupée par les 49e RI et 18e RI qui, les 4 et 5 mai, l’avait conquise et organisée. Quand, à 3 h 30 du matin, la ID15 allemande gravit les contre-pentes de la forêt de Vauclerc et chercha à aborder de front les tranchées, elle fut accueillie par un feu terrible de mitrailleuses et criblée de grenades. Quatre vagues des IR69, IR160 et IR389 allemands furent successivement arrêtées et dispersées. Sur un seul point, l’une des compagnies de la défense céda momentanément du terrain, sous les jets des lance-flammes, mais, une fois les flammes éteintes, elle contre-attaqua et réoccupa ses tranchées.

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Carte du secteur de Bovelle le 20 juin 1917 (JMO du RICM)

Le 6 juin 1917, les Allemands attaquèrent à la Ferme des Bovettes près du fort de Malmaison. Dès 3 h 30, leur préparation d’artillerie écrasa les lignes françaises. Les vagues d’assaut s’élancèrent derrière un barrage roulant. Les Français durent reculer devant les lance-flammes, mais à coups de grenades offensives et à coups de fusil, ils réussirent à les arrêter. La lutte tourna alors au combat à la grenade et les Français reprirent l’avantage, refoulant les Allemands au-delà du Chemin des Dames. Dans la matinée, un seul bataillon lança 3500 grenades. Au centre de la bataille, entourée de toutes parts, une section de mitrailleuses était installée dans un ancien blockhaus de la ligne Hindenburg. Un obus de 210 l’atteignit, à 3 h 50, et l’emmura. Le chef de section et les hommes valides se mirent aussitôt à creuser une sape pour déboucher en galerie sous le mur du blockhaus, l’absence de lumière, la raréfaction de l’air, l’amoncellement des déblais rendirent leur tâche singulièrement pénible et il leur fallut quatorze heures de travail acharné pour aboutir.

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Creute dans le village de Passy

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Dans la creute de la "Chaouia"

Durant la seconde quinzaine de juin 1917, les Allemands, informés des mutineries dans l'armée française, tentèrent de nombreuses attaques. Les Français ne restèrent pas inactifs et le 25 juin 1917 lancèrent une attaque sur la Caverne du Dragon. L’attaque fut confiée au 2e et au 3e bataillon du 152e RI, les célèbres "Diables Rouges", et au 6e bataillon du 334e RI. À 4 h, 200 m3 de gaz furent introduits dans les entrées sud de la Caverne. Les Allemands disposant d'une centrale électrique purent ventiler la caverne. Après un bombardement de 24 000 obus durant toute la journée, l'assaut fut donné vers 18 h 05 par 2000 hommes armés de lance-flammes. À 21 h 30, la caverne fut aux mains des Français. Trois cents Allemands pris au piège dans la caverne furent faits prisonniers. Les Français déplorèrent la mort de 4 officiers et de 46 hommes.

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Carte du secteur de Cerny le 24 aout 1917 (JMO du 72e RI)

Le 29 juin 1917, à 21 h, après une courte, mais violente, préparation d’artillerie, et malgré le déclenchement préventif du barrage français, les Allemands sortirent de leurs tranchées des pentes nord de l’éperon de Cerny-en-Laonnois et de la Bovelle et conquirent une partie de la première ligne. Le lendemain, vers 17 heures, un officier allemand interpella des grenadiers à une barricade : "Si vous voulez vous rendre, leur dit-il, il est encore temps. Mais, à 19 h, il sera trop tard, car vous allez être attaqués d’importance". À 19 h, le marmitage se déclencha, les Allemands concentrèrent le feu de centaines de canons et de minenwerfer sur les lignes françaises. Les projectiles, explosifs, incendiaires et au gaz, s’abattirent en une trombe de feu et de fumée, le plateau sembla être en éruption. L'artillerie française se déchaîna alors également sur tout le front. La plaine se couvrit de petites colonnes d’assaut. Sans vareuses ni capotes, sans équipements, chargés seulement de musettes de grenades, la chemise retroussée jusqu’au coude, les Stosstruppen progressèrent en chantant le long des boyaux, lançant leurs grenades sur les défenseurs. D’autres, munis de lance-flammes et de mitrailleuses légères, s’infiltrèrent à travers le champ d’entonnoirs dont ils avaient étudié tous les reliefs. Les mitrailleuses et fusils-mitrailleurs crépitèrent sans arrêt, les grenades ne cessèrent d’éclater en un barrage rapproché. Les Allemands progressèrent toujours, pénétrant dans les mailles de la défense. Ils débouchèrent bientôt en arrière des défenseurs français par des tunnels pour les submerger. Cependant, des groupes de combat complètement isolés tenaient barricadés de tous côtés. Jusqu’au matin du 30 juin, on ignora cette résistance, le téléphone étant coupé, la TSF ne pouvant émettre, les pigeons voyageurs ayant été asphyxiés, des coureurs se succédèrent, mais la plupart tombèrent sous les balles des mitrailleuses. Une compagnie de réserve monta sous un bombardement intense, se déploya dans les trous d’obus, contre-attaqua et retrouva la liaison avec les défenseurs cernés.

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Tranchées allemande dans l'Aisne (© Wikipédia)

Le 4 juillet 1917 eut lieu une nouvelle offensive allemande sur le plateau de Californie. Ce fut le début de la bataille des observatoires qui dura tout l'été. Une cinquantaine d'attaques et une vingtaine de contre-attaques se succédèrent durant cette période. Le 26 juillet 1917, les Allemands réinvestirent la Caverne du Dragon. Ils se rendirent maîtres de la partie nord de la caverne, les Français gardant la main sur la partie sud. Une étrange cohabitation débuta alors jusqu'au repli allemand en novembre.

Fin octobre 1917 reprit l'offensive française pour la reprise du fort de la Malmaison. Le 17 octobre 1917 débuta la préparation d'artillerie. Jusqu'au 22 octobre, 812 canons de campagne, dont 768 canons de 75, 862 canons lourds (de 105 à 370) et 105 canons de forte puissance déversèrent 3 millions d'obus sur un front de 12 km. Le 21 octobre, l'offensive prévue pour le 22 fut reportée au 23 afin de parfaire la préparation d'artillerie.

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Vue aérienne du fort de la Malmaison en 1917 (© Wikipédia)

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(© Wikipédia)

Le 23 octobre 1917, tout le plateau de Laffaux fut engagé par l’offensive de l’armée Maistre. Le 14e Corps, opérant à l’aile gauche de l’armée, eut pour mission d’attaquer les deux branches du saillant de Laffaux, de la ferme Bessy (ravin de Vauxaillon) à la ferme Mennejean (ravin de Nanteuil-la-Fosse). Il lui fallut d’abord s’emparer de la triple ligne des tranchées organisées sur le plateau, puis descendre dans les ravins d’Allemant et de Saint-Guilain, aux pentes criblées de carrières bétonnées et organisées, dont quelques-unes pouvaient abriter des bataillons entiers, puis enlever une deuxième position qui, réunissant en ligne droite les deux branches du saillant, couvrait Pinon et Vaudesson. Cette position s’appuyait sur le mont de Laffaux, franchissait le ravin d’Allemant et traversait le plateau. À 5 h 15, l’attaque se déclencha. La 1re ligne fut atteinte à 6 h. Au centre, l'avance fut ralentie par des nids de mitrailleuses résistant dans le ravin d'Allemant et dans les creutes voisines. À droite, le 75e RI prit les carrières de Fruty, puis le mont de Laffaux. À gauche, le 30e RI encercla Allemant par le nord. À 9 h 15, les assaillants repartirent à l’assaut de la 2e position. Le 140e RI fut arrêté par les mitrailleuses du bois de la Haute-Pie. Les 64 chars qui accompagnaient l'infanterie les réduisirent au silence. Le 140e RI atteignit le 2e objectif. À midi, le 14e Corps tenait tous ses objectifs assignés, sauf le bois 160 dont la conquête fut assurée le lendemain par la 28e DI. Le front ennemi fut si ébranlé que trois jours après, les Français, après s’être emparés de Pinon et de la forêt, bordaient l’Ailette. L'emplacement de l'Ange Gardien fut enlevé d’un seul élan. La ferme Vaurains un peu plus au nord, à 1 km de la ligne de départ, fut prise vers 10 heures. À 13 h, le général américain Pershing put s’y rendre et suivre, de là, la bataille. Les carrières de Montparnasse furent particulièrement bombardées par les canons de 400 qui réussirent à en boucher quelques entrées. Dès le premier jour de l’attaque, elles furent encerclées et nettoyées par le 1er BCP, qui s’en rendit maître, vers 10 h 30, après une dure lutte à la grenade et à la baïonnette.

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L'entrée de la carrière de Montparnasse

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Dans la carrière de Montparnasse

La ferme de la Malmaison était, en octobre 1917, un des points d’appui solides de la 1re position allemande. Le 23, collant au rideau de feu du barrage roulant, les chasseurs du 31e BCP traversèrent le plateau et s’emparèrent des ruines. Mais la creute, sous la ferme, étant vivement défendue et les "gaziers", ne trouvant pas la cheminée d’aération, les chasseurs n'y obtinrent aucun résultat. Pendant ce temps, dans un ronflement sonore, passaient les obus français de 400 qui continuaient d’écraser les carrières Montparnasse. Un des avions d'observation, traversé par un obus, s’enflamma et atterrit entre les lignes. Les aviateurs filèrent sous les rafales de mitrailleuses pendant que l’appareil brûlait. Les Allemands occupant la creute se rendirent à 9 h 50, 2 compagnies de la Garde du 4e régiment "Augusta", officiers et chefs de bataillon en tête, passèrent devant les chasseurs, tandis que par un pigeon voyageur trouvé dans la creute, les Français avertirent les Allemands que le 4e régiment de la Garde était entre de bonnes mains.

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Dans la carrière de Montparnasse

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Dans la carrière de Montparnasse

L’attaque sur le fort de la Malmaison fut menée par le 11e Corps du général Maud’Huy comprenant les troupes coloniales et les zouaves de la division Guyot de Salins, et les chasseurs alpins de la division Brissaud-Desmaillet, deux divisions d’élite qui avaient déjà rencontré, à Verdun et sur la Somme, les deux divisions de la Garde qui leur étaient opposées. Le bataillon Giraud du 4e zouave fut désigné pour enlever le fort. À 5 h 15, avant le jour, les 1res vagues d’assaut s’élancèrent. Rapidement, les lignes de tranchées furent franchies, la marche fut difficile à cause du sol très défoncé et de l’obscurité. Des mitrailleuses crépitèrent dans le dos des assaillants, les Français continuèrent à progresser en espérant que les bataillons suivants les neutraliseraient. L’artillerie française tira des obus incendiaires sur le fort, qui s’illumina de lueurs rougeâtres. D’un seul élan, le profond fossé qui subsistait entre la contre-escarpe et l’escarpe écroulée fut franchi. Des grenadiers contournèrent l’ouvrage à droite et à gauche. Les mitrailleurs qui le défendaient furent tués ou faits prisonniers. Le fort ruiné n’était plus qu’un chaos. À 6 heures, un zouave agita, puis planta sur le sommet du fort le fanion du bataillon. Pendant ce temps, à l’ouest, marsouins et tirailleurs encerclèrent et nettoyèrent les carrières de Bohéry. Plus à l’est, les chasseurs à pied, dès le départ, furent arrêtés par de terribles tirs de mitrailleuses et un barrage d'artillerie. Après avoir enlevé les premières lignes de tranchées, ils durent progresser à la grenade. Dans les carrières du Panthéon, ils capturèrent 4 compagnies du 3e Grenadier de la Garde, mais ils ne purent guère dépasser leur premier objectif, malgré l’aide des chars d’assaut. Le 25 octobre, ils repartirent à l’assaut, décidés à s’aligner avec la gauche de l’armée. À force de courage et de mordant, ils forcèrent la Garde à lâcher pied.

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Le calvaire de l'Ange Gardien

Le 24 octobre 1917, le repli des Allemands permit la prise du Mont des Singes et du village de Pinon. Dans la nuit des ordres contradictoires, demandant le repli et le maintien des positions, désorganisent les troupes allemandes. Le 25 octobre à l'aube la reprise de l'offensive par les Français permit à la 66e DI de s'emparer de Pargny. Dans la nuit du 1er au 2 novembre 1917, les Allemands évacuèrent le plateau du Chemin des Dames et passèrent au nord de l'Ailette. La bataille du fort de la Malmaison fit du côté français 4000 morts et 10 000 blessés. Six chars furent détruits. Les Allemands eurent 8000 morts, 30 000 blessés et 11 500 furent faits prisonniers. Les Français leur prirent également 210 canons et 750 mitrailleuses.

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Un blockhaus allemand près du fort de la Malmaison

Durant l'hiver 1917/1918, le Chemin des Dames s'endormit. En février et mars 1918, le secteur de la Malmaison fut occupé par les hommes de la 26e DI Américaine. À la mi-mai 1918, quatre divisions britanniques entamèrent leur période de repos dans le secteur entre Craonnelle et Juvincourt. C'est sur le Chemin des Dames où l'on ne l'attendait pas que, le 27 mai 1918, Ludendorff lança la grande offensive, le Friedensturm, qui devait apporter la victoire et la paix à l’Allemagne. L'offensive fut confiée à la VIIe Armée du général Von Boehn, forte de 40 divisions. En face se trouvaient 8 divisions françaises et britanniques. Entre 1 h et 4 h, un tir d’anéantissement, réalisé par 4600 canons, couvrit d’obus tout le plateau. Ce tir s’étendit même jusque dans la vallée de l’Aisne. Au Moulin de Laffaux, contre des troupes quatre à cinq fois supérieures en nombre, la 61e DI (264e RI, 265e RI et 219e RI) résista avec tant d’héroïsme qu’elle paralysa pendant quatre jours la formidable poussée allemande vers Soissons. La lutte fut acharnée au ravin d’Allemant et au Moulin de Laffaux. Un des bataillons du 265e RI, réduit à 8 sections après le pilonnage et l'intoxication par gaz auxquels il avait été soumis, résista jusqu'à 14 h 45 sur la ligne de soutien courant sur le plateau du nord-ouest à l’ouest du Moulin, ses grenades et ses fusils-mitrailleurs décimant les Allemands qui se pressaient sur les pentes des ravins de Vauxaillon et d’Allemant. À 15 h, le 265e RI, débordé sur sa droite, reçut l’ordre de se replier. Le repli se fit en bon ordre vers le ravin de Margival. À 17 h 30, les Allemands débouchant des ravins, au nord du Moulin, s’emparèrent de Laffaux et poussèrent vers Soissons. Des détachements du 3e bataillon du 219e RI se battirent désespérément pendant cinq heures, du Grand Vivier, au sud-est de Pinon, à L’Ange-Gardien. Ils retraitèrent en combattant devant le flot des assaillants. Ils tinrent plus d’une heure au nord de l'Ange Gardien et ne se replièrent qu’après avoir permis aux artilleurs de faire sauter leurs pièces.

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L'emplacement du village détruit de Craonne

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L'emplacement du village détruit de Craonne

C’est de leur position de Cerny-en-Laonnois que les troupes de la VIIe Armée allemande partirent à l’assaut du Chemin des Dames. Les lignes françaises étaient tenues dans ce secteur par la 22e DI. Au bord de l’Ailette, des groupes de combat de 15 à 20 hommes étaient répartis le long de la ligne de surveillance, un groupe tous les 300 m environ. Par suite de la faiblesse des effectifs, un bataillon s’allongeait sur 3 km. Les troupes étaient réparties dans les centres de résistance de la ligne principale au bord nord du plateau. De très faibles réserves étaient à peine suffisantes pour les contre-attaques. Des sections territoriales de mitrailleurs tenaient à l'arrière la ligne intermédiaire sur le plateau, près du Chemin des Dames. Pendant la préparation d'artillerie, les bataillons de têtes des troupes de 1re ligne gagnèrent l’Ailette, la franchirent sur des passerelles, construites par les pionniers au début de la nuit, cernèrent les postes de surveillance, puis se déployèrent en tirailleurs au contact des réseaux. En attendant l’attaque, ils s’efforcèrent de pratiquer des brèches dans ces réseaux, à la cisaille ou à l’aide de charges allongées. À 3 h 40, les colonnes d’assaut suivirent de si près le barrage d'artillerie que des obus tombèrent encore à leur hauteur. Des stosstruppen, s’élançant dans la direction des centres de résistance soigneusement repérés, engagèrent des luttes à la grenade et à la mitrailleuse pour masquer aux défenseurs français les colonnes d’assaut qui s’infiltraient entre ces points de résistance à travers le lacis de tranchées et de boyaux creusés en 1917 et que les Français n'avaient pu occuper. Elles poussèrent en avant le plus rapidement possible, sans préoccupation de liaison. Des détachements cernèrent les postes de commandement, d’autres, se glissant par les têtes de ravin de Troyon, de Beaulne, coururent vers l’Aisne pour s’emparer des ponts. Les Allemands passèrent l'Aisne vers 10 h. Les défenseurs des centres de résistance se battirent encore sur le plateau, dans l’après-midi du 27, quand les colonnes allemandes, à 7 km plus au sud, avaient passé l’Aisne. En 15 jours, les Allemands avancèrent jusqu'à la Marne et menacèrent Paris.

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L'emplacement du village détruit de Craonne

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L'emplacement du village détruit de Craonne

Du 1er juin au 15 juillet, les Allemands tentèrent vainement de passer la Marne. Le 18 juillet, le général Mangin et le général Degoutte attaquèrent à l'ouest de Château-Thierry à grand renfort de chars et d'avions. Sur le côté est, le général Berthelot entama la repousse des Allemands. Les Allemands débordés se replièrent sur l'Ourcq puis sur la Vesle. En même temps se déclencha la bataille sur Montdidier et la Somme. Le 18 août 1918, la VIe Armée du général Mangin et la Ve Armée du général Berthelot se lancèrent à l'attaque depuis la forêt de Saint-Gobain pour déborder le Chemin des Dames par l'ouest. En une journée, ils avancèrent de 5 km et firent plus de 11 000 prisonniers. Le 21 août 1918, les Allemands furent repoussés jusqu'à l'Oise et l'Ailette. Le 23 août 1918, le 7e RI, le 30e RI et le 1er Corps atteignirent les bords de l'Ailette. Le 14 septembre 1918, un bataillon de fusiliers marins reprit le Moulin de Laffaux. Le fort de la Malmaison le fut le 28 septembre 1918 par le 25e BCP. Le 30 septembre 1918, la Ve Armée attaqua depuis la Vesle dans le secteur de Reims et poussa les Allemands à se replier sur l'Aisne. Le 3 octobre 1918, l'armée du général Mangin, aidé par le 2e Corps italien, se rendit maître du Chemin des Dames. Le 13 octobre 1918, les Français reprirent la ville de Laon que les Allemands occupaient depuis 1914.

Parmi les personnalités ayant participé aux combats sur le Chemin des Dames figure Guillaume Apollinaire qui fut blessé à la tête par un éclat d'obus au Bois aux Buttes en mars 1916. Louis Aragon, médecin auxiliaire au 355e RI, a suivi l'offensive française en septembre 1918. Jean Giono participa avec le 140e RI aux combats sur Hurtebise et la Malmaison. L'as de l'aviation française Georges Guynemer obtint 8 victoires en combat aérien au Chemin des Dames. Les as Georges Madon et René Fonck obtinrent chacun 4 victoires.

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Le stèle de Guillaume Apollinaire

Le bilan des combats sur le Chemin des Dames est effroyable. La comptabilisation des pertes est difficile à établir. Ni les Français ni les Allemands n'ont réalisé un décompte précis. Wikipédia cite pour la période comprise entre le 16 avril et le 24 octobre 1917 les chiffres de 187 000 pertes pour les Français et 163 000 pertes (dont 30 000 à 40 000 morts) pour les Allemands. Certains jours de l'offensive française furent particulièrement meurtriers. Durant la bataille de mai 1917, le 11e Corps connut, entre Hurtebise et la sucrerie de Cerny-en-Laonnois, 1650 tués en 24 h. Pour les pertes françaises, d'autres chiffres sont mentionnés. Entre le 16 avril et le 30 avril 1917, il y aurait eu 16 130 hommes de troupe et 766 officiers de tués, 63 284 hommes et 1848 officiers de blessés et 20 015 disparus. Selon le 1er bureau de l'armée, les pertes entre le 16 avril et le 10 mai 1917 se chiffreraient à 3727 officiers et 135 862 hommes dont plus de 50 000 tués et disparus. Entre le 15 septembre et le 30 novembre 1917, il y aurait eu 4329 tués, 20 225 blessés et 1953 disparus. Durant les combats de mars à juin 1918, 433 000 hommes auraient été tués, blessés, portés disparus ou faits prisonniers.

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La nécropole britannique de la Ville-aux-Bois

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Le nécropole française de Vauxaillon

Les destructions au Chemin des Dames furent telles que la zone fut classée, en 1919, en zone rouge c'est-à-dire que les terres étaient impropres à être réutilisées. La zone rouge dans l'Aisne comportait, en 1919, 19 000 hectares. Sur les 18 villages repartis le long du Chemin des Dames, 7 furent totalement détruits, 6 d'entre eux ne furent pas reconstruits. Devant la pression des élus et des agriculteurs, la zone rouge fut progressivement réduite. En 1923, elle ne concernait plus que 9500 hectares. À cette date, 44 000 000 m³ de tranchées avaient été rebouchés, 40 000 000 m de fil de fer barbelés avaient été enlevés et 115 000 tonnes de munitions non explosées avaient été retirées, 553 000 hectares de terre avaient été nettoyés des restes des combats. Actuellement, la zone rouge ne comprend plus que 750 hectares plantés d'arbres au niveau des communes de Bouconville-Vauclair et de Craonne.

Le Chemin des Dames fut, en 1917, une cruelle défaite pour les Français. Cela explique peut-être l'empressement après la guerre de faire disparaître les traces et les vestiges des combats en ces lieux. Sur le Chemin des Dames, qui correspond grosso modo à la route départementale D18 qui relie le carrefour du Calvaire de Chavignon à l'ouest sur la nationale N2 au village de Berry-au-Bac à l'est sur la nationale N44 (D1044), ne subsistent que de rares vestiges de ces batailles. Le visiteur devra se contenter des différents monuments commémoratifs et des nécropoles militaires françaises, allemandes, britanniques, italiennes et danoises. Les nécropoles bordant le Chemin des Dames rassemblent plus de 160 000 corps, dont un tiers regroupé dans des ossuaires.

Notre périple débute au Moulin de Laffaux où dans le Jardin de Mémoire, au bord de la N2, sont regroupés autour du monument des Crapouillots, différents petits monuments. Le monument des Crapouillots, réalisé par le sculpteur Marcel Loyau, fut inauguré le 24 septembre 1933 par le président de la République, Albert Lebrun.

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Le monument des Crapouillots au Jardin de la mémoire du Moulin de Laffaux

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Le monument Chasteignier au Jardin de la mémoire du Moulin de Laffaux

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Le monument à la mémoire des Sténographes au Jardin de la mémoire du Moulin de Laffaux

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Monument à la mémoire d'Henri Dupouy au Jardin de la mémoire du Moulin de Laffaux

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Le monument des Cuirassiers au Jardin de la mémoire du Moulin de Laffaux

En empruntant la D23, nous passons au monument des Fusiliers marins, érigé en 1938 à proximité des carrières de Fruty (de l'autre côté de la N2), pour atteindre le Calvaire de l'Ange Gardien. Ce calvaire monumental fut inauguré le 14 septembre 1924 en présence de plus de 5000 personnes.

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Le monument des Fusoliers marins

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Le calvaire de l'Ange Gardien

En poursuivant sur la D23 en direction de Chavignon, nous passons devant la carrière du Montparnasse. L'entrée de la carrière disparait sous les ronces et les détritus en face d'un pylône de téléphonie mobile sur le bord gauche de la route. À l'entrée du village de Chavignon, un chemin du côté gauche de la D23 mène au monument du 1er régiment de chasseurs à pied. À la sortie de Chavignon en direction d'Urcel, après le passage du canal de l'Oise à l'Aisne, se trouve, en bord de la route, un blockhaus allemand.

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L'entrée de la carrière Montparnasse

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L'entrée de la carrière Montparnasse

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Dans la carrière de Montparnasse

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Dans la carrière de Montparnasse

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Dans la carrière de Montparnasse

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Dans la carrière de Montparnasse

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Dans la carrière de Montparnasse

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Le monument du 1er régiment de chasseurs à pied

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Le blockhaus allemande de Chavignon

Revenu au Calvaire de l'Ange Gardien, nous empruntons la D18 en direction de l'est. Le 1er monument est celui du Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc (RICM) inauguré le 8 juillet 1934. En face en plein champ se dresse un des rares blockhaus allemands survivants. Un peu plus loin se trouve le fort de la Malmaison qui est malheureusement fermé au public. De rares visites sont organisées par la Caverne du Dragon. Le cimetière militaire allemand situé entre la D18 et le fort regroupe 11 841 corps dans des tombes individuelles et un nombre indéterminé dans un ossuaire. Il s'agit de soldats allemands morts en France durant la 2e Guerre mondiale.

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Le monument du Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc

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Le blockhaus allemand en face du monument du RICM

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Le cimetière allemand de la Malmaison

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Le cimetière allemand de la Malmaison

Au croisement entre la D18 et la D15, nous prenons à gauche en direction d'Aizy-Jouy. Après avoir quitté la D15 pour une petite route avant la ferme du Hamerat, nous nous arrêtons au bord du 2e chemin sur la droite dans la descente pour partir à la recherche de la Creute du Caïd que nous n'avons pas trouvée mais nous en avons trouvé une autre perdu dans la végétation.

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Empilement de tôles métro dans cette creute

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Effrondrement du plafond de la creute, peut être à cause d'un obus

Retour sur la D18 jusqu'au belvédère de la Royère qui offre une vue sur Laon. Nous prenons la D152 vers Filain qui abrite un des rares monuments allemands. Celui-ci se trouve derrière l'église, en contrebas. Cette œuvre d'un sculpteur de Charlottenburg est le dernier vestige d'un cimetière allemand. Dans le cimetière attenant à l'église fortifiée se trouvent les tombes de trois soldats anglais tombés en septembre 1914 lors de la 1re bataille de l'Aisne.

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Le monument allemand de Filain

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Le monument allemand et l'église de Filain

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 Les tombes de trois soldats anglais dans le cimetière de Filain

Poursuivant sur la D18, nous prenons la direction de Braye-en-Laonnois pour nous rendre à la carrière de Froidmont. Les soldats de la 26e Yankee Division dont le monument jouxte la carrière laissèrent dans celle-ci plus d'un millier de gravures et d'inscriptions. Les visites de la carrière ne se font qu'à travers l'association qui gère le site. La carrière est fermée au public.

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L'entrée de la creute de Froidmont

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Le monument de la 26e Yankee Division

Revenu sur la D18, nous empruntons le chemin partant sur la gauche pour nous rendre à la chapelle commémorative du village détruit de Courtecon.

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Le village disparu de Courtecon

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Le chapelle de Courtecon

À Cerny-en-Laonnois, la nécropole française précède la nécropole allemande. Au croisement se trouve la chapelle-mémorial du Chemin des Dames, inauguré le 22 avril 1951. La chapelle est accompagnée d'une lanterne des morts érigée pour être vue des cathédrales de Laon, de Soissons et de Reims. Un peu à l'écart du croisement se trouve la colonne du 1er Bataillon du Loyal North Lancashire Regiment.

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La nécropole française de Cerny-en-Laonnois

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La nécropole française de Cerny-en-Laonnois

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La chapelle-mémorial de Cerny-en-Laonnois

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La chapelle-mémorial de Cerny-en-Laonnois

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La chapelle-mémorial de Cerny-en-Laonnois

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La laterne des morts de Cerny-en-Laonnois

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La colonne du 1er Bataillon du Loyal North Lancashire Regiment

À la sortie de Cerny-en-Laonnois en direction de Craonne, nous prenons le chemin à gauche vers le cimetière civil. Au niveau de ce cimetière se trouvait l'ancien village de Cerny-en-Laonnois dont il ne subsiste que quelques pierres. Dans les bois sont encore reconnaissables quelques trous d'obus que l'érosion fait disparaître petit à petit.

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L'emplacement du village disparu de Cerny-en-Laonnois

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L'emplacement du village disparu de Cerny-en-Laonnois

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L'emplacement du village disparu de Cerny-en-Laonnois

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Une entrée d'une galerie souterraine près du village disparu de Cerny-en-Laonnois

Revenu sur la D18 nous faisons un petit détour par le village de Passy pour y admirer les nombreuses creutes intégrées aux différentes propriétés. La seule qui soit librement accessible est celle où le jésuite Teilhard de Chardin, caporal au 4e régiment mixte de Zouave et Tirailleurs, tenait des messes. Entre avril et juin 1917, il officia comme brancardier dans les combats du Chemin des Dames. Le chemin partant en face du croisement pour le village de Passy au niveau de la D18 mène au monument du village disparu d'Ailles.

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La creute Teilhard de Chardin à Passy

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La creute Teilhard de Chardin à Passy

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La creute Teilhard de Chardin à Passy

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La creute Teilhard de Chardin à Passy

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La creute Teilhard de Chardin à Passy

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Le monument du village disparu d'Ailles

La prochaine étape sur le Chemin des Dames est la Caverne du Dragon. L'extérieur du site est marqué par l’œuvre "constellation de la Douleur" du plasticien Christian Lapie. Les neuf silhouettes de 6 m de hauteur installés en 2007 évoquent le sacrifice des tirailleurs africains. Nous nous trouvons ici à la partie la plus étroite du plateau du Chemin des Dames. À quelques mètres se trouve la ferme d'Hurtebise qui fut l'objet d’âpres combats. Elle fut déjà l'enjeu de la bataille de Craonne en mars 1814 entre Napoléon 1er et les Prussiens et les Russes. Face à la ferme se trouve le monument des "Marie-Louise" érigé en 1927. Ce monument remplace la colonne érigée en 1904 pour commémorer la victoire de Napoléon 1er. Réalisé par le sculpteur Maxime del Sarte, le monument représente un soldat de la Garde Impériale et un poilu élevant les lauriers de la victoire.

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Monument "Aux morts de la 164e division" à la Caverne du Dragon

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La "Constellation de la Douleur" à la Caverne du Dragon

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La "Constellation de la Douleur" à la Caverne du Dragon

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Le monument des Marie-Louise à Hurtebise

La route D886 partant sur la gauche au niveau de la ferme Hurtebise mène à l'ancienne abbaye de Vauclair. Cette abbaye fut l'une des plus anciennes abbayes cisterciennes de France. Fondée en 1134 par Saint-Bernard, elle fut transformée en ferme après la Révolution. Fortement endommagée par les bombardements français de 1917, elle est restaurée depuis les années 1960.

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L'abbaye de Vauclair

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L'abbaye de Vauclair

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L'abbaye de Vauclair

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L'abbaye de Vauclair

Après Hurtebise la route fait une fourche. En prenant à droite nous arrivons au monument des Basques élevé en 1928 par les anciens combattants de la 36e DI constituée de contingents du sud-ouest. Le monument, œuvre de Claude Grange, montre un paysan basque en costume régional regardant vers le sud-ouest, tournant le dos au plateau et adossé à un obélisque de 14 m de hauteur. À proximité se trouve le monument rendant hommage aux nombreux joueurs de rugby originaires du sud-ouest tombés au Chemin des Dames.

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Le monument des Basques

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Le monument des Basques

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Le monument des Basques

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Le monument aux joueurs de rugby

En prenant après Hurtebise à gauche vers Craonne, nous passons devant le monument de Napoléon 1er. Cette œuvre de Georges Thurotte érigé en 1974 commémore la victoire de Napoléon sur les troupes prussiennes et russes le 7 mars 1814. La statue se trouve à l'emplacement du moulin de Vauclair qui aurait servi d'observatoire pendant la bataille. Peu après nous atteignons le parking du plateau de Californie surplombant le village de Craonne. Depuis ce parking des sentiers permettent de parcourir le plateau de Californie et le plateau des casemates, haut lieu des combats de 1917. À l’extrémité du plateau se trouve la tour observatoire érigée en 2013. Au sommet de ses 25 m, le regard embrasse l'ensemble du champ de bataille. À ces pieds se trouve un blockhaus allemand servant de base à une stèle à la gloire du 18e RI qui prit le plateau le 5 mai 1917. En s’enfonçant dans les sous-bois, les restes des tranchées et les trous d'obus sont encore bien reconnaissables.

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Le monument de Napoléon 1er

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La tour observatoire du plateau de Californie

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Le blockhaus surmonté de la stèle à la gloire du 18e RI

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Tranchée sur le plateau de Californie

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Entrée d'un abri souterrain sur le plateau de Californie

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La route nous mène ensuite à l'emplacement de l'ancien village de Craonne dont il ne reste rien. L'emplacement est occupé par un arboretum géré par l'ONF. Au niveau du croisement suivant se trouve le monument aux morts du village qui fut reconstruit le long de la route allant vers Craonnelle et sa nécropole.

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Emplacement du village disparu de Craonne

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Entrée de cave dans le village disparu de Craonne

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Le monument aux morts de Craonne

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La nécropole française de Craonnelle

Nous poursuivons notre périple sur la D18CD en direction de Corbeny où nous prenons la D1044 vers Berry-au-Bac. À la Ville-aux-Bois, nous nous dirigeons vers Pontavert pour nous rendre au Bois des Buttes sur la stèle de Guillaume Apollinaire érigé par Yves Gibeau. Dans les bois se distinguent encore les vestiges des tranchées. Nous faisons demi-tour pour aller admirer, dans le village de la Ville-aux-Bois, le monument au 2e Bataillon du Devonshire Regiment qui fut laminé lors de l'offensive allemande du 27 mai 1918. Le long de la D1044 se trouve la nécropole britannique.

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La stèle de Guillaume Apollinaire

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Le monument au 2e Bataillon du Devonshire Regiment

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La nécropole britannique de la Ville-aux-Bois

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La nécropole britannique de la Ville-aux-Bois

Au carrefour entre la D1044 et la D925 se trouve d'un côté le calvaire du carrefour du Choléra et de l'autre le monument national des chars d'assaut. Ce monument fut inauguré le 2 juillet 1922 en présence des généraux Foch, Mangin et d'Estienne. Le monument, conçu par le sculpteur Maxime del Sarte, est érigé au lieu-dit ferme du Choléra où furent engagés les premiers chars par l'armée française. Le monument porte les noms des équipages tombés lors des affrontements sur le Chemin des Dames.

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Le calvaire du Choléra

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Le monument aux chars

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Le monument aux chars

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Le char Schneider

Nous poursuivons vers Berry-au-Bac où se trouve la Côte 108, sujet d'une terrible guerre des mines. Le site, dont la visite n'est pas autorisée (des visites guidées sont organisées par la Caverne du Dragon), présente un des plus importants cratères de mines de France. À la sortie de Berry-au-Bac en direction de Reims, le chemin dans les champs partant sur la gauche de la D1044 au sommet de la côte (juste après le panneau indiquant que vous êtes en Champagne) mène au monument commémoratif du village disparu de Sapigneul.

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Le monument au village disparu de Sapigneul

Nous faisons demi-tour jusqu'au monument national des chars d'assaut pour prendre la D925 vers Pontavert et Oeuilly. À la sortie du village d'Oeuilly, en direction de Bourg-et-Comin, un chemin à droite (mal indiqué) mène à la nécropole française établie dès 1917 à côté d'une ambulance de campagne (hôpital). Depuis la nécropole, montez à pied le long du chemin d'accès pour prendre le 1er chemin forestier à droite (avec une barrière). Au bout d'environ 500 m se trouve la creute de la "Chaouïa". Sur la façade se trouve une inscription en français et en arabe désignant le "PC Chaouïa" où des centaines de soldats s’abritèrent lors des affrontements sur le Chemin des Dames.

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La nécropole d'Oeuilly

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La nécropole d'Oeuilly

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La creute de la "Chaouïa"

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La creute de la "Chaouïa"

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La creute de la "Chaouïa"

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La creute de la "Chaouïa"

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La creute de la "Chaouïa"

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La creute de la "Chaouïa"

Nous revenons sur la D925 pour nous rendre à Bourg-et-Comin et à Soupir. Des deux côtés de la route se trouvent les deux nécropoles françaises et la nécropole allemande, l'une des plus importantes de l'Aisne avec 11 079 corps. En prenant juste avant les nécropoles, la route à droite vers le centre du village, nous pouvons voir, dans les prés, le portail du château de Soupir, unique vestige de ce château totalement détruit par les bombardements. À la sortie de Soupir en direction de Vailly-sur-Aisne se trouve la nécropole italienne regroupant les victimes des brigades Napoli et Salermo tombées lors de la reprise du Chemin des Dames en septembre 1918. La nécropole, établie en 1921, compte 592 tombes.

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La nécropole française n°1 de Soupir

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La nécropole française n°1 de Soupir

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La nécropole française n°2 de Soupir

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La nécropole française n°2 de Soupir

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La nécropole allemande de Soupir

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La nécropole allemande de Soupir

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Le portail du château de Soupir

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La nécropole italienne de Soupir

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La nécropole italienne de Soupir

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La nécropole italienne de Soupir

En poursuivant sur la D925, nous atteignons Chavonne puis nous prenons la D885 en direction d'Ostel. Le 1er chemin à gauche en direction de la ferme de Folemprise nous mène au monument des Aviateurs où reposent le lieutenant Marcel Vernes et le sergent pilote Jean Peinaud dont l'avion de reconnaissance fut abattu à cet endroit le 24 mars 1917.

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Le monument des Aviateurs

Nous avons complété notre visite par un détour vers Fismes où se trouve le pont mémorial de la 28e DIUS. Enjambant la Vesle, ce pont commémore les troupes américaines ayant libéré à deux reprises la ville en septembre 1918 et en août 1944. Le pont fut détruit en septembre 1914 par les Français pour retarder l'avance des Allemands. Reconstruit en 1916, il fut à nouveau détruit en mai 1918. La reconstruction après la guerre fut financée par l'état de Pennsylvanie et la ville de Meadville. Il fut à nouveau détruit en juin 1940 dans le but de retarder l'avance des troupes allemandes. Le pont mémorial fut construit en 1955.

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La "constellation de la douleur" du pont mémorial de Fismes

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Le pont mémorial de Fismes

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Le pont mémorial de Fismes

A Braine se trouve, à côté de la nécropole française, la seule nécropole danoise de la 1re Guerre mondiale. Elle abrite les sépultures de 79 soldats danois du Schleswig annexé en 1866 par l'empire allemand. Enrôlés contre leur gré dans l'armée allemande, ces soldats ont été retirés des nécropoles allemandes à la demande des familles pour être regroupés en ce lieu en 1934.

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La nécropole danoise de Braine

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La nécropole danoise de Braine

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La nécropole danoise de Braine

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La nécropole française de Braine

Ces photographies ont été réalisées en juilet 2020.

 

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Cette page a été mise en ligne le 29 aout 2020

Cette page a été mise à jour le 29 aout 2020