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La tour Saint-Nicolas

De ces fortifications moyenâgeuses, la ville de La Rochelle conserve sur le front de mer trois tours, la tour Saint-Nicolas, la tour des chaines et la tour de la lanterne. Les deux premières gardent l'entrée du vieux port et la dernière, visible depuis le pertuis d'Antioche, sert d'amer.

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Selon la légende, la tour Saint-Nicolas fut construite par la fée Mélusine. Alors qu'elle survolait la ville en transportant dans son tablier les pierres d'un château détruit celui-ci se déchira. Les pierres en tombant les unes sur les autres ont formé la tour.

La ville de La Rochelle devint une possession française en 1137 lors du mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec le roi de France, Louis VII. Cela fut de courte durée, car en 1152 Aliénor d'Aquitaine se maria avec le roi d'Angleterre Henri Plantagenêt en lui apportant en dot une bonne partie du sud-ouest de la France. La ville de La Rochelle obtint le droit d'être une commune libre en 1175. La construction de la tour Saint-Nicolas débuta en 1345, mais le traité de Brétigny conclu en 1360 interrompit les travaux. Par ce traité, le roi de France Jean II céda La Rochelle et une bonne partie de la France à l'Angleterre.

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En 1372, La Rochelle passa définitivement au royaume de France. La ville suite à d'habiles négociations de son maire gagna en autonomie. Elle devint la ville ayant le plus de privilèges de France. Du XIIe au XVIe siècle, la ville fut un centre majeur de l'exportation de vin et de sel vers l'Europe du Nord et la péninsule ibérique. À partir du XVIIe siècle, ce fut un des principaux ports d'immigration et de commerce atlantique (Amérique du Nord, Antilles, Afrique). Les travaux de construction de la tour reprirent alors. La tour symbolisant la nouvelle alliance entre la ville et le roi de France Charles V intégra un grand programme de fortification et de défense du port. La tour fut achevée en 1376. En 1384 fut nommé son premier capitaine. Celui-ci prélevait les taxes dues par les bateaux utilisant le port et contrôlait la chaine fermant l'accès au port. En 1394 un budget fut alloué par la ville pour meubler les pièces de la tour et le 13 avril 1398 obligation fut faite au capitaine d'habiter dans la tour. À partir de cette date, le capitaine, nommé pour un an par le maire, devait prêter serment de ne pas quitter la tour durant l'année de sa charge. Il y vivait avec sa famille, les domestiques et la soldatesque.

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Couloir de circulation

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À partir de 1568, La Rochelle devint la capitale française du protestantisme. L'année suivante, l'entrée de la tour fut déplacée au 1er niveau où fut installé un pont-levis. En 1570, La Rochelle devint une place de sureté protestante et la tour servit alors de prison. Pour rétablir l'unité du royaume, Louis XIII chargea, en 1627, Richelieu d'assiéger et de prendre La Rochelle. Richelieu fit pour cela construire une digue afin d'empêcher les bateaux anglais de ravitailler la ville. La ville capitula en 1628 après la mort de faim de 15 000 de ces 20 000 habitants. Le roi ordonna alors la destruction des fortifications à l'exception des trois tours du front de mer et de la tour de Morelle. Lors de la Fronde (1648-1652), le gouverneur royal de la province, le comte du Daugnon, se rangea du côté des frondeurs. Devant l'avancée des troupes royales, ses hommes se réfugièrent dans les tours de La Rochelle. À partir du 7 octobre 1651, des travaux de renforcement de la tour furent exécutés. Le fossé fut agrandi et deux demi-bastions formant un ouvrage à corne furent érigés. Le 15 novembre 1651, les frondeurs s'enfermèrent dans la tour Saint-Nicolas. Ils incendièrent le 19 novembre 1651 la tour des chaines qui servait de poudrière. Son explosion la laissera à ciel ouvert pendant plus de 300 ans. Pour déloger les frondeurs, l'armée de Louis XIV bombarda, à partir du 28 novembre 1651, la tour Saint-Nicolas. Ces bombardements détruisirent tout le haut de la tour. Lors de la reconstruction en 1695 une rampe pour permettre un accès direct fut construite.

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La salle du capitaine

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Au cours de la Révolution française, entre 1789 et 1793, la tour servit de prison pour y enfermer les Chouans. La configuration de la tour fut à nouveau modifiée en 1813 lors des travaux d'aménagement du port. L'ouvrage à corne au pied de la tour fut alors démoli. Elle fut classée Monument historique en 1879 avant une campagne de restauration extérieure réalisée par l'architecte Juste Lisch entre 1884 et 1888. L'intérieur fut restauré entre 1901 et 1904 par Albert Bailu et les fondations furent consolidées en 1952.

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Chemin de ronde

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Construite sur un terrain marécageux, la tour possède des fondations constituées de longs pieux en chêne ferré enfoncés dans la vase et calés par des pierres. L'ensemble est surmonté d'un radier réalisé par un quadrillage de poutres. Ces fondations n'ont malheureusement pas été suffisantes, car le poids des pierres fit basculer l'ensemble à la manière de la tour de Pise. Les deux premiers niveaux présentent un dévers de 20 cm en direction de l'est. Impossible à redresser, la tour a dû être stabilisée avant la poursuite de la construction. La tour est constituée d'un cylindre de 23 m de diamètre à la base et de 18 m de diamètre au sommet. Avec des murs épais de 3 à 6 m, elle présente un espace central de 9,50 m de diamètre. Le cylindre central est flanqué de quatre tourelles semi-circulaires décalées de 70°. Une tourelle rectangulaire plus élevée est surmontée d'une tour carrée. La tour était haute de 37 m et comprenait quatre salles octogonales superposées. Surmontée d'un parapet en saillie, elle était coiffée d'un toit en poivrière. Le quatrième niveau et le toit furent détruits en 1651 lors de la Fronde. Les couloirs de circulation, un vrai labyrinthe, et les escaliers sont intégrés dans l'épaisseur des murs. La tour était isolée de la terre par un profond fossé.

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plan etage

Le niveau 0 de la tour (fermée au public) comprend la salle du veilleur, permettant la surveillance de l'entrée du port, et en position centrale la salle de l'armateur. Celle-ci comprenait à l'origine l'entrée principale de la tour constituée d'une porte à deux battants avec une herse. La salle de forme carrée aux angles tronqués est voutée d'ogives dont le culot présente une sculpture d'un marin. Dans cette salle était accrochée la chaine fermant l'entrée du port et actionnée depuis la tour de la chaine. La salle servait également d'habitation pour les gardes, de réserve de nourriture, d'eau, de vin, de bois et d'armes.

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Au 1er niveau se trouvent l'actuelle salle d'accueil du public et la salle de la vigie basse. La salle de la vigie basse permettait la surveillance de l'entrée et de la sortie des navires grâce à une plateforme extérieure en bois accessible par de hautes ouvertures transformées par la suite en meurtrières. La salle a une voute d'ogive avec des décors végétaux. La sculpture de la clef de voute représente un armateur et Saint-Nicolas avec sa barbe et sa robe drapée. Dans cette salle est conservé un gros coffre du XVIIe siècle, propriété d'un des capitaines de la tour. La salle d'accueil, centrale, est une grande salle octogonale avec une voute d'ogive. La voute repose sur des chapiteaux à décor végétal. Au centre, au plafond et au sol, se trouve un oculus donnant sur la salle de l'armateur (niveau 0) et sur la salle du capitaine (2e niveau). Ces oculus permettaient le passage des charges lourdes d'un niveau à l'autre (monte-charge), de portevoix pour communiquer entre les niveaux et d'assommoir pour la défense au cas où des ennemis auraient pénétré dans la tour. Cette salle servait de salle d'apparat au capitaine. Par la suite, ce fut un entrepôt de commerce. La cheminée ornant cette salle est une reconstruction moderne.

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Le plafond de la salle d'acceuil

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Un des pieux des fondations dans la salle de la vigie basse

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Au 2e niveau se trouvent la salle du capitaine, la salle du troubadour, la chapelle, l'étude du capitaine et la salle des coussièges. La salle du capitaine, centrale, servait d'habitation au capitaine, à sa famille et à ses invités. La plaque en fonte de la cheminée appartenait à Paul Le Goux, procureur du roi à La Rochelle en 1600. La sculpture ornant cette cheminée représente un navire de commerce du XVIe et XVIIe siècle. Ce navire figure également sur les armoiries de la ville. C'est la copie de la sculpture ornant la porte des Échevins à l'arrière de l'hôtel de ville. La salle du troubadour est une salle trapézoïdale voutée d'ogives avec une clef de voute désaxée. Cette salle possédant un accès direct vers des latrines servait peut-être de lieu de bain. Elle doit son nom à la sculpture présente dans un angle au-dessus de la cheminée et représentant un musicien avec un tambour. L'enfoncement près de la cheminée est un ancien placard. La chapelle est située à la verticale de l'entrée de la tour. Cette position lui confère un rôle de protection symbolique de la tour. La voute sur croisée d'ogives repose sur d'anciennes sculptures pratiquement arasées. Il est encore possible d'y reconnaitre un autel avec un retable gothique et une piscine liturgique. L'étude du capitaine est une petite salle voutée dont la clef de voute représente un visage féminin avec une coiffe. La salle servait probablement de bureau au capitaine. La salle des coussièges est un simple renforcement ouvert sur la salle du capitaine. Elle possède des banquettes en pierre, les coussièges. De grandes fenêtres à meneaux donnent sur le vieux port. Elle a une voute à double croisée d'ogives dont chaque culot est constitué d'un personnage sculpté.

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La salle des coussièges

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Le plafond de la salle du capitaine

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La voute de l'étude du capitaine

Un escalier à double révolution, comme au château de Chambord, permet le passage d'un niveau à l'autre sans que la personne qui monte croise celle qui descend. Au 3e niveau se trouve une petite salle des gardes. Le parapet du chemin de ronde du 3e niveau fut supprimé en 1651 pour y installer des canons. Il fut restauré au XIXe siècle. La salle de veille au 4e niveau est constituée de deux réduits permettant la surveillance du port et des deux autres tours du front de mer. Elle a conservé sa cheminée d'origine, la seule avec une hotte et une étagère.

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Les escaliers

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Les escaliers

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La salle de veille au 4e niveau

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La cheminée de la salle de veille au 4e niveau

La terrasse sommitale, à 37 m au-dessus de l'eau, devait à l'origine être reliée par une arche à la tour des chaines. Le projet fut abandonné à la suite du basculement de la tour. Le début de cette arche est cependant visible.

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Le chemin de ronde au 3e niveau

La tour des chaines fut érigée entre 1382 et 1390. Elle est haute de 34 m et était couverte d'un toit en poivrière. La tour était à l'origine flanquée d'une petite tour et d'un corps de logis qui abritait le mécanisme de la chaine. Ces deux éléments furent démolis au XIXe siècle pour agrandir l'entrée du port. Le corps du logis fut alors remplacé par un bastion.

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La tour des chaines et la tour de la lanterne

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La tour des chaines

La présence de la tour de la lanterne est attestée depuis la fin du XIIe siècle. Elle était la résidence du désarmeur des nefs. Il s'agissait de l'officier chargé de conserver les armes des bateaux entrant dans le port. La tour initiale fut transformée entre 1445 et 1468 par l'adjonction d'une flèche monumentale et d'une lanterne. La tour a une hauteur totale de 55 m. La partie basse est un cylindre de 15 m de diamètre et de 25 m de hauteur. Elle est surmontée d'une flèche octogonale. À partir du XVIe siècle, la tour servit de prison. Au XVIIe et XVIIIe siècle, les marins et corsaires qui y étaient emprisonnés gravèrent sur les murs de leurs cellules plus de 600 graffiti. En 1820 y furent emprisonnés deux des "quatre sergents". Ceux-ci, soupçonnés de préparer un coup d'État, furent arrêtés à La Rochelle et exécutés à Paris en 1822.

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La tour de la lanterne

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La tour de la lanterne

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La tour de la lanterne

Ces photographies ont été réalisées en juillet 2012.

 

Y ACCÉDER:

Les trois tours sont sur le front de mer dans la ville de La Rochelle de part et d'autre du vieux port.

Leurs visites sont payantes.

 



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Cette page a été mise en ligne le 25 avril 2020

Cette page a été mise à jour le 25 avril 2020