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Le Gouffre

La zone située entre La Rochelle, Niort et Fontenay-le-Comte est à la fin du XVIe siècle un marécage envahi par l'eau et la végétation. Elle est la victime régulière des crues de la Sèvre Niortaise et de ses affluents et des flux et reflux de l'océan. Au milieu de ces marécages émergent quelques buttes calcaires sur lesquelles sont implantés des villages. Une première tentative de dessèchement de ces marais fut réalisée au cours du Moyen-âge créant ainsi une activité agricole.

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Après les guerres de religion, Henri IV veut reconstruire la France. Il encourage donc toutes les initiatives privées allant dans ce sens. Quelques investisseurs privés sont convaincus par le potentiel économique des marais. Le sol des marais est riche et les recettes sur les terres asséchées sont conséquentes. Dans les années 1640 se constituent deux sociétés de dessèchement du marais poitevin. L'une pour la rive droite de la Sèvre Niortaise (la société des marais de Vix, Maillezais, Maillé et Doix) et une pour la rive gauche (la société des marais de Tangon, La Ronde, Choupeau et Benon). Ces sociétés ont un fonctionnement un peu similaire aux sociétés à actions actuelles. Des investisseurs apportent de l'argent et récupèrent un certain nombre de parts de terre asséchée.

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Le dessèchement d'un marais débute par la délimitation d'un espace par une digue. À l'extérieur de la digue, les marais sont maintenus inondables (marais mouillés) pour l'épandage des eaux des crues en hiver. À l'intérieur de la digue, un canal principal évacue l'eau vers la mer. Des portes marines (deux battants en " V " pointés vers la mer) empêchent la marée montante d'envahir le canal. À la marée descendante, les portes évacuent l'eau du canal. Des fossés principaux convergeant vers ce canal découpent l'espace en carré, lui-même redécoupé par des fossés secondaires. Une exploitation est constituée de deux carrés dénommés dans le marais poitevin " une cabane ".

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Avant de débuter les travaux, les sociétés créées doivent obtenir l'accord des propriétaires des marais et ceux des propriétaires des terres voisines que les canaux d'évacuation de l'eau vers la mer devront traverser. L'obtention de ces accords et les négociations des compensations financières prendront de nombreuses années. Pour la Société des Marais de Vix-Maillezais, le 1er accord est signé en 1656. Pour ces marais, le canal évacuateur est le canal de Vix. Dès le 1er accord signé, les travaux de creusement débutent. Le creusement du canal est commencé par son embouchure dans la mer et se poursuit vers l'intérieur des terres afin d'éviter son inondation par l'eau des marais.

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Le creusement du canal de Vix devra faire face à trois obstacles majeurs. Son cheminement coupe en effet trois affluents de la Sèvre Niortaise : la Vendée, la Jeune Autisse et la Vieille Autisse. Ces rivières irriguent et inondent les marais mouillés et elles sont en contact avec la mer. Leurs eaux ne doivent donc pas entrer en contact avec ceux du canal d'évacuation sous peine d'inonder les marais desséchés. Les ingénieurs vont donc concevoir des aqueducs pour permettre au canal de franchir les rivières. Ces aqueducs fonctionnent comme des siphons en passant sous les rivières. Le canal passe donc sous la Vendée, au lieu-dit le Gouffre, sous la Jeune Autisse au nord de Maillé et sous la Vieille Autisse à la Grande Bernegoue. Ce dernier passage ne sera finalement pas réalisé, la société des marais de Vix-Maillezais ayant renoncé à dessécher les marais situés en amont de Maillé en 1670.

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Le siphon passant sous la Jeune Autisse

L'ouvrage du Gouffre qui est le plus en aval sera construit en premier, en 1663. Il est construit en pierre sur des fondations réalisées en pilotis en bois de chêne fiché dans le sol marécageux. L'enjeu du chantier est colossal. Si les eaux de la Vendée s'engouffrent dans le canal, l'assèchement des marais est perdu. Les travaux sont réalisés pendant le printemps et l'été pour s'achever début septembre au retour de la période d'inondation. L'aqueduc du Gouffre se double d'une écluse permettant le passage des bateaux entre la Sèvre Niortaise et la Vendée.

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Le dessèchement des marais ne se fera pas sans peine. Les inondations persistent en hiver parfois au printemps voire en été empêchant l'exploitation des terres et donc de faire les profits escomptés. Durant les années 1670-1680, les assemblées des sociétés des marais évoquent uniquement les " réparations urgentes pour empêcher la ruine et les inondations ". Durant l'hiver 1688, les marais de Vix-Maillezais sont inondés, les fossés comblés et les digues détruits. Les membres de la société des marais de Vix-Maillezais doivent faire face aux créanciers et la plupart seront en faillite. La crise durera jusqu'en 1710. Le dessèchement entrepris au XVIIe siècle a permis l'émergence de nouvelles terres cultivables au sol bien plus riche que ceux situés aux alentours. C'est finalement au prix d'une persévérance sans faille de ces hommes du XVIIe et du XVIIIe siècle que nous devons l'aspect actuel des marais poitevins.

Ces photographies ont été réalisées en juillet 2012.

 

Y ACCÉDER:

De Marans, prendre la direction de Luçon puis la D938ter vers Fontenay-le-Comte. Avant l'Ile-d'Elle, la route passe au-dessus d'un pont. Le Gouffre est situé en contrebas de ce pont.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 14 octobre 2012

Cette page a été mise à jour le 14 février 2015