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Le château du Haut-Koenigsbourg, reconstruit dans l'esprit d'un château fort du XVe siècle à la demande de l'empereur Guillaume II de Prusse, est un des symboles de l'Alsace. Trônant au sommet d'une montagne de forme pyramidale, il est visible d'une bonne partie de la plaine d'Alsace. Il est un des sites touristiques les plus visités de France.
Tour sud du grand bastion ouest
Le donjon
L'origine du château du Haut-Koenigsbourg remonte à Charlemagne. Celui-ci fit don en 774 du Staufenberg (montagne sur laquelle se trouve le château) au prieuré de Liepvre dépendant de la basilique de Saint-Denis. L'empereur du Saint Empire Romain Germanique, Henri IV, nomma, en 1079, Frédéric 1er de Souabe, duc de Souabe et d'Alsace, et lui confia la mission de contrer les ducs d'Eguisheim, partisans du pape. Frédéric ayant construit un château sur le mont Hohenstaufen près de Goppingen prit alors le nom de Frédéric 1er de Hohenstaufen. Son fils, Frédéric II de Hohenstaufen dit le Borgne, fit construire, à partir de 1105, une ligne de défense constituée de nombreux châteaux. Certains d'entre eux furent construits sur des terres ne lui appartenant pas comme le château construit en 1114 sur le Staufenberg appartenant au prieuré de Liepvre. En 1147, Eudes de Deuil, abbé de Saint-Denis, adressa une plaine au roi de France Louis VII en lui demandant d'intervenir auprès de Conrad III de Hohenstaufen, empereur du Saint Empire Romain Germanique, pour faire cesser l'injustice de la présence de ce château sur les terres du prieuré. Cette demande resta lettre morte. À cette période apparaît la première mention du château dans un document sous le nom de castel Estufin (forme latine de Staufen). Il est question de deux tours appartenant à Conrad III et à son neveu Frédéric Barberousse, futur empereur du Saint Empire Romain Germanique. Le château permettait alors le contrôle de la route du sel et de l'argent (sens est-ouest) et de la route des céréales et du vin (sens nord-sud). Le nom de Königsburg apparaît vers 1157. En 1192, il est question d'un château de Kinzburg.
Le bastion en étoile côté est
Le bastion en étoile
Le logis sud et le donjon
Le grand bastion ouest
Au début du XIIIe siècle, probablement avant 1238, profitant de l'affaiblissement des Hohenstaufen, les ducs de Lorraine prirent possession du château. Celui-ci fut inféodé en 1250 au chevalier Cuno de Bergheim, puis, en 1254, au Landgrave Henri Siegebert de Werd. En 1262, Henri Siegebert de Werd le donna en sous-fief à Ulrich de Ribeaupierre. À partir de 1267, l'histoire devient un peu confuse. Il est question de deux châteaux, celui du Haut-Koenigsbourg et celui de l'Oedenbourg, sans que l'on sache exactement lequel appartient à qui entre les Werd, les Rathsamhausen et les Hohenstein.
La porte d'honneur avec les armoiries de l'empereur
d'Allemagne au-dessus de celle de Charles Quint
La porte d'honneur
L'entrée du château vue de l'intérieur
La courtine sud
L'hostellerie
Jean de Werd, sans héritier, transmit en 1300 ses droits à son cousin Oettingen qui, en 1359, vendit sa part du château à l’évêque de Strasbourg, Jean de Lichtenberg, pour la somme de 10 000 florins. Le duc de Lorraine, lésé de son droit de suzerain, protesta et inféoda le château à Bourcard de Fénétrage. L'affaire finit devant les tribunaux, mais malgré qu'ils fussent déboutés, les ducs de Lorraine maintinrent leurs prétentions sur le château jusqu'en 1474. L'évêque Frédéric de Blanckenheim accepta alors un échange de bien pour garder le Haut-Koenigsbourg. Durant tous ce temps les Rathsamhausen et les Hohenstein restèrent les arrière-vassaux du château. Le château de l'Oedenbourg fut alors délaissé et entre 1398 et 1417 tomba en ruine. Le château prend le nom de Haut-Koenigsbourg en 1442 et l'empereur Frédéric III de Habsbourg rentra dans la liste des propriétaires.
La porte de
la tour d'entrée du château avec les armoiries du baron de Bollwiller
La tour du moulin
La porte des lions datant du XIIe siècle
Galerie au-dessus de l'accès à la cour d'honneur
Arcade de la cour d'honneur
La citerne dans la cour d'honneur
Tourelle d'escalier dans la cour d'honneur
Dans la cour d'honneur
En 1435, le château fut pris et occupé par des chevaliers brigands aux ordres de Jean de Westernach, ennemi juré du prince paladin Frédéric le Victorieux. Celui-ci fit assiéger le Haut-Koenigsbourg en 1454 et négocia la propriété d'un quart du château. Les Hohenstein, autres propriétaires, permirent alors à de lointains cousins, les frères Henri et Reinhard Mey de Lambsheim de s’installer au château. Ceux-ci étaient de véritables brigands qui attaquèrent, en 1462, un convoi de commerçants strasbourgeois allant à Bâle. Cette énième attaque déclencha le siège du château par une armée de 500 hommes armés de 17 canons, issue d'une coalition des villes de Bâle, de Strasbourg, de l’évêque de Strasbourg, des ducs d'Autriche et des sires de Ribeaupierre. Le siège débuta le 26 octobre 1462. À la suite de la fuite de la garnison du château durant la nuit du 29 octobre, celui-ci fut incendié par les assiégeants. Le Haut-Koenigsbourg fut alors donné aux Habsbourg, empereurs du Saint Empire Romain Germanique.
Le cellier qui en 1530 contenait une vingtaine de tonneaux
Logis nord
La cuisine
Dans les réserves de la cuisine se trouve un foudre d'une contenance de 8 500 litres datant de 1670. Celui-ci fut offert en 1906 à Guillaume II par un négociant de Lahr.
Les galeries en bois de la cour d'honneur sont ornées de peintures murales représentant les Neuf Preux (héros de l'antiquité) inspirés des fresques du château de Valère à Sion.
Escalier d'accès au logis
En 1479, l'empereur Frédéric III de Habsbourg confia le château aux Thierstein qui y firent de grands travaux. Le côté ouest fut protégé par un bastion constitué de deux tours d'artillerie et d'un mur bouclier. La basse-cour fut protégée par deux tours en fer à cheval et des courtines. L'ensemble fut entouré par un mur de protection destiné à gêner la mise en place de l'artillerie. Après ses travaux, le château fut le plus important de la province. L'Archiduc Sigismond, régent du Sundgau, s'inquiéta de cette puissance et essaya en vain de faire stopper les travaux. Bien que propriété impériale, Frédéric III en fit, en 1485, un bien familial des Habsbourg par décret. En 1517, Henri de Thierstein, ruiné et sans descendances, revendit sa charge à l'empereur Maximilien 1er de Habsbourg pour 12 000 florins. À sa mort en 1519, l'empereur plaça des baillis au château. En 1533, les Habsbourg, à court d'argent, engagèrent le château aux Sickingen pour 13 000 florins. François de Sickingen fit des travaux au château pour la somme de 5 000 florins. Parmi les travaux figurait le démontage, en 1557, du sommet du donjon sur une hauteur de 2 piques (environ 14 m). L'empereur finança une remise en état du château en 1563 pour un montant de 6 000 florins. En 1606, le baron Rodolphe de Bollwiller, grand maréchal de l’archiduc Ferdinand de Habsbourg, racheta l'engagement des Sickingen. Rodolphe se trouva cependant rapidement dépassé par les charges et l'état du château se dégrada. À la mort de Rodolphe en 1616, son gendre Jean Ernest de Fugger reprit le château et investit dans sa remise en état, mais il ne parvient jamais à se faire rembourser son investissement par les Habsbourg. Ceux-ci finirent même par nommer un gouverneur au château, Philippe de Lichtenau.
Pièce dans le logis nord
Pièce dans le logis nord
Les logis comprennent vingt-deux pièces reparties sur trois étages.
Un poele
La salle de l'empereur
La salle de l'empereur
La salle de l'empereur est ornée de fresques du peintre strasbourgeois
Léo Schnug (1878-1933)
La salle de l'empereur
La salle de l'empereur
Tribune de la salle de l'empereur
La salle de l'empereur
La salle de l'empereur
Durant la guerre de Trente Ans, en juillet 1633, le château délabré et commandé par le capitaine Philippe de Lichtenau fut assiégé par les Suédois. Une première attaque réalisée par 500 hommes du colonel Van Harpfen échoua face à l'artillerie du château. À partir du 17 juillet, l'Oberwachtmeister Georges Sébastien Fisher mit son artillerie en batterie sur les ruines du château de l'Oedenbourg. Après une résistance de 52 jours, la garnison du Haut-Koenigsbourg se rendit le 7 septembre 1633. Le château fut incendié puis abandonné. Par le traité de Westphalie le château, et l'Alsace, devint la propriété du roi de France, Louis XIV. Celui-ci le remit en fief aux descendants de François Ferdinand de Sickingen en 1672.
La chambre lorraine
La chapelle
Pièce dans le logis sud
Pièce dans le logis sud
Pièce dans le logis sud
Pièce dans le logis sud
Salle des trophées de chasse
Salle des trophées de chasse
Les Sickingen vendirent les ruines en 1770 à Henri François de Boug, président du conseil souverain d'Alsace, qui prit alors le nom de "De Boug" d'Orschwiller. La ruine et le domaine, notamment la forêt, furent revendus en 1825 à la famille Dreyfuss de Ribeauvillé et à la famille Mannheimer d'Uffholz. En 1851, elle devint la propriété des frères Mannheimer de Colmar. Les ruines furent classées aux Monuments historiques en 1862. L'ensemble fut racheté en 1865 par la ville de Sélestat qui s'intéressait principalement à la forêt. L'architecte Winckler établit en 1882 un projet de restauration du château, mais la ville de Sélestat fut incapable de financer le projet. Elle offrit le 4 mai 1899 les ruines du château et les terres sommitales à l’empereur Guillaume II de Hohenzollern. Guillaume II conçut alors le projet d'y créer un musée promouvant la germanité de l'Alsace et confia, en 1900, à l'architecte et archéologue berlinois Bodo Ebhardt la tâche de reconstruire le château. Bodo Ebhardt reconstruit le château tel qu'il s'imaginait qu'il était au cours du XVe siècle. Les travaux se déroulèrent entre 1901 et 1908 et coûtèrent la somme de 2 250 000 marks. Guillaume II visita le chantier chaque année en logeant à la gare de Saint-Hippolyte qui fut reconstruite spécialement pour lui en 1903. Le château reconstruit fut inauguré le 13 mai 1908, mais les finitions et l'achat des collections se poursuivirent jusqu'en 1918. Avec le retour de l'Alsace-Moselle à la France, le château devint en 1919 la propriété de l'état français sous le statut de palais national. Les abords du château furent classés Monument historique en 1930. L'ensemble du monument (les ruines et les parties reconstruites) le fut en 1993. La propriété du château fut transférée au conseil général du Bas-Rhin en 2007.
La salle d'armes
La salle d'armes
Sortie des logis vers le jardin haut
Façade du logis ouest
Le grand bastion ouest vu depuis le jardin haut
Le jardin haut
Le grand bastion ouest
Dans la tour nord du grand bastion
Réplique de canon dans le grand bastion ouest
Réplique de canon dans le grand bastion ouest
Le Haut-Koenigsbourg possède également sa légende. Une jeune fille en jaune y garderait un immense trésor. La jeune fille ne se montre cependant qu'aux enfants nés pendant les Quatre-Temps (selon le calendrier liturgique catholique, il s'agit d'une semaine au commencement de chacune des quatre saisons dont le mercredi, le vendredi et le samedi sont fixés comme jours de jeûne) ou le dimanche. Elle a le visage blanc comme neige et porte une robe collante de coupe ancienne de couleur jaune paille. Son chapeau, voile, chaussures et bas sont orangés. Elle porte à sa ceinture un trousseau de clés. Si son favori arrive à midi, elle lui fait signe, prend la plus grande clé du trousseau et ouvre la porte de la grande tour d'angle. Si son favori arrive à la suivre dans la tour et les souterrains sans prononcer un mot, elle sera délivrée de son sort et il sera récompensé par un immense trésor. Mais à ce jour, tous ont poussé des cris d'admiration provoquant aussitôt la disparition de la jeune fille en jaune et du trésor. Légende recueillie par Auguste Stoeber in Alsatia 1856/61 page 268.
Courtine de la tour sud du grand bastion ouest
Pont levis après la porte des lions
l'accès au château avant la porte des lions
La tour d'entrée du château
Dans la basse-cour
Le donjon
L'hostellerie
L'intérieur de la tour en fer à cheval
de l'entrée principale
Le château de L'Oedenbourg
À l'ouest du château du Haut-Koenigsbourg, et dominant le col du Schaentzel de plus de 200 m, se trouvent les ruines du château de l'Oedenbourg ou du Petit-Koenigsbourg. À cet endroit, deux murs circonscrivent un espace de 80 m de longueur et de 40 m de largeur. Dans cet espace s’élèvent un logis gothique, protégé à l'est par un mur-bouclier, et une tour carrée servant de donjon. Le château est protégé par trois fossés coupant la crête rocheuse dans le sens de la largeur. Le fossé le plus oriental en regard du Haut-Koenigsbourg est situé à environ 30 m du mur-bouclier. Ce fossé fut surcreusé par une carrière établie entre 1902 et 1908 pour la reconstruction du Haut-Koenigsbourg.
Le logis du château de l'Oedenbourg
Le logis du château de l'Oedenbourg
Détail d'un arc de décharge de la maçonnerie
Le logis du château de l'Oedenbourg
L'histoire de ce château est très mal connue. Il semblerait que le site était déjà occupé par une fortification au cours du IXe siècle. Le donjon aurait été construit vers 1250 par Frédéric de Buren suivi de la construction du logis vers 1300. Le château aurait appartenu, en 1316, comme fief des ducs de Lorraine, aux Landgraves de Werd. Des travaux de restauration y furent réalisés en 1324. Il apparaît en 1398 dans un document sous le nom de "Zu Kungersberg". À la fin du XIVe siècle, une partie du château fut reconnu comme une propriété des Rathsamhausen. En 1417, l’empereur Sigismon confirma la possession en fief d'un tiers du château à Jerothée de Rathsamhausen. Il est alors question d'un château "der oden burg" (château abandonné) ce qui semblerait dire qu'à cette date le château était à l'abandon. Il aurait été détruit en 1462 lors du siège du Haut-Koenigsbourg par une coalition des villes de Strasbourg, Colmar et Bâle. En 1504, Albrecht Von Berwangen signala que les ruines de l'Oedenbourg constituaient une position intéressante pour y installer de l'artillerie en vue d'une attaque du Haut-Koenigsbourg. La garnison du Haut-Koenigsbourg occupa alors le site.
Plan du château de l'Oedenbourg
Dans le fossé à l'est du logis
Vestige d'un des murs d'enceinte
Le logis du château de l'Oedenbourg
Ces photographies ont été réalisées en octobre 2023.
Y ACCÉDER:
L'accès au Haut-Koenigsbourg est parfaitement fléché sur les axes routiers de l'Alsace.
Le château de l'Oedenbourg est accessible à pied en empruntant les sentiers depuis l'entrée du Haut-Koenigsbourg.
Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.
Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.
Cette page a été mise en ligne le 17 décembre 2023
Cette page a été mise à jour le 17 décembre 2023