Le pont du Diable

Le pont du Diable qui relie les communes de Montoulieu et de St-Paul de Jarret porte une grande part de mystère. Sa construction, attribuée au Diable, daterait selon les uns du Moyen-âge, selon les autres du XIX^e siècle. Il permet en tout cas de belles vues sur l'Ariège dans un de ces passages les plus étroits.

Plusieurs légendes nous informent des circonstances ayant conduit à sa construction. Selon une version, un habitant du hameau de Montoulieu passa un marché avec le Diable. En échange d'un pont, le Diable prendrait l'âme du premier être qui le traversera. Mais une fois le pont construit personne ne voulut le traverser. On fit donc passer un chat, ce qui mit le Diable en colère. Celui-ci s'agita tellement qu'il en tomba dans la rivière. Selon une autre version, c'est le comte de Foix qui, un jour, voulut traverser l'Ariège à cheval, mais le cheval refusa. Furieux, le comte rentra au château et chargea le baron de St-Paul de construire un pont. Après avoir conclu un pacte avec le Diable, le baron alla se confesser à l'abbé de St-Volusien. Au matin, on fit traverser un chat et le Diable, furieux, se précipita sur le baron. À ce moment précis apparut une procession des moines de St-Volusien avec l'abbé en tête qui aspergea le pont avec de l'eau bénite faisant s'enfuir le Diable.

Dans une autre version, le comte de Foix, Roger-Bernard (ou Gaston Phébus ?) chargea le seigneur de Garrabet d'établir un passage sur l'Ariège. Garrabet s'adressa à Peyronnet qui possédait des notions d'architecture. Celui-ci demanda au Diable qui exigea ce qui était derrière la porte de la cuisine à midi pile. Peyronnet accepta, car il savait que derrière la porte, il n'y avait qu'un torchon, mais exigea du Diable que le pont soit fini au chant du coq. Rentré chez lui, il informa sa femme du marché qu'il venait de passer. Elle s'écria : "Tu m'as vendu au Diable, car à midi pile je m'essuyais les mains avec le torchon accroché à la porte". À minuit, Peyronnet et sa femme jetèrent une cruche d'eau sur le coq qui se mit à chanter. Peyronnet se précipita à la rivière et dit au Diable "Le coq a chanté et le pont n'est pas terminé, le marché est rompu". Le Diable poussa un juron et disparu en laissant tomber la dernière pierre dans la rivière où elle creusa un profond trou.

Le pont est constitué de quatre arches dont deux sont comprises dans la bâtisse qui y est accolée sur la rive gauche. L'origine du pont tomba dans l'oubli et il fut longtemps considéré comme un pont fortifié construit au cours du XIII^e siècle. Mais comme le pont n'apparait sur aucune carte ancienne (carte de Cassini ou d'état major du XIXe siècle), l'historien JJ Petris entreprit des recherches dans les archives. Il y découvrit que le pont est l'œuvre de l'industriel de St-Paul de Jarret, Léo Lamarque (1808-1849), ancien élève de polytechnique. Avec son frère et son beau-frère, il est à l'origine de l'usine métallurgique de St-Antoine construite en 1836. Auparavant, en 1834, il demanda à la préfecture l'autorisation d'établir à Montoulieu (lieu-dit St-Antoine) un moulin à farine à trois meules, un moulin à plâtre à une meule et un pont pour faire communiquer ces moulins avec la rive droite. Lamarque voulait expérimenter un nouveau concept de roue de moulin sans canal d'amenée d'eau. La roue était directement plongée dans le courant de la rivière.

Le pont fut construit par un entrepreneur local, Adolphe Garrigou, le beau-frère de Lamarque. Le pont et les moulins furent achevés en 1836. En 1851, un arrêté préfectoral classa le pont en chemin rural d'intérêt commun. À partir de 1870, les moulins sont en ruine.

De Foix, prendre la N20 en direction de Tarascon sur Ariège. L'accès au pont du Diable est fléché depuis la N20.

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