Le château d'Arquizat

À 750 m d'altitude sur un sommet inaccessible, sauf par le sud, le château défend l'accès à la vallée de Miglos. La seule route d'accès (l'actuelle D156) passe au pied du château. Celui-ci faisait partie du glacis défensif du comté de Foix au cours du XIII^e et du XIV^e siècle et surveillait les passages dans la vallée du Vicdessos. Le château porte également le nom de Miglos.

La première mention du lieu-dit et de l'église de Miglos figure dans une bulle du pape Urbain II datée de 1097. Le seigneur Pierre de Miglos fit partie des seigneurs ayant rendu hommage au comte de Foix en 1160. Une première mention d'un château figure dans l'acte d'allégeance du comte de Foix envers l'église de Rome et le roi d'Aragon en l'an 1213. Après la chute de Montségur, le 16 mars 1244, Arnaud de Miglos, convaincu d'hérésie, fut emprisonné à Carcassonne. Il fut libéré le 24 décembre 1248 sur ordre du pape Innocent IV. En 1272, il a été fait mention du château dans l'enquête de délimitation du comté de Foix. Le 21 février 1311, Gaston 1^er, comte de Foix, fit don de la vallée et du château de Miglos à Bernard de Son (ou d'Usson ?) afin de punir la famille de Miglos pour son soutien à l'hérésie cathare. Bernard de Son restaura le château en 1320. Le château passa ensuite entre les mains de la famille Rabat (en 1343), de la famille d'Arnave (en 1380), de la famille du Léon (en 1400), de celle de Louvie (en 1450), de celle de Béon (en 1510), de celle de Goth (en 1575) puis à celle de Montant (en 1610).

En 1789, le château était en ruine. Jean Louis de Montant, baron de Miglos, était installé dans une vaste demeure au village d'Arquizat, la ferme du château. La ruine du château fut incendiée en août 1792. Le 16 nivôse de l'an II (5 janvier 1794) le maire d'Arquizat, aidé des officiers municipaux, brûla tous les papiers, titres et reconnaissance trouvés dans la demeure du seigneur en exécution de la loi. Le 7 floréal de l'an II (26 avril 1795), le baron Jean Louis de Montant décéda à Foix dans la maison du citoyen Clavet. Sa fille Jeanne-Françoise et son époux, le baron Jean Louis Hyacinthe de Vendomois, héritèrent des biens et vinrent s'installer dans la ferme du château. Au cours de la révolution dite "Guerre des demoiselles", le 18 août 1830, les Vendomois furent chassés de la ferme du château. Jean Louis Hyacinthe fut contraint de se démettre de sa fonction de maire qu'il détenait depuis 1822. Il fut retenu durant trois jours dans le presbytère par la population qui exigeait la restitution des titres relatifs aux droits de la communauté sur les montagnes de Sigue, Miglos et Gudanes. Durant ce temps, son épouse s'était réfugiée à Capoulet. Au cours de la nuit du 24 au 25 août 1830, la ferme du château fut pillée par la population. Le baron de Vendomois vendit, le 23 novembre 1833, la sapinière de Norgeat et la forêt de Naillan aux habitants de la commune. Et le 2 septembre 1834, il vendit la ferme du château et "le vieux château avec les terres et les rochers attenant" à Marie Sans et à son fils Jean Bacou pour la somme de 44000 francs.

En 1976, la SAFER racheta le bien auprès des sœurs Mathilde et Pierrette Gouzy. Elle céda le château au département de l'Ariège en 1984. Celui-ci fut classé Monument historique le 22 septembre 1987. Des travaux de restauration du donjon eurent lieu en 1999 et en 2000 et la tour ouest en bénéficia en 2003.

Le château occupe une plateforme de 100 m de longueur et de 30 m de largeur. Elle est ceinte d'une enceinte de forme ellipsoïdale avec une entrée au sud. À l'ouest, l'enceinte suit la falaise et à l'est elle est constituée d'un grand mur rectiligne épais de 90 cm. Elle était peut-être doublée par un second mur à quelques mètres vers l'intérieur. Le château est presque carré (24 m sur 22 m) et occupe une surface de presque 600 m² au nord de l'enceinte. Sur le côté sud-est se trouve la tour qualifiée de donjon. Elle est longue de 9 m, large de 7 m et était haute de 19 m. Son sommet était couronné de merlons carrés qui furent, par la suite, rebouchés. Les murs, épais à la base de 1,40 m, n'ont plus que 0,70 m d'épaisseur au sommet. La tour était divisée en quatre étages à l'aide de planchers en bois. Aucune meurtrière ne garnit ces murs. Lors de sa transformation en tour résidentielle, une baie ogivale trilobée de 1 m sur 0,60 m fut percée dans le mur est au 3^e étage. Du donjon, il ne reste, aujourd'hui, que les faces nord et est. Les faces sud et ouest se sont effondrées entre l'été 1948 et l'automne 1949.

Sur le côté nord-ouest se trouve la "tour-citerne". Elle était haute de 15 m et son sommet était crénelé. Son étage inférieur est constitué d'une salle voutée étanchéifiée par un mortier de tuileau formant une citerne d'une contenance d'environ 30 m³. Entre ces deux tours se trouvait un bâtiment en équerre comportant au moins deux salles. La plus longue (15 m) est contigüe au donjon et est adossé au rempart est. Dans ce mur ont été aménagées quatre archères. Elles sont hautes de 80 cm et larges de 35 cm côté interne et de 10 cm côté externe. Une cinquième archère se trouve dans le mur nord. La petite salle contigüe à la tour-citerne possédait une cheminée dont le percement a affaibli le mur de rempart qui fut renforcé avec deux contreforts.

L'enceinte extérieure est de constitution archaïque et s'apparente à la partie basse du donjon. Ces éléments sont des vestiges du premier château du XII^e siècle. Une enceinte interne quadrangulaire fut construite au cours du XIII^e siècle en même temps que fut effectuée une première modification du donjon. À la fin du XIII^e siècle ou au début du XIV^e siècle fut construite la tour-citerne et le donjon connut une deuxième modification. Le château fut aménagé en résidence au début du XV^e siècle. Des cheminées furent construites et un bâtiment annexe en maçonnerie fut édifié. Les créneaux du donjon furent également comblés à cette occasion. La cour interne séparait l'habitation seigneuriale des dépendances (dont il ne reste que des décombres) installées au sud et au sud-ouest de l'enceinte. Le château faisant partie du glacis défensif du comté de Foix, il communiquait à l'aide de signaux avec les châteaux de Montréal de Sos, de Quie et de Génat ainsi qu'avec les grottes fortifiées (spoulga) de Baychon et d'Alliat.

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