Les ruines romaines de la Sarasinière

Les ruines romaines
de la Sarasinière

Sur le bord du Rhône trône un étrange monument à moitié arasé qui fut classé Monument historique le 17 août 1883. Les érudits du XIX^e siècle y virent un trophée élevé par Quintus Fabius Maximus à la suite de sa victoire en 121 av. J.-C. sur les Arvernes et les Allobroges lors de la bataille du Confluent (Rhône/Isère). Mais au début du XX^e siècle, Marius Villard y vit un tombeau familial. Hypothèse que confirma Gilbert Charles Picard et que les fouilles effectuées en 1971 par Yves Burnand semblent valider. Ce monument est dénommé la Sarrasinière.

La bâtisse, conservée sur les côtés nord, est et sud, forme un rectangle irrégulier de 10,43 m de longueur (côté ouest) et de 6,76 m de largeur (côté sud). Les fouilles ont montré que les fondations, haute de 1,44 m, étaient plus larges que les murs. Cette surépaisseur se situe vers l'extérieur formant un rectangle de 11,66 m sur 7,98 m. Les murs étaient donc recouverts à l'extérieur d'un parement en gros appareil disparu actuellement. Les murs sont constitués d'un blocage apparent de pierres en gneiss et granit de forme irrégulière de petites et moyennes dimensions cimenté avec un mortier dur et compact. La face interne des murs est revêtue d'un parement en petit appareil de moellons granito gneissique rectangulaire (10 à 20 cm sur 8 à 10 cm).

Les côtés nord, ouest et sud sont constitués de murs droits d'une épaisseur à la base de 1,22 m. Le côté est est constitué d'un mur droit à l'extérieur et semi-circulaire à l'intérieur. Il est épais au centre de 3,72 m. Le mur ouest ne subsiste que dans les coins nord-ouest (2,65 m de longueur et de 5,29 m de hauteur) et sud-ouest (3,75 m de longueur et de 7,42 m de hauteur). Au centre, il est totalement arasé. Les fouilles ont trouvé, à cet endroit, un seuil, large de 2 m, correspondant à la porte d'accès à la bâtisse. De chaque côté de cette porte se trouvait une niche large de 1 m et d'une hauteur inconnue. Les murs nord et sud sont conservés sur toute leur longueur. La hauteur du mur nord varie de 5,27 m (côté nord-ouest) à 6,55 m (côté nord-est) en passant par 3,39 m au centre. La hauteur du mur sud varie de 6,49 m (côté sud-est) à 7,40 m (côté sud-ouest) et de 4,91 m au centre. Chacun de ces murs est percé, au centre, par une ouverture non d'origine et correspondant à une niche. Le mur est est le mieux conservé du monument. Sur sa face externe, il présente, en partie inférieure, trois niches larges de 87 cm et hautes de 3,10 m. À 4,80 m de hauteur se situe une plateforme limitée côté interne par la face en demi-cercle du mur interne. La face interne du mur est forme une abside pleine, segment d'un cercle de 5 m de diamètre. Cette face interne présente trois cavités dont deux sont le résultat de fouille clandestine.

Les essais de reconstitution, réalisés après les fouilles de 1971, montrent un monument très classique par sa forme extérieure quadrangulaire. Sa disposition interne est cependant originale par la présence en saillie de l'abside pleine du mur est. Cette disposition est actuellement unique dans le monde romain. Les côtés nord, ouest et sud sont des hauts murs avec des niches probablement garnies d'une statue. Le côté est est la façade principale tournée vers le Rhône et surplombant la voie romaine qui longeait la rive. Elle est à deux niveaux. Au niveau inférieur se trouvent trois niches recevant des statues avec très probablement une inscription au-dessus de chaque niche. Au niveau supérieur, la plateforme dallée et arrondie à l'arrière était également destinée à recevoir une statue ou un groupe de statues. La couverture du bâtiment, inconnue, était probablement constituée d'un toit en tuile à deux pans avec une charpente en bois ou une voute en berceau surbaissé avec un fronton des côtés est et ouest.

La construction du monument a été datée du 1^er siècle apr. J.-C. par comparaison avec des constructions identiques telles que le théâtre, le temple de Janus ou la pyramide de Couard à Autun. La première hypothèse d'un mausolée fut exprimée par Marius Villard qui y voyait un tombeau familial construit au 1^er ou au II^e siècle par un riche colon gallo-romain. Gilbert Charles Picard y voyait également une destination funéraire. Les fouilles de 1971 n'ont pas parmi de prouver la destination du monument, mais la deuxième cavité interne du mur est semblerait être une niche destinée à recevoir les urnes cinéraires. Ces urnes pouvaient rester à la vue des visiteurs ou être cachées par un système de fermeture. Les niches extérieures et la plateforme étaient destinées à contenir des statues des défunts.

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