Elles ne tremblent plus ! Malgré tous les efforts que vous pourrez déployer, chacune de ces tables de pierres est bloquée par un arbre qui a poussé à côté. A moins bien sûr de jouer de la tronçonneuse.
Nous sommes ici en présence de deux rochers tabulaires que l'érosion a détachés de la roche environnante. L'action combiné du vent, de la pluie, du soleil et du gel a au long des millénaires creusé le grès formant la crête du Rain des Chênes. Ce grès a été formé il y a 200 millions d'années durant le trias. Il s'est formé par le dépôt de sables et de galets. Au jurassique, ce dépôt s'est retrouvé recouvert par la mer et la pression a aggloméré le sable en le transformant en pierre. La formation des Alpes a surélevé les Vosges et propulsé le grès au niveau des sommets.
Ce lieu a été utilisé par nos ancêtres comme lieu de culte. Sur les tables de pierre sont parfaitement reconnaissables des bassins (grosse cupule) creusés par l'homme. Les "pierres tremblantes" que nous trouvons dans différentes régions en France ont été utilisées durant les périodes les plus obscures du Moyen-âge comme pierre de jugement.
Ces pierres exprimaient le jugement de Dieu. L'accusé devait faire bouger les pierres. S'il y parvenait, Dieu prouvait son innocence, sinon le bourreau faisait son œuvre. Imaginez la terreur d'un pauvre innocent ne trouvant pas l'endroit précis permettant de rompre l'équilibre de la pierre et tournant vainement autour.
Les Pierres Tremblantes du Rain des Chênes servaient d'oracle pour la fidélité des épouses. Les maris devaient à l'instant du lever du soleil essayer de faire trembler la pierre tabulaire. Pour ce faire, ils devaient se placer en dessous et la toucher avec l'index. S'ils parvenaient à faire bouger la pierre, c'est que leur femme était fidèle. Mais la réponse de l'oracle n'était juste que si l'épouse n'était pas à proximité.
Beaucoup de pierres tremblantes ou branlantes dans le monde chrétien sont associées à des jugements de fidélité. L'épreuve était toujours imposée aux femmes. Car pour l'Église la femme était un être faible qui succombait facilement aux tentations. Comme ce fut le cas d'Eve dans la Bible. L'homme étant bien sûr irréprochable et fort, le diable cherche à l'atteindre en tentant sa femme.
Le long du chemin d'accès, vous pourrez observer de nombreux fossés et de nombreux trous en forme d'entonnoir. Ce sont les vestiges des tranchées et des trous d'obus de la bataille du Linge où de février à octobre 1915 s'affrontèrent français et allemand. Dix-sept mille (17000) hommes dont dix mille (10000) Français laissèrent leurs vies pour conquérir quelques mètres de sommet. De nombreux vestiges de fortifications et d'abris restent visibles dans la forêt.
Un vestige d'abri de la guerre 14-18
Un autre lieu de bataille est le Grand Hohnack. À cet endroit, le 9 août 1914, le 152e Régiment d'Infanterie marchant sur Colmar se heurta à un régiment bavarois. Le monument de la Croix de Wihr commémore cet évènement tragique. Mais tournons-nous vers un lieu plus paisible. Au sommet du Grand Hohnack se trouve la "Cuve des Fées". Ce rocher est creusé de plusieurs grands bassins ayant servi de lieu de culte aux Celtes. Aux alentours se développe un véritable labyrinthe minéral. D'autres cupules existent sur les rochers et même une étrange excavation.
La cuve des Fées
Le sommet du Grand Hohnack
La "Cuve des Fées" est également dénommée "Hexenkessel", le chaudron ou la cuve des sorcières. Personnellement je préfère les fées. Les visiteurs de ces lieux y ont laissé de nombreux graffitis. J'espère que lors de votre visite, vous n'y laisserez pas votre empreinte de cette façon.
Les pierres du sommet
Le labyrinthe
Une légende nous apprend que le labyrinthe de pierre au sommet du Grand Hohnack est un "Riesengrab", le tombeau d'un géant. Ce géant, dont nous ignorons le nom, y dort pour l'éternité. Il s'y est couché après avoir œuvré à la création des Vosges. Son sommeil est cependant entrecoupé de rugissements qui semaient dans les temps anciens, l'effroi auprès des personnes travaillant dans les bois. Dans de nombreuses légendes, les géants étaient les premiers êtres créés par Dieu. C'est eux qui formèrent les montagnes, qui tracèrent les lits des fleuves et creusèrent les vallées.
Les ruines d'un bunker allemand de 14-18.
Ces photographies ont été réalisées en octobre 2008.
Y ACCÉDER:
Des Trois-épis, prendre la direction de Labaroche puis celle du Col du Linge. Après la Croix de Wihr (monument à la gloire du 152e RI), prendre le 3e chemin partant à droite. Le chemin démarre dans un fort virage à gauche. De là, suivre à pied le chemin balisé par le Club vosgien.
Pour accéder au sommet du Grand Hohnack, il faut emprunter le chemin forestier de droite partant en face de la Croix de Wihr. Le chemin est parallèle à la route vers les Trois-épis. Au bout d'une cinquantaine de mètres, un sentier grimpe sur la gauche vers le sommet (balisage Giragoutte).
Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.
Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.
Cette page a été mise en ligne le 22 novembre 2008
Cette page a été mise à jour le 22 février 2015