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Monument "Aux morts des
armées de Champagne"

La Champagne dite "pouilleuse" fut le théâtre de monstrueuses batailles lors de la 1re Guerre mondiale. Sur un terrain d'à peine 30 km de large et profond de 5 km furent engagés 103 divisions françaises, 4 divisions américaines, 2 brigades russes et des régiments polonais et tchécoslovaques. Les batailles détruisirent complètement sept villages, qui ne furent pas reconstruits, et firent dans les rangs français et alliés 130 000 morts. Les Allemands engagèrent sur ce terrain un nombre considérable d'hommes et leurs pertes furent équivalentes à celle des alliés. Preuve de l'importance accordée au secteur, l'offensive allemande du 15 juillet 1918 fut suivie par l'empereur Guillaume en personne.

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Dans le secteur entre Reims et l'Argonne, relativement plat et peu peuplé, se déroulèrent cinq batailles importantes, les batailles de Champagne. La 1re bataille de Champagne se déroula entre le 20 décembre 1914 et le 17 mars 1915, la 2e entre le 25 septembre et le 9 octobre 1915, la 3e entre le 17 avril et le 20 mai 1917, la 4e entre le 15 et le 19 juillet 1918 et la 5e entre le 26 septembre et le 12 octobre 1918.

Après la bataille de la Marne, les armées allemandes entamèrent une retraite vers le nord. Début septembre 1914, l'armée du général Franchet d'Espéray se trouvait au pied du massif de collines au nord-est de Reims et l'armée du général de Langle de Cary au pied des crêtes reliant ce massif à l'Argonne. Les sommets et les crêtes étaient occupés par les Allemands. Les Allemands et les Français cherchaient à garder leurs liaisons et de ne pas s'éloigner de Reims et de Verdun qui étaient d'importants bastions de défense. La région entre ces deux villes devint, de ce fait, une immense courtine où les deux camps se firent face en s'enterrant dans les tranchées. En septembre 1914, le général en chef Joffre jugea indispensable la reprise de l'offensive afin de venir en aide aux Russes. Il fixa donc pour objectif à la 4e armée du général de Langle de Cary la prise de la voie ferrée reliant Challerange à Bezancourt afin de désorganiser les arrières allemands. Il s'en suivit de nombreuses attaques de la part des Français et autant de contre-attaques de la part des Allemands pour la conquête de quelques mètres de tranchées. Entre le 18 et le 21 septembre 1914, les Français se rendirent maitres de Souain et de Massiges. Jusqu'en décembre 1914, ils y repoussèrent plusieurs contre-attaques allemandes. Durant ces trois mois (septembre, octobre, novembre), la 4e armée eut à déplorer 5947 tués, 13 311 blessés et 10 329 disparus.

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La grande offensive française débuta le 20 décembre 1914. Le lendemain, 21 décembre 1914, les Français avaient nettement progressé à Prosnes, Perthes (côte 200) et à Beauséjour. Du 22 au 26 décembre 1914, les Allemands contre-attaquèrent journalièrement, voire dans certains secteurs, plusieurs fois par jour. Chacune de ces contre-attaques fut vigoureusement repoussée par les Français. Entre le 1er et le 15 janvier 1915 une série d'opérations locales permit aux troupes françaises de progresser de 2 km à Perthes. Malgré une vingtaine de contre-attaques, les Allemands ne parvinrent pas à reprendre le terrain conquis par les Français. Le 3 février 1915, les Allemands firent exploser une mine à la "main de Massiges" avant de lancer un assaut qui leur permit la prise des deux éperons nommés le médius et l'annulaire. La contre-attaque des Français ne permit que la reprise du médius. Entre le 1er et le 16 février 1915 s'engagea une violente lutte pour la maitrise de Souain, Perthes, Beauséjour et Massiges. Les Allemands multiplièrent les contre-attaques, jusqu'à cinq par jour, sans réussir à déloger les Français de leur conquête. Du 1er au 17 mars 1915, les Français reprirent les attaques et se rendirent maitres du Bois Sabot après une âpre lutte. Le général Joffre suspend les offensives le 17 mars 1915. La 1re bataille de Champagne aura coûté aux Français 21480 tués, 16 884 disparus et 55 056 blessés.

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Paysage du Bois du Trou Bricot (© Wikipédia)

En avril 1915, les attaques se firent moins fréquentes. Les Français et les Allemands aménagèrent et fortifièrent leurs positions. Les Allemands s'obstinèrent cependant au nord de Beauséjour en y menant, sans aucun succès, cinq attaques. Durant la nuit du 15 au 16 mai 1915, les Allemands firent exploser une mine à l'arrière de la 1re ligne française au nord-ouest de Ville-sur-Tourbe. Huit compagnies allemandes se lancèrent aussitôt à l'assaut et prirent un saillant. Une contre-attaque immédiate des Français permit la reprise d'une partie du terrain perdu. La totalité du terrain fut reprise le lendemain par une nouvelle contre-attaque française. Entre septembre 1914 et mai 1915, les Français avancèrent la ligne de front de 2 à 3 km sur une largeur de 7 km.

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Dans les tranchées de 1re ligne française (© Wikipédia)

Une nouvelle offensive française fut décidée pour le 25 décembre 1915. La 4e armée du général Langle de Cary et la 2e armée du général Pétain, chacune composée de quatre corps d'armée et d'un corps de cavalerie, devaient attaquer sur un front large de 27 km allant d'Aubérive-sur-Suippes, à l'ouest, à Ville-sur-Tourbe, à l'est. Sur ce front se trouvait la IIIe armée allemande du général Von Einem constituée de sept divisions et demie. Après la bataille du 9 mai 1915 en Artois, les Allemands avaient construit une 2e ligne de défense à environ 3 km en arrière de la 1re ligne. Cette 2e ligne était installée à contre-pente derrière les crêtes de la ligne de buttes du massif de Champagne. Elle était dissimulée aux regards des observateurs et surtout hors d'atteinte de l'artillerie française. En vue de l'offensive, les Français mirent en place une ligne de départ situé à 300 m de la 1re ligne allemande et relié à l'arrière par de nombreux boyaux. Ils aménagèrent également des routes et des voies ferrées ainsi que de nombreux emplacements de batteries de canons. Le 22 septembre 1915 débuta la préparation d'artillerie avec les 1100 canons que les Français avaient installés le long du front. En trois jours, plus de 1 000 000 d'obus s'abattirent sur les Allemands. Ceux-ci calculèrent par la suite, que chaque rectangle large de 100 m et profond de 1 km le long du front avait reçu 3600 obus par heure. En même temps, l'aviation française bombarda Vouziers (quartier général du général Von Einem), Challerange et toutes les gares à l'arrière du front. Le 25 septembre 1915, l'assaut fut donné à 9 h 15. Dans la cuvette de Souain, les Français, par trois attaques divergentes, progressèrent rapidement de 2,5 km. À midi, la route Souain - Tahure fut dépassée représentant une avancée de 4 km. En même temps, la "main de Massiges" tomba aux mains des Français. Mais après cette spectaculaire avance, les Français se heurtèrent à la 2e ligne allemande qui n'avait pas été touchée par l'artillerie. Du 26 au 28 septembre 1915, les Français rectifièrent la ligne de front. Au nord, le Bois Sabot et les bois du Trou Bricot furent encerclés. Ils y firent 2000 prisonniers. À la "main de Massiges", plus de 1000 Allemands se rendirent finalement aux Français. Le 27 septembre 1915, les français furent partout en contact avec la 2e ligne allemande, de la ferme de Navarin à la butte de Tahure et de Tahure à Cernay. Plusieurs attaques effectuées sur les buttes de Tahure et de Souain furent repoussées par les Allemands. Le 1er octobre 1915, le général Pétain suspendit l'offensive qui malgré la prise de 25 000 prisonniers dont 350 officiers et de 150 canons aux allemands ne permit pas la rupture du front tant convoité par le général Joffre. La 2e bataille de Champagne valut aux Allemands la perte de 72 500 hommes, les Français en perdirent 179 814 (27 851 tués, 98 305 blessés et 53 658 disparus). Les Français avaient tiré 1 200 000 obus.

Début octobre 1915, les Français attaquèrent de manière localisée à Massiges et à Tahure. Une bataille continuelle, jour et nuit, se déroula à Ville-sur-Tourbe entre le 1er et le 6 octobre 1915. Le 7 octobre 1915, les Français attaquèrent à la butte et au village de Tahure et le 8 octobre 1915, ils prirent l'ouvrage du Trapèze au nord de Mesnil à leur adversaire allemand. Le 19 octobre 1915, les Allemands attaquèrent entre Pompelle et Prosnes avec des gaz puis le 21 octobre 1915 près de Prunay. Ils y furent rejetés par les Français en laissant plus de 1600 morts sur le terrain. Le 24 octobre 1915, les Français prirent la forteresse de la Courtine entre Tahure et Massiges. Le 26 octobre 1915, les Allemands attaquèrent au nord de Prosnes. Ils remirent cela les 30 et 31 octobre 1915, sur un front de 8 km entre la butte de Tahure et la Courtine. Ces deux attaques leur permirent la prise de la butte de Tahure et le terrain au nord de Massiges. Les 9 et 10 janvier 1916, trois Infanterie Division allemandes attaquèrent à quatre reprises entre la Courtine et le mont Têtu. Ces attaques furent repoussées les 10 et 11 janvier 1916 par les Français. Après une longue pause liée aux batailles de Verdun et de la Somme, les attaques et les contre-attaques françaises et allemandes reprirent pour la maitrise des buttes entre Mesnil et Maisons de Champagne en février et en mars 1917.

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Troupes en marche dans la campagne champenoise (© Wikipédia)

Les monts de Champagne ou massif de Moronvilliers sont constitués de huit collines nommées d'ouest en est, mont Cornillet, mont Blond, mont Haut, mont Perthuis, mont Casque, mont Téton et mont sans Nom. Ces buttes furent, depuis septembre 1914, fortement fortifiées par les Allemands. Ils y aménagèrent notamment des tunnels permettant d'abriter des régiments entiers. Le 10 avril 1917, l'artillerie française débuta le pilonnage des positions allemandes. Sur les 200 à 250 batteries allemandes repérées, elle opéra un tir de destruction sur 120 d'entre elles. À cette époque, les Allemands alignaient sur le front de Champagne quatre divisions composées chacune de trois régiments. Quatre autres divisions se trouvaient en renfort. L'offensive française comprenait les deux divisions d'infanterie du général Hely d'Oissel dont l'objectif était le bois de la Grille, le mont Blond et le mont Cornillet et les quatre divisions d'infanterie du général Dumas, dont l'objectif, étaient le mont Haut, le mont Casque, le mont Téton, le mont sans Nom, le Golfe et Aubérive-sur-Suippes. Le 17 avril 1917 à 4 h 45 sous des rafales de pluie et de neige, les troupes françaises partirent à l'assaut. Ils enlevèrent assez rapidement les crêtes du mont Cornillet et du mont Blond avant de se heurter à la 2e ligne allemande intacte. Au mont sans Nom, les Français furent stoppés devant le souterrain de la 2e ligne allemande. Le 18 avril 1917, les Français consolidèrent les positions conquises et atteignirent la crête du mont Haut et encerclèrent Aubérive-sur-Suippes. Le 19 avril 1917, les Français repoussèrent les contre-attaques allemandes au bois de la Grille, au mont Blond et au mont Cornillet. Ils parvinrent à enlever le mont Téton et Aubérive-sur-Suippes. Le 20 avril 1917, trois contre-attaques allemandes firent perdre aux Français le mont Téton, mais qu'ils reprirent au soir. Les combats à la grenade se poursuivirent toute la nuit sur le secteur. Ce même jour, les Français prirent également le mont Casque. Une puissante contre-attaque allemande, le 22 avril 1917, leur permit de prendre pied pour quelques heures sur le mont Haut. Le 23 avril 1917, l'intensité des combats diminua. Depuis le début de l'offensive, les Français avaient fait 5000 prisonniers et prirent aux Allemands 50 canons, 103 mitrailleuses et 12 minenwerfer.

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Le 28 avril 1917, une violente préparation d'artillerie allemande sur les positions françaises à l'est de Suippes précéda un assaut que les tirs de barrage de l'artillerie française décimèrent. L'artillerie française reprit alors son pilonnage. Les Français repassèrent à l'attaque au mont Téton, au mont Cornillet, au mont Haut et au bois de la Grille le 30 avril 1917. La contre-attaque allemande depuis le tunnel du mont Cornillet refoula les Français sur le versant sud. La pente nord du mont Haut resta également inaccessible aux soldats français. Au mont Perthuis le tunnel fut encerclé. Il capitula le 2 mai et ces 600 occupants furent faits prisonniers. Les Allemands contre-attaquèrent violemment à trois reprises ce jour, mais les Français restèrent maitres des positions qu'ils avaient conquises. Le 4 mai 1917, les Français reprirent le pilonnage sur le mont Cornillet et le mont Blond. L'assaut de l'infanterie eut lieu à 17 h 30. Au mont Cornillet, la contre-attaque en provenance du tunnel brisa l'assaut français, mais au mont Blond les Français franchirent la crête et enlevèrent la 2e ligne allemande. Le 20 mai 1917, la préparation d'artillerie réalisée depuis l'aube sur le tunnel du Mont Cornillet déclencha une vigoureuse riposte de l'artillerie allemande. Au cours de l'après-midi, un Allemand se rendit suivi peu après par un détachement qui prétendit que le tunnel était envahi par les gaz. À 16 h 30 le 1er Zouave partit à l'assaut sous le tir des mitrailleuses et le tir de barrage allemand. Les zouaves escaladèrent les 200 m les séparant de la crête puis dévalèrent la pente nord. Ils firent 965 prisonniers. On apprit par la suite qu'un obus de 400 français était tombé sur une cheminée d'aération de la galerie est du tunnel du mont Cornillet. Les hommes qui s'étaient abrités dans le tunnel furent asphyxiés. Les victimes du 476e Wurtenbergische Infanterie Regiment furent, après la bataille, emmurées dans le tunnel et ne furent exhumées qu'en 1973. On dénombra plus de 600 victimes. Entre le 21 mai 1917 et la fin juillet 1917, les Allemands lancèrent de nombreuses attaques en vue de reconquérir le terrain perdu, mais échouèrent à chaque fois. Ainsi prit fin la bataille des monts de Champagne.

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Casemate au Mont Cornillet (© Wikipédia)

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Attente dans la tranchée (© Wikipédia)

En 1918, l'armée allemande voulut en finir avec la guerre par une victoire décisive avant que les troupes américaines ne soient opérationnelles. Elle conçut une attaque massive sur un front de 90 km allant de Château-Thierry à Massiges. L'objectif était de séparer les armées françaises du nord de celle de l'est et de s'ouvrir le chemin vers Paris. L'armée allemande positionna sur le front quinze divisions, soit 170 000 hommes, et dix divisions, soit 120 000 hommes, en réserve. L'attaque était prévue le 15 juillet 1918. Les Français ayant appris les plans allemands, le général Pétain conçut une nouvelle tactique. L'ordre fut donné aux troupes en 1re ligne de se retirer sur la 2e ligne hors de portée de l'artillerie allemande. Ainsi l'attaque allemande portera sur du vide et lorsqu'ils aborderont la 2e ligne, les fantassins, fatigués, seraient privés de l'appui de leur artillerie permettant une contre-attaque des Français. Le 14 juillet 1918 à 20 h un coup de main français fut particulièrement chanceux. Les 27 prisonniers allemands relevèrent l'heure et la date de l'offensive allemande nommée "Friedensturm" (attaque pour la paix). La préparation d'artillerie devait débuter le 15 juillet 1918 à 0 h et l'assaut à 4 h 45. L'offensive était de plus supervisée par l'empereur Guillaume en personne. Le général Gouraud eut juste le temps d'appliquer le plan du général Pétain. Pour couvrir la retraite de ces troupes, il fit exécuter, à 23 h, un pilonnage d'artillerie avec des obus explosifs sur la 2e ligne allemande et avec des obus à gaz ypérite sur la 1re ligne. À minuit pile un obus allemand tomba sur le quartier général du général Gouraud à l'observatoire du Sinaï confirmant les informations des prisonniers.

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Prisonniers Allemands interrogés par des officiers Français (© Wikipédia)

Sans rien modifier à leur plan, les Allemands débutèrent la préparation d'artillerie sur la 1re ligne française à 0 h le 15 juillet 1918. À 4 h 45 les fantassins partirent à l'assaut. Les avant-postes français notifièrent immédiatement par TSF, pigeons voyageurs et fusées le début de l'attaque. Les quelques avant-postes français qui restaient en place après la retraite des troupes décidée par le général Gouraud s'opposèrent avec des mitrailleuses à l'avance allemande. Ces avant-postes furent délibérément sacrifiés à la tactique du général Pétain. Après avoir pris la 1re ligne française, en grande partie désertée, les fantassins allemands se heurtèrent à des nids de résistance mis en place sur le glacis en avant de la 2e ligne. Les allemands mirent plus de 3 h à traverser le glacis au lieu de l'heure prévu par leur plan. L'artillerie qui ne s'était pas rendu compte du retard pris allongea son tir de barrage sur les pentes sud des monts de Champagne. La 2e et la 3e vague d'assaut furent obligées de stopper au niveau de la 1re ligne française. Ils y furent pris sous le feu de l'artillerie française. Pour se mettre à l'abri, les troupes allemandes se réfugièrent dans les abris français. Ces abris se relevèrent un piège mortel, car ils avaient été gazés à l'ypérite lors de l'abandon de la 1re ligne par les Français. À 7 h les assaillants allemands se heurtèrent aux positions françaises de la 2e ligne qui se démasquèrent. Sur la gauche, le 4e corps d'armée subit une forte pression et recula à Prunay avant de repousser les Allemands. À Prosnes, la 124e division d'infanterie résista à trois divisions allemandes. Au centre, le 21e corps d'armée renforcé par la 46e division de chasseurs et par la 42e division d'infanterie américaine résista à sept divisions allemandes. Sur la droite, le 8e corps d'armée résista également au niveau du réduit du Mesnil. Les 16 et 17 juillet 1918, les Allemands n'ayant pas réussi à percer le front concentrèrent leurs efforts sur des objectifs locaux à Beaumont-sur-Vesle, à Prosnes et à Tahure, mais furent partout refoulés par les Français. Le 18 juillet 1918, une attaque des troupes d'élite de La Garde échoua également au niveau de Prosnes. Le 19 juillet 1918, les Français contre-attaquèrent et récupérèrent le terrain évacué le 14 juillet. Ils firent plus de 1100 prisonniers et prirent 200 mitrailleuses et 7 canons. Les pertes provoquées par cette offensive furent de 5000 hommes chez les Français, mais 40 000 hommes chez les Allemands.

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Troupes d'assaut allemande (© Wikipédia)

La dernière offensive en Champagne débuta le 26 septembre 1918. L'armée Gouraud constitué des 2e, 9e, 11e, 14e, 21e et 38e corps d'armée et du 1er corps de cavalerie devait attaquer entre Auberive-sur-Suippes et Vienne-le-Château alors que l'armée américaine devait le faire en Argonne et dans la Woëvre. En face se trouvaient les armées de Von Mudra et de Von Einem totalisant quinze divisions. Ils tenaient un réseau compliqué de tranchées sur une profondeur de 2 km avec une double ligne de centre de résistance. Au niveau de la butte de Tahure furent, par exemple, dénombrées une dizaine de lignes de tranchées bétonnées. Le 26 septembre 1918, après une préparation d'artillerie de six heures, les Français partirent à l'assaut. Les Allemands imitèrent la tactique française du 15 juillet 1918, mais la manœuvre fut déjouée par les Français qui contournèrent la ligne des buttes pour attaquer les flancs en utilisant des chars pour écraser les barbelés. À midi, les Français avaient atteint leurs 1ers objectifs et avancé de 2 à 5 km. Au cours de l'après-midi, les Français franchirent la voie ferrée de Challerange à l'est de Sommepy. La butte de Tahure fut prise et perdue trois fois de suite avant d'être finalement occupée par les Français. Les contre-attaques allemandes furent repoussées partout. Au soir, les Français avaient fait 7000 prisonniers. Ils poursuivirent l'attaque le 27 septembre 1918, mais furent retardés dans leur avance par les contre-attaques des troupes d'élite allemandes dépêchées en hâte en renfort. Le 28 septembre 1918, dix divisions allemandes contre-attaquèrent dans la région de Bouconville et de Gratreuil. Les Français retraitèrent sous le choc avant de maintenir leurs positions. Malgré les contre-attaques, les Français enlevèrent Sommepy et Tahure. Le 29 septembre 1918, ils progressèrent sur tout le front et enlevèrent Sainte-Marie-à-Py, Bouconville et Séchault. Depuis le début de l'offensive, les Français avaient progressé de 9 km. Le 30 septembre 1918, les Français butèrent sur la résistance acharnée des Allemands à Notre-Dame des Champs. L'offensive marqua le pas malgré les 8300 prisonniers faits et les 300 canons pris aux Allemands.

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Position de mortier lourd français (© Wikipédia)

Les 1er et 2 octobre 1918, les Allemands contre-attaquèrent sur une ligne Orfeuil, Monthois, Challerange afin de barrer la route de Vouziers aux Français. Ceux-ci manœuvrèrent pour contourner les monts de Champagne et d'attaquer depuis le nord-ouest en direction de la Suippes pour couper la retraite aux Allemands. Le 3 octobre 1918, le 3e et le 11e corps d'armée enlevèrent le plateau de Notre-Dame des Champs. Les troupes américaines enlevèrent la hauteur d'Orfeuil et le Blanc-Mont. Menacé d'encerclement, les allemands évacuèrent le mont Casque, le mont Téton, le mont Cornillet et le mont Blond. La retraite des Allemands se poursuivit le 5 octobre 1918 sur un front de 45 km allant de la Vesles à la Suippes. Reims fut alors largement dégagé de la menace allemande. Les Français occupèrent les positions fortifiées des Allemands à Brimont, à Nogent l'Abbesse et à Berru. Entre le 6 et le 10 octobre 1918, les Allemands multiplièrent les attaques sur la rive sud de la Suippes et de l'Arne en vue de reconquérir le terrain concédé aux Français, mais sans le moindre succès. Ils furent contraints à une nouvelle retraite, sur un front de 60 km au nord de la Suippes et de l'Arne, le 11 octobre 1918. Les Français avancèrent jusqu'à 3 km de Vouziers qu'ils enlevèrent le 12 octobre 1918. Durant cette offensive, les Français avancèrent de 30 km, libérèrent 80 villages et firent 21 000 prisonniers. Ils prirent plus de 600 canons, plus de 2000 minenwerfer et 3500 mitrailleuses. Les pertes françaises furent de 14 000 hommes et celles des Américains de 9000 hommes.

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Après le conflit, les champs de bataille de Champagne furent intégrés dans les camps militaires de Moronvilliers, de Mourmelon et de Suippes. Les vestiges des différentes lignes françaises et allemandes sont, de ce fait, inaccessibles aux visiteurs. Reste à la visite, les nécropoles militaires et les monuments commémoratifs, implanté le long des routes. L'un d'entre eux est le monument "Aux morts des armées de Champagne" ou ossuaire de Navarin. Ce monument a été érigé à l'emplacement occupé avant la 1re Guerre mondiale par la ferme auberge de Rougemont qui appartenait à Parfait Camus. Le terme de ferme de Navarin proviendrait de la réponse qu'il faisait à la question des visiteurs : "quoi de neuf aujourd'hui ?" Il répondait en patois "n'ava a rin" (rien de nouveau). En 1920, les généraux Henri Gouraud et Alexis Hély d'Oissel créèrent l'association du souvenir aux morts des armées de Champagne (ASMAC) en vue d'une collecte de fonds. La première pierre du monument fut posée le 4 novembre 1923. Il fut inauguré par le maréchal Joffre et le général Gouraud le 28 septembre 1924. Le monument conçu par les architectes Bauer et Perrin est une pyramide en grès rose des Vosges surmonté par un groupe de trois statues magnifiant l'assaut des deux soldats français accompagné d'un soldat américain. La sculpture est l'œuvre de l'artiste Maxime Real del Sarte, ancien combattant qui perdit son bras gauche aux Eparges en janvier 1916.

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Le soldat représenté sur le côté gauche de la sculpture et qui charge avec son fusil est Serge Real del Sarte, le frère du sculpteur, tombé au Moulin de Laffaux sur le Chemin des Dames en 1917. Celui du centre, tenant une grenade dans son poing, est le général Gouraud. Sur le côté droit est représenté, scrutant l'horizon et portant une mitrailleuse sur l'épaule, Quentin Roosevelt, le fils du futur président américain Théodore Roosevelt, aviateur tué à Chamery le 14 juillet 1918. Au centre de la pyramide se trouve une chapelle funéraire croulant sous les plaques déposées par les familles. En dessous de cette chapelle se trouve la crypte ossuaire dans laquelle sont rassemblées les dépouilles de 10 000 soldats inconnus de toute nationalité retrouvée sur les champs de bataille de Champagne. S'y trouvent également les tombeaux du général Gouraud, mort en 1946, et de son chef d'état-major, le général Prètelat.

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La chapelle du monument

Ces photographies ont été réalisées en juin 2016.

 

Y ACCÉDER:

Le monument "Aux morts des armées de Champagne" se trouve le long de la D977 entre Souain-Perthes-lès-Hurlus et Sommepy-Tahure.

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Cette page a été mise en ligne le 29 septembre 2016

Cette page a été mise à jour le 18 septembre 2020