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Les nations indiennes et portugaises payèrent un lourd tribut lors de la 1re Guerre mondiale. Les Indiens, en tant que membres de l'Empire britannique, furent mis à contribution au même titre que les Anglais, Écossais, Irlandais ou Gallois. Les Portugais s'engagèrent librement dans le conflit aux côtés des Anglais afin de permettre à leur jeune nation, née en 1910, d'émerger sur le plan international.
Très éprouvée par les combats de l'été 1914, la force expéditionnaire britannique fit appel aux unités constituées dans sa colonie des Indes, les divisions Lahore et Meerut. Les premiers renforts débarquèrent à Marseille en septembre 1914. Ils furent immédiatement acheminés vers le front des Flandres. Le 23 octobre 1914, les premiers Indiens arrivèrent dans les tranchées à Laventie à l'ouest de Lille. Leur premier engagement aux combats eut lieu à la bataille de Givenchy du 19 au 22 décembre 1914. L'hiver 1914/1915 fut particulièrement éprouvant pour les Sikhs, Gurkhas et Pendjabis qui souffrirent des conditions de survies précaires dans les tranchées constamment inondées et sans vêtements adaptés au froid. En mars 1915, les troupes indiennes furent engagées dans la bataille de la crête d'Aubers où ils participèrent à la prise du village de Neuve-Chapelle. Ils eurent à y déplorer la mise hors combat de 4047 hommes (tués, blessés ou disparus). La bataille de Laventie, le 25 septembre 1915, mit 3017 hommes de la division Meerut hors de combat. Les troupes indiennes furent retirées du front ouest à la fin de 1915 pour être redéployées au Moyen-Orient. Ne furent maintenues en réserve en France que deux divisions de cavalerie jusqu'en mars 1918.
La bataille de Neuve-Chapelle, qui se déroula du 10 au 13 mars 1915, fut la première attaque à grande échelle de la part des Britanniques. En janvier 1915, le général Joffre, commandant en chef des armées françaises, considéra que les renforts numériques des armées alliées permettaient de déclencher une offensive pour rompre le front et ainsi alléger la pression qu'exerçaient les Allemands sur les Russes. Le général Sir John French, commandant du corps expéditionnaire britannique, fut du même avis et considéra que la guerre des tranchées avait une influence désastreuse sur le moral des troupes. Il fut donc conçu un plan destiné à réduire le grand saillant que formaient les tranchées allemandes au sein du front établi et fixé en octobre 1914. Le plan prévoyait d'attaquer le saillant dans l'Artois, au nord, où la reprise du nœud ferroviaire de Douai aurait été désastreuse pour les Allemands, et dans la Champagne, au sud.
Pris dans la réorganisation de l'armée britannique liée à la relève des troupes à Ypres et à la préparation de l'opération dans les Dardanelles, French décida de déclencher une offensive autonome préalable à l'offensive prévue par les Français dans le secteur de Lorette. L'objectif était la prise du village de Neuve-Chapelle (saillant allemand dans les lignes britanniques) et la prise de la crête d'Aubers, point d'observation important pour les Allemands. French estima même être en mesure de menacer les défenses allemandes autour de Lille. Le 10 mars 1915, quatre divisions, soit 40 000 hommes, se trouvaient regroupées sur un front large de 3 km. À 6 h 55, 342 canons, dirigés par des avions de reconnaissance du Royal Flying Corps, débutèrent le bombardement le plus puissant organisé durant la guerre avant les grandes offensives de 1917. À 7 h 30, le bombardement s'allongea en direction de la 2e ligne allemande et l'infanterie se lança à l'attaque. Le bombardement dura encore 30 minutes. Les soldats britanniques et indiens progressèrent rapidement dans le village, mais la brigade Gharwal Rifles subit de lourdes pertes devant les lignes allemandes épargnées par les bombardements. Après le succès initial, les Britanniques furent paralysés par des problèmes de communications et par le manque de munitions. Ils se heurtèrent également à des lignes de barbelés intactes sur la crête d'Aubers.
Le 12 mars 1915, le prince Ruprecht de Bavière contre-attaqua les Britanniques avec les renforts arrivés de Lille. Les Britanniques arrivèrent à maintenir leurs positions à Neuve-Chapelle. Les offensives furent interrompues le 13 mars 1915. Le gain britannique se limita à une bande de terrain de 3 km de large et profonde de 2 km. Pour ce gain, les pertes (tués et blessés) britanniques s'élevèrent à 7000 hommes. Les Indiens perdirent 4200 hommes. Les Allemands connurent des pertes similaires et 1700 furent fait prisonniers. L'échec de l'offensive fut attribué par le général French à un stock d'obus insuffisant.
Le lieu-dit de la bombe (dénomination existant avant-guerre) et dénommé Port Arthur par les Britanniques à Neuve-Chapelle fut choisi, après guerre, pour accueillir le seul mémorial des soldats de l'armée des Indes pour le front occidental. Le mémorial, conçut par l'architecte Sir Herbert Baker, fut inauguré le 7 octobre 1927 en présence du maréchal Foch, du maharadjah de Kapurthala et du romancier Rudgard Kipling. Le monument fut conçu comme un mausolée à "l'Oriental" avec deux cénotaphes (à l'est et à l'ouest) reliés par des murs en demi-cercle. Au milieu du mur nord s'élève une colonne en pierre blanche flanquée de deux tigres et de deux saules pleureurs. La colonne est coiffée d'une fleur de lotus et de la couronne impériale britannique surmontée de l'étoile des Indes. À sa base se trouve la gravure "India 1914-1918".
À l'intérieur du mur sud est gravée l'épitaphe "En l'honneur de l'armée de l'Inde qui a combattu en France et en Belgique 1914-1918 et pour perpétuer le souvenir de ses morts aux tombes inconnues dont les noms sont ici gravés". L'épitaphe est complétée par les noms des 4857 Indiens disparus lors des combats. Dans le cénotaphe ouest, sous le dôme en oignon, fut apposée, en 1964, une plaque en bronze avec les noms des 206 soldats indiens morts en captivité au camp de prisonniers de Zossen et inhumés dans le cimetière militaire de Zehrensdorf près de Berlin. Durant la 1re Guerre mondiale prés d'un million d'Indiens combattirent sur le front ouest et dans les Dardanelles.
Le mémorial porte également des traces d'impact de balles et d'éclats d'obus liés aux combats de 1940. Un des piliers s'était également effondré en tuant des civils.
À une centaine de mètres du mémorial indien se trouve, ceint d'un mur blanc avec une imposante porte en fer forgé, le cimetière militaire portugais de Richebourg. Le lieu de sépultures de 1831 soldats est l'unique lieu de mémoire rappelant l'intervention de la nation portugaise durant la 1re Guerre mondiale. En face du cimetière fut érigée, en 1976, une chapelle dédiée à Notre-Dame de Fatima pour y honorer leurs souvenirs. Sur les 56 500 Portugais mobilisés, 2100 furent tués, 5200 furent blessés et 7000 furent fait prisonniers.
Entrée du cimetière portugais
En 1914, la jeune République portugaise (né de la révolution de 1910) promit aux Britanniques un soutien matériel et humain qui dans un premier temps se contenta du soutien matériel. En décembre 1915, les Britanniques demandèrent aux Portugais de saisir tous les navires allemands entrant dans un de leurs ports. Ce fut mis en œuvre le 24 février 1916 et le 9 mars 1916, l'Allemagne déclara la guerre au Portugal. En 1917, la République portugaise s'engagea officiellement aux côtés des alliés. Le corps expéditionnaire portugais (CEP) du général Tamagnini fort de 56 500 hommes (en octobre 1917) fut placé sous le commandement du 11e corps de la 1re armée britannique du général Horme. En février 1917, le CEP débarqua à Brest d'où il alla cantonner à l'Aire-sur-la-Lys dans le Pas de Calais. En novembre 1917, les Portugais furent affectés au front des Flandres entre Laventie et Festubert (vallée de la Lys). L'état-major s'installa au manoir de la Peglouse à St-Venant. Les tranchées en permanence humide et boueuse affectèrent grandement le moral des troupes.
Le 5 décembre 1917, le gouvernement portugais fut renversé par le coup d'État du major Sidonio Pais. Le nouveau gouvernement portugais établit aussitôt un nouveau système de permission moins strict. Depuis avril 1917 et l'entrée en guerre des États-Unis, les Britanniques consacrèrent tous les bateaux disponibles au transport des soldats américains. Ce qui rendit presque impossibles l'acheminement de troupes fraiches et le retour des permissionnaires depuis le Portugal. Le CEP se trouva donc très rapidement confronté à un manque d'officiers. Le 9 avril 1918, les Portugais furent en pleine relève lorsque les Allemands déclenchèrent l'offensive "Georgette" dans la vallée de la Lys. L'objectif de cette opération était d'acquérir une victoire décisive avant l'arrivée sur le front des troupes américaines. À 4 h 15 du matin, dix divisions allemandes, soit 100 000 hommes, percutèrent les 20 000 Portugais (2 divisions) exténués par le long hiver. Les Portugais réussirent à tenir leurs positions à Laventie jusqu'à 11 h. À la Couture, ils se maintinrent, en collaboration avec des Écossais, jusqu'au 10 avril à 11 h 45 avant d'être balayés par les Allemands. Au soir du 10 avril 1918, 7500 Portugais étaient mort ou blessés et 6000 avaient été fait prisonniers. Les survivants furent évacués vers Ambleteuse et mirent en réserve des 14e et 16e divisions britanniques entre Lillers et Steenbecque. Ils participeront ensuite aux offensives alliées de l'été 1918.
La chapelle Notre-Dame de Fatima
Ces photographies ont été réalisées en juin 2016.
Y ACCÉDER:
Le mémorial indien et le cimetière portugais sont situés à l'intersection de la D947 et de la D171 au village de Neuve-Chapelle à l'est de Béthune.
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Cette page a été mise en ligne le 29 septembre 2016
Cette page a été mise à jour le 29 septembre 2016