Suivez les Cicatrice de Guerre sur INSTAGRAM logo instagram

Le Haulenwald

En août 1914, l'armée française pénètre au travers de la vallée de l'Ill jusqu'à Mulhouse. L'affrontement avec les armées allemandes et les priorités de l'état-major français la feront reculer en septembre. À partir d'octobre 1914, le front s'enlise le long d'une ligne débutant à la frontière suisse au sud-est de Pfetterhouse et finissant sur la crête des Vosges. Le front passe à l'ouest de Mooslargue, Niederlarg, Bisel, Hirtzbach, Carspach, Aspach, Heidwiller, St Bernard, Ammertzwiller, Burnhaupt le Bas, Burnhaupt le Haut, Schweighouse, Cernay, Steinbach pour monter au sommet du Hartmannswillerkopf. Cette ligne de front ne bougera plus jusqu'à la fin de la guerre.

bunker
Bunker du site d'artillerie

C'est au cours de l'année 1915 qu'apparaissent les premières fortifications en béton. En juin 1915, l'armée allemande mit en préparation une importante opération destinée à chasser les Français d'Alsace. L'opération "Schwarzwald" devait aboutir à une attaque de 94 bataillons d'infanterie soutenus par 700 canons sur le front entre Ammertzwiller et Mooslargue. Dans ce projet figurait également l'installation de canon de gros calibre, un canon de 380 mm à Zillisheim (le grand canon) et un canon de 305 mm à Illfurth. En septembre 1915 furent entrepris des travaux de terrassement et de construction de voies ferrées pour contourner le pont ferroviaire de l'Ill au niveau de la Burnkirch. À cet endroit fut créée une voie de garage destinée à un canon sur voie ferrée de 305 mm. En octobre, l'état-major allemand décida de ne construire que la plateforme de Zillisheim. En décembre 1915, la préparation de la bataille de Verdun mit fin à l'opération "Schwarzwald".

Du 8 au 13 février 1916, l'armée allemande procéda à un intense bombardement du front du Sundgau. Elle bombarda également Belfort à l'aide du grand canon de Zillisheim. Cette opération était destinée à détourner l'attention des préparatifs de l'attaque sur Verdun qui eut lieu le 21 février 1916. Le 22 février 1916, le "126 Landwehr Infanterie Regiment" se lança à l'attaque du Schoenholz à l'ouest de Heidwiller. Ils conquirent durant cet assaut les deux premières lignes françaises. Après cette action, le front devient calme.

observatoire
Créneau d'observation

Fin 1916, l'état-major allemand, tirant les leçons de Verdun, ordonna la construction à l'arrière du front des lignes fortifiées. La "2 Landwehr Pionier Kompanie XIII Armeekorps" débuta l'aménagement du Haulenwald en décembre 1916. Au niveau de la Burnkirch furent construits deux abris d'une surface de 15 m2 pouvant abriter chacun 18 hommes couchés. Cette position était protégée en 1917 par un réseau de fils barbelés de 8 m de large. Le 20 mars 1917, de nouvelles attaques allemandes au Schoenholz et au Lerchenholz font vingt prisonniers parmi les combattants français. Le 7 novembre 1917, une attaque des "17e et 60e Bataillons de chasseurs à pied" au Schoenholz permet aux Français de reconquérir le terrain perdu en février 1916.

bunker de la Burnkirch
Le toit du bunker de la Burnkirch

tranchées
Vestige de tranchée

En février 1916, la "7 Landwehr Division" installe à hauteur de Tagolsheim une batterie d'artillerie. Cette position protégée par la contre-pente et masquée par la forêt est utilisée par intermittence jusqu'à la fin de la guerre. De part et d'autre d'un grand abri sont disposées deux plateformes. L'abri est constitué de trois alvéoles de 24 m2 chacune pouvant offrir un abri à cent hommes assis. Le toit de l'abri a une épaisseur de 1,20 m. À l'avant des alvéoles est placé un couloir de 1 m de large menant à l'extérieur au travers de trois ouvertures munies de chicane. Les plateformes étaient conçues pour recevoir deux obusiers de 150 mm. Ces obusiers pouvaient tirer un obus de 40 kg et avaient une portée de 8 km.

bunker
Le bunker de la batterie d'artillerie


une alvéole
Une des alvéoles du bunker


le couloir
Le couloir du bunker

le bunker
Une autre vue de ce bunker

Plateforme de tir
La plateforme des obusiers

observatoire
Un des observatoires de Tagolsheim

En novembre 1917, la batterie fut utilisée par le "Fussartillerie Bataillon 68". Elle prit pour cible les positions françaises du Schoenholz et du Lerchenholz ainsi que les positions d'artillerie du Dockenberg à l'ouest de Carspach. Elle tira de mi-novembre à fin novembre 2000 obus, dont 400 à gaz.

observatoire du Haulenwald
L'observatoire du Haulenwald


le créneau
Le créneau d'observation de cet observatoire


le 2ème observatoire
Le 2e observatoire de cette position

vue de haut
Vue de la position d'observation (il manque le toit en tôle)

Sur les hauteurs de Tagolsheim face au front furent installés deux observatoires bétonnés. Sans ces observatoires, les positions d'artilleries installées en contre-pente auraient été totalement inefficaces. Le bunker le plus massif est un bloc polygonal pourvu d'un créneau de 10 cm de hauteur et large de 1,60 m. Ce bunker surmonte un puits rectangulaire (1,10 m sur 0,90 m) profond de 5 m. L'accès à la base de ce puits s'effectuait au travers d'une galerie aujourd'hui effondrée. Ce bunker abritait un périscope d'observation et permettait la surveillance du front entre le Schoenholz et le Lerchenholz. À côté est situé un observatoire construit à partir d'un observatoire démontable en plaques d'acier auquel fut adjoint une casemate en béton. Ces observatoires démontables étaient constitués de 43 pièces métalliques ayant une épaisseur comprise entre 10 et 40 mm. Ils étaient ouverts à l'arrière et munis à l'avant de trois ouvertures rectangulaires munies de volets. Les murs étaient constitués de deux plaques séparées par une couche de sable ou de béton. Le toit était constitué de deux tôles superposées. Le montage de ces observatoires était réalisé par quatre hommes durant deux nuits. Cet observatoire est dirigé vers le Schoenholz. Il est complété à l'arrière par un abri en béton de 9 m2.

l'entrée arriere
L'entrée arrière de cet observatoire

vue de l'intérieur
Vue de l'intérieur (position de l'observateur)

l'abri
L'abri attenant à l'observatoire

La ligne de crête surplombant le village de Heidwiller marque la limite entre le bois du Haulenwald et les champs. Cette limite n'a pas changé depuis 1918. C'est à cet endroit, à la lisière de la forêt, que les Allemands installèrent une position fortifiée. Nous trouvons là une casemate destinée à abriter des tireurs à fusils, des emplacements de mitrailleuses bétonnées, une position de tir bétonnée pour un canon de campagne et un poste de commandement. Plusieurs abris bétonnés complètent la position. De-ci de-là, des effondrements laissent apparaître des galeries ou des abris creusés au sein de la roche calcaire de la colline. De nombreux trous d'obus sont encore parfaitement reconnaissables tout comme les cheminements des tranchées. Nous nous trouvons ici cependant au sein de la deuxième voir de la troisième ligne de défense. La première ligne étant située à l'ouest d'Aspach.

casemate
Casemate pour tireurs à fusils


pas de tir
Emplacement pour canon


le même
L'emplacement pour canon avec l'abri pour les munitions


mitrailleuse
Emplacement pour une mitrailleuse


poste de commandement
Le poste de commandement


le même poste
Le poste vu de l'arrière


autre emplacement
Un autre emplacement pour mitrailleuse

abri
Un abri pour les hommes

À la côte 341 du Buckenberg au dessus de Heidwiller a été aménagé durant l'été 1915 un autre observatoire. Celui-ci est muni sur sa face avant de trois créneaux d'observations de 30 sur 70 cm. Cet observatoire est orienté vers Spechbach-le-Bas dont le clocher servait également d'observatoire. Les trois créneaux permettaient une vision à 180°. Cet observatoire est accompagné d'une casemate pour canon léger. Les murs d'une épaisseur de 80 cm offraient une protection pour tous les obus jusqu'au calibre 155. En octobre 1916, cette casemate était occupée par une mitrailleuse lourde de type MG08.

casemate pour canon
Casemate pour canon léger

observatoire
L'autre observatoire

vue de l'arrière
Cet observatoire vu de l'arrière

bunker perdu
Un bunker perdu dans les champs au-delà de la ligne de crête

Ces photographies ont été réalisées en décembre 2008.

 

Y ACCÉDER:

La communauté des communes du secteur d'Illfurth a aménagé avec l'aide de monsieur Thierry Ehret, un sentier circulaire permettant la découverte de ces vestiges. Le départ du sentier se trouve à l'église de la Burnkirch à Illfurth.

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 11 janvier 2009

Cette page a été mise à jour le 4 février 2015