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Les Éparges

La bataille pour la crête des Éparges, qui se déroula entre février et avril 1915, préfigura les terribles batailles de Verdun et de la Somme. Elle fut la première à présenter les caractéristiques classiques des batailles de la 1re Guerre mondiale soit une durée de plusieurs semaines, une série d'attaques et de contre-attaques et de nombreuses pertes pour un gain de terrain nul. Cette bataille nommée bataille de Combres par les Allemands opposa la 12e division d'infanterie (DI) de la 1re armée française à la 33e Infanterie Division allemande.

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Vue sur la plaine de la Woëvre depuis le Point X

Après la bataille de la Marne, les Allemands tentèrent de contourner la position fortifiée de Verdun en attaquant depuis la plaine de la Woëvre. L'attaque débuta le 20 septembre 1914 par le bombardement des positions françaises au nord-est de Saint-Mihiel avant le déferlement de 100 000 soldats allemands sur les 7500 Français stationnés dans les Hauts-de-Meuse. Le 21 septembre 1914, le commandement français envoya la 67e division de réserve sur la tranchée de Calonne d’où ils répondirent à l'attaque allemande par une série de contre-attaque. Les Allemands occupèrent rapidement les villages de Saint-Rémy-la-Calonne, Dommartin-les-Éparges et Herbeuville. La crête des Éparges tomba également aux mains des Allemands. Les Français se retirèrent vers le nord afin de couvrir Verdun alors que la 133e brigade repoussa les assaillants sur la route Vaux-les-Palameix/Saint-Rémy-la-Calonne. Le 22 septembre 1914, le 259e régiment d'infanterie (RI) enraya l'avance des Allemands au sud du bois de Saint-Rémy-la-Calonne, mais devant l'intensité des combats dut se replier en direction de Mouilly. Les Allemands franchirent la tranchée de Calonne avant d'être refoulés par le 67e RI. Le 288e RI reçut, ce jour, l'ordre de progresser du bois de Saint-Rémy-la-Calonne vers Dommartin-les-Éparges. Au cours de cette action, le lieutenant Alain-Fournier et ses hommes furent portés disparus.

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Le boyau par lequel Maurice Genevoix mena l'attaque

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La crête au Point X

Le 24 septembre 1914, le IIIe Corps d'Armée bavarois occupa la ville de Saint-Mihiel avant de prendre le fort du "Camp des Romains" au sud de la ville, le 25 septembre 1914. Avec cette action les Allemands formèrent le saillant de Saint-Mihiel, une verrue de 20 km dans le front selon une ligne Les Éparges/Saint-Mihiel, bloquant ainsi la voie ferrée Verdun/Commercy. De nombreuses actions seront effectuées par l'armée française pour reconquérir ce territoire perdu. Aucune ne sera couronnée de succès et il faudra attendre septembre 1918 pour sa libération par les troupes américaines. Une de ces actions débuta le 26 septembre 1914 par les combats aux bois d'Ailly au sud du saillant.

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Vestige metallique dans une tranchée allemande

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Vestige d'une base de minenwerfer dans les lignes allemandes

La tranchée de Calonne est une voie forestière longue de 25 km tracés par le ministre des Finances de Louis XVI, Calonne (1734-1802), pour accéder à son château des Hauts-de-Meuse. Durant la 1re Guerre mondiale, elle devint un axe de communication important pour les Français. Coupé par le front dans le bois Bouchot au sud-ouest de Saint-Rémy-la-Calonne, elle devint la voie d'accès pour les relèves des troupes françaises entre Mouilly et Les Éparges. Un réseau important de chemin et de voies ferrées étroites alimentait les nombreux cantonnements, abris, batteries d'artilleries et postes de secours établis dans le secteur. Sur la tranchée de Calonne, les combats furent incessants tout au long de la guerre.

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La tranchée de Calonne

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Tranchée allemande

La crête des Éparges constitue la face nord du saillant de Saint-Mihiel. Il s'agit d'une colline orientée est/ouest aux flancs escarpés d'une altitude de 345 m, longue de 1100 m et large de 700 m. Cette crête, la plus haute des Hauts-de-Meuse, est flanquée, au nord, par la côte de Montgirmont et au sud, par la côte de Combres. Elle offre une vue imprenable sur la plaine de la Woëvre et, de ce fait, il s'agissait pour les deux camps d'une position stratégique. Les Allemands qui s'en emparèrent le 21 septembre 1914 y installèrent immédiatement plusieurs lignes de tranchées créant ainsi au minimum deux étages de feu, voir à certains endroits jusqu'à cinq étages de feu superposés. Ils y aménagèrent, sur le versant sud, de nombreux abris-cavernes à l'épreuve des bombardements et approvisionnées par un chemin de fer à voie étroite. Les Français désignèrent les différentes hauteurs de la crête par les dénominations de Point A (le plus à l'ouest) à Point X (le plus à l'est). Le Point C était situé au milieu de la crête.

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Carte des Eparges le 28 février 1915 (JMO du 106e RI)

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Abri allemand sur la route des Combres

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Un des départs de galerie dans cet abri

Afin de réduire le saillant de Saint-Mihiel, les généraux Dubail et Roques, commandants la 1re armée française, décidèrent l'attaque de la crête des Éparges. Ils projetèrent d'y installer un observatoire d'artillerie permettant de contrôler la plaine de la Woëvre. L'opération fut confiée à la 24e brigade (106e et 132e RI) de la 132e DI du général Paulinier, faisant partie du 6e corps d'armée. L'attaque, prévue pour le 17 février 1915, fut précédée d'une série d'opérations entre novembre 1914 et janvier 1915. Les Français s’approchèrent par des conquêtes successives des lignes allemandes. Ils occupèrent ainsi les villages des Éparges et de Saint-Rémy-la-Calonne et la côte de Montgirmont au nord de la crête des Éparges. Le 26 décembre 1914, une offensive importante des Français fut effectuée à la tranchée de Calonne.

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Vestiges metalliques dans le secteur allemand

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Bouclier de tranchée

L'offensive française sur la crête des Éparges débuta le 16 février 1915. Ce jour, deux bataillons du 106e RI prirent position à la tranchée de Calonne. Le 17 février 1915 avant le lever du jour, le 106e RI quitta la tranchée de Calonne pour prendre position dans les parallèles d'accès aux Éparges. Ils s'y terrèrent pour ne pas être repérés par les Allemands. À 14 h, les Français firent exploser quatre mines de 1500 kg sous les premières lignes allemandes. Ces explosions furent suivies par un violent bombardement d'artillerie sur les lignes allemandes. Durant cette préparation d'artillerie, les Français s'avancent dans les tranchées de 1res lignes. À 15 h 10, le 2e bataillon soutenu par le 1er bataillon du 106e RI ce lança à l'attaque de la crête. Ils étaient flanqués sur la gauche par deux bataillons du 132e RI dont la mission consistait à occuper les tranchées conquises. Les Français se rendirent rapidement maîtres de la 1re ligne allemande. Ceux-ci les soumirent ensuite à un violent bombardement d'artillerie qui dura toute la nuit.

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Boyau français

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Boyau français

Après une accalmie, le bombardement allemand reprit le 18 février 1915 à 6 h par des obus de gros calibre (210 et 305 mm). À 8 h les Allemands lancèrent une contre-attaque et repoussèrent les Français sur leur ligne de départ. À 15 h, le 3e bataillon du 106e RI, soutenu par des compagnies du 2e bataillon du 106e RI et du 132e RI, repartirent à l'assaut et reprirent la 1re ligne allemande. Durant la soirée et la nuit, les Allemands lancèrent plusieurs contre-attaques sans obtenir le moindre résultat. Le 19 février 1915, les Allemands contre-attaquèrent à quatre reprises, mais les Français restèrent maîtres des terrains conquis la veille. Le matin du 20 février 1915 après une très rapide préparation d'artillerie, un bataillon du 106e RI (objectif le Point X), un bataillon du 67e RI et un bataillon du 132e RI repartirent à l'attaque. Ils dépassèrent la crête, mais les renforts dépêchés par les Allemands en première ligne repoussèrent les Français en leur infligeant de lourdes pertes. Seul le 132e RI put se maintenir durant quelques heures avant de céder sous la pression des Allemands. Les artilleurs des deux camps pilonnèrent le terrain jusqu'à la nuit. Fin février 1915, les Français n'avaient réussi qu'à se maintenir dans les tranchées allemandes du Point A.

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Le monument des Revenants

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Le monument du Coq

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Blockhaus au bord d'un des entonnoirs de mine

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Tranchée allemande

Une nouvelle offensive française fut prévue pour le 10 mars 1915, mais fut reportée pour coordonner l'attaque avec des renforts en provenance de Verdun. Cette nouvelle offensive ordonnée par le général Herr, commandant le 6e corps d'armée, fut à nouveau confié à la 12e DI (54e, 67e, 106e, 132e et 302e RI et le 25e bataillon de chasseurs à pied [BCP]). L'objectif était les deux bastions allemands, à l'est et à l'ouest de la crête, relié par une courtine constituée de deux lignes de feu superposé. L'ensemble possédait de nombreux abris souterrains à l'épreuve des bombardements. Le 18 mars 1915 à 15 h 15 débuta la préparation d'artillerie exécutée par les 100 canons du 46e et du 31e régiment d'artillerie de campagne (RAC). L'attaque fut confiée au 1er et au 2e bataillon du 132e RI soutenu par le 3e bataillon. Six compagnies du 54e RI se tenaient en réserve. Les Français s’élancèrent à 16 h en direction du Point C. À 16 h 20, ils y prirent pied en capturant 350 m de tranchées allemandes. Le Point X se trouvait alors à 100 m des Français. Les Allemands réussirent à bloquer l'avancée française à 17 h. Les combats connurent une accalmie vers 19 h alors que les hommes du 132e et du 302e RI se trouvaient à mi-chemin entre les Points O et X de la crête. Le 19 mars 1915 à 4 h 45, les Français reprirent l'attaque en direction du Point X, mais furent stoppés par les mitrailleuses allemandes. À 8 h 30, l'artillerie française prit pour cible le Point N. Une nouvelle attaque française lancée à 9 h 25 fut à nouveau bloquée par les mitrailleuses. La contre-attaque allemande déclenchée à 10 h n'aboutit à aucun résultat. Il en fut de même des attaques françaises déclenchées à 12 h et à 16 h, toutes deux précédé par de violents bombardements d'artillerie. Le 20 mars 1915, les Français reprirent l'assaut à 4 h du matin. À 10 h, la 12e DI ordonna à la 24e brigade d'organiser les positions conquises, mais la batterie allemande de 305 installé à Woël et les mortiers de 280 mm interdirent l'installation des Français sur la crête.

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Blockhaus allemand

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Autre blockhaus allemand

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A l'intérieur de ce blockhaus

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Le 25 mars 1915, ordre fut donné à la 12e DI de poursuivre l'attaque avec pour objectif les portions des deux tranchées parallèles avec pour limite à droite le boyau T et le point K et à gauche la corne sud-est du bois. L'attaque fut confiée au 25e BCP et au 54e RI appuyé par le 106e et le 132e RI. Elle fut déclenchée le 27 mars 1915 à 16 h. À 17 h les objectifs furent presque tous atteints. À 21 h, le 106e et le 132e RI organisèrent le terrain conquis avant de subir, à 21 h 30, la contre-attaque des Allemands. Le 28 mars 1915 à 4 h du matin le maintien des positions conquises devint impossible et les Français se replièrent sur leurs positions de départ.

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Observatoire au bord d'un des entonnoirs

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Un entonnoir de mine

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Entonnoirs sur la crête

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Entonnoirs sur la crête

Le 4 avril 1915, ordre fut donné à la 12e DI d'atteindre le Point C et la crête du Point D au Point X en partant de la base B de la sape 11. L'attaque fut confiée à la 24e brigade (106e et 132e RI), au 67e RI (stationné à la tranchée de Calonne) et au 25e BCP (à Rupt-en-Woëre) avec en appui un bataillon du 67e RI placé à la crête de Montgirmont. L'attaque débuta le 5 avril 1915 à 15 h sous une pluie battante par une préparation d'artillerie. À 15 h 30, les Français rejoignirent leurs bases de départ et s’élancèrent à 16 h. Sur le flanc gauche, le 106e RI progressa. Sur le flanc droit, le 132e RI fut d'abord cloué sur place par les tirs allemands avant de réussir à avancer. Le combat s'engagea au corps à corps au Point D tandis que les 6e et 8e compagnies engagées sur un terrain découvert furent contraintes au repli avant de repartir à l'attaque à 18 h. À 19 h 30, alors que le 1er bataillon s'accrochait aux Points I et E, la 11e compagnie fut contrait a arrêter les combats, ses armes rendu inutilisable par la boue. La contre-attaque allemande sur les Points I et E déclenchée à 21 h fut refoulée par le 1er bataillon. La contre-attaque de 23 h fut également repoussée, mais les Allemands restèrent au contact des Français.

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Blockhaus allemand sur le bord d'un des entonnoirs

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Entonnoirs sur la crête

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Une autre vue de ce blokhaus

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Entonnoirs sur la crête

Le 6 avril 1915, toujours sous la pluie, les Français reprirent l'attaque à 4 h du matin. Les 11e et 12e compagnies du 67e RI renforcé par la 7e compagnie du 132e RI repartirent à l'assaut des Points X et I. Les 6e et 8e compagnies du 132e RI attaquèrent les Points I, E et D, mais furent cloués sur place par les mitrailleuses allemandes installées aux Points X et I. A 4 h 30 les Allemands contre-attaquèrent sur les Points C et D2 à la jonction des 106e et 132e RI. Les Allemands reprirent le Point C aux Français au corps à corps. À 15 h l'artillerie française bombarda violemment les Points C, D et E avant la reprise, à 16 h, de l'attaque. Le 106e RI reprit le Point C et le 132e RI reprit la ligne entre les points D et E puis la ligne entre les Points I et S. Les Allemands se replièrent et le 132e RI avança jusqu'au Point D2. Les 6e et 8e compagnies du 132e RI atteignirent le versant sud de la crête. Le 1er bataillon du 67e RI marcha sur les Points X et K.

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L'abri du Kronprinz

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L'intérieur de cet abri

Le 7 avril 1915 à 4 h 15 débuta, toujours sous la pluie, une violente contre-attaque allemande. Les Français ne bénéficiant plus du soutien de l'artillerie du fait de la trop grande imbrication des lignes furent contraints au repli à 7 h. À 9 h 10, le 25e BCP reçut l'ordre de monter en 1re ligne. À 13 h 15 un tir de barrage de l'artillerie allemande précéda une nouvelle contre-attaque qui fit perdre au 106e RI le Point C. La contre-attaque fut cependant enrayée. À 15 h 30 fut donné ordre aux 106e et 132e RI, appuyé par le 25e BCP, de repartir à l'assaut. Le lieutenant-colonel Bayonnet, commandant du 106e RI, ayant été blessé à 16 h 30, l'assaut fut reporté à 16 h 45. La blessure du commandant Rayer reçu à 17 h 15 conduisit, à 17 h 30, au report de l'assaut au lendemain. À 19 h les Français furent presque ramenés sur les bases de départ du 5 avril. À 23 h, le 106e RI tenta sans succès une nouvelle attaque.

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Le blockhaus au Point X

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Entrée d'une galerie au Point X

L'artillerie française reprit le pilonnage du Point C et des tranchées allemandes le 8 avril 1915 à 8 h. À 9 h, sous la pluie, le 106e RI et le 25e BCP, soutenu par le 132e RI, reprirent l'attaque à la baïonnette. À 9 h 10, le Point C fut définitivement aux mains des Français suivis par les Points D, E et I. Ce jour, le 8e RI, envoyé en renfort, effectua plusieurs attaques nocturnes qui furent toutes repoussées par les Allemands. Durant la nuit, les troupes françaises furent relevées, mais la pluie en rafale, les vents aveuglants et la boue rendirent les opérations très difficiles et nécessitèrent 14 h. Le 9 avril 1915 à 15 h, le 8e RI reprit l'attaque du Point X. Le brouillard qui 's’abattit sur la crête rendit le tir de l'artillerie impossible et après des combats violents les Allemands repoussèrent les Français. Les Français restèrent maîtres de la crête et le front se stabilisa. Après trois mois de combat acharné sous la pluie et la neige les Français étaient maître de la plus grande partie de la crête exemptée le Point X. L'objectif d'implanter un observatoire à l'extrémité de la crête (le Point X) n'a pas été atteint.

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Entonnoirs sur la crête

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Entonnoirs sur la crête

Le 24 avril 1915, un violent bombardement d'artillerie précéda l'attaque allemande sur le front entre Les Éparges et le nord du village de Vaux-les-Palameix (Tranchée de Calonne). Devant la surprise des Français, les Allemands s’emparèrent du village des Éparges et les abords de Mouilly. Ils avancèrent de trois kilomètres dans les lignes françaises. Les Français contre-attaquèrent et repoussèrent les Allemands et leur reprirent 1500 m du terrain qu'ils avaient conquis. À la mi-avril, le général Herr donna l'ordre de déloger les Allemands du Point X par des mines. Cette guerre des mines sur la crête dura jusqu'en avril 1917. Les Français placèrent et firent exploser 32 mines dont la plus puissante fut estimée à 40 tonnes d'explosifs. Les Allemands firent exploser 46 mines, le tout sur un front de moins de 800 m de longueur. Aucune de ces mines ne permit le moindre gain de terrain. Ces mines creusèrent d'immenses entonnoirs dont 18 sont toujours visibles le long de la crête. Il faudra attendre septembre 1918 pour voir la crête des Éparges libérée de l'occupation allemande. Ce furent les troupes américaines qui libérèrent le saillant de Saint-Mihiel au cours de l'offensive du 17 et 18 septembre 1918.

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Entonnoirs sur la crête

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Entonnoirs sur la crête

Les pertes subies par les deux adversaires aux Éparges ne sont pas établies avec certitude. Le guide Michelin cite le nombre de 50 000 pertes (blessés, tués et disparus), dont 10 000 morts ou disparus pour les Français et un chiffre équivalent pour les Allemands. Wikipédia cite le chiffre de 12 000 pertes pour les deux camps, alors que le monument érigé au Point X et dédié "À ceux qui n'ont pas de tombes" parle de 10 000 corps non retrouvés sur 50 000 morts des Éparges. Il est cependant certain que les conditions climatiques du début de l'année 1915 ont transformé le champ de bataille en mer de boue où beaucoup de combattants se sont noyés dans les trous d'obus et les abris effondrés et que de nombreux blessés ne purent être dégagés de la boue où ils étaient tombés.

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Tranchée allemande

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Tranchée française

Actuellement, la crête des Éparges s'aborde par la nécropole du Trottoir. Cette nécropole créée en 1915 et réaménagée en 1922, 1924, 1933 et 1934 rassemble les morts des cimetières du "Bois de Sonvaux" et de Mesnil-sous-les-Côtes avec ceux des Éparges. Y reposent 2960 soldats, dont 852 au sein d'une fosse commune.

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La nécropole du Trottoir

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En suivant la route qui grimpe la crête, nous aboutissons au "Monument des Revenants du 106e RI". Le monument à la forme d'une pyramide de crânes et d'os surmontée d'un masque mortuaire est orné d'un bas-relief en bronze représentant une allégorie de la Victoire soutenant le corps d'un soldat. Le monument fut sculpté en 1935 par Maxime Réal del Sarte qui perdit son bras gauche lors des combats aux Éparges. Le 106e RI connu, aux Éparges, 300 morts, 300 disparus et plus de 1000 blessés.

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Le monument des Revenants du 106e RI

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Depuis le "Monument des Revenants de la 106e RI" en suivant la crête nous atteignons le monument du Point C. Ce fut le 1er monument érigé sur le site en 1924. Dédié à la 12e DI et créé par le statuaire Lefebvre-Klein, il s'agit d'un obélisque surmonté d'un coq. Il matérialise le point extrême de l'avancée vers le sud des troupes françaises.

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Le monument du Coq

Le sentier mène ensuite en longeant les entonnoirs vers le Point X. Le monument dédié "À ceux qui n'ont pas de tombes" (10 000 soldats des deux camps ensevelis dans la boue du champ de bataille) est une œuvre de la sculptrice Mina Fischer qui perdit son fiancé, René Tronquoy, aux combats des Éparges. Mademoiselle Fischer, qui devint par son mariage avec un grand invalide de guerre comtesse de Cugnac, représenta son fiancé au centre du bas-relief qui orne la face du monument. À côté du monument, au bord de l'entonnoir, se trouve une stèle à la mémoire des soldats du 302e RI.

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Le monument au Point X

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Le monument du Point X

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La stèle à la mémoire des soldats du 302e RI

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Le Point X

Au niveau du monument du Point X, le sentier partant sur la droite (en venant du Point C) descend dans les lignes allemandes. Au niveau de son débouché sur le chemin en partant à gauche nous pouvons accéder à un blockhaus allemand. En poursuivant sur le sentier (vers la droite), nous arrivons au blockhaus dit "abri du Kronprinz". Il s'agit d'un important poste de commandement allemand. Tout le long de ce sentier à flanc de colline il est possible de reconnaître les excavations d’où partaient les galeries des mines allemandes.

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L'abri du Kronprinz

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Une des salles de l'abri du Kronprinz

De l'abri du Kronprinz le sentier remonte vers le Point A d'où il est possible de rejoindre le "Monument des Revenants de la 106e RI". Entre les deux à un embranchement en prenant à gauche nous accédons à une tranchée allemande récemment remise en état. Depuis le "Monument des Revenants de la 106e RI" en suivant la route nous accédons au monument "À la gloire du Génie" inauguré le 20 octobre 1963. Les sept colonnes symbolisent les sept spécialités du Génie durant la 1re Guerre mondiale : les sapeurs-mineurs, les pontonniers, les artificiers, les télégraphistes, les aérostiers, les sapeurs-électromécaniciens et les cheminots.

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Le monument du Génie

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En redescendant de la crête des Éparges nous nous dirigeons vers Saint-Rémy-la-Calonne et juste avant ce village prenons la route pour Combres-sous-les-Côtes. Dans un virage sous la crête des Éparges se dresse un grand blockhaus allemand. Celui-ci donnait accès à des abris-cavernes et à des galeries de mines (tous inaccessible aujourd'hui).

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Abri allemand sur la route des Combres

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L'intérieur de cet abri

De retour à Saint-Rémy-la-Calonne, nous nous arrêtons à la nécropole. Créée en 1927 et réaménagée en 1967, elle est le lieu du dernier repos de 203 français dont seulement 86 ont été identifiés. Parmi les tombes se trouve celle d'Alain-Fournier et de ses 20 compagnons inhumés ici en 1992.

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La nécropole de Saint-Rémy-la-Calonne

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La tombe d'Alian-Fournier dans cette nécropole

Henri Fournier dit Alain-Fournier l'auteur du "Grand Meaulnes", était lieutenant au 288e RI. Il disparut le 22 septembre 1914 dans le bois de Saint-Rémy-la-Calonne. Son corps et ceux de 20 de ses hommes furent retrouvés en 1991 dans une fosse commune où ils furent inhumés par les Allemands. À l'endroit de la fosse fut créée une clairière du souvenir. La fosse a été recouverte d'une pyramide en verre et un monument du sculpteur Stein y fut érigé. Le monument est une flamme du souvenir près de laquelle sont posés le képi d'Alain-Fournier et un volume du "Grand Meaulnes". Le long du chemin d'accès à la clairière furent dégagés un poste de commandement et un abri allemand enterré.

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La clairiere Alain-Fournier

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L'entrée du PC allemand à la tranchée de Calonne

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L'intérieur du ce PC

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Entrée de l'abri allemand à la tranchée de Calonne

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L'intérieur de cet abri

À l'intersection de la route provenant de Saint-Rémy-la-Calonne et la tranchée de Calonne fut érigée, le 11 octobre 1964, une croix de bois à la mémoire d'Alain-Fournier. Cette œuvre de Dante Donzelli fut érigée alors que l'on ignorait que le corps de l'écrivain se trouvait à quelques centaines de mètres de là. Alain-Fournier ne fut pas le seul écrivain à avoir combattu dans les Hauts-de-Meuse. Louis Pergaud, l'auteur de la "Guerre des boutons" était adjudant au 166e RI lorsqu'il fut tué, le 8 avril 1915, lors de l'attaque de la côte 233 à Marcheville-en Woëvre. Son corps ne fut pas retrouvé. Jean Giono (1895-1970) participa aux combats des Éparges. Maurice Genevois (1890-1980), lieutenant au 106e RI, fut blessé au bras gauche lors de l'attaque du 25 avril 1915 sur la tranchée de Calonne. Sa guerre s’arrêta là. Il la raconta dans son ouvrage "Ceux de 14". Le même jour, du côté allemand, Ernst Jünger (1895-1998), l'auteur de "Orages d'acier", reçut sa 1re blessure. Malgré plusieurs blessures, il participa à plusieurs batailles jusqu'à l'armistice du 11 novembre 1918.

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La croix Alain-Fournier

À proximité de la clairière de la fosse d'Alain-Fournier subsistent les vestiges du cimetière de campagne allemand "JR19 von Courbiere". Ce cimetière a accueilli les restes de 500 soldats qui furent transférés en 1920 vers la nécropole de Troyon et de Saint-Maurice-sous-les-Côtes. Il y reste quelques stèles et les anciennes fosses sont toujours bien visibles.

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Stéles au cimetière allemand "JR19 von Courbiere"

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Stéle au cimetière allemand "JR19 von Courbiere"

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Stéle au cimetière allemand "JR19 von Courbiere"

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Stéle au cimetière allemand "JR19 von Courbiere"

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Stéle au cimetière allemand "JR19 von Courbiere"

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Nécropole allemande de Saint-Maurice-sous-les-Côtes

Ces photographies ont été réalisées en mars 2019.

 

Y ACCÉDER:

Les différents endroits des sites des Éparges et de la tranchée de Calonne sont indiqués par des panneaux routiers.

 

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Cette page a été mise en ligne le 12 mai 2019

Cette page a été mise à jour le 12 mai 2019