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Le fort Kléber

caserne de gorge
La partie centrale de la caserne de gorge

En 1871, au lendemain de sa victoire sur la France, l'Allemagne annexe l'Alsace et la Moselle à son empire. Elle entreprend aussitôt la fortification de sa nouvelle frontière. Les sièges des places fortes durant la guerre de 1870/1871 (Strasbourg, Belfort, Bitche) où seule la ville de Belfort résista, démontra l'inefficacité de celles-ci contrainte à capituler sous la pression des civils soumis aux bombardements. Les Allemands conçurent donc de grands camps retranchés en entourant les places fortes d'une ceinture de forts maintenant l'artillerie ennemis hors de portée de l'enceinte urbaine. Cette ceinture de forts, située à 8 ou 9 km autour de l'enceinte urbaine, positionnait l'artillerie ennemie à plus de 12 km de la place forte. Les Français tirèrent les mêmes conclusions de cette guerre et mirent en pratique les mêmes solutions.

entrée
L'entrée du fort

côté gauche de la caserne
Le côté gauche de la caserne de gorge

côté droit de la caserne
Le côté droit de la caserne de gorge

Strasbourg, point de passage stratégique sur le Rhin, fut donc transformé en camp retranché. Elle fut entourée de quatorze forts dont les constructions débutèrent en 1872. Onze de ces forts furent implantés sur la rive gauche (ouest) du Rhin et trois sur la rive droite (est). Certains intervalles entre deux forts, jugés trop importants, recevront à partir de 1887 des ouvrages intermédiaires. Cinq de ces ouvrages seront construits sur la rive gauche du Rhin.

entrée
L'entrée de la caserne

caserne centrale
Le côté gauche de la caserne centrale

Les forts allemands de Strasbourg ont été construits selon des plans types établis par "l'Ingenieur-Komitee" dirigé par le général Von Biehler. Peu de liberté a été laissée aux responsables des travaux ce qui fait que les forts sont très similaires. Le fort Kléber, de son nom initial "Feste Bismarck", fait partie des grands forts prévus pour une garnison de plus de 900 hommes. Sa construction débuta en 1872. Le fort fut mis en service en 1875.

local
Locaux de préparation des obus côté gauche de la caserne centrale

lacal droit
Les mêmes locaux mais côté droit de la caserne centrale

Le fort s'inscrit dans un hexagone aplati. Le côté faisant face à l'ennemi (le front de tête) présente en son milieu un saillant alors que le côté arrière (le front de gorge) présente en son centre un rentrant. C'est à cet endroit que se trouve la caserne avec en son centre l'entrée du fort. L'ensemble du fort est entouré d'un fossé profond de 6 m et large d'une dizaine de mètres. Le front de tête et le front de gorge ont chacun une longueur de plus de 200 m. Les flancs ont une longueur d'environ 70 m. La caserne occupe une bonne partie de la longueur du front de gorge. Elle possède un rez-de-chaussée situé au fond du fossé surmonté d'un étage situé au niveau des cours intérieures. L'entrée du fort est située à l'étage au centre de la caserne. Un pont franchit, au niveau de l'entrée, le fossé. Le pont sera remplacé par la suite par une rampe. À l'intérieur de l'entrée, un pont-levis forme la porte. La partie centrale de la caserne est construite en retrait par rapport au front de gorge. Les deux parties latérales de ce retrait forment des caponnières à deux niveaux prenant sous leurs feux croisés la totalité du fossé de gorge.

plan du fort

Pour voir le plan des dessus du fort passer la souris sur le plan. (avec IE il faut autoriser le contenu bloqué).

Dans la caserne sont regroupé les chambres de troupes, les sanitaires, les cuisines, le réfectoire, la boulangerie et les magasins de vivres. L'ensemble représente plus d'une soixantaine de pièces. Dans le prolongement de l'entrée, une galerie relie la caserne au local situé à l'arrière du front de tête. Le long de cette galerie sont disposés des locaux techniques et les accès aux deux cours intérieures. Dans ces locaux se trouvent le puits et les réserves d'eaux.

local à l'entrée
Locaux à l'entrée de la caserne de gorge

couloir
Le couloir allant de la caserne de gorge à la caserne centrale

Le long du front de tête, de chaque côté de la cour sont disposés des locaux techniques ouverts sur cette cour. Dans ces locaux se trouvaient des salles de garde et les laboratoires d'assemblages des munitions. Des galeries relient ces locaux aux deux poudrières placés sous les remparts des flancs droit et gauche du fort. Les galeries d'accès aux poudrières se prolongent ensuite vers les extrémités de la caserne. L'ensemble de ces locaux est recouvert de remparts de terre.

abri traverse
Un des abri-traverse du front de tête

abri
Un autre

Sur les remparts du front de tête et des deux flancs sont disposées les plateformes de tir. Ces plateformes sont à l'air libre et sont séparées par des abris-traverses servant à abriter les munitions et les artilleurs. Ces abris-traverses sont reliés aux locaux techniques par des escaliers internes et par des monte-charges destinés aux munitions. D'autres abris-traverses sont disposés au-dessus de la caserne et permettent aux soldats d'accéder aux parapets d'infanterie.

emplacement de tir
Une des plateforme de tir

abri traverse
Un des abri-traverse des flancs

Le mur de contrescarpe (côté extérieur du fossé) est vertical et est surmonté d'une grille dont les pointes sont recourbées vers l'intérieur. L'escarpe est en terre avec une pente raide. L'escarpe est précédée d'un mur en maçonnerie percée de créneaux de tir pour fusil. Un chemin de ronde existait à l'arrière de ce mur. À certains endroits, le mur laisse la place à des grilles. Les fossés des flancs droit et gauche sont défendus par deux caponnières disposées aux saillants II et IV. Ces caponnières sont reliées par des galeries aux locaux techniques des cours. Elles disposent de six créneaux de tir pour fusils. Au niveau de ces caponnières a été aménagée, dans le mur de contrescarpe, une galerie desservant des locaux de tir et une petite poudrière. Cette galerie forme un petit coffre de contrescarpe.

grille
La grille couronnant le mur de contrescarpe

fossé
Le fossé entre les saillants V et IV

Le fossé du front de tête est défendu par un coffre de contrescarpe disposé au saillant III. Ce coffre remplace à partir de 1888, une caponnière disposée à l'escarpe. Ce coffre possède quatre créneaux de tir occupé par des canons révolver de 37 prenant sous leurs feux les deux côtés du fossé. Le coffre est également relié aux locaux techniques par une galerie passant sous le fossé. À l'arrière du coffre, une galerie en arc de cercle dessert différents locaux et des latrines. Du mur de contrescarpe du front de tête et des flancs partent plusieurs galeries dites de contreminage. Elles étaient destinées à des missions d'écoutes permettant de contrer les éventuels travaux de sapes ou de mines de l'ennemi.

fossé
Le fossé entre le saillant V et le saillant IV

fossé
Le même fossé

coffre double
Vue plongeante sur le coffre de contrescarpe du saillant III

Devant l'entrée du fort est disposée une place d'armes. Celle-ci possède un poste de garde disposé du côté droit et muni de créneaux de fusillade pour la défense. Sur le côté gauche de la place d'armes sont placées dans un bâtiment deux poudrières destinées à l'alimentation des batteries annexes. La place d'armes et les bâtiments sont entourés d'un mur surmonté de grilles. Un portail permet d'y pénétrer.

Ces grands forts pouvaient accueillir jusqu'à 28 canons de rempart (calibre 150 et 120), douze canons de défense des fossés et huit mortiers lourds. Les plateformes de tir ne pouvaient cependant accueillir que 18 canons, les autres étant maintenus en réserve dans la cour.

départ d'une galerie
Départ d'une galerie de contreminage (fossé entre les saillants I et II)

coffre saillant IV
Le coffre du saillant IV (le niveau du sol n'est celui d'origine)

coffre double
Le coffre de contrescarpe double du saillant III

embrasure de tir
Créneau de tir du canon révolver (le niveau du sol n'est pas celui d'origine)

Les bâtiments de ces forts ont été construits en pierre de taille (grès des Vosges) et en briques. Les voutes des locaux ont une épaisseur moyenne de 1 m et sont recouvertes d'une couche de 4 m de terre. L'invention de nouvelles poudres à partir de 1885 rend les forts (allemands et français) extrêmement vulnérables. Les fortifications ne résistent pas aux nouveaux obus d'un calibre égal ou supérieur à 150 mm. C'est la crise dite de l'obus torpille bien connu dans les forts Séré de Rivières. Le génie allemand entreprend donc la modification des forts. L'artillerie est sortie du fort et installée dans des batteries annexes disposées sur les flancs. Les voutes de certains locaux sont renforcées par une couche de 1 m de sable et recouvertes de béton puis de nouveau recouvertes avec une couche de terre. Les caponnières sont remplacées par des coffres de contrescarpe moins exposée aux tirs ennemis. Les portes des abris-traverses servant de sortie d'infanterie sont munies de chicanes et de portes anti souffle et les fenêtres du rez-de-chaussée de la caserne sont murées et transformées en poste de tir. Ces modifications limitent cependant les capacités des forts. Ils sont peu à peu transformés en ouvrages d'infanteries. La construction entre 1893 et 1914 du groupe fortifié "Feste Kaiser Wilhelm II" à Mutzig (le plus vaste fort de l'empire allemand) va faire perdre aux forts de la ceinture strasbourgeoise leur rôle stratégique. Ces forts continueront cependant à être régulièrement modernisé avec notamment l'installation d'une ventilation mécanique dans les locaux ou d'observatoires cuirassés.

abri-traverse central
L'abri-traverse situé au-dessus de la caserne centrale

abri traverse droit
L'abri-traverse situé au-dessus du local de préparation des obus droit

intérieur abri traverse
Le local central d'un abri-traverse avec au fond l'escalier d'accès à la caserne et au milieu le vestige d'une porte blindé fermant le local

observatoire
L'observatoire cuirassé sur le front de tête en face du coffre double

Le fort Kléber ne connut pas l'épreuve du feu. Durant la 1re Guerre mondiale, Strasbourg est situé loin du front. L'armée française ne parviendra au mieux qu'à quelques kilomètres de la "Feste Kaiser Wilhelm II" à Mutzig le 18 août 1914 avant d'être rejetée sur les sommets vosgiens. Les forts strasbourgeois serviront durant la 1re Guerre mondiale de camps de prisonniers. En 1918, ils seront remis, intacts, à l'armée française. Un décret paru en 1919 leur attribue des noms français. Leur sort fera l'objet de longues discussions. Après avoir prévu leur destruction, les forts de la rive gauche du Rhin seront intégrés à la ligne Maginot. Ils servent de casernement et de dépôts. Les forts, situés sur la rive droite du Rhin, ont été rasés. Leur emplacement reste cependant toujours visible sur les photos aériennes. Durant la 2e Guerre mondiale, l'armée allemande les réutilisera comme dépôts et camps de prisonniers. Ils continueront à servir de dépôts à l'armée française jusqu'à la fin des années 1960. Après cette date, ils ont connu des sorts divers.

escargot
Observatoire en tôle dit "observatoire escargot"

abri traverse renforvé
Abri-traverse sur le flanc droit laissant voir le toit renforcé

 

Abri de la batterie annexe situé au nord du fort Kléber (à proximité du Zénith de Strasbourg).

abri d'infanterie
L'abri de la batterie annexe

couloir
Le couloir à l'avant des chambres

porte blindée
Unes des portes blindées d'accès aux chambres

chambre
Une des chambres de l'abri noirci par la fumée de pneus

Ces photographies ont été réalisées en avril 2011.

 

Y ACCÉDER:

Le fort Kléber a été transformé en parc public et sa caserne est utilisée par diverses associations. Son accès est libre et est fléché dans le village de Wolfisheim.

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 07 mai 2011

Cette page a été mise à jour le 13 février 2015