Suivez les Cicatrice de Guerre sur INSTAGRAM logo instagram

L'ouvrage Joffre-Lefebvre

caserne de gorge
La caserne de gorge avec la caponnière

La crise de l'obus torpille (nouveaux types de poudres) a contraint le génie allemand à aménager les grands forts d'artillerie de la ceinture fortifiée de Strasbourg. Un de ces aménagements a consisté à disperser l'artillerie des forts dans des batteries annexes. Très rapidement, il s'avéra que les batteries annexes étaient vulnérables à des attaques de l'infanterie. Pour les protéger, furent construits, à partir de 1887, cinq ouvrages intermédiaires. Ils furent disposés entre les forts où l'intervalle fut jugé trop important.

fossé saillant III et II
Le fossé entre les saillants III et II

Coffre saillant II
Le coffre de contrescarpe du saillant II

L'ouvrage Joffre-Lefebvre, de son nom initial "Zwischenwerk Sachsen-Tann", est implanté dans l'intervalle de 4 km qui sépare le fort Joffre, au nord, du fort Lefebvre, au sud. Les travaux débutèrent en 1887 et durèrent trois ans. Les ouvrages intermédiaires sont comme les forts construits selon un plan type. Ils se ressemblent tous. L'ouvrage s'inscrit dans un trapèze isocèle. L'entrée (le front de gorge) est disposée sur la base la plus longue. L'ensemble de l'ouvrage est entouré d'un fossé profond d'environ 6 m et large d'une dizaine de mètres. Le mur de contrescarpe (côté extérieur du fossé) est vertical et est surmonté d'une grille dont les pointes sont recourbées vers l'intérieur. L'escarpe est constituée d'un talus en terre avec une forte pente. L'escarpe est précédée d'un mur en maçonnerie percée de créneaux de tir pour fusil.

fossé saillant II et I
Le fossé de gorge avec au fond la caponnière

poste de garde
Le poste de garde

L'entrée dans l'ouvrage se fait par la caserne de gorge qui est précédée d'une place d'armes. Une petite casemate est placée à l'avant de la place et sert de poste de garde et de caponnière de défense. Au centre de la caserne de gorge est placée l'entrée munie d'un pont-levis et d'une grille. Le pont-levis relevé bouche l'entrée. De part et d'autre de l'entrée sont disposées deux chambrées dans lesquelles trouvent place le poste de police, le central télégraphique et le bloc sanitaires. Sur le côté gauche est placée en excroissance la caponnière de défense du fossé de gorge. Cette caponnière de forme arrondie possède dix créneaux de tir pour fusil. À l'arrière de l'entrée débute la galerie principale qui rejoint la caserne. À côté de cette galerie se trouve également l'escalier permettant la sortie sur le rempart.

plan

La galerie principale débouche sur le côté droit de la caserne situé au centre de l'ouvrage. Elle est constituée de huit chambrées disposées côte à côte. À l'avant, les chambrées donnent sur la cour. Elles sont reliées à l'arrière par un couloir. Sur la gauche des chambrées est placée la poudrière. La caserne est complétée par différentes chambres annexes servant d'ateliers et de magasins. Des escaliers et des monte-charges relient ces locaux aux abris-traverses situés au-dessus sur le rempart. La caserne et les abris-traverses seront modifiés en 1904. Les fenêtres sont murées et les entrées sont munies de chicanes antiéclats et de portes blindées. Les locaux sont équipés d'une ventilation mécanique et d'un éclairage électrique.

caserne
La caserne

caserne
L'extrémité droite de la caserne avec le débouché de la galerie principale

Sur le dessus de l'ouvrage se trouve le rempart circulaire. Ce rempart dessert six plateformes de tir pour canons. Deux des emplacements sont disposés sur le front de tête. Les quatre autres sont placés deux par deux sur chaque flanc. Les plateformes du front de tête sont encadrées et séparées par trois abris-traverses, véritables petites casemates servant d'abris aux artilleurs. Les plateformes des flancs sont côtoyées par un abri-traverse situé côté front de tête. Un sixième abri-traverse est disposé au-dessus de la caserne de gorge et permet la sortie des troupes sur le rempart. Après 1904, les plateformes de tir du front de tête ne sont plus armées de canons. Il ne subsiste que quatre canons de 90 prenant sous leur feu les intervalles entre l'ouvrage et les forts.

abri traverse
L'abri-traverse du côté gauche

abri traverse
L'abri-traverse côté gauche au-dessus de la caserne

La défense du fossé de gorge est confiée à la caponnière de la caserne de gorge. Le fossé du flanc gauche est sous le feu du coffre de contrescarpe situé au saillant II. Le fossé de tête et le fossé du flanc droit est défendu par le coffre de contrescarpe double du saillant III. Le coffre du saillant II dispose de deux embrasures de tir et le coffre du saillant III en possède quatre. Chaque embrasure est occupée par un canon révolver de 37. Les coffres sont reliés par des galeries à la caserne.

abri
L'abri-traverse de sortie au-dessus de la caserne de gorge

idem
La sortie de cet abri-traverse

Comme les forts, l'ouvrage Joffre-Lefebvre ne connut pas l'épreuve du feu. Durant la 1re Guerre mondiale, il servit de camp de prisonniers (camp n° IV). L'armée française en prit possession en 1918 et le rebaptisa en 1919. L'armée allemande le réoccupa durant la 2e Guerre mondiale avant de l'abandonner aux alliés. Comme les forts, l'armée française l'utilisa durant plusieurs années avant de le laisser à l'abandon. La ville de Lingolsheim entama avec l'ONF une campagne de défrichage en 2006 pour en faire un parc public.

gorge
Le fossé de gorge

abri
L'abri-traverse côté droit au-dessus de la caserne

En même temps que la construction des ouvrages intermédiaires, le génie allemand truffa les intervalles entre les forts d'abris fortifiés destinés à l'infanterie. Ces ouvrages (une centaine environ) sont facilement repérables le long des routes. Nombre de ces ouvrages, en plus des tags, ont subi des destructions dues à des matériaux empilés à l'intérieur et incendiés.

poste d'infanterie
L'abri d'infanterie d'Eckbolsheim

le couloir
Le couloir d'accès aux chambres

une des chambres
Une des chambres de cet abri

Ces photographies ont été réalisées en avril 2011.

 

Y ACCÉDER:

L'ouvrage a été aménagé en parc public et est librement accessible. Il est situé à côté de la plaine sportive de Lingolsheim (rue de Geispolsheim).

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 07 mai 2011

Cette page a été mise à jour le 13 février 2015