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La fontaine de la Roche

La Roche est un tout petit affluant de l'Ognon qui prend sa source au pied d'un promontoire rocheux. Elle ne parcourt que 950 m avant de rejoindre l'Ognon. Au-dessus de la source s'ouvre une grotte qui est occupée par l'homme depuis le néolithique.

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L'entrée de la grotte

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Le porche

Dans la paroi de calcaire compact se trouve un large porche ouvert vers le nord-est. Celui-ci donne accès à une chambre, longue de 13 m et large de 6,75 m. Un couloir très étroit donne accès, au bout de 200 m, à une deuxième chambre puis à une troisième qui est envahie par l'eau. Le ruisseau circule dans la partie inférieure de la grotte pour faire surface dans les éboulis précédant le porche d'entrée. En période de forte crue, l'eau passe dans la grotte en y déposant une couche de limon jaune. L'intervalle entre deux crues peut être suffisamment long pour qu'une fine couche de calcite recouvre les dépôts de limon. L'ensemble des galeries reconnu à ce jour représente un développement de 2300 m avec un dénivelé de 19 m (-3 m à +16 m).

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Le fond de la 1ere salle

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La grotte attira la curiosité de l'instituteur de Courchapon, Auguste Jacquet, qui y pratiqua, en 1882 et 1883, des fouilles soutenues par la société d'Émulation du Doubs. Les fouilles furent reprises en 1903/1904 par messieurs Jourdy et Bouchet. Auguste Jacquet fouilla une épaisseur de 2,31 m de sédiment avant d'atteindre le socle rocheux de la grotte. Il reconnut onze couches archéologiques qu'il classa dans quatre périodes, l'époque moderne (40 cm d'épaisseur), l'époque romaine (100 cm d'épaisseur), l'époque gauloise (25 cm d'épaisseur) et l'époque de la pierre polie (50 cm d'épaisseur). Il employa également les grands moyens pour faire les fouilles. Un gros rocher de 37 m3, tombé de la voûte en 1810 et obstruant l'entrée de la première chambre, fut réduit en miettes à l'explosif.

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L'accès vers le réseau actif

La couche correspondant à l'époque moderne n'a pas laissé de vestiges que les fouilleurs jugèrent digne d'être conservés voir documentés. La période romaine a livré des débris de poterie de petits et de grands vases et d'amphores. Parmi les vestiges récoltés figurent un fer de lance, une fourche à deux dents, des poinçons en os, deux mâchoires humaines et les ossements d'un enfant. L'attribution des ossements humains à la période romaine peut cependant être hasardeuse comme nous le verrons ci-après.

À l'époque gauloise, la grotte servit de garde-manger comme le suggèrent les deux lits de graines (0,05 cm d'épaisseur) retrouvés sous la couche archéologique attribuée à l'époque romaine. Ces graines ont été abandonnées après leur combustion. En dessous de ces couches, à 1,50 m de la surface, apparut une couche de terre noire contenant de nombreux charbon de bois. Cette couche était recouverte de nombreux blocs de pierre, vestiges d'un effondrement de la voûte survenu au début de l'époque romaine. Dans cette couche furent retrouvés, dans un grand désordre, des ossements humains mêlés à une grande quantité de fragments de poterie noire et divers petits objets en bronze. La grotte fut utilisée comme lieu de sépulture. Les fouilles permirent de reconnaitre que la zone sépulcrale était délimitée par un banc de rochers légèrement circulaire disposé autour d'une pierre dressée (1,50 m de hauteur et de 1 m de côté) devant laquelle se trouvait un foyer.

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Le porche vue depuis le fond de la 1ere salle

Un seul corps fut retrouvé en connexion anatomique. Il se trouvait le long de la paroi gauche. Sa tête était tournée vers l'intérieur de la grotte. Son bras droit était étendu le long du corps et son bras gauche était replié sous sa tête. Une hachette en serpentine polie était déposée près de sa tête. À ses côtés se trouvait le corps d'une femme. Son sexe fut déterminé d'après une épingle à cheveux retrouvée près de la tête. Sous un rocher, détaché de la voûte, furent retrouvés les débris de quatre crânes. Deux autres crânes, entiers, furent retrouvés à un endroit non précisé par les fouilleurs. Parmi les ossements furent dénombrés quatorze maxillaires inférieurs, dont trois à quatre appartenant à des enfants. Les objets de parures retrouvés sont une perle d'ambre rouge, quatre grains de collier en terre cuite, une dizaine de petits anneaux en bronze, une pendeloque en bronze coulé, des épingles en bronze, des débris de grands anneaux (des torques ?), des bracelets, la base d'une agrafe, un petit couteau en bronze, un fil d'or roulé en spirale (2 tours), deux anneaux en or et une fibule.

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L'épaisseur de la couche archéologique laisse supposer que l'endroit servit de lieu de sépulture sur une longue période. Il s'agissait donc d'une population sédentaire établie dans les environs. Un important centre gallo-romain fut d'ailleurs mis à jour près de Jallerange. Il fut constaté que juste avant le début de la période romaine un éboulement provoqua l'encombrement des réseaux inférieurs de la grotte. Ce qui conduisit à l'inondation de la grotte avec une formation de remous dans la zone des sépultures. Ce phénomène, conjugué au creusement de nouvelles sépultures, explique le désordre dans lequel furent retrouvés les ossements.

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Sous la couche archéologique contenant les sépultures fut reconnue une couche archéologique de 50 cm d'épaisseur. Celle-ci présentait, dans la zone inférieure, quelques amas de charbons de bois reposant sur le socle rocheux. Dans la zone supérieure furent retrouvés trois foyers. Autour d'eux se trouvaient une gaine de hache en bois de cerf, des poinçons en andouiller, des couteaux et des racloirs en silex taillés sur grands éclats sans retouche, une pointe de flèche en silex et des tessons de poteries grossières façonnées à la main. Des ossements d'animaux appartenant au bœuf, au cerf, au chevreuil, à la chèvre, au cheval, au sanglier, au loup, au chien, au renard ainsi qu'à des oiseaux indéterminés furent également récoltés. Ces vestiges, considérés comme étant identique à ceux récoltés sur les sites palafittes de Clairvaux, ont été datés du néolithique (âge de la pierre polie du XIXe siècle). Aucun vestige d'animaux correspondant à l'ère paléolithique, comme le renne, n'a été retrouvé. Certaines sources parlent cependant de la découverte de pointe à dos magdalénienne dans la grotte, mais cela n'est pas confirmé.

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Le porche de la grotte

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Le lit du ruisseau "La Roche" en contrebas de la grotte

Pour que la grotte serve de lieu d'habitat et de sépulture, elle devait être une cavité sèche. La circulation de l'eau a dû, au cours des siècles passés, être passablement perturbée, car lors de ma visite la grotte était très humide avec un sol très boueux démontrant un passage récent du ruisseau.

plan courchapon

Ces photographies ont été réalisées en mai 2014.

 

Y ACCÉDER:

De Besançon, prendre la D67 en direction de Gray. Après Ruffey-le-Château, prendre, à gauche, la D459 vers Burgille et Courchapon. À l'entrée de Courchapon, prendre la 1re à gauche. Traverser la ligne TGV et accéder au pré sur la gauche pour atteindre le lit du ruisseau. Remonter le ruisseau pour trouver la grotte.

Coordonnées GPS
47 N 15' 25"
05 E 44' 48"
Altitude 216 m

Le site de la commune a consulter avant toute visite http://courchapon-infos.e-monsite.com/

 

Sous nos contrées tempérées, les chauves-souris, mammifères menacés et protégés, ont plusieurs périodes des vulnérabilités.

En hiver, elles voient leurs proies (insectes) disparaître et entrent donc progressivement en léthargie, si bien qu'elles sont alors très fragiles. Chaque visite dans une grotte peut causer un dérangement, pouvant aller jusqu'à la mort de l'animal. La période critique s'étend du 1er novembre au 15 mars.

En juin et juillet, les femelles se regroupent pour mettre bas leur unique petit et l'année. Des dérangements de la colonie peuvent alors conduire à l'échec de la reproduction.

Durant le transit d'automne et de printemps, d'importantes colonies peuvent s'abriter dans les grottes. Il convient d'en éviter l'affolement en quittant rapidement les lieux sans bruit et sans éclairer les chauves-souris.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 9 août 2014

Cette page a été mise à jour le 23 avril 2015