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La Porte Noire

Cet Arc de triomphe romain doit son nom à la couleur que la pollution donna à la pierre calcaire le constituant. Une importante campagne de restauration achevée fin 2011 lui redonna cependant la couleur originelle de la pierre, le blanc. Elle ne mériterait donc plus son nom.

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La face nord de la Porte Noire

L'Arc de triomphe a été érigé vers 175 apr. J.-C. à l'extrémité sud de la ville de Vesontio. Il constituait le point de départ de la route menant à Rome. À l'époque, il ne constituait pas une des portes de la ville. Il a été érigé en hommage à Marc Aurèle pour son rôle de pacificateur et de stabilisateur de la région. L'auteur du IVe siècle, Capitolinus dans son "Histoire Auguste" retraçant le règne de Marc Aurèle, dit que l'empereur mit fin aux troubles en Sequanie après la mort de Verus (en 168) et après la défaite des Germains (en 172) à l'issue de la guerre et avant la prise de la toge par son fils Commode. Au cours du IIIe siècle, la ville fut protégée par un rempart fermant la boucle du Doubs. Ce rempart fut construit en réutilisant des blocs en provenance d'édifice construit durant le Haut Empire. L'Arc de triomphe devint une porte à caractère défensif. Durant le Moyen-âge, elle marqua la limite entre le quartier capitulaire et l'agglomération laïque. L'appellation de Porte Noire devint courante à partir de la seconde moitié du XIe siècle. Sa propriété a été sujette à de nombreuses querelles entre la municipalité et le chapitre jusqu'en 1408 où celui-ci la céda à la ville.

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À une date non connue, la porte fut incorporée dans un bastion carré de 11 m de côté dénommé la tour des cloches. Cette tour était haute de 21,30 m auxquels s'ajoutaient 7,30 m de toiture. Le passage de la porte fut réduit de moitié par la construction d'une pièce munie de deux fenêtres. Au-dessus de la porte, la tour comprenait deux étages accessibles par un escalier construit à la place du piédroit ouest de l'Arc de triomphe. Depuis, la maison canoniale et d'autres constructions prirent appui contre les flancs de l'Arc de triomphe. À la fin du Moyen-âge et durant la Renaissance, le bastion servit de prison au chapitre. Il fut transformé en arsenal durant la guerre de Dix ans (1635-1644), épisode franc-comtois de la guerre de Trente Ans. Au XVIIe siècle, il servit d'entrepôt à munitions. En 1745, lors de la démolition d'une maison accolée, deux auteurs anonymes en profitèrent pour relever l'aspect des fresques de petit côté est de l'Arc de triomphe. En 1752, après la démolition de la partie supérieure, le bastion fut utilisé comme entrepôt à tabac.

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Au début du XIXe siècle, le préfet du Doubs, le comte de Milon, demanda aux architectes Denis Lapret et Pierre Marnotte de détruire le bastion et de restaurer le monument antique. Celle-ci prendra fin en 1827. Ces travaux furent source de conflit entre Marnotte et la ville, car celle-ci refusa de payer des travaux qu'elle n'avait pas demandés. Le ministère du Commerce et des Travaux publics mit finalement fin au conflit en 1832. La Porte Noire fut classée Monument historique en 1840. La société d'émulation du Doubs fit réaliser en 1866, vingt et un moulages des sculptures ornant la partie inférieure du monument. Il faudra attendre 1959 pour que la même opération soit effectuée pour la partie supérieure.

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La face sud de la Porte Noire

Le monument est actuellement encastré dans les murs des bâtiments du rectorat et de l'archevêché. Le niveau de la route passant sous l'Arc de triomphe est un mètre au-dessus de la voie romaine. Ce qui fait qu'une bonne partie du monument n'est pas visible. À l'époque de sa construction, l'Arc de triomphe était totalement détaché de toute construction et les sculptures couvrent toutes les faces. Celles-ci étaient de plus peintes de couleurs vives comme en attestent les traces retrouvées lors de la restauration. Haute, à l'origine, de 16,56 m et profonde de 2 m, il s'agit d'une arche monumentale flanquée de deux piédroits surmontés d'un entablement. La partie supérieure, aujourd'hui disparue, était composée d'un attique et d'une ou plusieurs statues impériales. La hauteur de la baie, sous l'arche, est de 11,30 m. L'ensemble est bâti en pierre de Vergenne (Haute-Saône). Cette pierre tendre permet de fines sculptures, mais résiste mal au temps et à la pollution.

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Le monument possède un décor foisonnant couvrant totalement toutes les faces. Certains ne nous sont connus que par des dessins anciens ou par des sondages effectués dans les murs des bâtiments accolés. Ces décors ont beaucoup souffert depuis le IIe siècle. Ci-après le descriptif sommaire des décors. La face nord correspond à la face tournée vers la ville, la face sud faisant face à la cathédrale.

Face nord du piédroit est :

Sur le fut de la colonne de gauche, nous pouvons reconnaitre des restes de masques et d'armes attachées à des rubans en partie supérieure. Ce décor fut ravalé durant le Moyen-âge.

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Sur le fut de la colonne de droite sont représenté cinq tableaux de la mythologie grecque. Nous y voyons, Andromède ou Hésione, attaché au rocher et menacé par un monstre marin, Hercule à la fin de ses travaux, Thésée assommant le Minotaure, Ajax fou tuant les troupeaux des Achéens et Dédale, attachant les ailes à son fils Icare.

Entre les deux colonnes sont représentées de bas en haut, Vénus accompagnée de deux Amours et le dieu Mars marchant vers la droite. Il est nu et porte son manteau sur son épaule gauche. Il est accompagné par deux soldats. Une coquille nervurée avec deux dauphins, la tête vers le bas, couronne le tout.

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Face nord du piédroit ouest :

Cette partie a été entièrement reconstituée au XIXe siècle. À l'étage supérieur est représenté sur le socle un décor d'armes défensives encadré par deux soldats avec au-dessus une frise de dauphins. Sur la colonne gauche se trouvent quatre rangées de personnages (atlantes, bacchantes et Amours), sur celle de droite se trouvent des feuilles de laurier imbriquées et au milieu se trouve Dioscure, nu, tenant une lance et un glaive.

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Face nord, partie extérieure de l'arc :

Le pilastre, côté gauche, porte une succession de dieu et de héros. Les six tableaux représentent de bas en haut, Vulcain, Mercure, Bacchus, un cueilleur mythique non identifié, Apollon à la lyre et Hercule tuant l'hydre de Lerne.

La scène sculptée sur le bandeau de l'archivolte représente le combat des dieux contre les géants.

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Sur l'entablement supérieur se trouvait contenu dans un cartouche présenté par deux génies ailés, une frise portant une dédicace en lettre de bronze (disparu depuis longtemps).

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Le passage :

Sur le piédroit est se trouvent trois tableaux représentant la guerre contre les Germains. En haut, nous pouvons voir le combat de l'infanterie contre les barbares qui prennent la fuite, au milieu la charge de la cavalerie romaine et en bas la soumission des barbares devant l'empereur qui fait preuve de clémence.

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Les trois tableaux du piédroit ouest évoquent la guerre conduite par Rome en Orient contre les Parthes et la prise de Stésiphon.

La voûte a été reconstruite par Marnotte au XIXe siècle.

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Face sud du piédroit est :

Le pilastre montre une succession de scène mythologique.

Sur la colonne se trouve une succession de saynètes mythologiques. Nous y trouvons, de bas en haut, le duel de Minerve avec Encelade, Bacchus environné de danseuses et de musiciennes, Lyssa (la folie personnifiée) excitant Ajax à tuer les troupeaux des Achéens, deux satyres tentant de relever Silène ivre écroulé au sol, Bacchus entouré de satyres dansant et d'une bacchante tenant la corne à boire et Hercule tuant Nessus alors qu'il enlève son épouse.

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À côté de la colonne se trouve Tutela, déesse protégeant Vesontio. Elle tient une corne d'abondance remplie. Cachée dans le mur, se trouve Victoria, demi-nue, qui tient la palme couronnant la déesse Tutela. Au-dessus sont représentés Épiphanie d'Hébé (déesse de la jeunesse) dans l'Olympe et Hercule assis au pied d'un arbre.

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Face sud du piédroit ouest :

Il ne subsiste que quelques fragments de scènes mythologiques. Le fut de la colonne est couvert d'opulents rinceaux peuplés de petits personnages et d'animaux. Le reste du décor est caché par les murs.

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Aucun autre monument de l'Empire romain ne possède une telle richesse de décors. Il s'agit clairement d'un message adressé aux Séquanes. La façade nord, tournée vers Vesontio, exalte Rome et le rôle majeur de Marc Aurèle dans le maintien de la paix à l'instar de Jupiter, vainqueur des géants. La façade sud, tournée vers Rome montre la félicité et l'Olympe des dieux. L'Arc de triomphe adresse une mise en garde aux fauteurs de troubles qui viennent de sévir dans la région. La félicité et la paix sont dans la direction de Rome, s'en détourner mène à la guerre et à la destruction.

Ces photographies ont été réalisées en mai 2014.

 

Y ACCÉDER:

La Porte Noire se situe au centre de Besançon, à côté de la cathédrale au pied de la citadelle.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 9 août 2014

Cette page a été mise à jour le 9 août 2014