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La Pierre d'Appel

La Pierre d'Appel est le nom donné à l'extrémité du promontoire rocheux dominant Etival-Clairefontaine dans les Vosges. L'ensemble du massif porte le nom de Côte de Repy. Le promontoire d'une superficie de 2,5 ha a été occupé par un oppidum celtique.

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L'extrémité du promontoire de la Pierre d'Appel

L'origine du nom de Pierre d'Appel reste mystérieuse. Ce nom apparait notamment dans les aveux arrachés sous la torture aux prétendues sorcières de la région entre 1560 et 1635 qui le désignent comme le lieu du sabbat. Le terme de Pierre d'Appel désignerait cependant que la pierre tabulaire située à l'extrémité du promontoire.

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Le dessous du promontoire

Le site fut successivement désigné sous le nom de Camp des Suédois, Camp ou château des Sarrasins, Camp des Romains ou des Gaulois ou enceinte préhistorique. Des fouilles y furent menées au XIXe et au début du XXe siècle. Les résultats de ces fouilles furent perdus durant l'incendie de St-Dié en 1944. Le projet d'implantation d'un émetteur de télévision en 1967 généra une fouille d'urgence. Les importants vestiges mis à jour conduisent au classement du site aux Monuments historiques en 1969. Les fouilles archéologiques se poursuivirent jusqu'en 1980. Peu de vestiges du site sont actuellement visibles.

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L'érosion a dégagé un promontoire tabulaire de forme triangulaire d'environ 300 m de longueur. La pointe du triangle est orientée vers l'est. Au nord, à l'est et au sud le site est délimité par des falaises d'une dizaine de mètres de hauteur. Le site présente une surface presque plane avec cependant une partie plus élevée du côté est. L'altitude du site est de 490 m. Il surplombe la vallée d'environ 200 m.

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Les fouilles archéologiques ont relevé que le site a été fréquenté durant le néolithique final (2000 à 1830 av. J.-C.). Après une longue période d'abandon, le site connut une nouvelle fréquentation à partir de 250 av. J.-C.. Une fibule à navicelle avec un arc creux et des charbons de bois témoignent cependant d'un passage humain vers 580 av. J.-C.. À partir de 250 av. J.-C., l'occupation du site devient permanente. Entre 250 et 80 av. J.-C. un premier rempart ferme le promontoire sur son côté ouest. Celui-ci était constitué d'un talus en terre revêtu côté extérieur de pierre. Le chemin de ronde au sommet de ce talus avait une largeur de 5 à 8,40 m. Le talus était précédé d'un fossé d'une dizaine de mètres de largeur. Le dénivelé entre le fond du fossé et le chemin de ronde variait entre 5 et 8 m. Le talus était couronné d'une palissade. Entre 80 et 50 av. J.-C., un deuxième rempart vient remplacer le premier. Celui-ci est constitué par deux murs parallèles contenant un remplissage de pierre et formant un chemin de ronde large de 4,50 m. Le chemin de ronde domine le fossé de 8 à 11 m. Le fossé a été réduit à une largeur de 5 m par la construction d'un mur soutenant le remblai du rempart. Le rempart est couronné d'une palissade et par des tours en bois large de 5 à 7 m et d'une profondeur de 8 m, espacée régulièrement. Entre 50 et 15 av. J.-C. le rempart voit la largeur du chemin de ronde passer à 8 m. Le bord externe du chemin de ronde est bordé de gros blocs en grès à l'arrière desquels une nouvelle palissade est dressée. Ce troisième rempart est réalisé de manière bien plus sommaire que les deux précédents.

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Plan réalisé d'après document affiché sur le site

L'entrée du site s'effectuait par deux portes situées aux deux extrémités du rempart. Ces portes d'une largeur de 3 m étaient probablement surmontées d'une superstructure en bois permettant d'en assurer la défense. Ces portes étaient légèrement en retrait par rempart permettant ainsi un flanquement horizontal de l'accès aux portes. Le site semble avoir été abandonné à partir de 15 av. J.-C.. Une réoccupation est attestée entre 150 et environ 230 apr. J.-C. À cette époque des restaurations ont été effectuées au niveau du rempart, des portes, le mur de lisière nord et la zone nord-est.

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Le mur d'enceinte

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Le mur d'enceinte reconstitué

La découverte de mobilier funéraire atteste de la présence d'un cimetière païen sur le site à la fin du VIe et au VIIe siècle. Le site a connu une dernière occupation au cours du XIIIe siècle certainement par la présence d'une ferme.

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Le mur d'enceinte

L'occupation principale du site est l'oppidum celte durant la période de La Téne moyenne et finale. Il s'agit d'un fort contrôlant le passage sur la Meurthe et probablement un habitat aristocratique. Les habitants de cette période faisaient partie de la civilisation dite du Rhin supérieur. Les vestiges retrouvés lors des fouilles sont comparables à ceux des sites installés le long du Rhin. La destruction de l'oppidum celte aux alentours de 15 av. J.-C. est peut-être attribuable aux opérations militaires d'auguste destiné à assurer ses arrières avant la conquête par les légions romaines de la Germanie.

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Le mur d'enceinte

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La fouille du site a démontré l'organisation et l'activité habituelle de ce type d'oppidum. De nombreuses maisons formées d'une ossature faite de poteaux de bois ont été reconnues. Une zone dense d'habitation a été reconnue à l'arrière du rempart. Il s'agit de grande maison rectangulaire. Leurs dimensions vont de 4 m sur 2,50 m à 15 m sur 6 m. Elles étaient recouvertes par des toits à double pente. À partir de 80 av. J.-C., les maisons bénéficient de soubassements en pierre. Le sol à l'intérieur des maisons est soit en terre battue argile-sableuse rouge soit un dallage de pierre. Un cas d'un plancher en bois a été reconnu. Les entrées paraissent avoir été fermées par des battants en bois, car des gonds et des clés ont été retrouvés. Durant la première période, les poutres ont été assemblées par des fiches en bois remplacé par la suite par des clous à tête (2300 clous ont été retrouvés). Les petites et moyennes structures semblent avoir été attribuées à l'habitation et à l'artisanat, les plus grandes servant de zone de stockage. Des silos-fosses de 1,50 m sur 1 m sur 0,34 m ainsi que des citernes de 2,50 m sur 2,50 m sur 0,70 m ont également été retrouvés. Les habitants ont pratiqué une importante activité métallurgique. Neuf emplacements de travail des métaux ont été reconnus. Toutes les phases du travail des métaux ont été réalisées depuis le traitement des minéraux jusqu'à la fabrication des outils en fer. La fabrication du verre est également attestée sur le site durant la période celte. Il va de soi que le tissage et les travaux agricoles étaient également présents sur le site.

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Point géodésique de la Pierre d'Appel

Quinze tombes à incinération ont été découvertes sur le site. Elles étaient situées soit sous le talus d'accès, soit sous le chemin d'accès au rempart. Ils s'agissaient de fosses rectangulaires, creusées dans le sable, ayant des dimensions allant de 1 m sur 0,80 m sur 0,30 m à 2 m sur 1,50 m sur 0,20 m. Les os brulés et les cendres du bucher y étaient éparpillés et accompagnés par un ou deux récipients brisés. Des débris de vaisselles en bronze, des objets de parure en fer, en bronze ou en verre et des accessoires de toilette y ont également été retrouvés. Ces différents éléments étaient disposés avec le défunt sur le bucher et transférés dans la tombe après la crémation. Lors du transfert, les cendres étaient encore incandescentes comme en témoignent les traces de brulures relevées sur le fond et les parois des fosses. Ces sépultures ont été datées des périodes d'occupation allant de 250 à 80 av. J.-C..

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La présence d'un ou plusieurs lieux de culte est attestée par la découverte de débris de stèles et de sculptures notamment gallo-romaines. Des décors de poterie représentant des signes astraux, des fragments de rouelles à 8 rayons en bronze, des pendeloques en jais et une crécelle en terre cuite laissent penser à des pratiques religieuses. Ces ustensiles étaient en usage durant La Tène et à la fin de l'époque romaine. La présence de cupules et de bassins au niveau de certains rochers témoigne également des pratiques religieuses. Les Celtes pratiquaient certains de leur culte en plein air. Sur le flanc sud du site de la Pierre d'Appel se trouve la Pierre de la Poêle ou le Bechot des Corbeaux. Le bord de ce rocher a été taillé en forme de siège et son dessus arbore un grand bassin de 80 cm de diamètre.

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La Pierre de la Poêle

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La Pierre de la Poêle

Un peu plus loin à l'ouest de la Pierre d'Appel se trouve la roche du Chaudron des Fées. Trois grands bassins de 1,20 m de diamètre ont été creusés dans ce bloc de grès affleurant du sol. Scientifiquement, il est difficile de dater ce genre de lieu. Il est communément admis que les cupules et les bassins ornant les rochers sont d'origine celte. Un célèbre radiesthésiste a daté le culte pratiqué à cet endroit aux alentours de 700 av. J.-C..

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Le Chaudron des Fées

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Les bassin du Chaudron des Fées

En poursuivant vers l'ouest nous débouchons vers un lieu plus mystérieux, la Pierre Cornue et ses 12 bassins. Un grand affleurement rocheux s'est vu orné de 12 bassins dont les diamètres vont de 20 cm à 1,10 m. La nature a désigné l'endroit aux hommes en créant une étrange figure. Une des dalles disposées au bord de l'affleurement s'est brisée en deux. En s'effondrant, la dalle s'est placée presque à la verticale, la cassure vers le haut. Comme la cassure s'est faite en suivant un arc de cercle, cette dalle représente maintenant une tête cornue. Cette figure est probablement à l'origine des bassins creusés pour recevoir des offrandes à la divinité qu'elle ne manqua pas de représenter. Les Celtes vénéraient un dieu cornu connu sous l'appellation de Cernunos. Cette roche cornue en fut certainement une belle représentation.

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La Pierre Cornue

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Les bassins de la Pierre Cornue

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Plusieurs rochers dispersés aux alentours pourraient être des menhirs. L'un d'eux est toujours debout. C'est un bloc d'une hauteur de 1,10 m, large à la base de 1,20 m et d'une épaisseur de 20 cm.

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Un des menhirs de la Pierre Cornue

Ces photographies ont été réalisées en juin 2012.

 

Y ACCÉDER:

À Etival-Clairefontaine, prendre la direction de St-Benoit-la-Chipotte. Après l'abbaye et la traversée du ruisseau, prendre la route sur la droite. Garez-vous à l'embranchement avec le chemin forestier à gauche. Suivez le sentier balisé d'une croix rouge qui mène à la Pierre d'Appel.

Depuis la Pierre d'Appel, suivre le sentier balisé d'une croix bleue/cercle vert qui mène au Chaudron des Fées puis à la Pierre Cornue. Compter 2h30 pour l'aller/retour.

Coordonnées GPS de la Pierre d'Appel
48 N 22' 35"
06 E 51' 47"
Coordonnées GPS du Chaudron des Fées
48 N 22' 30"
06 E 50' 27"
Coordonnées GPS de la Pierre Cornue
48 N 22' 34"
06 E 50' 23"

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 14 octobre 2012

Cette page a été mise à jour le 24 février 2015