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L'allée couverte de Bois-Couturier

Cette allée couverte est l’une des plus belles et des plus insolites d’Ile-de-France. Elle constitue un savant mélange entre une allée couverte mégalithique et un hypogée creusé à flanc de coteau comme nous en trouvons dans la Marne. Elle ne fut découverte, fortuitement, qu’en 1915.

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Elle se compose d’une galerie creusée dans le calcaire du coteau et recouverte par quatre dalles mégalithiques en calcaire. La chambre est orientée sud/sud-est. Elle a une longueur de 8 m et une largeur de 2 m. Après le dégagement du sol primitif, effectué en 1973 lors de la restauration, la hauteur de la chambre est de 1,45 m. Après avoir creusé la galerie, les constructeurs ont délimité la chambre par des murs en pierre sèche. Le chevet est en forme d’arc de cercle, ce qui constitue un élément unique parmi les allées couvertes connues en Ile-de-France. L’entrée de la chambre est constituée d’un orthostate transversal complété de part et d’autre par des murs en pierre sèche. Cet orthostate est muni, en son centre, d’un trou ovale, dénommé le "Trou des âmes". Lors de l’utilisation du monument, ce trou était bouché par une pierre appareillée. Celle-ci a été retrouvée à proximité par les premiers fouilleurs. Il s’agit d’un bloc muni d’une anse sculptée en relief et pesant 158 kg. À l’extérieur de cet orthostate d’entrée est disposé, de chaque côté dans le prolongement des murs de la chambre, un orthostate. L’ensemble forme un vestibule. Nous ignorons cependant si ce vestibule était couvert ou non. Sur chacun de ces orthostates était gravée, face à face, la représentation de la déesse des mégalithes. Cette représentation se compose d’une paire de seins surmontés d’un collier de points. Ces représentations ont été mutilées anciennement (peut-être déjà lors du néolithique) et sont actuellement presque effacées.

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L’allée couverte appartient à la catégorie "Seine-Oise-Marne" et son utilisation a été datée entre 2600 et 1600 av. J.-C.. Elle fut découverte en octobre 1915 par un ouvrier agricole qui labourait la parcelle que le comte de Letourville avait ordonné de mettre en culture. Une première fouille fut réalisée en 1916 par messieurs Plancouard et Branchu. Ils découvrirent derrière l’entrée trois squelettes complets. Adrien de Mortillet reprit les fouilles en 1919. Il mit à jour les restes de plus de 200 squelettes. Le mobilier extrait de l’allée couverte se compose d’une grosse anse avec deux fragments de bord correspondant à un récipient caréné, un poinçon en os, une extrémité de hache polie, trois grattoirs, deux racloirs sur éclats laminaires, une flèche tranchante, une lame retouchée, deux fragments de lame, deux percuteurs, un fragment de grès gris à section trapézoïdale et deux tessons épais. Les résultats de ces fouilles n’ont cependant pas été publiés.

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L’allée, classée Monument historique en 1958, fut complètement restaurée en 1973. Les Monuments historiques réalisèrent la réfection des murs en pierre sèche de la chambre, le rétablissement des dalles de couvertures et la restauration de l’entrée. Après la mise à jour en 1915, les hauts des murs de la chambre se sont effondrés provoquant le basculement des dalles de couvertures du côté est. Cet effondrement est bien visible sur les photographies prises en 1919. La dalle recouvrant le chevet avait même disparu et celle située juste après l’entrée était brisée en morceaux. Les premiers fouilleurs ont, de plus, détruit le mur en pierre sèche sur le côté ouest de l’orthostate de l’entrée pour se faciliter le passage. Les murs en pierre sèche ont donc été reconstruits avec les dallettes retrouvées dans la chambre. Un mortier a ensuite été coulé entre les murs et les parois rocheuses pour en assurer la cohérence. Les deux dalles de couverture du milieu ont été repositionnées et la dalle manquante a été remplacée par une dalle recueillie dans l’affleurement rocheux des environs. La dalle brisée fut reconstituée avec les fragments retrouvés et de nouveaux morceaux et placée, soutenue par trois poutres en béton, à son emplacement d’origine. Les murets en pierre sèche de l’entrée furent reconstruits selon les indications des écrits de messieurs Plancouard et Branchu.

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Après la reconstruction du monument, les archéologues entreprirent la restitution du sol primitif. Pour cela, ils évacuèrent les 6 m3 de remblais accumulés au fil des ans dans la chambre. Ils découvrirent un sol horizontal avec une légère dépression centrale dans l’axe de l’allée correspondant à la zone de fréquentation principale. Ce sol était dallé, mais peut être que partiellement. Ils découvrirent également, dans la zone d’écroulement des murs, côté est, une zone non fouillée en 1919. À cet endroit, se trouvaient, sur un dallage, trois squelettes en connexion anatomique. Il s’agissait d’une femme couchée en décubitus latéral gauche, un homme allongé sur le côté droit lui faisant face et, entre les deux, un enfant de 2 ans. L’enfant avait son crâne appuyé contre celui de la femme. Le crâne de l’homme était manquant. Une datation au carbone 14 de ces ossements a donné la date de 1690 av. J.-C. Au nord de cette zone furent également retrouvés de nombreux vestiges d’empilements de divers ossements démontrant que les défunts furent entassés au fond de la chambre pour faire de la place aux nouveaux occupants.

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Dans les déblais évacués de la chambre, les archéologues recueillirent de nombreux vestiges d’os humains bien conservés. Des ossements de petits rongeurs furent également recueillis. Peut-être s’agit-il d’offrandes, mais plus probablement d’animaux qui se faufilèrent entre les dalles. Parmi les déblais se trouvaient 39 tessons de petite dimension et de facture assez grossière et 58 silex taillés. Parmi ceux-ci figuraient trois flèches à tranchant transversal, le reste étant des produits de débitage ne portant pas de trace visible d’usure, ce qui laisse supposer qu’ils n’ont pas servi. Durant les travaux, un fragment d’une petite coupe fut découvert à l’extérieur du monument. Ce fragment était décoré d’une bande de 0,6 cm formée de trois cannelures. Cette coupe est apparentée à la céramique en usage lors du 1er âge du fer et pourrait donc laisser supposer que les trois squelettes découverts derrière l’entrée par les premiers fouilleurs seraient liés à une utilisation tardive du monument comme ce fut le cas dans d’autres allées couvertes de la région.

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Plan sans échelle

Ces photographies ont été réalisées en janvier 2005 par Monsieur Michel Primault.

D'autres informations et théories sur les mégalithes sont consultable sur la page "Les mégalithes".

 

Y ACCÉDER:

L’allée couverte est située dans le bois de Morval à proximité de Guiry-en-Vexin. Depuis Wy-dit-Joli-Village, prendre la direction de Banthelu par la D179. Prendre sur la droite la route menant au parking du bois de Morval. De là, un sentier balisé mène en 30 mn à l’allée couverte.

Coordonnées GPS
49 N 07' 04"
01 E 50' 39"
Altitude 132 m

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 29 décembre 2013

Cette page a été mise à jour le 29 décembre 2013