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Magnifiques Abbayes

Saint Martin du Canigou

Les premières mentions à cette abbaye datent de 997. Elle aurait été créée par le comte de Cerdagne, Guifred II. De nombreuses donations de Guifred II et de sa femme Guisla permettent de mener à bien la construction des bâtiments. L'église est consacrée le 10 novembre 1009 par Oliba, évêque d'Elne. Elle est dédiée à Marie, à St Martin et à St Michel. L'église est agrandie pour abriter les reliques de St Gaudérique et est à nouveau consacrée en 1014 ou en 1026. Le comte Guifred II viendra y finir sa vie en 1049.

l'abbaye

Avec sa mort, l'abbaye perd son donateur et sa splendeur se met à décliner. Au début du XIIe siècle, elle perd son indépendance avec son rattachement à l'abbaye de Lagrasse dans l'Aude. En 1428, un tremblement de terre détruit une bonne partie des bâtiments. L'église a relativement bien résisté, mais le clocher a été écrêté. L'insuffisance des revenus de l'abbaye va considérablement retarder la reconstruction. Lors de la Révolution, l'abbaye sera fermée et les derniers moines présents sont expulsés. Les bâtiments vont ensuite servir de carrière aux habitants des villages alentour. Petit à petit, les chapiteaux du cloitre, les sculptures et le mobilier vont disparaitre.

le clocher

le couvent

Monseigneur de Carsalade du Pont, évêque de Perpignan, entreprendra au début du XXe siècle la reconstruction de l'abbaye. Elle sera achevée entre 1952 et 1983 par Dom Bernard de Chabannes qui y rétablit la vie monacale en 1988.

le clocher

L'église est constituée de deux parties superposées. L'église inférieure, consacrée à Marie, est la première église de l'abbaye. Elle date de 1009 et est en grande partie souterraine. L'église supérieure, construite entre 1010 et 1020, est consacrée à St Martin. Sa construction a nécessité le renforcement des piliers soutenant la voûte de l'église inférieure. Les deux églises sont composées de trois nefs séparées par des colonnes. Les reliques de St Gaudérique, initialement abrité dans l'église inférieure, ont ensuite été installées dans une chapelle adjointe aux trois absides existant au chevet de l'église supérieure. Cette chapelle est surmontée par le clocher partiellement détruit par le tremblement de terre. Celui-ci n'a pas été reconstruit dans sa totalité. Les deux étages restants culminent à dix-neuf mètres et n'ont fait l'objet que d'un nouveau crénelage.

le cloitre

le mont Canigou

La restauration du cloitre a été réalisée entre 1900 et 1920. Initialement, il comprenait deux étages. Le premier a été construit au début du XIe siècle et le deuxième à la fin du XIIe siècle. La plupart des éléments du cloitre ayant été perdus après la Révolution, la restauration a intégré les éléments restants dans une nouvelle galerie sud donnant sur le précipice. Dans cette galerie, les éléments en marbre blanc proviennent de l'ancien étage supérieur et ceux en marbre rose datent du XIIe siècle.

St Michel de Cuxa

En 854, une petite communauté s'établit autour du clerc Protasius à Cuxa, où se trouvait une petite église dédiée à St-Germain. Ils furent rejoints en 878 par les 35 moines de l'abbaye de St André d'Eixalada qui venait d'être engloutie par une crue du Têt. Ils formèrent officiellement une nouvelle communauté en 879 et prirent Protasius comme abbé. L'ancienne abbaye bénéficiant de la protection et des largesses des comtes de Cerdagne - Conflent, ceux-ci reportèrent leur attention sur la nouvelle abbaye. L'abbaye de Cuxa finit par obtenir de ne relever que de l'autorité du pape et du roi. En 956, le comte de Cerdagne, Seniofred II, fait construire une église en pierres et en bois à Cuxa puis confie l'abbaye à l'abbé Garin. Celui-ci était à l'époque déjà abbé de cinq abbayes dans le sud de la France et était un grand voyageur. Il réforma l'abbaye dans l'esprit de Cluny.

le clocher de Cuxa

Sur le retour d'un pèlerinage à Rome, Garin fit escale à Venise où il convainquit le doge Pietro Orseolo de le suivre à Cuxa. Le 1er septembre 978, celui-ci abandonna le pouvoir, sa femme et ses enfants. En emportant sa fortune, il accompagna, avec les ermites Marin et Romuald, Garin sur le chemin de Cuxa. Orseolo mourut à Cuxa le 10 janvier 988 en odeur de sainteté. Après sa mort, les ermites retournèrent en Italie où Romuald fonda l'ordre des Camaldules. L'abbé Garin mourut peu avant l'an mille à son retour d'un pèlerinage de quatre ans en terre sainte.

le cloitre

châtiteaux du cloitre

Sa succession fut assurée par Oliba, petit fils de Seniofred, qui fut élu abbé de Cuxa en 1008. Il fut nommé évêque de Vich en 1017. Oliba s'efforça d'agrandir le patrimoine de l'abbaye. Il fit construire à l'avant de l'église les deux chapelles superposées de la Crèche et de la Trinité. Il agrandit également l'église de trois absides. Et y rajouta les clochers sud et nord, haut de 33 m. Il obtint un grand prestige pour l'abbaye où il meurt le 30 octobre 1046. En 1091, le comte de Cerdagne, Guillaume-Raimond, fait don de l'abbaye de Cuxa à l'abbaye St Victor de Marseille. Pierre Guillaume, abbé de Cuxa de 1091 à 1102, eut la charge de réformer l'abbaye dont le relâchement dans l'application de la règle de St Benoit avait terni le prestige. Un de ses successeurs, l'abbé Gregoire (1130 à 1143), fit construire le cloitre. Il est constitué de colonne en marbre rose du Conflent surmonté de chapiteaux décorés de thèmes profanes. Les décorations ne sont pas religieuses. Il semblerait que les sculpteurs se sont inspiré des manuscrits présents dans la bibliothèque de l'abbaye. Celle-ci était une des plus riches des Xe et XIe siècles.

le clocher

Après cette période faste de construction, l'abbaye de Cuxa décline malgré la possession d'un important domaine foncier réparti sur une quinzaine de paroisses des diocèses d'Elne et d'Urgel. À partir du XVIe siècle, les moines se sont constitués en "offices" et se répartissaient les revenus. Chaque moine avait son habitation particulière. L'église fut modifiée par la création de chapelles dans les bas-côtés de la nef. Celle-ci reçut d'ailleurs une voûte en brique. Le sacristain établit son logis dans la chapelle de la Trinité. En 1772, le pape Clément XIV rétablit la vie commune dans les abbayes bénédictines et supprime la pratique des "offices". La bulle papale est approuvée par le roi Louis XV. Les moines de Cuxa refusèrent cependant l'application des nouvelles règles jusqu'à la Révolution. En 1791, l'abbaye fut vendue comme bien national. Le 27 janvier 1793, les révolutionnaires pillèrent l'abbaye et chassèrent les sept moines restants. Les bâtiments furent laissés à l'abandon. En 1825, la voûte de la nef s'écroula. Le clocher nord s'effondra durant l'hiver 1839. Le cloitre finit par être vendu pièce par pièce à des collectionneurs. En 1908, seuls douze chapiteaux étaient encore en place.

vestiges de l'église

En 1913, l'américain George Grey Barnard, après avoir acheté quelques sculptures en provenance de Cuxa chez un antiquaire, se rend sur place. Il rachète les pièces architecturales disséminées dans le pays. Les pièces qu'il rachète vont être à l'origine du cloitre reconstitué au "Cloisters Museum" de New York. Les restes de l'abbaye sont acquis en 1919 par Ferdinand Trullés qui y installe des cisterciens ayant quitté l'abbaye de Fontfroide. À partir de 1920, les bâtiments restants font l'objet de restauration par les services des Monuments historiques. En 1955, le cloitre est reconstitué avec les pièces restantes dans le pays et ceux offerts par Barnard. Le toit de l'église est reconstruit en 1957. L'abbaye est occupée depuis 1965 par des bénédictins de l'abbaye de Montserrat et ouverte au public à partir de 1967.

porche d'entrée

l'autre côté du porche

Le prieuré de Serrabona

La première mention à cet endroit date de 1069 où il est fait état d'une église paroissiale dédiée à la Vierge. Le vicomte de Cerdane et de Conflent y installa un groupe de religieux. L'abbé Pierre Bernard et quinze moines y créèrent un prieuré régi par la règle de Saint-Augustin. La communauté, sur un fond d'opposition entre l'autorité religieuse et le pouvoir des comtes, élit librement pour la première fois, en 1082, son prieur (auparavant celui-ci était nommé par le pouvoir). C'est à cette époque que fut érigée la partie la plus ancienne encore visible de l'église du prieuré. Il s'agit d'une nef étroite couverte d'une voute en berceau.

serrabone 1

Au cours du XIIe siècle, l'église fut agrandie par des collatéraux, un transept et un chœur demi-circulaire. Cette église agrandie fut consacrée le 25 octobre 1151 par Artal, l'évêque d'Elne, accompagné par Bernard Sanche, évêque d'Urgell, de l'abbé de Saint-Michel-de-Cuxa et de l'abbé de Sainte-Marie d'Arles-sur-Tech. L'apogée du prieuré fut cependant de courte durée. Dès le XIVe siècle, l'individualisme croissant des chanoines les conduisit à vivre dans des maisons privatives au lieu de partager le lieu de vie commun comme le voulait la règle. En 1413, le chanoine Bernat Taillet fit amende honorable et promit de faire partir la femme qui vivait avec lui. En 1448, le prieur Bernat Joer fut même déposé pour "crimes énormes". Au cours du XVe siècle, l'instabilité militaire de la région finit par réduire le nombre de chanoines. Le successeur de Bernat Joer exigea alors la présence permanente au prieuré de sept chanoines.

serrabone 3

En 1592, le pape sécularisa (délier de l'appartenance à un ordre religieux) le prieuré et le rattacha au diocèse de Solsona en Catalogne. À la mort du dernier prieur, Jaume Serra, en 1612, l'église du prieuré devint l'église paroissiale. Le prieur Jaume Serra est inhumé au chœur du croisillon sud du transept. À partir de cette date, le prieuré tomba doucement dans l'oubli. La partie occidentale de l'église s'effondra en 1819 et la commune de Serrabone, dépeuplé, fut supprimée en 1822.

serrabone 4

serrabone 5

Les ruines reçurent la visite de Prosper Mérimée en 1834. Il s'en suivit une première campagne de restauration en 1836 et un classement aux Monuments historiques en 1840. À partir de 1917, le propriétaire des lieux, Henri Jonquères d'Oriola, entreprit des travaux en réfectionnant la toiture et le clocher. L'ensemble de l'église fut restauré en 1960 puis en 1968 la famille Jonquères d'Oriola fit don du prieuré au département des Pyrénées-Orientales.

wiki tribune
La tribune (© Wikipédia)

wiki serrabone
(© Wikipédia)

La petite église est constituée d'une nef étroite flanquée de deux collatéraux. La nef a une longueur de 24,50 m et une largeur de 5,13 m. Sa hauteur est de 10,70 m. La nef est séparée du transept et du chœur par une magnifique tribune en marbre rose.

Ces photographies ont été réalisées en juillet 1983 pour les deux premières abbayes et en août 2005 pour Serrabona.

 

Y ACCÉDER:

St Martin du Canigou

De Villefranche-de-Conflent, prendre la D116 vers Vernet-les-Bains. De là, poursuivre vers Casteil. De Casteil, la montée vers l'abbaye se fait à pied.

St Michel de Cuxa

De Prades, prendre la D27 vers Taurinya. La route passe devant l'abbaye.

Prieuré de Serrabona

D'Ille-sur-Têt, prendre la N116 en direction de Prades. À la sortie d'Ille-sur-Têt, prendre vers Bouleternere puis la D618 en direction d'Amélie-les-Bains. L'accès au prieuré se fait par la D84 partant sur la gauche au bout de quelques kilomètres.

 



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Cette page a été mise en ligne le 20 juin 2010

Cette page a été mise à jour le 25 avril 2020