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Le cirque de Lescun

Le cirque de Lescun, d'origine glacière, surplombe la vallée d'Aspe. Le petit village de Lescun, au centre du cirque, est la commune la plus élevée et la plus étendue (6000 hectares) du Béarn. Le cirque est dominé par 20 sommets de plus de 2000 m dont le plus haut est le Pic d'Anie avec 2504 m.

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Les orgues de Camplong

La formation des Pyrénées débuta à l'Ordovicien (490 à 455 Millions d'Années) par des dépôts sédimentaires dans une mer calme à l'abri d'une barrière récifale. Au dévonien (407 à 360 MA), la région était plongée dans une ambiance tropicale. Il s'agissait d'une plateforme continentale recouverte d'une mer peu profonde parsemée de récifs. Au cours du carbonifère (359 à 300 MA), des dépôts turbiditiques avec présence de charbons et fossiles de plantes recouvrirent la région. Durant le permien (299 à 251 MA), l'orogenèse hercynienne plissa les terrains déposés entre l'ordovicien et le carbonifère pour créer des reliefs plus imposants que les Pyrénées actuelles. Un volcan (actuel Pic du Midi d'Ossau) forma une grande caldera entourée d'innombrables coulées de laves et de dépôts de cendres. L'alternance de période pluvieuse avec des périodes de forte chaleur créa les grès rouges par l'oxydation des dépôts ferrugineux.

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Au cours du jurassique (200 à 145 MA) et du crétacé inférieur (145 à 100 MA), une zone marine de profondeur variable produisit des marnes et des calcaires sur des centaines de mètres d'épaisseur. Durant cette période, l'érosion réduisit la chaine hercynienne à une pénéplaine en partie recouverte par la mer. Au cours du crétacé supérieur (100 à 65 MA), la mer pyrénéenne sépara la plaque ibérique de la plateforme aquitaine. Une couche sédimentaire argilo-sableuse s'y déposa sur un millier de mètres d'épaisseur. À la fin du crétacé supérieur, la plaque ibérique s'éloigna vers le sud-sud-ouest de la plaque européenne. Au milieu du crétacé, le fond océanique (futur golfe de Gascogne) s'ouvrit provoquant un mouvement de translation et de rotation de la plaque ibérique vers le sud-est. Vers la fin du crétacé (65 MA) et le début du tertiaire, la plaque ibérique amorça sa remontée vers les nord-ouest provoquant la formation du bourrelet montagneux constituant les futures Pyrénées.

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Le Petit et le Grand Billare

Durant le paléogène (65 à 24 MA), les Pyrénées en voie de soulèvement subirent l'érosion qui accumula des débris caillouteux au sud (le bassin de l'Ebre) et au nord (le bassin aquitain). Cette érosion se poursuivit durant le miocène (24 à 7 MA) au travers des cours d'eau qui coulaient perpendiculairement à la chaine de montagnes. Cette érosion déposa les sédiments en couches horizontales au nord et au sud des Pyrénées que le mouvement de la plaque ibérique vers le nord-ouest continuait de soulever. Au quaternaire (2,5 à 0 MA), les glaciers modelèrent les vallées orientées nord-sud en forme de "U" en déposant de puissantes moraines à leurs débouchés. À la fin de la glaciation, l'érosion fluviale reprit pour former le profil en "V" du fond des vallées.

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Les orgues de Camplong

Le village de Lescun fut cité pour la première fois en 1385 où un recensement de Gaston Febus comptait 62 feux. Au cours du Moyen-âge, le village comptait plusieurs centaines d'habitants, dont un grand nombre de cagots (mot Béarn signifiant lépreux blanc). Les cagots n'avaient le droit d'habiter qu'en dessous de l'église dans le quartier Bésiat. Jusqu'à la Révolution, ils n'avaient pas le droit d'exercer de fonction publique. Ils étaient donc cantonnés à la fonction d'ouvrier agricole. Au XVIIIe siècle, ils représentaient un tiers des habitants de Lescun. Avant 1789, les habitants de Lescun comptaient parmi les plus riches du Béarn. C'étaient de grands propriétaires agricoles possédant de nombreux troupeaux. Le recensement de 1870 compta 1400 habitants dans le village. Actuellement, le village n'en compte plus qu'une centaine.

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Le cirque de Lescun est délimité par une série de cimes calcaires. En partant du sud-est et dans le sens horaire, nous pouvons contempler les Aiguilles d'Ansbére, la Table des Trois Rois, le Billare, le Pic d'Anie, les Orgues de Camplong, le Pic d'Oueillarisse et le Pic d'Ourtasse. D'un point de vue géologique, les Orgues de Camplong sont les plus remarquables. Elles sont formées par une falaise calcaire du crétacé supérieur (100 à 70 MA). Les pentes sous la falaise sont constituées de roche du dévonien (407 à 360 MA) plissée par la collision de la plaque ibérique avec la plaque européenne. Ces différentes cimes peuvent être traversées par quatre cols. Le col d'Insole relie la vallée d'Anage à celle de Roncal, le col de Petrechema relie l'Ansabe à Anso, le col de Pau relie Itchaxe à Hecho et le col de la Couarde relie Labadie à Aigues-Tortes.

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Le Petit et le Grand Billare

Le cirque de Lescun connut le 4 septembre 1794 une terrible bataille. L'histoire de cette bataille trouva son origine le 22 juillet 1792 lorsque l'Assemblée révolutionnaire déclara la Patrie en danger. Le 9 mars 1793, cette même Assemblée déclara la guerre à l'Espagne. L'armée d'Aragon comptait dans ces rangs de nombreux officiers émigrés depuis les départements des Pyrénées lors de la Révolution française. Ces officiers, dont le comte d'Esquille, voulaient tous reconquérir leurs terres confisquées par le peuple. Au début du mois de juillet 1794, le 5e bataillon des Basses Pyrénées répartit ses compagnies dans les villages de Bedous, Accous, Borce, Urdos, Lhers et Lescun. Son quartier général était établi à Oloron-Sainte-Marie. Le 25 juillet 1794, le général Muller prit la vallée de Bastan et le général Moncey conquit les villes espagnoles de Fontarabie, St-Sébastien et Tolosa. Devant ces succès français, la cour d'Espagne chargea le comte Castelfranco, capitaine général des armées de Charles IV, de franchir la frontière par les cols de Pau et de la Couarde et d'attaquer Oloron-Sainte-Marie afin de couper les troupes françaises de ses sources d'approvisionnement. Les Espagnols ont choisi le passage par les cols et le cirque de Lescun pour contourner le fortin du Poutou et parce que les points de passage en montagne n'étaient surveillés que par des postes tenus par 8 à 25 hommes. Les Espagnols rassemblèrent à Hecho, 2000 hommes des troupes régulières et de la Garde Wallone, 1500 miliciens et 1000 paysans (plutôt des maraudeurs et des pillards). Ils emmenaient avec eux plusieurs canons de montagne. En face dans le cirque de Lescun stationnaient 50 grenadiers et quatre compagnies de volontaires soit environ 600 hommes.

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Les Espagnols marchèrent de nuit et arrivés au col, décidèrent de descendre dans la vallée par la gauche. Ils furent rapidement stoppés par la résistance acharnée d'un poste de garde. Les coups de feu s'entendirent à Lescun où le capitaine fit alerter Oloron-Sainte-Marie en demandant des renforts. Les Espagnols firent demi-tour pour chercher une autre voie de passage. Pendant ce temps, des miliciens réussirent à se faufiler et incendièrent des granges pour guider les troupes. Les Espagnols débouchèrent ainsi sur Lescun par le terrain plat en partie basse du village. Le capitaine français, ayant anticipé la manœuvre, avait placé ces troupes à cet endroit. Il plaça les villageois en arrière de ces troupes pour faire croire qu'il disposait de renfort. L'affrontement tourna rapidement au massacre pour les Espagnols qui y subirent leurs plus fortes pertes. L'endroit est depuis dénommé le champ des morts. Les Espagnols se retirent et tentèrent d'attaquer Lescun de front, mais un à-pic rocheux leur barrait le passage. Les hommes de la Garde Wallone essayèrent de passer par un étroit sentier qui débouchait au Pont du Moulin où les Français les tirèrent comme des lapins. Les Espagnols tentèrent ensuite de contourner Lescun par la droite, mais de nuit ils se heurtèrent à une cascade qu'ils ne purent franchir. En fin de nuit, deux compagnies arrivèrent en renfort de Bedous et attaquèrent les flancs des Espagnols. Ceux-ci se replièrent en hâte poursuivie par les Français. Au matin, les Espagnols avaient laissé sur le terrain 900 morts et 450 prisonniers.

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Ces photographies ont été réalisées en septembre 2014.

 

Y ACCÉDER:

D'Oloron-Sainte-Marie, prendre la N134 en direction du col du Somport et de l'Espagne. Après Bedous, prendre la D239 pour Lescun. Traversez le village et poursuivez sur le chemin en direction du lac de Lhurs. Le chemin s'arrête sur un parking au pied du Billare. De là, un chemin piétonnier mène vers différents lieux au sein du cirque.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 13 décembre 2014

Cette page a été mise à jour le 9 février 2016