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La cathédrale de Beauvais

La cathédrale de Beauvais rassemble en un même lieu une des plus anciennes églises romanes de France avec le plus haut chœur gothique du monde. Celui-ci culmine à 48,50 m. Il s'agit d'un édifice un peu anachronique, mais le chœur et le transept possèdent une beauté à couper le souffle.

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L'évêché de Beauvais a été fondé au cours du IIIe siècle par St Lucien. Le premier évêque connu après lui se nomma Maurinus et il officia durant la première moitié du VIIe siècle. L'évêque Hugues fit édifier, vers 970, la première cathédrale. Elle remplaça une église carolingienne à trois absides. Cette cathédrale, nommée la Basse-Œuvre, se composait, à l'origine, de trois nefs à neuf travées avec un transept. Elle avait 70 m de longueur, 20 m de largeur et était haute de 17,50 m. Elle subit plusieurs incendies dont deux au cours du XIe siècle où la façade ouest a été reconstruite avec la porte centrale surmontée d'une fenêtre que nous pouvons voir aujourd'hui. Après l'incendie de 1225, l'évêque Milan de Nanteuil décida de construire une nouvelle cathédrale. Celle-ci sera construite à la place de l'ancienne en commençant par le chœur. La cathédrale de la Basse-Œuvre sera détruite au fur et à mesure de l'avancement des travaux de la nouvelle, dénommé la Haute-Œuvre. Le chœur sera achevé en 1272 et le 3 octobre 1272, les vêpres y furent chantées pour la première fois.

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Le chœur

Le 28 novembre 1284, les voûtes du chœur s'effondrèrent. Cet effondrement est imputable à la faiblesse des piles séparant les bas-côtés et aux choix de contreforts réduits afin de laisser un maximum de lumière pénétrer dans le chœur. La hauteur du chœur est également à la limite des possibilités des constructeurs de l'époque. Des études récentes ont démontré que cet effondrement était imputable aux vibrations résultant de la mise en résonnance de l'édifice par les vents. La reconstruction du chœur fut confiée en 1338, à l'architecte Enguerrand le Riche. Elle s'acheva en 1347. Des piliers intermédiaires furent rajoutés et des tirants métalliques furent placés entre les contreforts. Ces tirants furent supprimés en 1960, car ils ont été jugés inesthétiques et inutiles. Dès la suppression des tirants, une dissociation partielle du chœur et du transept apparu, car les oscillations dues aux vents s'amplifièrent. De nouveaux tirants furent donc réinstallés.

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En 1499, l'évêque Louis Villers de L'Isle-Adam décida la construction du transept et de la nef. Il confia la tâche à l'architecte Martin Chambiges, maitre maçon de Paris. La première pierre fut posée en 1500. Les travaux furent interrompus en 1548 après l'achèvement du transept. La façade sud du transept est très richement décorée de sculptures de style gothique. Les portes sud et nord ont été réalisées par Jean Le Pot. Sur la porte sud, le vantail gauche représente St Pierre guérissant un boiteux à la porte du Temple et le vantail droit montre la conversion de St Paul sur le chemin de Damas. La porte nord est ornée de salamandres avec des couronnes, l'emblème de François 1er. Les vantaux de cette porte portaient des fleurs de lys qui furent détruites lors de la Révolution. Tout autour de cette porte est sculpté un bestiaire fantastique du XIIIe siècle montrant des bustes d'hommes, des lions, des basilics et des dragons ailés.

Les différents vitraux du chœur et du transept ont été réalisés au XIIIe, XIVe et XVIe siècle. Ceux du XIIIe siècle sont entièrement colorés sans espace blanc alors que la surface colorée de ceux du XIVe est plus réduite. Les rosaces nord et sud ont un diamètre de 11 m. La rosace nord fut réalisée, en 1537/1538, par Jean et Nicolas Le Prince. Elle a été refaite en 1958 par Max Ingrand. La rosace sud représente Dieu le père entouré de scènes de la Genèse et du peuple juif. Elle fut réalisée en 1551 par Nicolas Le Prince.

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La rosace sud

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La voute du transept

Plutôt que de construire la nef, il fut décidé en 1561 de doter la cathédrale de la plus haute tour de la Chrétienté. Celle-ci fut érigée à la croisée du transept entre 1563 et 1569 par l'architecte Jean Vast. Elle atteignit la hauteur vertigineuse de 153 m. La folie des grandeurs avait frappé les Beauvaisiens et à la sortie de la messe de l'Ascension 1573, la flèche s'effondre, heureusement sans faire de victimes. La reconstruction des voûtes du transept privera l'évêché des finances nécessaires à la construction de la nef. Entre 1600 et 1604, l'architecte Martin Candelot construira la première travée de la nef. Ce qui conduit à une nouvelle réduction de la Basse-Œuvre dont ne subsistent plus que trois travées.

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Le portail sud

En 1748, le sculpteur Nicolas Sébastien Adam fut chargé de réaliser un nouvel autel et deux crédences disposés de part et d'autre. L'autel en marbre polychrome et orné de bronze doré fut inauguré en 1758. Il réalisa également une statue de la Vierge et divers décors. La statue représente la Vierge assise soutenant l'enfant Jésus debout sur un globe et transperçant un serpent avec une lance en forme de croix. Cette statue est en plâtre, car le marbre ne fut jamais livré. À la même période, les ferronniers Antoine Pichet, Benoit et Gabriel Parent de Paris réalisèrent les ferronneries d'art présent dans le chœur. Ces éléments furent complétés par différents éléments en provenance d'autres églises démantelés après la Révolution.

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En octobre 1793, les révolutionnaires pillèrent la cathédrale et décapitèrent les statues. La cathédrale sera, durant cette période, transformée en "Temple de la Raison" puis vendue en 1794 comme bien national. En 1840, elle fut rachetée par l'État et classée Monument historique. Après restauration, elle fut rendue au culte en 1867. En 1849, l'architecte Daniel Ramés fut chargé du projet de construction de la nef. Son projet, qui comprend en plus de la nef des tours dans un style néogothique, fut approuvé par Mérimée, Viollet-le-Duc et Labrouste. En 1850, il fut cependant remercié et remplacé par Aymar Verdier. Le projet fut annulé en 1853. Le côté ouest de la cathédrale est donc inachevé et depuis clos par un bardage surplombant la Basse-Œuvre.

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Le côté ouest de la cathédrale

L'horloge astronomique a été construite entre 1865 et 1868 par l'ingénieur beauvaisien A. L. Vérité (1806-1887). Elle est constituée de 90000 pièces et comprend 52 cadrans. Ceux-ci indiquent les phases de la lune, les marées, les levers et couchers du soleil et de la lune, les semaines et les mois. À midi, des personnages animés reconstituent le jugement dernier. D'après la tradition, cette horloge n'est remontée qu'une fois par siècle.

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L'horloge astronomique

En 1853, le ferronnier d'art Pierre Boulanger réalisa les grilles de clôture des chapelles Ste Anne, Ste Marie et de St Joseph. Entre 1897 et 1904, des travaux furent réalisés pour consolider les piliers des bas-côtés du chœur. La cathédrale fut endommagée en 1940 par cinq bombes lors de la "drôle de guerre". Un vent de sud-ouest provoqua la rupture d'un arc-boutant en 1982 et un an plus tard un vent identique défonça le bardage qui clôture le transept au-dessus de la Basse-Œuvre.

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La Basse-Oeuvre

La cathédrale a également ses légendes comme celle du clerc Théophile. Celui-ci fut accusé de dilapider les biens de l'église et fut chassé par le prélat. Il alla trouver un juif (?) et promit son âme au Diable si Satan fait triompher sa cause. Aussitôt, il est réhabilité et le peuple lui rend hommage. Il devint riche et puissant. Mais pris de remords, il implora la Vierge avant de s'endormir. À son réveil, il trouva le pacte maléfique dans sa main. Il mourut peu après et un ange vint chercher son âme. Ce mystère populaire fut longtemps joué sur le parvis de la cathédrale. Le troisième vitrail de la chapelle de la Vierge illustre cette histoire. Ce vitrail est daté du XIIIe siècle.

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Une étrange sculpture a été identifiée au-dessus du portail nord. Il s'agit d'un homme tendant son postérieur vers un autre qui y enfonce un soufflet. Cette sculpture nommée "le souffle à cul" a été réalisée au cours du XVIe siècle. Il s'agit d'une caricature faite pour se moquer d'un contremaître qui aurait eu la réputation de harceler les ouvriers en pourchassant sans relâche les retardataires et les paresseux. La statue est placée dans la partie haute droite du portail au-dessus de la "Femme à la bourette" (brouette) et n'est visible qu'avec des jumelles. Je n'ai pas eu la chance de pouvoir en faire une photographie.

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Le portail nord

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Une des salamandres

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La femme à la brouette

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Une exécution

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Un dragon tenu par la queue

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Un griffon

Pour finir quelques chiffres. La longueur du chœur est de 72,50 m. La largeur du transept est de 58,60 m. La hauteur extérieure est de 67,80 m et la hauteur interne du chœur est de 48,50 m.

Portail nord 12
Un autre dragon

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Ces photographies ont été réalisées en août 2013.

 

Y ACCÉDER:

La cathédrale est au centre-ville de Beauvais et, vu sa hauteur, facile à trouver.

 



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Cette page a été mise en ligne le 16 novembre 2013

Cette page a été mise à jour le 21 février 2015