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Le rocher de l'Erbsenfelsen

Le rocher de l'Erbsenfelsen porte un nom bien étrange, le rocher des petits pois. Je n'en ai pas vu lors de ma visite, mais j'ai été impressionné par l'équilibre fragile de la partie orientale du rocher. Il semble qu'un simple coup de vent pourrait le faire basculer. Le site est fragile et sert de lieu de nidification au faucon pèlerin. Faites-vous donc discret lors de votre visite.

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Le rocher terminal

La formation des Vosges débuta au précambrien (avant -540 Ma (millions d'années)) où une chaîne de montagnes recouvrait la région dont les reliques sont visibles dans les gneiss du Climont et de Ste-Marie-aux-Mines. Au début de l’ère primaire (-540 Ma), l'Alsace et les Vosges étaient recouvertes par la mer. Un volcanisme basaltique et andésite produisit les grauwackes. Durant le dévonien (-407 à -359 Ma) s’accumulèrent sur le vieux socle des schistes et des arkoses qui formeront plus tard des gneiss. Les Vosges étaient recouvertes par une mer chaude et peu profonde où se formèrent des récifs coralliens. Un volcanisme sous-marin créa les massifs de Schirmeck et du Champ du Feu. Au dévonien moyen (-397 Ma) débuta le soulèvement de la chaîne hercynienne. L'instabilité tectonique du carbonifère supérieur (-328 à -299 Ma) a créé une importante sédimentation de la région et un important volcanisme mit en place le pluton granitique des Ballons des Vosges. Une mosaïque de nappes d'eau douce, de lacs et de marécages donna naissance aux couches de charbons au sud et au nord des Vosges.

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Le rocher terminal

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La base du rocher terminal

Durant le permien (-299 à -251 Ma), l'érosion transforma la chaîne hercynienne en pénéplaine. Les dépressions furent comblées par d'importants déblais détritiques généralement grossiers avec des dépôts locaux de sables qui formeront les grès permiens. Un volcan forma les rhyolites du Nideck. Au trias inférieur (-251 à -245 Ma), l'Alsace et les Vosges furent l'aire d'épandage des fleuves impétueux érodant le massif d'un "continent gaulois" occupant l'emplacement de l'actuel bassin parisien. Cette période dite du Buntsandstein créa le grès rose des Vosges. L'épaisseur de la couche de sédiment augmente du sud au nord et atteint par endroit 450 m.

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À la fin du trias inférieur (-249 à -245 Ma), après un répit, la sédimentation reprit, les fleuves déposèrent leurs alluvions à l'air libre ou au fond de lagunes deltaïques. Ces dépôts forment le conglomérat principal (poudingue de Ste-Odile de 20 m d'épaisseur), les couches intermédiaires (grès couleur lie de vin de 30 à 70 m d'épaisseur) et le grès à voltzia (épaisseur de 20 m). Au trias moyen (-245 à -237 Ma), la région était à nouveau recouverte par une mer peu profonde créant une sédimentation de grès coquillier et de calcaire. C'est la période du Muschelkalk. À la fin de cette période, la mer devint plus franche. Au trias supérieur (-228 à -203 Ma), la mer laissa la place à une lagune formant une sédimentation de sel gemme et de gypse. Il se forma également des dépôts de grès à roseaux.

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La falaise nord

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La falaise nord

Durant le jurassique (-199 à -145 Ma), l'est de la France fut occupé par un océan alternant les périodes de mer profonde avec les périodes de mers chaudes et peu profondes. La sédimentation alterna les couches de calcaire et de marne sur une épaisseur comprise entre 250 et 325 m. Au jurassique supérieur (-155 à -145 Ma), la région vosgienne émergea définitivement de l'eau. Au crétacé (-145 à -65 Ma), la région, totalement émergée, connut une série de bombement. L'érosion ne laissera aucune trace de cette période dans la région. Le volcanisme accompagnant la période est visible dans le massif des Trois Épis.

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L'arche vue du côté nord

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Le plissement alpin provoquera de profonds bouleversements dans la région. À l’éocène moyen (-48 à -40 Ma) se produira un premier effondrement du bloc rhénan. Deux failles importantes se formeront, la faille vosgienne, à l'ouest des collines sous-vosgiennes, et la faille rhénane, à l'est de ces collines. Ces deux failles présentent des dénivelés de plusieurs centaines de mètres. L'effondrement fut occupé par des bassins lacustres créant des dépôts de marnes et de calcaires comme à Bouxwiller ou à Sigolsheim. À l’éocène supérieur (-40 à -33 Ma), l'effondrement se poursuivit et le fossé s'ouvrit au sud pour être envahi par la mer périalpine. Durant l'oligocène (-33 à -23 Ma), la subsidence (enfoncement progressif) du fossé se poursuivit. Les eaux saumâtres ou sursalées déposèrent des évaporites formant les couches de potasse. À la fin de la période, l’océan envahit le fossé par le nord.

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L'arche vue du côté sud

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Au miocène (-23 à -5,3 Ma) et au pliocène (-5,3 à -2,6 Ma), un mouvement de bascule rehaussa la partie méridionale du fossé. La mer se retira par le nord. Le Rhin qui était un affluant du Danube fut dévié vers le sud-ouest et rejoignit la Saône. Une phase volcanique édifia le massif du Kaiserstuhl. L'érosion des massifs (Vosges et Forêt-Noire) combla peu à peu le fossé. Au quaternaire ancien (-2,6 à -1,8 Ma), le plissement alpin provoqua un relèvement général de la partie méridionale de la région. Ce relèvement est estimé à 700 m pour les Vosges. Le Rhin emprunta le fossé en coulant vers le nord. À partir de cette période, la sédimentation fluviale est principalement d'origine alpine. Elle atteint des hauteurs considérables, 20 m à Bâle, 40 m à Mulhouse et 200 m à Strasbourg. Le massif des Vosges fut ensuite modelé, entre -780000 et -12000 ans, par les glaciers des glaciations successives.

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La falaise côté sud

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Erosion alvéolaire sur la face sud du rocher

Le rocher de l'Erbsenfelsen est un monoclinal de grès rose du buntsandstein (-251 à -245 Ma). L'érosion a dégagé, à cet endroit, un bloc de grès orienté ouest-est, long de 245 m. Il présente des falaises verticales pouvant atteindre 30 m de hauteur. Il surmonte une petite colline à flancs raides au sein d'une petite plaine. Celle-ci est parcourue au nord du rocher, par une petite rivière, le Schwarzenbach, affluant de la Zinsel.

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L'érosion a bien entamé la partie orientale en y formant un rocher en forme de "V" dont la partie inférieure présente de nombreuses ouvertures. Nous pouvons nous interroger sur le nombre d'années restant avant que le poids du sommet ait raison du pied de ce bloc ?

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Dans la partie médiane, une arche monumentale vient interrompre la continuité de la falaise. L'ouverture a une largeur de 12 m. La hauteur sous voûte est de 8 m à son point médian. Elle n'est cependant bien visible que depuis le versant sud. Son accès n'est pas possible sans escalade. Pratique interdite sur le site afin de préserver les zones de nidifications du grand corbeau et du faucon pèlerin.

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Ces photographies ont été réalisées en mai 2013.

 

Y ACCÉDER:

De Equelshardt, prendre la direction de Philippsbourg. Aux environs de Bannstein, prendre à gauche la D162f vers l'étang de Hanau (Waldeck). Au croisement pour le village de Waldeck, prendre tout droit la route forestière de Hanau. Suivre cette route jusqu'au 1er croisement avec des chemins forestiers (bunker sur la gauche). De là, suivre à pied le chemin balisé d'un cercle vert parallèle à la route. Ce chemin monte vers le rocher. Un sentier permet de longer le côté nord et le côté sud du rocher.

Coordonnées GPS
49 N 01' 24"
07 E 33' 07"
Altitude 304 m

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 22 juillet 2013

Cette page a été mise à jour le 22 juillet 2013