La chartreuse du Reposoir

La chartreuse du Reposoir, fondée en 1151, est toujours occupée par une douzaine de carmélites. Situé dans un endroit très froid que le soleil n'atteint pas durant tout l'hiver, c'est le plus grand carmel du monde.

En 1147, Aymon 1^er de Faucigny, avant son départ pour la deuxième croisade, fit une donation à des moines pour qu'ils puissent s'installer dans le Faucigny. À son retour, il précisa qu'ils devaient s'installer sur la rive gauche du Brevon. Installées dans la vallée du Béol, les difficultés du lieu amenèrent les moines à rapidement abandonner leur installation. Le bienheureux Jean d'Espagne (1123-1160) s'installa à leur place en 1151 en y fondant une chartreuse. Aymon 1^er rédigea alors un acte de donation concernant la vallée de Béol. Celle-ci fut rebaptisée du nom de Reposoir, car Jean d'Espagne aurait déclaré en découvrant l'endroit "Hic est repausatorium meum !" (ceci est mon reposoir). En 1185, Henri de Faucigny confirma la donation après avoir essayé vainement d'en reprendre une partie. Aymon II de Faucigny, sous la tutelle de Nantelme de Miolans, confirma également la donation en 1202 et 1210. En 1316, Hugues de Faucigny fit don de la montagne de Chérente à la chartreuse.

La chapelle fut construite entre 1480 et 1530. En 1649, Jean d'Espagne fut exhumé de sa tombe située à l'extérieur de la clôture. Ses restes furent déposés dans une cassette puis dans une châsse. Il fut béatifié le 14 juillet 1864 par le pape Pie IX. Une première restauration des bâtiments fut entreprise en 1671. Une partie des bâtiments brula en 1701 nécessitant une nouvelle restauration qui eut lieu en 1717. Après l'exil forcé des moines en avril 1793, le Directoire du district de Cluses transforma la chartreuse en annexe de la salpêtrière de Cluses. Les bâtiments furent vendus comme bien national en 1795 à Jean-Pierre Verardier de l'Ardèche. Dix-sept fermiers du Reposoir rachetèrent l'ensemble en 1797. Le village du Reposoir devint une paroisse en 1803. Les Chartreux réinvestirent les lieux en 1846 et rachetèrent une partie de leur ancien bien en 1847. En échange de l'abandon par la paroisse de ses droits sur le monastère, les Chartreux s'engagèrent, en 1850, à construire à leurs frais une église, un presbytère et un cimetière au lieu-dit Praz Riand.

La loi du ministre piémontais Rattazzi supprimant les ordres monastiques chassa à nouveau les Chartreux des lieux en 1855. Après le rattachement de la Savoie à la France, ils revinrent en 1866. La loi Waldeck-Rousseau sur les associations et les congrégations expulsa à nouveau les Chartreux des lieux en 1901. Avec la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905, les biens ecclésiastiques, devenus propriété de l’État, furent vendus en 1905 à la famille Casaï. Associés à un consortium germano-suisse, ils transformèrent la chartreuse en hôtel de luxe en 1907. En 1910, le portail et l'entrée du site furent classés Monument historique. Avec le début de la guerre en 1914, les Allemands furent obligés de quitter la France. L'hôtel ne survécut pas à la 1^re Guerre mondiale et le site fut remis en vente en 1920. En 1922, l'abbé Duparc, curé du Reposoir, racheta les bâtiments. Il le fit à la demande de l'évêque d'Annecy, monseigneur de la Villerabel, en utilisant les fonds mis à disposition par Mère Marie de Jésus, la marquise Alessandra di Rudini, entrée au carmel en 1911 et mère supérieure du carmel de Paray-le-Monial, et de Sœur Marie-Cecile, file d'un riche banquier. Les carmélites s'installèrent dans les lieux en 1932. En 1960, elles étaient quarante à prier en ces lieux. Actuellement, elles sont une douzaine avec une mère formant symboliquement les douze apôtres et le Christ.

L'ensemble du site fut classé Monument historique en 1995. Le site est ouvert aux visites (le petit cloitre de l'entrée et la chapelle) tous les jours de 8 h à 12 h et de 14 h 30 à 18 h 30 (17 h 30 en hiver).

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.