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Les châteaux d'Allinges

Deux châteaux rivaux sur le même éperon rocheux, voilà une situation qui doit être unique dans le royaume de France. Le Château-Neuf, propriété de la Maison de Savoie, fait face au Château-Vieux, propriété des Faucigny.

Le Château Neuf d'Allinges

La première construction au Château-Neuf aurait été réalisée au X^e siècle par Rodolphe II, roi de bourgogne. Après avoir appartenu à son successeur, Rodolphe III, il devient une possession des comtes de Savoie. Ceux-ci en font le siège d'une importante châtellenie qui sera transféré en 1288 à Thonon. Le Château-Vieux remonterait au V^e siècle et serait une œuvre des Burgondes. Il est restauré par Rodolphe II durant la construction du Château-Neuf. Il échoue durant le XII^e siècle à la famille de Faucigny. En 1269, il est occupé par les Dauphins de Viennois. Une rivalité importante oppose la maison de Savoie à celle de Faucigny, ce qui fait que les garnisons des deux châteaux sont en permanence en guerre. Château-Neuf subit des dégâts par des machines de guerre en 1272. Les réparations ne seront entreprises qu'en 1282. De nouveaux dégâts sont faits par les machines de guerre de Château-Vieux en 1291, 1292, 1302 et en 1305.

Château Vieux d'Allinges

En 1325, Guigues VIII, Dauphin de Viennois accompagné par Hugues de Faucigny mit le siège au Château-Neuf. Mais la résistance de la garnison permit au comte Édouard de Savoie de se porter à leur secours et d'emporter la victoire. La dernière grande bataille entre les deux châteaux eut lieu en 1353. Le Traité de Paris, signé en 1355, incorpora le Faucigny à la Savoie et mit fin à la rivalité entre les deux places fortes. À partir de cette date, Château-Vieux est peu à peu abandonné.

Château-Neuf est pris en 1536 par les Bernois. Ceux-ci imposent le protestantisme dans le Châblais. La région est reprise par les Français en 1559. Saint François de Sales est alors chargé de la reconversion de la population au catholicisme. Il séjourna à Allinges en 1594 et 1595. En 1600, lors de la guerre avec le Genevois, le château est occupé par les troupes françaises qui y reviendront en 1690. En 1703, lors de la guerre entre Louis XIV et Victor Amédée II de Savoie, le château retourne sous la domination de la maison de Savoie. Victor Amédée II jugeant le château difficile à défendre et trop couteux le fait démanteler.

Des deux châteaux ne subsistent que des ruines. Bien plus importantes pour le Château-Vieux que pour le Château-Neuf. Le visiteur pénètre sur le site par la porte, autrefois précédée d'un pont-levis, du Château-Neuf. Cette première porte donne accès à une seconde. Entre les deux, les pères missionnaires, installés sur le site depuis 1836, ont placé leur cimetière. Cette deuxième porte fut reconstruite au XIX^e siècle après l'effondrement de la porte originelle. Sur la gauche de cette entrée subsistent les ruines de la salle des gardes. Celle-ci était surmontée d'une tour carrée au sommet entouré de mâchicoulis. Une poterne permettait aux gardes d'accéder directement au passage entre les deux portes. À côté de la salle des gardes, une petite porte voutée, percée dans la muraille épaisse de 3 m, permettait le passage des habitants du bourg en court-circuitant le pont-levis et la herse. Le bourg était installé à l'intérieur des murailles sur l'esplanade occupée aujourd'hui par le verger. Ce bourg comptait en 1295, 27 feux soit une population d'une centaine de personnes.

En haut du chemin, sur la gauche est placée une statue de saint Joseph. Celle-ci est disposée à l'emplacement occupé jadis par le château de la famille d'Allinges dont il ne subsiste qu'un pan de mur. Ce château était constitué d'un donjon entouré d'une cour ceinte d'un mur. Sur la droite sont situés des bâtiments construits à partir de 1836 sur l'emplacement du château des comtes de Savoie. Celui-ci se composait d'un donjon carré de 14 m de côté, de logis et d'une chapelle. Le donjon, dont il ne subsiste que les fondations, fut construit à la fin du XII^e siècle. Le démantèlement du château en 1703 laissa cependant intacte la chapelle qui fut restaurée en 1836 par l'évêque d'Annecy, Mgr Rey. Après la restauration, la chapelle où pria Saint François de Sales fut confiée aux missionnaires de Saint François de Sales.

La chapelle

La chapelle de 16 m sur 6 m a été agrandie lors de la construction du château des comtes de Savoie au XII^e siècle. Le chœur est bien plus ancien. Il abrite, en son sein, la plus ancienne fresque de Savoie. Elle est datée d'avant 1050. La chapelle et la fresque sont classées monument historique depuis 1907. La fresque est d'inspiration byzantine et représente le Christ en majesté dans un ovale. Il est entouré des symboles des quatre évangélistes placés dans des demi-cercles : l'aigle pour Jean, le taureau pour Luc, le lion pour Marc et l'ange pour Mathieu. Le Christ tient un livre ouvert sur lequel nous pouvons lire "Ego Sum Lux Mundi" (je suis la lumière du monde). À gauche du Christ est représentée la Vierge et à droite St Jean. Ces deux personnes sont séparées du Christ par deux séraphins (ange à six ailes). En partie inférieure de la fresque sont peints quatre bustes représentant les vertus. Il ne subsiste que la dénomination de trois d'entre elles : la charité, la patience et l'humilité.

Sur le mur oriental se distingue une seconde fresque représentant St Martin, évêque de Tours. Cette peinture est plus récente et laisse supposer que l'ensemble de la chapelle devait être peinte. Le clocher de la chapelle est une tour du château originel qui a résisté au démantèlement. Elle a été consolidée au XIX^e siècle et transformée en clocher.

On accède aux ruines du Château-Vieux en empruntant un sentier à l'arrière des bâtiments de la mission. Il en subsiste d'importants vestiges. Le donjon fait 20 m sur 18 m et est haut de 25 m. Sa face sud est conservée jusqu'aux créneaux qui jadis le couronnaient. Les murs ont une épaisseur de 4 m et une cage d'escalier carrée lui était accolé dans l'angle est. Ce donjon était le plus grand de Savoie. Dans la cour du château subsistent les ruines des différents logis et au centre, ceux de la chapelle. Celle-ci faisait 16 m de longueur et 6 m de large. Au-delà de la chapelle, sur le vaste plateau était édifié le bourg. Une puissante muraille haute de 11 m entourait l'ensemble du lieu. Dans l'angle sud-ouest du bourg subsistent les ruines de la porte d'entrée du château.

Les ruines de Château-Vieux sont importantes, car ce château contrairement au Château-Neuf n'a pas été détruit, mais uniquement abandonné. Le temps et les habitants de la région qui venaient s'y fournir en pierre taillée firent ensuite leurs effets. Des deux châteaux, la vue sur le lac Léman et les Alpes est magnifique.

Le bourg de Château Vieux

Ces photographies ont été réalisées en mars 2009.

Y ACCÉDER:

De Thonon, prendre la D12 vers Noyer et Macheron. À Macheron, prendre à droite vers Château-Vieux et les châteaux d'Allinges.

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 30 janvier 2010

Cette page a été mise à jour le 23 février 2015