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L'ancien prieuré de Marast

Le petit village de Marast possède une des plus importantes églises romanes de Haute-Saône. Cette église, propriété du Conseil général de la Haute-Saône, est en cours de restauration. Elle sert de lieu d'exposition et de concert. Une messe y est célébrée une fois par an pour la Sainte Marie-Madeleine, patronne des lieux.

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En 1117, le comte de Montbéliard, Richard de Montfaucon, et Thiebaud de Rougemont firent don à l'abbaye de Chaumousey, dans les Vosges, d'un territoire pour y ériger un prieuré. Le lieu est dénommé Marast, un dérivé du mot germanique "marasco" signifiant marais. Ceux-ci s'étendaient autrefois derrière l'actuelle église. La construction de l'église débuta en 1120 et dura jusqu'en 1130. L'église fut dédiée à la Vierge Marie. L'endroit, au départ désert, devint vite un hameau. Quatre chanoines de Chaumousey s’installèrent à Marast. Ils observaient la règle de Saint-Augustin imposant la vie en communauté, le partage des biens et des repas et la récitation de l'office dans le chœur de l'église. La règle interdisait également toutes sorties des moines du cloître sans autorisation expresse du supérieur.

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La fondation du prieuré fut confirmée en 1122 par Anseric, archevêque de Besançon, puis en 1123 par le pape Calixte II. Au cours du XIIIe siècle, l'église fut dédiée à "Sainte-Marie Madeleine de Marast", car il existait localement une importante dévotion à cette sainte. À l'époque, le prieuré possédait une importante ferme dont l'administrateur gérait les biens des moines parmi lesquels se trouvaient cinq moulins à farine. Le XIVe siècle marqua la fin de la vie commune des moines. Durant toute la vie du prieuré, il n'y avait jamais plus de huit moines sur place. Les moines disposaient d'appartements privés au lieu des cellules habituelles. Le prieur accordait à chaque moine une somme pour subvenir à ses besoins. Très rapidement aucune règle monacale ne fut plus respectée. Cette petite communauté éloignée de la maison mère était difficile à contrôler et surtout comme on peut le supposer la maison mère y envoyait les moines difficiles à gérer en communauté. Cette décadence provoqua des visites de contrôle et des lettres de plaintes adressées au pape. L'une d'elles précisa que le prieuré ressemblait plus à une maison de plaisir qu'à un lieu de prière.

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Le bas-côté de la nef

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Le maintien de la prospérité du prieuré fut cependant assurée par les dons des seigneurs de Villersexel, d'Oricourt, de Fallon ou d'Autricourt qui se faisaient inhumer dans l'église. Les Villersexel y avaient même une chapelle privée. Cette chapelle fut détruite au XVIIIe siècle et les pierres tombales furent transférées dans le chœur. S'y trouvent Humbert de Rougemont (dalle disparue), Isabeau de Mailly (décédée le 28 mai 1253 et l'épouse d'Aymon, seigneur de Villersexel et de Faucogney), Aymon de Villersexel (le fils d'Isabeau, décédé le 18 décembre 1309), Guillemette de Ray (épouse d'Aymon et décédée en 1270), Jean de Faucogney (décédé le 27 mars 1319, l'époux de Marguerite de Cuiseaux et le frère d'Aymon), Aymon de Villersexel (décédé le 10 septembre 1360, l'époux de Jeanne de La Roche en Montagne), Henri de Villersexel (le fils du précédent, décédé en 1412, Comte de La Roche) et Guillemette de Vergy (l'épouse d'Henri et décédée le 26 juillet 1401, comtesse de La Roche et Dame de Villersexel).

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Les pierres tombales dans le choeur

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Entre 1520 et 1530, trois corps de bâtiment furent construits. Ils formèrent le porche d'accès à la cour et le logis prioral séparant le cloître de la cour de ferme. Albert, le fils de Maximilien II et Marie d'Autriche, archiduc d'Autriche et duc de Bourgogne décida le 5 janvier 1611 de rattacher le prieuré au chapitre de l'église collégiale Notre-Dame de Dole. Ce sera le début de la décadence irréversible du prieuré. Le dernier chanoine résidant à Marast décéda en 1747. En 1792, après la Révolution française, le prieuré fut vendu comme bien national à un paysan. Celui-ci transforma les bâtiments en grange et, pour faciliter l'accès à la nef de l'église, détruisit les bas-côtés.

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La vie religieuse reprit dans les bâtiments subsistant avec l'installation entre 1809 et 1812 d'un petit séminaire. Entre 1835 et 1905, la Congrégation des Frères de Marie y tint une école. Les bâtiments furent vendus en 1905 à une exploitation agricole. L'église a été classée Monument historique en 1977 suivi en 2010 par la totalité des bâtiments encore existants du prieuré. Le prieuré appartient depuis 1975 au Conseil général de Haute-Saône qui a entamé des travaux de restauration.

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Le porche d'entrée du prieuré

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Les bâtiments du prieuré

L'église se compose d'une nef à huit travées et de deux bas-côtés, reconstruits récemment après leurs destructions au XVIIIe siècle. La nef est séparée des bas-côtés par une rangée de colonnes alternants des fûts cylindriques et des fûts carrés. Ces colonnes sont reliées par des arcs en plein cintre supportant des murs percés d'une série de baies romanes. La nef est couverte d'une voûte en forme de coque renversée montrant la magnifique charpente en châtaignier. Cette charpente remplaça au XVIe siècle la voûte en pierre d'origine.

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La charpente de la nef

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La nef

La façade, orientée vers l'ouest, est très sobre. Au-dessus du portail se trouvent uniquement trois fenêtres disposées en triangle, symbole de la Sainte-Trinité. À l'intérieur du tympan sont visibles des peintures exécutées par des militaires américains en campement à Marast en 1944. Le chœur est voûté en berceau et possède une abside polygonale à cinq côtés. Il est éclairé par une fenêtre gothique percée au XVIe siècle. Le sol du chœur est dallé avec les pierres tombales extraites de la chapelle des Villersexel lors de sa destruction au XVIIIe siècle. Le clocher est situé à gauche du chœur au-dessus du bras nord du transept. Cette disposition est exceptionnelle en Franche-Comté où il est habituellement placé au-dessus de l'entrée. Le clocher a été restauré et rehaussé en 1718. Il fut, à cette occasion, transformé en clocher comtois avec un dôme à l'impérial couvert de tuiles vernissées. L'église a 18 m de largeur, 40 m de longueur et 12 m de hauteur sous voûte.

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Les ruines des logis des moines

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La cour

Outre l'église, le prieuré se compose d'une avant-cour donnant accès au portail de l'église et au porche d'accès à la cour. Celle-ci est entourée au nord (porche) et à l'est par les bâtiments du logis prieural. Côté ouest se trouve un appentis et un autre bâtiment à usage agricole ferme le côté sud-ouest. Au sud-est se trouvent un colombier et les jardins du prieuré. Au sud de l'église se trouve le cloître. Celui-ci est entouré à l'est par les bâtiments ayant servi d'appartements privés aux moines. La chapelle des Villersexel se trouvait du côté est du cloître entre l'église et les appartements des moines.

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La fontaine du prieuré

Ces photographies ont été réalisées en avril 2016.

 

Y ACCÉDER:

De Villersexel, prendre la D9 en direction de Vesoul. À Esprels, prendre à droite la D242 pour Marast.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 11 juillet 2016

Cette page a été mise à jour le 11 juillet 2016