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La source du Lison

Le site de la source du Lison se compose de trois curiosités géologiques : la source, le gouffre du Creux-Billard et la grotte Sarrasine.

La source du Lison

La source du Lison est la deuxième résurgence du Doubs. Les eaux souterraines refont surface dans le porche d'une belle grotte avant de faire un saut dans une grande vasque. De là, le Lison parcourt 25 km pour se jeter dans la Loue. Le réseau souterrain, entièrement noyé, a été exploré par les spéléologues plongeurs sur 1018 m. Le siphon de la résurgence a une profondeur de 29 m. Cette source restitue l'eau s'infiltrant sur le plateau de Champagnole soit un bassin drainant de 114 km². La source possède trois affluents souterrains situés à peu de distance de la résurgence. Le premier est un siphon communiquant avec le Creux-Billard. Le deuxième est situé au point le plus bas de la résurgence (- 20 m) à l'aplomb du siphon du Creux-Billard et le troisième est situé au fond d'une diaclase en face du balcon du porche de la source. Les deuxième et troisième affluents communiquent très certainement avec le réseau pérenne de la grotte Sarrasine. Le deuxième affluent a été exploré sur une centaine de mètres alors que le troisième devient, au bout de quelques mètres, trop étroits pour un homme.

La source du Lison est à l'origine de la première loi française sur l'environnement, la loi Beauquier votée en 1906. En 1899, le propriétaire d'un moulin (détruit) projette de capter les eaux de la source par une conduite forcée. La source étant propriété municipale, les habitants de Nans-sous-Ste-Anne font appel au député Charles Beauquier. Deux procès, gagnés par les habitants, mettent un terme au projet en 1902. La source sera classée en 1912.

Le pilier soutenant la voûte de la grotte

Le débit de la source varie de 600 l/s lors de l'étiage à plus de 30 m³/s en période de crue. Le 23 février 1970, la crue a atteint les 89 m³/s.

Le départ du Lison en aval de la grotte

Le Creux-Billard

Le Creux-Billard correspond à une vaste salle souterraine dont la voûte s'est effondrée. Le puits actuel fait plus de 80 m de hauteur. En haut de ce puits débouche, côté sud, le ruisseau du Lison-Haut en provenance du Pont du Diable. Les eaux de ce ruisseau ne franchissent le seuil pour tomber dans le Creux-Billard qu'en période de crue. Autrement, les nombreuses pertes, situées le long de son cours, absorbent les eaux. Les eaux de crue se jettent dans le puits par deux cascades successives séparées par un léger seuil sur lequel se trouve également une perte. Les eaux alimentent donc le lac au fond du gouffre par une cascade extérieure et une cascade souterraine qui alimente une résurgence au fond du lac. Le lac se déverse sur la droite dans une perte qui communique, 30 m plus bas, avec la source du Lison. Ceci fut démontré malgré elle par une jeune fille qui s'est noyée dans le Creux-Billard. Son corps fut retrouvé quelques jours plus tard dans le Lison.

Le Creux-Billard

Dans la paroi du Creux-Billard sont visibles plusieurs cavités peu profondes. En face du balcon aménagé pour les visiteurs s'ouvre un grand porche perché à 25 m au dessus du lac réservant ainsi son accès aux spéléologues avertis. C'est la grotte du Creux-Billard. Le porche, en période de crue, constitue l'exutoire du réseau souterrain. En 1895, E. Renauld se fait descendre depuis le plateau et explore 80 m d'une vaste galerie jusqu'au premier siphon. Il découvre dans la partie supérieure du porche, à l'abri des crues, un dépôt archéologique daté de l'âge du bronze. En 1963, le Spéléo-Club Montagnes Neuchâteloises pompe le siphon (30 m de longueur) et explore les grandes salles du réseau "est". De hautes cheminées percent les voutes de ces salles. Deux galeries, orientées nord/sud, chacune de presque 100 m de longueur, partent de ces salles. Ce sont les galeries de la Fanfare et de la Faille. La galerie de la Faille aboutit par une étroiture à la salle supérieure, située 95 m au-dessus de l'entrée.

Un nouveau pompage, effectué en 1970, permet à P. Petrequin et au GS Doubs d'effectuer la topographie du réseau qui représente 838 m de développement. Entre 1985 et 1987, le GS Doubs poursuit l'exploration et porte le développement de la partie connue de la grotte à 1150 m. Un deuxième siphon sera franchi en 1991 par Jef Loeillot. Il découvrira avec ses compagnons la galerie Fossile et la Rivière Suspendue (le réseau "sud"). Il découvrira, en 1993, en prolongement de la Rivière Suspendue, le réseau amont, la Termitière et trois rivières actives. À la sortie du premier siphon, sur le côté gauche, débute en hauteur une galerie étroite débouchant au bout de 100 m sur un laminoir de 110 m de longueur au bout duquel se situe le deuxième siphon. Celui-ci, long de 20 m, débouche sur une grande salle de 30 m de longueur, de 10 m de large et haute de 12 m dénommés salle Demesmay. Au nord de cette salle, à 6 m du plancher, débute une vaste galerie fossile qui se termine au bout d'une centaine de mètres sur plusieurs puits parallèles donnant 40 m plus bas sur une galerie colmatée par de l'argile. Au sud de la salle Demesmay, à 8 m de hauteur débute une galerie large de 4 à 6 m et haute de 3 à 4 m dénommée la Rivière Suspendue. Contrairement à celle du nord, celle-ci est active de manière temporaire. Elle est sinueuse et son sol est percé de nombreuses marmites de géants. Cette galerie se termine par un puits (le Puits Borne) profond de 10 m. Celui-ci donne sur le réseau actif à travers une galerie à voûte mouillante. La voûte mouillante peut-être contournée par une galerie fossile passant 12 m plus haut. La voûte mouillante débouche sur un réseau dense de boyaux étroits surnommé la Termitière. Deux conduits impénétrables y font aboutir le cours d'eau souterraine qui s'écoule vers la source du Lison par un chemin non connu. En période normale, l'eau ne dépasse pas la Termitière. En crue moyenne, l'eau monte jusqu'au sommet du puits borne à la fin de la rivière suspendue. Les pertes du Lison-Haut alimentent au travers des cheminées, les salles du réseau "est" qui s'écoulent par le premier siphon. En période de forte crue, le Puits Borne déborde et l'eau envahit la Rivière Suspendue pour se déverser dans la salle Demesmay. Cette eau s'écoule à travers le deuxième siphon dans le laminoir (qui est complètement noyé) pour rejoindre le premier siphon.

Les remplissages des galeries fossiles de la grotte du Creux-Billard, constitué de nombreux blocs sphériques allant jusqu'à 80 cm de diamètre, laissent supposer que ces galeries ont été occupées par un glacier au cours de la dernière glaciation. La disposition du Creux-Billard et la source du Lison semblent également indiquer que la source initiale se situait au Creux-Billard et qu'après plusieurs milliers d'années, l'eau s'est frayé un chemin plus en profondeur pour déboucher dans la grotte actuelle.

Le fond du gouffre de Creux-Billard

La topographie exacte (utilisable par les spéléologues) de la grotte peut être consultée sur le site JF Loeillot.

La grotte Sarrasine

La grotte Sarrasine impressionne avec son porche haut de 90 m. Une couche de calcaire épaisse de 40 m en sépare le haut du plateau. À sa base, le porche a une largeur d'environ 120 m. Il est profond d'environ 80 m. Au fond du porche s'ouvre une galerie haute de 2 m et large de 10 m. Cette galerie débouche sur un petit lac. Celui-ci est alimenté par une source permanente située dans la paroi droite. Le lac s'écoule par une fissure en paroi gauche pour réapparaitre en contre-bas du porche. Ce lac présente l'altitude zéro de la grotte. Au-dessus d'une coulée de calcite de 6 m de hauteur, situés à l'extrémité du lac, se trouve une salle où débouchent, à différentes hauteurs, les galeries de la grotte. La grotte totalise 4130 m de galeries s'échelonnant entre - 4 et + 89 m. Les galeries sont regroupées dans un rectangle de 500 m (nord-sud) sur 350 m (est-ouest). Il s'agit de galeries basses et étroites où le passage s'effectue en rampant sur de longues distances. Les salles sont rares. Trois sont indiqués sur les topographies : la Salle Inférieure (+ 8,5 m), la salle du Kill (+ 31 m) et la Salle Basse. L'ensemble des galeries communique entre elles par des cheminées. Toutes les galeries larges ont leurs sol percés d'innombrables marmites de géants.

Le ciel depuis le porche de la grotte sarrasine

Depuis la salle de l'entrée partent, à différentes hauteurs, trois galeries. Le premier départ donne sur la Salle Inférieure que prolonge le Grand Laminoir. En haut de la Salle Inférieure, un second laminoir qui par une bifurcation revient vers la salle de l'entrée (deuxième départ, 7 m au-dessus du premier), donne accès à la salle du Kill. La partie supérieure de la salle du Kill communique par des petites galeries avec la Salle Basse. Au nord de la Salle Basse se trouve la Galerie des Sables. Celle-ci se termine, après un nombre important de virages et de puits, a quelques mètres de la paroi du porche. Une autre galerie bifurquant au début de la Galerie des Sables rejoint la salle de l'entrée (troisième départ).

Depuis les salles du Kill et Basse, des cheminées donnent accès à la Galerie Supérieure (+ 4,5 m à + 51 m). Cette galerie donne accès au nord-est à un petit réseau fossile se terminant en laminoir impénétrable. Au sud elle accède à la Grande Diaclase. Celle-ci donne sur la Galerie des Marmites et sur la zone des siphons sud-ouest. La Galerie des Marmites débouche sur un siphon vauclusien, le Grand Siphon Amont, d'où provient l'eau en surplus de la source du Lison. Au début de la Grande Diaclase une cheminée donne accès à deux galeries superposées. La première revient sur les cheminées de la Galerie Supérieure et la deuxième est une longue galerie ascendante très étroite, la Galerie du Cauchemar. Elle culmine à + 89 m, non loin du porche. Une des cheminées de la salle du Kill donne accès à une galerie étroite, le Réseau 93. Celui-ci, après le passage dans deux petites salles, finit au bout de presque 500 m sur un siphon actif et un diverticule obstrué.

La coulée de calcite qui marque le début de la grotte profonde

À part la source au niveau du lac du porche, aucune circulation d'eau pérenne n'est vraiment accessible dans la grotte. Le Grand Siphon Amont semble être le seul accès au réseau actif. Les différents siphons situés autour de la Galerie des Marmites sont probablement tous interconnectés avec ce réseau actif. Lors d'une crue faible, ces siphons débordent et l'eau envahit la Galerie des Marmites. Le siphon sud-est fait de même et se déverse dans le Grand Laminoir. Une fois le point bas du Grand Laminoir saturé, l'eau se déverse dans la Salle Inférieure. Une crue plus forte noie totalement le Grand Laminoir puis la Salle Inférieure et monte dans la galerie d'accès à la sortie de la grotte où elle se déverse dans le lac puis sort par le porche. Si la crue augmente, l'eau noie totalement le réseau "sud" pour atteindre la Salle Basse d'où elle cascade dans la salle du Kill. Elle rejoint ensuite le Grand Laminoir. Le porche de la grotte devient infranchissable. L'eau en continuant de monter va ensuite atteindre le deuxième départ de la salle d'entrée. Lors d'une forte crue, l'eau va emprunter la Grande Diaclase, à + 42 m, pour rejoindre la Salle Basse. Il n'y a guère que la Galerie Supérieure, la Galerie du Cauchemar, la Galerie des Sables et une partie du Réseau 93 qui soient à l'abri des crues.

Les crues de la grotte Sarrasine se produisent lors des orages, de fortes pluies et de la fonte des neiges. Parfois, une petite pluie est suffisante si le terrain est gorgé d'eau. En février 1978, un débit de 16 m³/s fut mesuré à la grotte Sarrasine et un débit de 30 m³/s à la source du Lison. Les crues de la grotte Sarrasine sont cependant indépendantes de celle du Creux-Billard ou du Lison. L'eau monte très brutalement et très haut créant un piège mortel pour les imprudents qui s'aventurent dans ces galeries. Les galeries labyrinthiques ne permettent aucune échappée. Et aucun secours ne pourra pénétrer dans la grotte lors d'une crue. Comme le dit le spéléologue Jef Loeillot   "s'y engager en période douteuse est un suicide".

La topographie exacte (utilisable par les spéléologues) de la grotte peut être consultée sur le site JF Loeillot.

Ces photographies ont été réalisées en juin 2011.

Y ACCÉDER:

Le site est parfaitement fléché depuis Nans-sous-Ste-Anne.

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

Cette page a été mise en ligne le 16 juillet 2011

Cette page a été mise à jour le 15 février 2015