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Le fort de Toulbroc'h

La Pointe du Grand-Minou reçut, en 1693, une batterie de trois canons ou mortiers. En 1713 fut aménagée une batterie haute complétée, en 1793, par une batterie basse. En 1812, sur ordre de Napoléon 1^er le site reçut une tour n° 3 modèle 1811, identique à celle de la Pointe du Toulinguet. Les batteries cumulaient à cette époque vingt-quatre canons et dix mortiers. À partir de 1884 fut construit un véritable fort sur le modèle des forts de la frontière est de la France. La tour fut remplacée par un réduit semi-enterré entouré d'un fossé sec et muni d'un magasin à poudre (désaffecté et utilisé comme hangar à matériel après la crise de l'obus-torpille). Au centre du réduit se trouvait une cour étroite sur laquelle s'ouvrait le casernement. Le casernement possédait quatre chambrées. Les murs et les voutes étaient en maçonnerie renforcés par une épaisseur de terre. L'accès se faisait par un pont-levis à bascule.

Le réduit était complété par trois batteries. La batterie est était armée de quatre canons de 240, modèle 1870 sur affuts M, installés sur des pas de tir individuels séparés par des traverses creuses. Cette batterie était protégée, côté terre, par un fossé avec une escarpe et deux bastionnets. Côté mer, la protection était assurée par la falaise. Cette batterie possédait, à l'arrière, un magasin à poudre bétonné, un poste de commandement et sur la falaise une casemate pour un projecteur. La batterie centre reçut en 1898 quatre canons de 100 mm à tir rapide installés sur deux plateformes de tir séparé par une traverse centrale.

La batterie ouest, rapidement obsolète, reçut, en 1904, quatre canons de 240 mm à tir rapide installé sur des pas de tir individuel. De chaque côté de chaque pas de tri étaient disposés des abris à munitions en béton armé. Un système de monte-charge, de convoyeurs à rouleaux et de wagonnets permettait un approvisionnement rapide en obus des canons. Cette batterie possédait également plusieurs observatoires bétonnés et un poste de direction de tir. Le fort de Toulbroc'h abrita, entre 1904 et 1939, le poste de commandement de la défense du goulet de Brest.

En 1869 fut construite du côté est une batterie haute munie d'une caserne d'infanterie. Cette caserne offrait un couchage, dans des hamacs, pour 75 hommes et un officier. Elle comprenait également une citerne de 10 m³, une cuisine et un magasin à poudre d'une contenance de 3500 kg. Cette batterie n'existe plus.

En juin 1940, les artilleurs français sabotèrent les canons avant l'arrivée des troupes allemandes qui prirent possession des lieux. Les Allemands remplacèrent les canons de la batterie est par quatre canons de 75 mm, modèle 1908, d'origine française (ligne Maginot). Ces canons, placés d'abord dans des encuvements à ciel ouvert, furent intégrés, en 1942, dans quatre blockhaus de type 671 (300 m³ de béton). Ils espérèrent faire de même au niveau de la batterie ouest, mais les travaux, débutés en 1944, ne furent pas achevés.

Plan du fort utilisé par les Allemands

Le fort fut pris, le 25 aout 1944, sous le feu des canons de 381 mm du cuirassé anglais HMS Warspite en position au large de Ploudalméziau. Le fort de Toulbroc'h reçut 32 obus, le fort Montbarey reçut 26 obus, le fort de Keranroux en reçut 51, la batterie de Keringar en reçut 57 et la batterie des Rospect en reçut 47. Vers 17 h, l'origine du bombardement fut enfin reconnue et la riposte de la batterie lourde de Keringar obligea le Warspite à la retraite. Le 29 aout 1944, le 5^e bataillon de Rangers US prit position aux abords du fort. De durs combats s'engagèrent à la tombée de la nuit. La garnison du fort était composée de 237 hommes et de 5 officiers (d'origine italienne ?) sous les ordres du capitaine Sovelli. Le 2 septembre, la compagnie F des rangers attaqua sur le flanc est alors que les compagnies B et D attaquèrent le réduit. Dix Allemands furent rapidement faits prisonniers, mais la contre-attaque allemande repoussa les Américains. Le 3 septembre, un premier soutien aérien effectué par des P47 Lightning fut sans grand effet. À 14 h 30, huit P47 larguèrent des bombes de 500 kg et mitraillèrent le fort. Les Rangers attaquèrent dans la foulée. Six minutes après le passage des avions les 247 hommes de la garnison, complètement hagards, se rendirent.

La partie est du fort de Toulbroc'h est toujours utilisée par la marine nationale qui y pratique des exercices de tir. Le reste du site fut cédé en 1993 au Conservatoire du Littoral, qui y fit des aménagements propices à la visite. Attention si un drapeau rouge est hissé au mât, des exercices de tir sont en cours et la circulation sur le site est interdite.

(© Geoportail IGN)

Ces photographies ont été réalisées en juin 2023.

Y ACCÉDER:

De Plougonvelin, prendre la D789 en direction de Brest. À Locmaria-Plouzané prendre à droite la D38 en direction du Petit Minou. À l'embranchement pour le phare du Minou, poursuivre sur la D38 en direction de la plage du Minou, puis prendre à droite la route de la Haute Corniche. Prendre ensuite à gauche la route de Toulbroc'h, puis la 3^e à droite qui mène à une exploitation agricole. Le chemin à gauche devant l'entrée de cette exploitation mène au réduit du fort de Toulbroc'h.

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Cette page a été mise en ligne le 20 aout 2023

Cette page a été mise à jour le 20 aout 2023