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L'ouvrage de Schoenenbourg

L'ouvrage de la ligne Maginot du Schoenenbourg, invaincu à l'armistice du 25 juin 1940, fut occupé durant la 2e Guerre mondiale par l'armée allemande. Lors de son retrait devant l'avancée des troupes américaines, l'armée allemande dynamita les tourelles et les blocs d'entrée. L'ouvrage fut reconstruit à partir de 1947 par le Génie français avant d'être laissé à l'abandon à partir de 1968. Il fut restauré et ouvert au public à partir de 1983.

bloc 5-1
Le bloc 5

bloc 7-4
L'entrée du matériel (bloc 7)

Les études de cet ouvrage furent engagées en 1929 et la construction s'effectua entre 1931 et 1936 par la société Coignel sous la direction de l'ingénieur Eugène Leibenguth. De 1931 à 1933 furent effectués les bétonnages. À partir de 1935 furent réalisées les installations intérieures et la première occupation par les troupes se fit en 1936. Les armements mixtes 25 mm PAK (canon antichar) et mitrailleuses ne furent installés qu'en juin 1940. L'ouvrage comprend deux blocs d'entrées, six blocs de combat, un casernement souterrain, une usine de production d'énergie, des magasins à munitions et un poste de commandement. Le projet initial prévoyait deux casemates d'artillerie (2 canons de 75) de flanquement et une tourelle à éclipses de 75R32 en frontal et un bloc (bloc 9) avec une tourelle de 135. Les deux casemates d'artillerie furent remplacées par deux tourelles à éclipses de 75R32, car le terrain était trop plat pour leur implantation. La tourelle de 135 ne fut pas réalisée. La construction de l'ouvrage nécessita 209 350 m³ de béton et de maçonnerie. Le devis établi en 1931 présentait un coût de 41 200 000 francs or (environ 25 000 000 €) reparti entre la construction, 26,06 millions, le cuirassement, 10,25 millions et l'armement et les munitions, 4,89 millions. La constitution du sous-sol (argile et sable) contraint cependant les constructeurs à installer chaque bloc (sauf le 6 et le 7) sur des pilotis constitués de douze pieux de 1,50 m de diamètre et profond de 15 à 20 m. Cela eut un surcoût d'environ 80 millions de francs or faisant du Schoenenbourg un des ouvrages les plus chers de la ligne Maginot.

intérieur123
Couloir de l'ouvrage

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Couloir prés du bloc 4

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Embranchement vers le bloc 4

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Couloir et porte au niveau de l'entrée des hommes

Le bloc 1 est une casemate d'infanterie comprenant un créneau pour un canon antichar de 47/jumelage de mitrailleuses, un créneau pour jumelage de mitrailleuses et deux cloches GFM (guet et fusil-mitrailleur). Le bloc 2 possède une tourelle à éclipses de mitrailleuse et une cloche GFM. Le bloc 3 comprend une tourelle à éclipses de 75R32 et une cloche GFM. Le bloc 4 comprend une tourelle à éclipses de 75R32, une cloche GFM et une cloche VDP (vision directe et périscopique). Le bloc 5 comprend une tourelle à éclipses de 81, une cloche lance-grenade (non installée en 1940) et une cloche GFM. Les blocs 2, 3, 4 et 5 possèdent chacun un monte-charge pour les munitions. Le bloc 6 est une casemate d'infanterie comprenant une embrasure pour un canon antichar de 47/jumelage de mitrailleuses, un créneau pour jumelage de mitrailleuses et une cloche GFM (guet et fusil-mitrailleur). Le bloc d'entrée "Matériel" (bloc 7) comprend un créneau pour un canon antichar de 47/jumelage de mitrailleuses et deux cloches GFM. Le bloc d'entrée "Hommes" (bloc 8) comprenait initialement un créneau pour un canon antichar de 47/jumelage de mitrailleuses, une cloche GFM et une cloche lance-grenade de 50 mm (non installée en 1940). Lors de sa reconstruction en 1950, elle reçut deux cloches GFM, une cloche lance-grenade et une cloche VDP. Une ligne d'obstacles antichars constituée de six rangées de rails de chemin de fer planté verticalement dans le sol renforcé de troncs d'arbres fut implantée du côté ennemi. Du 10 mai au 13 juin 1940, des canons de 120L furent installés à l'extérieur et trois chars Renault FT17 de la 1re compagnie du 31e bataillon de chars furent affectés à la défense des entrées.

plan général

plan casenement

plan des blocs

Une tourelle à éclipses se compose d'un puits vertical dans lequel prend place la tourelle métallique. La tourelle peut tourner et monter et descendre dans le puits. Pour cela, elle est fixée en partie basse à un balancier relié à l'autre extrémité à un contrepoids. L'ensemble étant équilibré, un effort minime suffisait pour la faire monter et descendre. Le mouvement de montée/baisse et la rotation de la tourelle étaient générés par des moteurs électriques secourus par des manivelles en cas de panne du système électrique. Le déplacement vertical varie selon le type de tourelle entre 42 et 126 cm. En position repos, la tourelle est en position basse pour que n’émerge du sol que le dôme blindé épais de 30 cm. Le bloc-tourelle comprend, à l'étage inférieur, le mécanisme d'éclipse (balancier et contrepoids), à l'étage intermédiaire, la salle de ventilation, le magasin à munitions M3 et les appareils de pointage et d'approvisionnement de la tourelle et, à l'étage supérieur, la chambre de tir. Pour effectuer un tir, la tourelle est pointée dans la bonne direction puis élevée en position. Après le tir, elle est immédiatement ramenée en position éclipsée pour la protéger des tirs adverses. La tourelle de 81 a un poids de 125 tonnes et un diamètre de 2,35 m. Elle est équipée de deux mortiers de 81 mm d'une portée de 3600 m avec une cadence de tir de 26 coups par minute par pièce. Le tube du mortier a une longueur de 1575 mm et a un poids de 2000 kg. La tourelle de 75R32 a un poids de 189 tonnes pour un diamètre de 3,04 m. L'épaisseur du toit et des murs en acier de la tourelle est de 0,30 m. Elle est équipée de deux canons de 75 mm d'une portée de 9200 m avec une cadence de tir de 13 coups par minute par pièce. Le tube du canon a une longueur de 1555 mm. La tourelle de mitrailleuse a un poids de 96 tonnes et un diamètre de 1,98 m. Elle est équipée de deux mitrailleuses MAC31 d'un calibre de 7,5 mm. Elles ont une portée de 1200 m avec une cadence de tir de 500 coups par minute.

manoeuvre tourelle
Tourelle à éclipse (© Wikipédia)

Intérieur 117
Tourelle de 75 du bloc 4

Intérieur 119
Balancier de la tourelle du bloc 4

Intérieur 121
Tourelle de 75 du bloc 4

Intérieur 115
Tobogan de descente des douilles de la tourelle du bloc 4

Intérieur 120
La tourelle du bloc 4

Intérieur 100
Couloir du bloc 4

Intérieur 107
Magasin à minitions du bloc 5

Intérieur 109
Monte-charge du bloc 4

Intérieur 112
Chambrée du bloc 4

Intérieur 111
Chambre de commandant du bloc 4

Les cloches GFM ont un poids de 17 tonnes. Elles sont réalisées avec un alliage d'acier au nickel/chrome d'une épaisseur de 25 cm. Elles ont un diamètre intérieur de 1,30 m. Elles sont munies de quatre ou cinq meurtrières utilisées en observatoire ou pour le passage d'un fusil-mitrailleur. Pour cela, la meurtrière est équipée d'une rotule. Le fusil-mitrailleur avait un calibre de 7,5 mm et une cadence de tir effective de 200 coups par minute (500 en théorie). Sa portée était de 600 m. La cloche VDP comporte latéralement trois créneaux d'observation décalés de 70° et, au sommet, un orifice permettant le passage d'un périscope. Pouvait y être installé un périscope de type M, destiné à déterminer le site et l'azimut d'un objectif (poids de 26,5 kg et grossissement de 8x), ou de type N, destiné aux réglages des tirs (poids de 26,2 kg), ou de type P2, pour l'observation nocturne (poids de 15 kg et grossissement de 2x). La cloche à jumelage de mitrailleuses existe en petit et grand modèle. Le petit modèle a un diamètre de 1,60 m pour un poids de douze tonnes. Le grand modèle a un diamètre de 1,80 m pour un poids de 28,5 t. Elles sont équipées d'un jumelage de mitrailleuses MAC31. Le canon antichar de 47 avait une longueur de 2,37 m. Sa cadence de tir était de vingt coups par minute. Son obus de 2 kg était capable de percer un blindage de 56 mm à 1000 m de distance. Tous les blindages des chars en service en 1940 étaient percés à 800 m de distance. La mitrailleuse Hotchkiss de 8 mm avait une longueur de 1,31 m pour un poids de 52 kg (avec le trépied). Elle avait une cadence de tir de 400 à 500 coups par minute et une portée maximale de 4500 m.

Intérieur 3
Créneau FM de l'entrée du matériel

Intérieur 4
Canon antichar de l'entrée du matériel

Intérieur 5
Jumellage de mitrailleuses de l'entrée du matériel

Intérieur 2
Cloche GFM de l'entrée du matériel

mortier de 81
Mortier de 81

Intérieur 131
Porte blindée de l'entrée des hommes

Intérieur 130
Porte de l'entrée des hommes

Les différents blocs sont reliés par des galeries souterraines enfouies entre 20 m et 25 m de profondeur. La longueur de ces galeries avoisine les 3 km. Les galeries et les locaux souterrains furent creusés à l'aide de foreuses et dynamitage. Les déblais furent évacués par un train électrique alimenté par des batteries. L'épaisseur des murs en béton armé de l'ouvrage varie de 2,75 m (blocs d'entrée) à 3,50 m (blocs de combat). L'épaisseur des dalles de couverture va de 2,50 m (blocs d'entrée) à 3,50 m (blocs de combat). Les galeries, le casernement et les autres locaux souterrains ont des plafonds voûtés d'une épaisseur variant de 50 à 80 cm. Les parois et les plafonds des locaux de combat sont doublés avec des plaques en acier pour protéger les occupants des éclats de béton projetés en cas d'impact de bombes ou d'obus sur les murs.

Intérieur 10
Gare au niveau inférieur de de l'entrée du matériel

Intérieur 11

Intérieur 14

Intérieur 15
Galerie de liaison vers le casernement

Intérieur 1
Sas d'entrée (niveau supérieur de l'entrée matériel)

Intérieur 12
Couloir du casernement

Les blocs d'entrée "Hommes" et "Matériel" sont reliés aux galeries souterraines par une cage d’escalier et des monte-charges (capacité de 5 t et de 2,5 t pour le bloc 7 et de 2,5 t pour le bloc 8). Ces blocs d'entrée étant éloignés des blocs de combats d'environ 1100 m, les galeries sont parcourues par des locotracteurs de marque Vetra (5,3 t, deux moteurs électriques Alsthom de 21 ch sous 600 V) tractant des wagonnets sur des voies d'un écartement de 60 cm. Le bloc d'entrée "Matériel" se compose d'une grille doublée, 20 m plus loin, d'une porte blindée disposée après un virage à 45°. Cette porte donne sur un sas long de 100 m terminés par une deuxième porte blindée. Chaque porte est défendue par une petite casemate. Le sas était prévu pour le déchargement des camions ou des wagons de chemin de fer à voie étroite de 60. Il servait également de sas de décontamination en cas d'attaque au gaz, de salle de réunion, de chapelle et de cinéma. Le bloc d'entrée "Hommes" se compose d'une grille, d'une chicane et d'une porte blindée donnant sur un sas. Au bout du sas, un virage à 90° donne sur une deuxième porte blindée. Dans la galerie reliant les blocs d'entrée aux blocs de combat se trouve une issue de secours constitué de deux puits verticaux parallèles de 27 m de hauteur. La partie supérieure du puits était remplie de cailloux qui étaient vidés dans un puits perdu en cas d'évacuation. Depuis cette galerie part également l'égout d'une longueur de 300 m avec une section de 1 m sur 2 m. Sept grilles successives verrouillent le passage dont la sortie fut murée en 1940 ne laissant qu'une ouverture de 300 mm de diamètre.

plan b7

plan b8

b7-1
Le bloc 7 "entrée matériel"

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L'entrée du matériel

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Le bloc 8 "entrée des hommes"

entrée homme 8
L'entrée des hommes

Intérieur 9
Porte blindée de l'entrée du matériel

Intérieur 8
Commande du pont levis de l'entrée du matériel

Intérieur 16
La chapelle

Le casernement est composé de chambres à 24 lits superposés par trois pour les hommes, de chambres à 16 lits superposés par deux pour les sous-officiers et de chambres d'un à quatre lits pour les officiers. Des salles d'eau avec un robinet pour douze hommes, une douche pour cent hommes et un w.c. à la turque pour quarante hommes complétaient les chambrées. Les officiers disposaient d'un réfectoire, mais pas les hommes qui mangeaient sur des bancs installés dans les galeries ou dans les chambrées. S'y trouvaient également une cuisine pour les hommes et une cuisine pour les officiers. Ces cuisines disposaient d'équipements modernes (éplucheuse à patates, bains-marie, fours, etc.) fonctionnant à l'électricité.

Intérieur 47
Une des chambres du casernement

Intérieur 48
Les lits pour les hommes

Intérieur 50
Couloir du casernement

Intérieur 51
Chambrée pour les hommes

Intérieur 55
Chambrée pour les hommes

Intérieur 28
Chambre pour officiers

Intérieur 22
La cuisine

Intérieur 17
La cuisine

Intérieur 20
Les réserves de la cuisine

Intérieur 23
La chambre froide

Intérieur 24
Les réserves de la cuisine

À côté de la caserne se trouve l'infirmerie disposant d'une salle d'opération, d'une salle de stérilisation et d'une pharmacie. Un ensemble de salles de soins et de décontamination pour les victimes de gaz de combat était isolé du reste de l'infirmerie.

Intérieur 65
L'infirmerie

Intérieur 68
Le bloc opératoire

Intérieur 70
Le bureau du médecin

Intérieur 71
La chambre du médecin

Intérieur 64
La pharmacie

Intérieur 60
Les douches de décontamination

Une usine électrique est implantée à côté du bloc d'entrée "Hommes". Quatre moteurs Sulzer de 160 ch entraînant des alternateurs de 120 kW fournissaient l'énergie électrique nécessaire au fonctionnement de l'ouvrage. Un groupe de secours CLM de 8 ch était également présent. L'usine disposait d'une réserve de 100 000 litres de gas-oil et de 3000 litres d'huile assurant une autonomie de trois mois. Les chambres, l'infirmerie, les salles de travail, le poste de commandement et les blocs de combats étaient chauffés par des radiateurs électriques. L'eau de refroidissement des moteurs servait à alimenter en eau chaude les salles d'eau et un échangeur de chaleur produisant de l'air chaud. L'éclairage électrique était puissant dans les locaux de travail (80 w par ampoule), mais faible dans les couloirs et les chambrées (25 w par ampoule). L'alimentation en eau se faisait à l'aide d'un puits artésien, profond de 90 m, et par deux sources captées au niveau des blocs 5 et 6. Il alimentait trois citernes cumulant une réserve de 150 000 litres. La filtration de l'air était assurée par quatre groupes de sept filtres.

Intérieur 44
L'usine électrique

Intérieur 45
Un des groupes électrogénes

Intérieur 43
La filtration

Intérieur 42
Les filtres

Intérieur 40
L'usine électrique

Intérieur 38
Pompe de refroidissement

Intérieur 34
Les convertisseurs de tension électrique

Intérieur 41
Couloir de l'usine électrique

Le poste de commandement (PC), situé à proximité du croisement des galeries d'accès aux blocs de combat, était constitué du service de renseignement de l'artillerie SRA et du service de renseignement du tir SRT. Le SRA, relié par téléphone aux différents observatoires, collectait les renseignements et calculait les coordonnées des cibles qu'il transmettait au SRT. Celui-ci déterminait les coordonnées de tir et les transmettait au bloc de combat approprié. Chaque bloc disposait d'un poste de commandement de combat qui transmettait les ordres à la tourelle à l'aide d'un transmetteur d'ordres identique à ceux utilisés dans les navires.

Intérieur 78
Poste TSF

Intérieur 79
Couloir du poste de commandement

Intérieur 80
Local de téléphonie

Intérieur 81
Chambrée du PC

Intérieur 85
La chambre du commandant de l'ouvrage

Intérieur 90
Le PC

Intérieur 89
Le PC

Le Schoenenbourg ne possède pas de magasin à munition central de type M1 (1er niveau) comme dans les grands ouvrages de la ligne Maginot. À côté de l'entrée "Matériel" se trouve le magasin des artifices destinés au stockage des détonateurs. Au pied des blocs 3, 4 et 5 sont placés des magasins à munition de type M2 permettant de stocker dans des châssis jusqu'à 2800 obus de 75. Le transport des châssis se faisait à l'aide d'un système de monorail suspendu au plafond. En plus des magasins M2, au niveau inférieur des blocs de combat était situé le poste de commandement de combat. Le niveau inférieur des blocs de combat était séparé de la galerie d'accès par un sas permettant de mettre le bloc en surpression, ce qui empêche la pénétration de gaz de combat et l'évacuation forcée des gaz de combustion des canons. Au niveau intermédiaire du bloc de combat se situent des chambres pour les hommes (6 et 10 occupants), la chambre pour les officiers, les latrines et le mécanisme de levée de la tourelle à éclipses. Celle-ci traverse les deux niveaux supérieurs du bloc (20 m de hauteur). Au niveau supérieur se trouve le magasin M3 (600 coups de 75 par exemple), le système de ventilation avec ses filtres et une citerne d'eau.

plan b1

plan b2

plan b3

plan b4

plan b5

plan b6

Intérieur 97
Chambrée du bloc 5

Intérieur 102
Couloir et casier à munitions au bloc 5

Intérieur 105
Couloir du bloc 5

Intérieur tourelle 75
Intérieur de tourelle de 75

Intérieur 113
PC de bloc 4

L'effectif du Schoenenbourg était de 20 officiers, de 70 sous-officiers et de 510 à 630 hommes. L'effectif se répartissait en 240 artilleurs, 188 fantassins d'infanterie et 132 hommes du Génie. Quelques hommes étaient affectés comme observateurs dans les casemates d'Hoffen-ouest et d'Aschbach-est et à l'observatoire de Hatten. Ils travaillaient en 3 x 8 heures. Une équipe travaillait dans les blocs de combat, une équipe travaillait dans les locaux et l'autre était au repos. En 1940, le Schoenenbourg était commandé par le commandant Martial Reynier secondé par le capitaine Cortasse (artillerie), le capitaine Kieffer (infanterie) et le capitaine Stroh (génie).

Intérieur 94
Gare d'arrivée près des blocs de combat

Intérieur 73
Locotracteur Vetra

Intérieur 37
Couloir d'un des blocs

Intérieur 35
Porte d'un sas d'étanchéité

Intérieur 56
Les lavabos

L'ouvrage du Schoenenbourg est prêt à la fin de 1935. La remilitarisation de la Rhénanie en 1936 provoque une première occupation de l'ouvrage pendant plusieurs semaines. Une nouvelle mobilisation eut lieu en mars 1938 lors des événements de l'Anschluss de l'Autriche. Il fut à nouveau mobilisé lors de l'annexion par les Allemands des Sudètes puis de nouveau en mars 1939 lors de l'occupation de la Bohème. Le 24 août 1939, l'occupation de l'ouvrage du Schoenenbourg est à nouveau ordonnée. Les premiers tirs des pièces de 75 eurent lieu le 10 septembre pour vérifier l'exactitude des pièces. En septembre 1939, les habitants des villages situés à l'avant de la ligne Maginot furent évacués dans la Haute-Vienne. À la fin du mois de janvier 1940, la tourelle de 81 effectua son premier tir. En mars 1940, une section de 120 L de Bange fut affectée à l'ouvrage du Schoenenbourg et placée sur les dessus des blocs d'entrée. Les Allemands débutèrent leur offensive sur la France le 10 mai 1940 en envahissant la Belgique, la Hollande et le Luxembourg. Le 12 mai 1940, les Allemands s’emparèrent du poste d'observation de la Schaufelshalt à Wingen malgré les tirs du bloc 2 du Four à Chaux. L'ouvrage de la Ferté tomba aux mains des Allemands le 18 mai 1940 après que son équipage de 107 hommes fut asphyxié par les gaz de tir des blocs de combat et le CO2 dégagé par les incendies dans les blocs. Le 4 juin 1940, un des canons de 120 installés à l'ouvrage du Schoenenbourg fut détruit par l'explosion de l'obus dans le tube, ce qui blessa 8 hommes. Le canonnier Derrendinger décéda le 6 juin à la suite de ses blessures. Le 14 juin 1940, le général Weygand ordonna le repli des troupes d'intervalles (repli général de l'armée française) pour éviter l'encerclement. Le lendemain, les troupes allemandes traversèrent le Rhin. Le 15 juin 1940, les Allemands lancèrent leurs attaques sur les points d'appui situés entre Hoffen et Oberroedern. L'ouvrage du Schoenenbourg tira alors avec ses tourelles de 75 sur ces différents points d'appui. Vers midi, l'ouvrage appuya la contre-attaque qui permit la reprise des blocs d'Oberseebach et continua les tirs d'arrêt contre les attaquants. Dans les jours suivants, l'ouvrage poursuivit les tirs contre les Allemands, mais le commandant de l'artillerie fut obligé de réduire la consommation d'obus. Des obus de 75 furent récupérés sur les positions de batterie abandonnées des troupes d'intervalles. Le 17 juin 1940, l'ouvrage du Schoenenbourg reprit ses tirs en direction des casemates d'Oberroedern, d'Aschbach et de Hoffen. Le 20 juin 1940, les tirs des blocs 3 et 4 et la résistance des casemates d'Aschbach et d'Oberroedern brisèrent l'assaut de la 246e I. D. allemande.

Intérieur 18
Fresque près des cuisines

Intérieur 19
Fresque à l'infirmerie

Intérieur 31
L'atelier de mécanique

Intérieur 25
Les cuisines

Le 20 juin 1940, vers 20 h, des bombardiers en piqué Junkers 87 Stukas et des Heinkel 111 bombardèrent les blocs de l'ouvrage avec des bombes de 250 à 1000 kg. Les tourelles, recouvertes de terre, furent dégagées dans la nuit. Cette attaque avait été préparée par une reconnaissance offensive faite par une patrouille. Le lendemain, le tir des tourelles de 75 reprit, mais les Junkers 87 Stukas bombardèrent l'ouvrage à trois reprises. À 9 h 30, le bloc 6 reçut une bombe dans le fossé diamant qui causa quelques fissures dans le bloc et des effondrements dans l'escalier. Le bombardement effectué par 27 Junkers 87 Stukas à 11 h 15, n'eut qu'une efficacité réduite. Il en fut de même par le bombardement effectué à 18 h 30. Un nouveau bombardement eut lieu dans l'après-midi du 22 juin 1940. Au total, ils auront largué environ cent soixante bombes dont les plus grosses creusèrent des entonnoirs de 5 à 20 m de diamètre et profonds de 2 à 7 m. En plus des dégâts au bloc 6, une bombe faussa un cadre de jumelage de mitrailleuses au bloc 1, une autre déchaussa le bloc 4 et une troisième recouvrit le bloc 5 d'un mètre de déblais. Les dégâts furent immédiatement réparés. Les bombardements de l'aviation n'ayant pas eu de résultats significatifs les Allemands mirent en œuvre un mortier Skoda de 420 mm tirant des projectiles antibéton de 1020 kg avec une portée de 14,2 km. Ces obus provoquaient des cratères de plus de 12 m de profondeur. Transporté par voie ferrée, le mortier était implanté à l'est de Wissembourg. Les Allemands mirent également en batterie un canon de 280 mm. Les tirs commencèrent vers 16 h 15 et se poursuivirent à la cadence d'un coup toutes les 7 minutes. Dans la soirée du 21 juin 1940, 14 coups tombèrent sur l'ouvrage. Le 22 juin 1940 à partir de 16 h 15, le mortier de 420 envoya à nouveau 14 coups. En même temps, des canons de 88 et de 105 tirèrent sur les tourelles de 75 dès qu'elles se préparèrent pour un tir. Un obus de 105 frappa le point de jonction entre l'avant-cuirasse et la muraille du bloc 3 projetant dans la tourelle des flammes et des fumées. Une bavure d'acier de la muraille empêcha alors l'éclipse complète de cette tourelle et il faudra la rectifier au burin dès la nuit.

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Le bloc 1

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Le bloc 1

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Le bloc 2

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Le haut de la tourelle du bloc 2

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Le bloc 3

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Le bloc 3

Le 23 juin 1940, l'ouvrage continua ses tirs, mais dès 7 h 50, le mortier de 420 reprit ses tirs en envoyant 14 obus. La tourelle de 75 du bloc 3 reçut un coup à proximité de l'avant-cuirasse provoquant la fissure du magasin à munitions. Vers 19 h 20, une nouvelle série de 14 obus de 420 empêcha le tir des tourelles. Les blocs furent ébranlés, mais purent reprendre leurs tirs dès la fin du bombardement. La tourelle de 81 prit alors part aux tirs, mais, touchée par un obus, elle ne put plus s'éclipser complètement. Une patrouille envoyée sur les dessus en fin de soirée, constata que la tourelle de 81 avait frôlé la catastrophe, un obus de 420 était tombé à 50 cm de la cloche lance-grenades non installé et dont le puits n'était obturé que par une plaque de blindage de 4 cm d'épaisseur. Le 24 juin 1940, l'ouvrage tira encore un certain nombre d'obus sur des groupements ennemis à limite de sa portée, mais fut soumis à une violente riposte à base de 105 puis de 150. Le 25 juin 1940 à 18 h 40 l'armistice fut signé et les combats cessèrent à 0 h 35. L'équipage de l'ouvrage du Schoenenbourg capitula le 1er juillet 1940 sur ordre du commandement et se constitua prisonnier sans avoir été capturé. L'armée allemande occupa alors l'ouvrage. Durant ces combats, l'ouvrage du Schoenenbourg tira 16 474 obus (15 792 de 75 et 682 de 81), dont 13 388 entre le 14 et le 25 juin. En plus des bombes larguées par les avions, l'ouvrage du Schoenenbourg reçut plus de 3000 obus de 105 et de 150, 56 obus de 420 et 33 obus de 280. Il fut l'ouvrage de la ligne Maginot le plus bombardé de la guerre.

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Les cloches d'observatoires du bloc 4

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Les cloches d'observatoires du bloc 4

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Le bloc 5

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Le bloc 5

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Le bloc 6

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Le bloc 6

Les Allemands abandonnèrent l'ouvrage du Schoenenbourg devant l'avance des troupes américaines le 15 décembre 1944. Le 31 décembre 1944, l'armée allemande déclencha l'opération "Nordwind". Cette offensive conduisit au repli des Américains et les Allemands réoccupèrent l'ouvrage le 20 janvier 1945. Ils l’abandonnèrent définitivement le 18 mars 1945 en dynamitant les tourelles et les blocs d'entrée. Dès mars 1946, des travaux pour rétablir l'accès aux ouvrages de la ligne Maginot furent réalisés sous l'impulsion du général Fortin, inspecteur du Génie. Le gros œuvre de l'ouvrage du Schoenenbourg fut remis en état entre 1947 et 1951. La réfection des équipements dura jusqu'en 1955. L'entrée des hommes (bloc 8) fut entièrement reconstruite entre 1953 et 1954. Elle fut équipée de deux cloches GFM, d'une cloche lance-grenade et d'une cloche VDP. Le projet de l'équiper d'une tourelle à éclipses de 75 et de deux canons antichars de 105 en façade ne fut pas réalisé. L'armée utilisa l'ouvrage jusqu'en 1967. Laissé à l'abandon à partir de 1968, il fut pillé par des ferrailleurs. Des infiltrations d'eau et de boue finirent par boucher les évacuations et conduisirent à l'ennoyage de locaux. En 1982, l'armée transféra l'ouvrage à l'Association des Amis de la Ligne Maginot Alsacienne (AALMA) qui en entreprit la rénovation et le rééquipement avec du matériel récupéré dans d'autres ouvrages de la ligne Maginot.

entrée hommes 1
Le bloc 8 "entrée des hommes"

Ces photographies ont été réalisées en aout 2023.

 

Y ACCÉDER:

L'ouvrage du Schoenenbourg est ouvert à la visite. Son accès est fléché depuis le village de Schoenenbourg. Les parties supérieures des blocs de combat sont accessibles le long de la route D76 allant de Schoenenbourg à Bremmelbach.

 

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 2 novembre 2023

Cette page a été mise à jour le 2 novembre 2023