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Le champ de bataille du Geisberg

La colline du Geisberg, dominant au sud la ville de Wissembourg, fut l'objet de quatre batailles acharnées entre les Français et les envahisseurs étrangers. La 1re bataille se déroula durant la guerre de succession d'Espagne en 1705-1706. La bataille fut menée, côté français, par le maréchal de Villars. La 2e bataille fut menée par le général de Coigny en 1744 lors de la guerre de succession d'Autriche.

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Le monument français

Le 13 octobre 1793, le Feldmarschall autrichien, Dagobert Sigmund Von Wurmser, enfonça les lignes de l'armée de la 1re république et la força à la retraite. Après sa victoire à la bataille de Woerth-Froeschwiller le 22 décembre 1793, le général Hoche obtint le commandement des armées du Rhin et de Moselle. Le 26 décembre 1793, les coalisés (Autriche, Prusse, Angleterre, Hollande, Espagne, les Deux Siciles, Portugal, Sardaigne et les États de l'Église) rassemblèrent une armée austro-prussienne forte de 38000 hommes au nord de la Lauter. Cette armée, sous les ordres du Feldmarschall autrichien, Dagobert Sigmund Von Wurmser, et du général prussien, Charles Guillaume Ferdinand Von Brunswick, entama sa marche vers le sud. Prévenu par son service de renseignement, le général Hoche dirigea ses 35000 hommes vers le nord. Le 27 décembre 1793, l'ordre de bataille se mit en place. Le Feldmarschall Von Wurmser positionna son aile droite à Rott, son centre à Wissembourg et son aile gauche à Oberlauterbach. Trois bataillons autrichiens occupèrent le Geisberg en avant de Wissembourg. Le général Von Brunswick occupait avec ses canons le défilé de Bobenthal. Le général Hoche envoya le général Desaix avec deux divisions à Lauterbourg, le général Michaud à Schleithal, les généraux Ferino, Taponnier et Hatry sur Wissembourg et trois divisions sur Bobenthal. Il envoya également le général Moreau à Kaiserslautern afin de créer une diversion.

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Un des monuments allemands

La bataille s'engagea le 29 décembre "1793. Le général Ferino repoussa les Autrichiens malgré une vive résistance et les força à se replier dans Wissembourg. Informé de la situation, le général Pichegru en profita pour occuper Haguenau. Le général Von Brunswick qui s’était emparé du col du Pigeonnier (au sud de Bobenthal) fit marcher ses troupes pour prendre les Français à revers. Le général Hatry engagea alors ses troupes pour dégager les hommes du général Ferino. Pendant ce temps, le vieux général Vernet (72 ans) s'empara, avec une simple section, du château de Geisberg, délaissé par les Autrichiens. Les Autrichiens et les Prussiens n'ayant pas réussi à se coordonner sont mis en déroute à la fin de la journée. Le 30 décembre 1793, le général Desaix s'empara de Lauterbourg abandonné par les Prussiens. Il y trouva les magasins de vivres et de munitions intacts. Les Autrichiens firent retraite sur Gemersheim où ils passèrent sur la rive droite du Rhin. Les Prussiens se replièrent sur Mayence en abandonnant le siège de Landau où flottait le drapeau tricolore. Les Autrichiens et les Prussiens se renvoyèrent par la suite la responsabilité de la défaite.

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Plan de la Bataille (©Wikipédia)

La bataille dont il reste des traces visibles sur le terrain est celle qui se déroula le 4 août 1870. La guerre de 1870, qui opposa la France à la Prusse, débuta le 19 juillet 1870. Dès le début de la guerre, le général Ducrot, commandant la 6e division militaire de Strasbourg, fit évacuer ses troupes de Wissembourg et de Lauterbourg situé sur la frontière. Le 22 juillet 1870, le ministère de la Guerre, à la suite de la protestation du sous-préfet de Wissembourg, ordonna l'envoi de la 2e division d'infanterie (DI) du général Douay à Haguenau. L'intendance fit alors savoir qu'elle n'était pas en mesure d'assurer l'approvisionnement de la 1re et de la 2e DI si Wissembourg, où se trouvaient des stocks, n'était pas réoccupé. Le maréchal Mac-Mahon, commandant le 1re corps de l'armée du Rhin, regroupa alors l'ensemble du dispositif autour de Haguenau. Le 2 août 1870, il ordonna que la 1re DI du général Ducrot devait s'établir, le 4 août 1870, à Lembach, que la 2e DI du général Douay devait occuper Wissembourg et le col du Pigeonnier et que la 1re brigade de cavalerie devait se positionner sur la droite de la 2e DI à Schleithal. Le général Ducrot fut chargé de coordonner les actions. Celui-ci ordonna au général Douay de se positionner sur le Geisberg à l'est de Wissembourg, sur le Vogelsberg, à l'ouest de Wissembourg, et d'occuper le col du Pigeonnier et le village de Climbach. Il ordonna également la mise en place de brigades de boulangers afin de fabriquer 30000 rations toutes les 24h. La mauvaise organisation de la mobilisation, en ce début de la guerre, fit que la 2e DI ne disposait que de 8000 hommes à la place des 15000 prévus.

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Le monument allemand

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Le monument allemand

Au soir du 3 août 1870, la 2e DI arriva à Wissembourg sous un orage mémorable et se rendit compte que rien n'avait été prévu pour son hébergement. Le 2e bataillon du 74e régiment d'infanterie (RI) occupa Wissembourg et le 78e RI reprit la marche vers Climbach, le reste de la troupe s'établit en rase campagne. Les autorités locales indiquèrent aux troupes françaises la présence dans les environs d'importants éléments ennemis. Une troupe de 30000 hommes avait quitté Landau. À l'aube du 4 août 1870, le général Douay envoya une reconnaissance au nord de la Lauter. Celle-ci revint vers 6h sans avoir décelé la présence des Prussiens. Pendant ce temps, le corps d'armée du général Werder (division badoise et division wurtembergeoise) passa la Lauter à Lauterbourg sans rencontrer de résistance. À 8h45, la IVe division bavaroise, soutenue par deux batteries d'artillerie positionnée sur les hauteurs au nord de la Lauter, attaqua Wissembourg en surprenant les Français. Le 2e bataillon du 74e RI parvint à défendre la ville et à maintenir les Bavarois à distance. Le 1er régiment de tirailleurs algériens (RTA), dit des Turcos, défendit la gare d'Altenstadt et interdit le passage de la Lauter à l'est de Wissembourg. Le 50e RI prit possession de la colline du Geisberg et le général Douay ordonna à un escadron du 11e chasseur de prévenir le maréchal Mac-Mahon.

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Les lions du monument allemand

Le Ve Corps prussien du général Von Kirchbach, en provenance de Steinfeld, et le XIe Corps prussien du général Von Bose, en provenance de Lauterbourg, firent route vers le Geisberg. Attaqué de front par les Bavarois et sur le flanc droit par les Prussiens, le général Douay, qui comprit que c'était une attaque d'envergure, ordonna à 10h30 la retraite en direction du col du Pigeonnier. Le général Pellé, couvert par la brigade Montmarie, se retrancha dans Wissembourg. À 11h, le général Douay fut mortellement blessé par un éclat d'obus. Le capitaine Lagneaux, retranché dans le château de Geisberg, capitula à 14h en même temps que le chef de bataillon Liaud avec le 2e bataillon du 74e RI encerclé dans Wissembourg. Abandonnant les blessés sur le champ de bataille et à la ferme du Schafsbusch (poste de secours), la 2e DI retraita, sous le feu de l'artillerie, par Climbach. Elle atteignit Lembach au cours de la nuit. La brigade Montmarie rejoignit Haguenau à 23h.

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Le monument français

La bataille de Wissembourg opposa 8000 Français aux 60000 Prussiens de la IIIe Armée de Fréderic-Guillaume. Les Français déplorèrent 2300 tués et les Prussiens 1551. Les Français et les Prussiens s'affrontèrent à nouveau le 6 août 1870 à Woerth-Froeschwiller quelques kilomètres plus au sud.

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Les plaques en bronze du monument allemand

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Les traces de cette bataille ont disparu, il ne subsiste sur le terrain, au sommet du Geisberg, que trois monuments commémoratifs, deux allemands et un français. Pour y accéder, il faut, à Wissembourg, prendre la D264 en direction de Riedseltz. Au sommet de la côte, prendre à gauche en direction du hameau du Geisberg. Sur la droite du chemin au milieu du champ se trouve le monument allemand des "Trois Peupliers". Sur un socle cubique en grès jaune est placée une grande croix. Le socle est gravé sur les quatre faces et la croix porte la croix de fer allemande. Il s'agit de la tombe de dix officiers prussiens du Kayserliche Grenadier Regiment 7.

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Le monument des Trois peupliers

En poursuivant le long de la route nous trouvons un peu plus loin, sur la droite, le monument allemand dit "aux Lions". Il est dédié aux soldats de la IIIe Armée tombés le 4 août 1870. Conçu en 1876 par l'architecte Heinrich Lang, il est constitué d'un obélisque de 12 m de hauteur en grès blanc posé sur un socle en calcaire. Sur le socle, en direction de chaque point cardinal, se trouvent quatre lions en bronze couchés et endormis. La végétation plantée autour du socle est en train de les engloutir. L'obélisque, couronné avec une croix de fer, porte sur chacune de ces quatre faces une plaque en bronze. Ces plaques portent les effigies du prince Fréderic-Guillaume, commandant en chef, du général Von Hartmann, commandant le 2e corps bavarois, du général Von Kirchbach, commandant le 5e corps prussien et le général Von Bose, commandant le 11e corps prussien.

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Le monument allemand

La route se poursuit jusqu'à un carrefour où nous prenons à gauche en direction du monument français. Ce monument a été érigé à l'initiative d'Auguste Spinner (1864-1939) avec l'accord du Statthalter Wedel et de l'empereur Guillaume II. Après la défaite française en 1871, l'Alsace et la Moselle furent annexées par l'Allemagne. Le monument est l'œuvre du sculpteur Albert Schultz (1871-1953). Il s'agit d'un obélisque coiffé du coq gaulois auquel est adossée, côté nord (donc face à l'Allemagne), une femme ailée symbolisant le génie de la Patrie. Le bronze du monument provenait de canons de la citadelle de Belfort. Aux quatre angles du socle se trouvaient des coiffes militaires en grès. Ces coiffes furent retirées sur exigences des Allemands deux jours avant l'inauguration du monument, le 17 octobre 1909. L'inauguration fut suivie par 50000 Alsaciens et Lorrains qui, sous les yeux effarés des autorités allemandes, entonnèrent la Marseillaise.

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Le monument français

Le monument fut dynamité par les nazis en septembre 1940. Le monument actuel fut reconstruit presque à l'identique par les architectes Crombach et Kronenberger et inauguré le 13 novembre 1960. Le coq du monument d'origine, cachée par les wissembourgeois durant la 2e Guerre mondiale, retrouva à cette occasion sa place au sommet de l'obélisque. L'effigie du génie de la Patrie a été sculptée par le sculpteur Morlaix.

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Les restes de coiffes militaires du monument français

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Ces photographies ont été réalisées en janvier 2015.

 

Y ACCÉDER:

A Wissembourg, prendre la D264 en direction de Riedseltz. Au sommet de la côte, prendre à gauche en direction du hameau du Geisberg. De là, suivre les indications données dans le texte ci-dessus.

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 3 avril 2015

Cette page a été mise à jour le 3 avril 2015