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Le mémorial de la
1re Bataille de la Marne

La première bataille de la Marne mit fin à l'avancée des troupes allemandes dans leur conquête du territoire français. Elle se déroula entre le 6 et le 12 septembre 1914. Elle opposa 1 071 000 Français et Britannique à 1 485 000 Allemands sur un front de plus de 300 km allant de Senlis à Verdun.

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Vue sur les marais de St-Gond depuis les hauteurs de Mondement

Après avoir perdu la bataille des frontières en août 1914, les armées françaises et britanniques entament une retraite vers le sud pour les Français et vers l'ouest pour les Britanniques. Les Allemands, appliquant le plan Schlieffen, envahissent la France en passant par la Belgique avec pour objectif de déborder l'armée française (massé au nord-est) par l'ouest. Les armées allemandes, dirigées par le comte Von Moltke, perdent cependant huit jours à réduire la résistance belge. Le 18 août 1914, la IIe Armée allemande affronte, le long de la vallée de la Sambre, la 5e armée française du général Lanrezac. Le même jour, la 1re Armée allemande se heurte au Corps Expéditionnaire Britannique à Mons. Après de durs combats durant le 20 et le 22 août 1914, le général Lanrezac décide de se replier pour éviter l'encerclement. Au soir du 24 août 1914, Von Moltke ordonne à ses troupes de se lancer dans la poursuite des armées alliées. À ce moment, toutes les armées alliées battent en retraite sauf la 1re et la 2e armée française se trouvant en Alsace et en Lorraine. La 5e armée française porte cependant un coup d'arrêt à l'armée allemande à Guise soulageant ainsi la pression exercée sur le Corps Expéditionnaire Britannique qui se replie sur Noyon.

Le général Joffre, commandant en chef de l'armée française, critique les généraux qui ont ordonné la retraite et limoge, un peu hâtivement, ceux qu'il juge incompétents. Il prévoit d'établir une première ligne de résistance sur la Somme et l'Aisne et ordonne aux généraux de mener des combats de retardement afin de ralentir l'avance allemande afin de permettre la mise en place de la ligne de résistance. Le plan Schlieffen prévoyait le contournement de Paris par l'ouest. Alexandre Von Kluck, commandant la 1re Armée allemande, qui se trouve le plus à l'ouest, décide, pour économiser des moyens logistiques, de ne plus s'y confronter. Le 2 septembre 1914, il infléchit la progression de la 1re Armée allemande vers l'est pour envelopper les cinq armées françaises en passant au nord de Paris. Le 5 septembre 1914, la 6e armée française se positionne le long de la Marne (entre Nanteuil-le-Haudouin et Meaux) et affronte, à partir du 7 septembre 1914, la 1re Armée allemande. La bataille durera jusqu'au 9 septembre 1914 grâce au soutien de 10000 hommes de la garnison de Paris. Le général Galliéni fera réquisitionner 1200 taxis parisiens qui feront la navette pour acheminer 6000 fantassins sur le front.

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Le mémorial

Cette bataille oblige la 1re Armée allemande à utiliser une trop grande partie de son potentiel sur son flanc ouest et ralenti fortement sa progression. Le 9 septembre 1914, une brèche de 50 km se crée entre la 1re et la IIe Armée allemande. La 5e armée française et le Corps Expéditionnaire Britannique contre-attaque alors la 1re et la IIe Armée allemande. Devant ce regain d'énergie des troupes alliées, Von Moltke ordonne le repli général. Le 13 septembre 1914, les Allemands se rétablissent sur les positions défensives qu'ils avaient préparées sur leur arrière lors de leur progression. La guerre de mouvement est terminée et la guerre des tranchées commence.

La première bataille de la Marne opposa sur un front allant d'ouest en est, côté allemand, la 1re Armée de Von Kluck, la IIe Armée de Von Bülow, la IIIe Armée de Von Hausen, la IVe Armée d'Albrecht Von Wurtemberg et la Ve Armée du Kronprinz à, côté allié, la 6e armée française du général Maunoury, le Corps Expéditionnaire Britannique du Marechal French, la 5e armée française du général Franchet d'Esperey, la 9e armée française du général Foch, la 4e armée française du général De Langle de Cary et la 3e armée française du général Sarrail. Les pertes de l'armée française sont de 21000 tuées, 122000 blessés et 84000 disparus. L'armée britannique déplore 3000 tués, 30000 blessés et 4000 disparus. Les Allemands ont eu 43000 tués, 173000 blessés et 40000 disparus.

Un des combats décisifs de la bataille de la Marne se déroula au village et au château de Mondement. Celui-ci commande la crête séparant les Allemands de la plaine de Champagne, voie royale vers Paris. Joffre déclara : "ça n'est peut-être pas entre Mondement et Mailly-le-Camp, le 9 septembre 1914, que la bataille de la Marne a été gagnée, mais c'est sûrement là qu'elle aurait été perdue".

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L'église de Mondement

Le 8 septembre 1914, l'aile gauche de la 9e armée française tient les hauteurs de Mondement et de Soizy-aux-Bois. Ils sont conscients que si les Allemands ouvrent une brèche à cet endroit, toute la 9e armée cèdera. Le général allemand Von Emmich ordonne un assaut de grande envergure contre cette aile gauche de la 9e armée française. Le Xe corps doit attaquer Soizy-aux-Bois et les XIXe et XXe Division doivent prendre Mondement. Le 164e et le 79e Regiment de Hanovre sont chargés de la prise du village et du château. L'attaque est prévue pour 23h, mais devant l'épuisement des hommes du 164e Regiment l'attaque est reportée. Le 79e n'ayant pas été prévenu à temps part à l'attaque avant d'être rappelé. Côté français, la confusion règne également. Les ordres du général Humbert ont été mal interprétés par le lieutenant-colonel Fellert (2e régiment de Zouaves et Tirailleurs Marocains). Celui-ci abandonne le centre du village de Mondement pour aller se positionner en avant.

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Le château de Mondement

Le 9 septembre 1914 à 5h, les 900 hommes du 2e bataillon du 164e commandé par le capitaine Purgold partent à l'attaque des positions françaises. À 500 m du village, le combat s'engage avec des zouaves qui étaient sortis de leurs tranchées pour se dégourdir les jambes. L'artillerie française pilonne ensuite les environs d'Oyes, de Villevenard et de St-Prix. Les 79e et 3e bataillon du 164e Regiment de Hanovre sont cloués sur place et ne peuvent venir en renfort du capitaine Purgold. L'attaque allemande est bloquée à 500 m du village. À 7h30, l'artillerie lourde allemande bombarde le château à coups de 150. Le lieutenant-colonel Fellert est tué durant ce bombardement. Les canons français de 75 déciment, pendant ce temps, les fantassins allemands. Le capitaine Purgold demande du renfort pendant que le lieutenant Naumann atteint vers 8h la ferme au nord-est du village et que le sous-lieutenant Dettmer franchit l'enceinte nord du château. À 8h15, le village et le château de Mondement sont aux mains des Allemands. Le sous-lieutenant Dettmer fortifie le château et le capitaine Purgold installe deux mitrailleuses dans le grenier de la ferme au sud-ouest du village.

À 9h, les Français lancent une contre-attaque. Le capitaine Durand organise l'attaque du château. La 2e section du sergent-major Ceccaldi est décimée. Les Français subissent des pertes sévères d'autant plus que l'artillerie allemande se déchaine sur les bois où se sont retranchés les Français. Le capitaine Durand rend compte directement auprès du général Humbert. Celui-ci demande alors des renforts. Le général Dubois lui octroie la 42e division et le général Grosetti la 77e division. À partir de 10h30, l'artillerie française de la 42e division tire à l'aveuglette sur le château et le village. À 11h15, une salve française fait un carnage dans une section du 16e bataillon de chasseurs intégré à la 42e division provoquant son repli.

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Le château de Mondement

À 13h30, la 77e division tente sa chance bien que l'artillerie soit à court de munitions et ne peut la soutenir. Elle déplorera de nombreuses pertes face aux 250 Allemands fortement barricadés dans le château. À 14h20, l'artillerie rouvre le feu sur le château ouvrant des brèches dans le mur d'enceinte. Les fantassins du 77e repartent à l'assaut, mené par les officiers en gants blancs et sabre au clair. Une fois de plus, c'est un massacre devant le château. Au bout de 30 mn d'assaut vain, la retraite est sonnée. À 16h30 s'engage un duel d'artillerie et à 17h45, le capitaine Naud arrive à positionner deux canons de 75 à 300 m du château. À coups d'obus incendiaires, il parvient à mettre le feu à la toiture du château vers 18h. L'incendie oblige les Allemands à évacuer les étages du château. En même temps, le capitaine Purgold apprend que les troupes allemandes ont quitté Oyes et se sont repliées sur Etoges. Abandonné par les siens, le capitaine Purgold ordonne l'évacuation du village et du château. À 18h30, le colonel Lestoquoi, le lieutenant Courson de la Villeneuve et les troupes françaises franchissent les grilles et occupent le château sans tirer un coup de feu. Les Allemands ont abandonné la partie et ont entamé leur repli sur les lignes arrière.

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Le 6 septembre 1917, le président Poincaré se rendit au château de Mondement pour y commémorer le 3e anniversaire de la victoire de la Marne. En 1920, le parlement décide l'érection d'un monument commémoratif à Mondement, mais ce n'est qu'en 1929 que l'administration des Beaux-arts organise un concours pour choisir un monument. En 1930, une commande est passée à l'architecte Paul Bigot pour la construction d'une borne haute de 35,50 m ornée, dans le tiers supérieur, d'une victoire ailée dont la réalisation est confiée au sculpteur Henri Bouchard.

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Les travaux débutent en 1933. Un monolithe en béton est coulé sur une armature métallique. L'intérieur est creux et il est ancré sur des fondations profondes de 22 m. Le béton est teinté en rose comme le grès des Vosges pour rappeler le rattachement de l'Alsace et de la Lorraine. Il représente une masse de 2000 t qui fut coulée, jour et nuit, durant 21 jours. Mais le manque de crédit interrompit les travaux après cette phase. Ce n'est qu'en 1936 que fut réalisée la victoire ailée. Cette sculpture de 11 m de longueur et de 5,50 m de hauteur fend les cieux pour repousser, d'ouest en est, les vents et le tonnerre.

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La victoire ailée

À la base du monolithe, du côté nord, sont représenté dans l'ordre de la bataille (de la gauche vers la droite) le général Sarrail, le général De Langle de Cary, le général Foch, le général Joffre, un soldat de 1914, le général Franchet d'Esperay, le maréchal French, le général Maunoury et le général Galliéni. En dessous sont gravés les noms des différents corps d'armée. Au-dessus du bas-relief est gravé le texte suivant : " À la voix de Joffre, l'armée française en pleine retraite s'arrêta et fit face à l'ennemi. Alors se déchaina la bataille de la Marne sur un front de soixante-dix lieues de Verdun aux portes de Paris. Après plusieurs jours de luttes héroïques, l'ennemi de toutes parts battait en retraite et sur toute l'étendue du front, la VICTOIRE PASSAIT". Y est également gravé l'ordre du jour de Joffre du 6 septembre 1914 : "Au moment où s'engage une bataille dont dépend le salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et repousser l'ennemi. Toute troupe qui ne peut plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée".

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Le monument est enfin achevé en 1938 et l'inauguration fut prévue pour le 19 septembre 1939, mais la 2e Guerre mondiale débuta avant. Elle aura finalement lieu le 23 septembre 1951. Le monument est classé Monument historique le 4 octobre 1991 et fut totalement restauré en 1994.

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Ces photographies ont été réalisées en août 2013.

 

Y ACCÉDER:

De Sezanne, prendre la direction d'Épernay par la D951. Après environ 9 km, prendre à droite la D439 vers Mondement.

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 11 janvier 2014

Cette page a été mise à jour le 11 février 2015