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Le champ de bataille de
Beaumont-Hamel

Une offensive franco-britannique en Flandre est décidée lors de la conférence de Chantilly le 6 décembre 1915. En janvier, les Français négocient un changement d'objectif, l'offensive sera planifiée en Picardie. L'attaque allemande à Verdun en février 1916 bouscule ces plans. L'armée française décidant de faire face seule à Verdun, l'offensive en Picardie est retardée et reposera principalement sur l'armée britannique. Celle-ci manque cependant d'expérience, sa partie professionnelle, constituée de six divisions, ayant été décimée, ses effectifs sont constitués de volontaires et les officiers ont été fraichement promus.

lancashire fusiliers trench
Tranchée des fusiliers du Lancashire à Beaumont-Hamel en 1916 (© Wikipédia)

La bataille de la Somme débuta le 2 juin 1916 par la traditionnelle préparation d'artillerie destinée à laminer les positions adverses. Les vingt-six divisions des troupes de l'Empire britannique (Royaume-Uni, Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Union d'Afrique du Sud et le Dominion de Terre-Neuve) attaquèrent sur un front de 25 km allant du village de Gommecourt, au nord, au village de Montauban, au sud, selon un axe Albert/Bapaume. Les quatre divisions de l'armée française attaquèrent sur un front de 10 km, au sud de celui des Britanniques, en direction de Péronne. En face les Allemands alignaient huit divisions, retranchés dans des positions fortifiées et dotés d'abris profondément enfouis. Le 28 juin 1916, l'attaque est reportée de 48h à cause du mauvais temps. La préparation d'artillerie effectuée par les Britanniques consomma 1732873 obus de tous calibres soit 5 obus par soldat allemand.

15 inch howitzer
Canon anglais de 15 inch (© Wikipédia)

Le 1er juillet 1916 à 6h25, la cadence du bombardement augmenta pour atteindre les 3500 coups par minute. À 7h30, l'artillerie allonge le tir vers la 2e ligne allemande et l'infanterie jaillit des tranchées, baïonnette au canon. Chaque soldat est de plus chargé de 30 kg de matériel destiné à reconstruire les tranchées prises à l'ennemi. Les hommes, conformément aux ordres, avancent au pas en ligne comme à la parade. Le haut commandement craignait qu'ils perdent le contact les uns par rapport aux autres en avançant au pas de course. Cet ordre sera annulé à 12h au vu des résultats. Comme lors de nombreuses attaques, les bombardements furent totalement inefficaces. Les positions allemandes, fortement retranchées avec des abris profondément enfouis sous terre, n'avaient que peu souffert. Dès l'allongement des tirs, les Allemands réoccupèrent leurs positions et attendirent les fantassins ennemis. Les mitrailleuses firent des ravages dans les lignes britanniques. Dans les 6 premières minutes de l'attaque, 30000 hommes (tués ou blessés) tombèrent sous les balles et les obus allemands. La journée se solda par 20000 tués et 40000 blessés ou disparus sur les 320000 soldats britanniques qui partirent à l'attaque sans aucun gain significatif. Les allemands déplorèrent 6000 victimes.

Gordon highlanders Mametz
Gordon Highlanders Mametz 1er juillet 1916 (© Wikipédia)

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Tranchée allemande au bois de Delville en septembre 1916
(© Wikipédia)

Le 14 juillet 1916, les Britanniques lancent une nouvelle attaque et s'emparent sur une longueur de 4 km de la 2e ligne allemande. Les villages d'Ovilliers, La Boiselle et Coutalmaison sur le flanc sud du front sont occupés par les Britanniques. Les Sud-Africains attaquant au Bois Delville se font massacrer. Il restera 143 survivants sur les 4000 partis au combat. Le 20 juillet 1916 est lancée une nouvelle attaque. Le 27 juillet 1916, les Australiens s'emparent de Pozière, un des objectifs du 1er jour. Trois jours de pilonnage précèdent l'attaque du 31 juillet 1916 où les villages de Bouchavesnes, Comble et Thiepval tombent aux mains des Britanniques après deux mois de combats.

cheshire regiment trench
Tranchée du régiment du Sheshire Somme 1916 (© Wikipédia)

the battle of the somme
Image extraite du film "La bataille de la Somme" (© Wikipédia)

Le 15 septembre 1916, les 48 premiers chars de combat sont engagés dans la bataille. Dix-huit d'entre eux s'enliseront dans la boue du champ de bataille. Le 17 septembre 1916, la 1re Armée française s'empare des villages de Vermandovillers et de Berny. Le 26 septembre 1916, les Britanniques et les Français reprennent ensemble le village de Comble sur la route de Bapaume. La bataille de la Somme prendra fin le 18 novembre 1916. Les Britanniques et les Français ont enfoncé les lignes allemandes sur 12 km au nord du front et de 8 km au sud mais les objectifs principaux que sont Bapaume et Péronne ne sont pas atteints. Le bilan en vie humaine est effroyable. Les Britanniques ont 419654 hommes hors de combat, dont 127751 morts et 78531 disparus. Les Français ont 202567 hommes hors de combat, dont 39187 morts et 27501 disparus. Les Allemands déplorent 437322 victimes, dont 170000 morts. Les Britanniques auront fait 31076 prisonniers et les Français 41605. Le 24 février 1917, les Allemands effectuent une retraite stratégique de 64 km pour se retrancher sur la ligne Hindenbourg.

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Char britannique Mark I Somme 25 septembre 1916 (© Wikipédia)

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Fil de fer barbelé à Beaumont-Hamel en 1916 (© Wikipédia)

Le village de Beaumont-Hamel comptait, en 1914, 162 maisons que l'armée allemande transforma en forteresse. Au sud du village un ravin aux flancs escarpés d'une longueur de 800 m fut également occupé par les Allemands. Ce ravin se scinde à l'ouest en deux branches formant ainsi un "Y". Ce qui lui valu la dénomination de "Y ravine" par les Britanniques. Ce ravin fut truffé d'abris souterrains résistant aux bombardements et fut traversé par de nombreuses tranchées. Après la conquête par les troupes britanniques, un bataillon complet y trouva son cantonnement.

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Le champ de bataille de Beaumont-Hamel (d'après document disponible sur place)

Le 1er juillet 1916 à 7h20, les Britanniques font exploser 18 tonnes d'ammonal (explosif à base de nitrates, de TNT et d'aluminium) dans une mine sous la crête Hawthorn au sud-ouest du ravin "Y". Il se forme un cratère de 42 m de diamètre et d'une profondeur de 13 m pulvérisant la position allemande. L'explosion signale également aux Allemands l'imminence de l'attaque qui est déclenchée à 7h30. Les 86e et 87e Brigades de la 29e Division britannique partent à l'assaut des tranchées allemandes. Mis à part la position soufflée par l'explosion de la mine, les autres positions allemandes ont peu souffert des sept jours de bombardement de l'artillerie britannique. Les fantassins sont accueillis par un feu nourri des mitrailleuses et de l'artillerie allemande. Le 2e Royal Fusiliers faisant partie de la 86e Brigade perd 561 hommes. Le 1er Royal Inniskilling Fusiliers (87e Brigade) en perd 586 dont 246 tués. L'attaque est interrompue sans qu'un homme ait pu atteindre les barbelés allemands. Des comptes-rendus contradictoires parviennent au commandement britannique. Dans la confusion générale, la 2e vague prévue à 8h30 est retardée. Une information indiquant une possible réussite de l'attaque de la 87e Brigade parvenant au commandement, l'ordre de soutenir la 87e Brigade est donné à 8h45 aux régiments de réserve de la 29e Division que sont le 1st Newfoundland Regiment et le 1st Essex Regiment. Le 1st Essex Regiment part en première ligne en empruntant les tranchées encombrées de morts et de blessés. Ses hommes mettront plus de 2h pour rejoindre les tranchées de premières lignes britanniques.

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L'explosion de la mine sur la crête d'Hawthorn le 1er juillet 1916
(© Wikipédia)

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L'explosion de la mine sur la crête d'Hawthorn le 1er juillet 1916
(© Wikipédia)

Ayant été informé que leur soutien était urgent, le 1st Newfoundland Regiment s'élance à découvert à 9h15 depuis la tranchée de soutien "St John's Road". Ils vont devoir franchir 275 m à découvert pour atteindre la tranchée de première ligne. Conformément aux ordres, les hommes avancent au pas et en formation et s'agglutinent près des couloirs pratiqués dans les barbelés britanniques pour atteindre le "no man's land". Ils leurs restera 500 m à franchir jusqu'aux tranchées allemandes. À mi-chemin dans le "no man's land", un arbre a résisté aux bombardements. À cet endroit, le terrain est surplombé par les positions allemandes et est pris en enfilade par les mitrailleuses. Il fut désigné par le nom d'arbre du danger. Peu de soldats dépassèrent ce point ce jour-là. Les fantassins, à découvert, forment des cibles parfaites pour les mitrailleuses et les canons allemands. En une trentaine de minutes, le sort du 1st Newfoundland Regiment est scellé. Sur les 800 hommes qui s'élancèrent à 9h15, 255 furent tués (dont 14 fratries), 386 furent blessés et 91 ont disparu. Seuls 68 d'entre eux, répondirent présent à l'appel du lendemain, soit 91 % de perte. Après la bataille, 69 corps furent ainsi retrouvés près d'une ouverture dans les barbelés britanniques.

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Le champ de bataille aujourd'hui

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Vue sur les trous d'obus

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Les tranchées de Beaumont-Hamel

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Le champ de bataille

Le ravin "Y" et Beaumont-Hamel tomberont finalement qu'au cours de l'attaque du 13 novembre 1916. La plupart des morts furent inhumés dans une tranchée désaffectée. Les autres le seront dans de petits cimetières établis sur place. Le commandant de la 29e Division dira de l'attaque du 1st Newfoundland Regiment que "ce fut un magnifique exemple de vaillance exercée et disciplinée, et son offensive a échoué parce que des hommes morts ne peuvent plus avancer". Le 1st Newfoundland Regiment se verra accorder après guerre l'honneur de porter le titre de "Royal" pour acte de bravoure à Ypres et à Cambrai. Il fut le seul régiment à qui fut accordé ce titre durant la 1re Guerre mondiale.

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Une tranchée restaurée

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Après la guerre, en 1922, le gouvernement de Terre-Neuve acquit, avec les fonds collectés par les femmes de cet état, les 34 hectares constituant le champ de bataille. Sous l'impulsion du père Thomas Nangle, aumônier catholique du 1st Newfoundland Regiment, fut érigé sur le champ de bataille, maintenu en l'état, un monument commémoratif. Ce monument, conçu par le sculpteur britannique Basil Gotto, représente un caribou, emblème du régiment. Sur le monument sont gravée, sur des plaques en bronze, le nom des 814 hommes du 1st Royal Newfoundland Regiment, du Newfoundland Royal Naval Reserve et de la marine marchande tombés au champ d'honneur au cours de la 1re Guerre mondiale et dont le lieu de sépulture reste inconnu. Il fut inauguré le 7 juin 1925 en présence du maréchal Earl Haig, commandant la force britannique durant la bataille de la Somme. Le site fut transféré sous la responsabilité des Anciens Combattants du Canada en 1951 et fut désigné "Lieu historique national canadien" le 9 avril 1997.

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Le monument commémoratif dit "Le Caribou"

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Tranchée à Beaumont-Hamel (auteur "Alertomalibu")

Ces photographies ont été réalisées en novembre 2008.

 

Y ACCÉDER:

D'Albert, prendre la D929 en direction de Bapaume. À Pozière, prendre à gauche vers Thiépval puis aller à Hamel. Prendre, juste avant Hamel, la direction d'Auchonvillers par la D73. Le champ de bataille est sur la droite de la route.

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Le monument du Commonwealth à Thiépval

 

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Cette page a été mise en ligne le 1er mars 2013

Cette page a été mise à jour le 12 février 2015