Les vestiges gallo-romains de Mackwiller

Le village de Mackwiller a été construit sur le site d'une villa gallo-romaine. Ce site, correspondant à une vaste exploitation agricole d'environ une centaine d'hectares, a été occupé entre le I^er et le V^e siècle. L'exploitation regroupait des activités agricoles et artisanales, une carrière de pierres, une mine de fer et une fabrique de tuiles. Elle aurait été la propriété d'un certain Masticone Villare. Ce nom serait à l'origine de Mackwiller.

Après des découvertes fortuites faites par les paysans, les premières fouilles furent organisées par le pasteur Ringel de 1859 à 1862. Il mit à jour une partie de la villa, notamment la zone consacrée aux thermes. Les éléments recueillis lors des fouilles sont actuellement conservés aux musées archéologiques de Strasbourg et de Saverne. Peu d'informations concernant ces fouilles ont été transmises à la postérité. Mis à part le plan des zones fouillées, aucune publication n'a été effectuée.

Une autre découverte fortuite dans une carrière proche a conduit à des fouilles de sauvetage entre 1953 et 1956. Ces fouilles mirent à jour les vestiges d'un sanctuaire consacré à Mithra. La céramique et les monnaies découvertes ont permis de dater ce Mithraeum aux alentours de 150 apr. J.-C.. Le haut-relief de Mithra tauroctone mis à jour est apparenté à celui découvert dans le Mithraeum de Koenigshoffen en banlieue strasbourgeoise. Le haut-relief était accompagné d'un portrait qui représente peut-être le propriétaire des lieux.

En 1966 eut lieu la découverte la plus remarquable du site. Les fouilles organisées après la mise à jour d'un bloc en grès décoré d'imbrications conduisirent à l'exhumation des fondations d'un mausolée romain avec une tombe à incinération inviolée. Les vestiges du mausolée retrouvés sont des fondations de forme circulaire d'un diamètre de 7,50 m flanqués, régulièrement espacés, de huit contreforts. Côté sud, le contrefort s'appuie sur une grosse fondation d'une longueur de 4,75 m, large de 1 m et profonde de 1,30 m. Celle-ci est réalisée à l'aide de gros bloc en grès. Le reste des fondations est réalisé en moyen appareil constitué d'un parement extérieur en moellons de grès gris et d'un blocage de pierre et de sable rouge au centre. Ces fondations sont profondes de 0,70 m au nord et de 1,10 m au sud en fonction du pendage du coteau. Côté sud, un saillant interne marque l'emplacement d'une porte. Dans les remblais dispersés aux alentours furent découvert un morceau de toiture conique décoré d'imbrications, des débris de colonnes d'un diamètre de 35 cm, un fragment de corniche et des fragments de sculptures en haut-relief. Ces différents éléments permettent d'imaginer que le mausolée avait une forme de tholos couverte d'un toit conique. Celui-ci devait être orné d'imbrications. Les contreforts devaient soutenir huit colonnes sur lesquelles s'appuyait le toit. Un autel monumental, orné de sculptures, devait se trouver soit devant, soit à l'intérieur du mausolée.

Au centre de la fondation, occupant une grande partie de l'espace, se trouvait une fosse rectangulaire orientée nord/sud. Il s'agit d'une tombe à incinération qui contenait des ossements calcinés répandus sur toute la surface, de nombreux morceaux de bronze fondu (probablement des bijoux), des débris de verre fondu de couleur blanche, une tablette en schiste poli, un fragment d'une spatule brisée en bronze argenté et une pièce de monnaie à l'effigie de l'empereur Claude. Les archéologues ont pu déterminer qu'il s'agissait de la tombe du premier titulaire du mausolée et qu'il s'agissait probablement d'une femme. La tombe a été datée du début du II^e siècle. La tombe a subi deux feux, un premier pour incinérer le corps et un deuxième pour purifier les lieux. Cette incinération a eu lieu avant la construction du mausolée, car les fondations ne montrent aucune trace de feu.

Sur le côté sud-est, à l'extérieur du mausolée, a été mis à jour un dépotoir contenant des vestiges de mobiliers funéraires et des urnes à incinérations. Ces éléments ont été datés de la deuxième partie du II^e siècle. Ce dépotoir correspond aux objets qui ont été expulsés du mausolée lors d'une violation ou lors de sa destruction. Les objets récoltés sont des débris de verre brisé (vert et marron), des clous, des ossements calcinés, des charbons de bois, des tessons de céramique commune, une vingtaine de vases sigillée (avec estampille anépigraphe) et plusieurs mortiers. Les vases sigillées ne portent des traces de feu que sur une seule moitié. Ce qui correspondrait à un rituel funéraire consistant à briser le vase en deux et à placer une moitié sur le bucher puis à réassembler le vase avant de le placer dans le mausolée.

Durant ces fouilles, ont également été mis à jour, 50 m à l'est, deux fours crématoires. Ceux-ci étaient construits avec des tuiles plates assemblées avec de l'argile. Le premier comprenait une chambre rectangulaire de 2 m sur 3 m orientée nord/sud. Il fut rapidement désaffecté pour laisser la place à un deuxième four orientée est/ouest et disposée dans le prolongement du premier. Le premier fut à cette occasion rempli de pierres et servi de fondation à un autel. Le deuxième four était constitué d'une chambre de 3 m sur 3,75 m séparée en sept parties par des carneaux verticaux et couvert en encorbellement. La chambre était précédée d'un alandier de 1,30 m sur 3,70 m lui-même précédé d'un praefurnium (foyer) de 3 m sur 3 m. Ces fours étaient utilisés pour la crémation des corps dont les urnes funéraires furent ensuite placées dans le mausolée.

De Sarre-Union, prendre la D8 vers Domfessel. Prendre ensuite la D919 vers Diemeringen puis la D9 vers Mackwiller. Les vestiges sont situés de part et d'autre, à l'arrière du cimetière le long de la rue.

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