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L'abbatiale Saint-Trophime d'Eschau

L'église Saint-Trophime d'Eschau est la deuxième plus ancienne église d'Alsace. Cette église était l'abbatiale d'une puissante abbaye appartenant à l’évêché de Strasbourg jusqu'à la Révolution française.

C'est en 770 que Rémi, évêque de Strasbourg et neveu de Sainte-Odile, fonda une abbaye bénédictine dont la première abbesse fut Adale. L'abbatiale fut dédiée à Saint-Trophime qui aurait été le premier évêque d'Arles au III^e siècle. En 777, l’évêque Rémi y déposa les reliques de Sainte-Sophie de Rome et de ses trois filles qu'il reçut du pape Adrien 1^er. Les filles de Sainte-Sophie se prénommaient Fides, Spes et Caritas (Foi, Espérance et Charité) et furent martyrisées avec leur mère en 122 par l'empereur Hadrien. L'abbaye prit alors le nom d'abbaye Sainte-Sophie et l'abbatiale fut dédié à Notre-Dame et à saint-Trophime. L'abbaye fut richement dotée en Haute et Basse Alsace et dans l'Ortenau. Par testament l'évêque Rémi fit donation de l'abbaye le 15 mars 778 à l'église épiscopale de Strasbourg. L’évêque Rémi décéda le 20 mars 783 et fut inhumé dans l'abbatiale le 18 mai 783.

L'abbaye fut détruite par les Hongrois en 926. Il faudra attendre l'an 991 pour qu'elle soit reconstruite par l’évêque de Strasbourg Widerold, missionné par une révélation divine. Il lui attribua alors la propriété et la dîme de l'église de Rouffach. L’évêque de Strasbourg, Guillaume 1^er, lui octroya, en 1028, l'église Sainte-Hélène de Strasbourg. Son successeur, l’évêque Hetzelon, augmenta en 1047 les donations à l'abbaye. En 1130 fut construit le cloître dont une reconstitution est visible au musée de l’Oeuvre Notre-Dame de Strasbourg. Y est également conservée la cuve baptismale de l'abbatiale. La présence des reliques de Sainte-Sophie et de ses filles attira, en ce début du XII^e siècle, une quantité de pèlerins. L'abbesse Chunegundis, encouragée par l’évêque Burchard, fonda, en 1143, un hospice. Avec le jardin monastique de plantes médicinales, il permit d'administrer des soins aux nombreux pèlerins se rendant en ces lieux.

Le 13 juin 1180, le pape Alexandre III confirma à l'abbesse Wurtrudis l'ensemble des donations et la règle bénédictine en usage dans la communauté. Mais en 1232, le pape Grégoire IX et l’évêque Berthold voulurent reformer l'abbaye, ce qui se solda par un échec. En 1298, au cours de la guerre de succession du Saint Empire Romain Germanique, l’évêque de Strasbourg Conrad de Lichtenberg (soutenant les Habsbourg) fit détruire l'abbaye qui était devenue un point d'appui d'Adolphe de Nassau, l'empereur en titre. À partir de 1300, la façade ouest de l'abbatiale fut reconstruite en brique. Mais la baisse des revenus de l'abbaye contraint l'abbesse Gertrude de Rathsamhausen en 1313 à réduire à seize le nombre de moniales. En 1350 fut acquis le sarcophage gothique dans lequel furent déposées les reliques de Sainte-Sophie et de ses filles.

La guerre des Paysans ayant dispersé les moniales, l'abbaye revint, en 1525, à l’évêque de Strasbourg Guillaume III de Hohnstein qui l’intégra dans la mense épiscopale. Son successeur, l’évêque Léopold d'Autriche, céda l'abbaye en 1615 au grand chapitre de la cathédrale de Strasbourg pour la somme de 20 942 florins. Durant la guerre de Trente Ans, en 1632, l'abbatiale fut pillée par les Suédois du général Horn. Ils dispersèrent alors les reliques des saintes. Les éléments subsistants de ces reliques passèrent lors de la Révolution française aux mains de possesseurs privés. L'abbatiale fut remaniée en 1747 par le rehaussement du sol intérieur et le percement des larges fenêtres hautes. À cette occasion fut également reconstruit le mur nord du transept. À la Révolution, en 1792, les bâtiments conventuels furent vendus comme bien national pour 10 100 livres. Mis à part l'abbatiale, l'ensemble des bâtiments furent détruits en 1822.

L'abbatiale devenue église paroissiale d'Eschau fut classée Monument historique en 1898. Le 3 avril 1938, l’évêque de Strasbourg Charles Ruch ayant rassemblé les reliques de Sainte-Sophie de Rome et de ses filles les transféra à nouveau dans l'église Saint-Trophime. Le clocheton en bois du XVIII^e siècle surmontant la nef, menaçant ruine, fut démonté en 1955 et remplacé par un clocher provisoire. L'église bénéficia d'une campagne de restauration intérieure et extérieure entre 1958 et 1969. Un nouveau clocher en béton fut construit en 1987 au sein du cimetière entourant l'église. Le clocher provisoire fut supprimé l'année suivante. En 1995, une fouille archéologique fut effectuée dans l'église.

Ces photographies ont été réalisées en aout 2019.

Y ACCÉDER:

L'église Saint-Trophime se trouve rue de la 1^re Division blindée à Eschau.

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 17 décembre 2023

Cette page a été mise à jour le 17 décembre 2023