La grotte de Bedeilhac

La grotte de Bedeilhac possède un porche et une galerie gigantesque. Au point qu'au début de la 2^e Guerre mondiale, un projet de la transformer en usine d'aviation fut élaboré et que pour le besoin d'un film, un avion atterrit dans la grotte puis redécolla.

La grotte est creusée dans le calcaire du crétacé inférieur qui constitue le massif du Soudour. Le porche s'ouvre au nord. Il donne sur une galerie longue de 900 m, orientée nord-ouest/ sud-est. Le porche est large de 40 m et haut de 57 m. La galerie principale possède des voutes montant jusqu'à 80 m de hauteur et est large par endroit de 100 m. Un deuxième porche, bien plus modeste, s'ouvre à l'ouest du porche principal. La galerie principale a été creusée par une rivière souterraine, aujourd'hui disparut, puis a été élargie par un glacier souterrain. La galerie a subi plusieurs phases de comblement et de vidage qui ont éliminé toutes les concrétions sauf les plus massives qui ont toutefois été cassées et déplacées. L'aspect général de la grotte a peu changé depuis le paléolithique.

Une grotte aussi importante a, cela ne fait aucun doute, été connue de tout temps. La première preuve d'une visite au cours de la période historique, date de 1773 où elle fut visitée par Marcorelle. De 1861 à 1864, Félix Garrigou et Filhol, la visitèrent et y pratiquèrent des fouilles. En juillet 1906, l'abbé Breuil et H. Obermaier y découvrirent des peintures pariétales. Messieurs Mesplé et Boyer découvrirent en 1908 des mains positives. En 1925, G. Vidal explora et découvrit les peintures dans la galerie latérale qui, aujourd'hui, porte son nom. En 1927, Joseph Mandement et B. Jauze découvrirent la galerie des modelages et de nombreuses plaquettes gravées dans la salle des éboulis. La grotte fut classée Monument historique en 1929. Au début du XX^e siècle, la grotte fit l'objet de nombreuses fouilles de la part d'Henri et Louis Bégouën, M. Vaillant-Couturier, de l'abbé Cau-Durban, B. Jauze, Joseph Mandement, R. Robert, A. Cabrol et de Saint-Just Péquart. Ils ont découvert onze emplacements occupés par les magdaléniens, les hommes du néolithique et de l'âge du bronze dans les 400 premiers mètres de la galerie principale.

Le commandant Octobon et son fils Robert firent entre 1935 et 1939 des investigations dans la salle terminale. En 1939, le constructeur d'avion Dewoitine envisagea d'utiliser la grotte pour y abriter son usine afin de la protéger d'éventuel bombardement. Il fit construire la route d'accès et fit procéder au nivellement des 350 premiers mètres de la grotte. Ce nivellement consista à abaisser le sol de la galerie du côté droit pour remblayer le côté gauche. Cette opération détruisit nombre de gisement du paléolithique. L'armistice de 1940 mit un terme aux travaux. Ceux-ci furent repris par l'armée allemande (organisation Todt) en novembre 1942. Ils bétonnèrent le sol sur 100 m de longueur et construisirent des bâtiments à l'entrée de la grotte (accueil actuel). Les combats de la libération en 1944 détruisirent le matériel entreposé dans la grotte. Parmi ce matériel se trouvaient deux carcasses d'avions de chasse allemands qui y furent amenés par camions. Ces deux avions sont à l'origine de la légende (tenace) qui veut que les Allemands eussent installé un aérodrome dans la grotte. Cette légende fut reprise et popularisée dans le film "Le passe-montagne" de Christian Bernadac. En 1974, lors du tournage du film, Georges Bonnet atterrit puis décolla de la grotte aux commandes d'un monomoteur Morane camouflé en avion allemand. La réplique de l'avion est conservée dans la grotte derrière une bâche pour qu'il ne puisse être vu depuis l'entrée.

À partir de 1945, la grotte servit de dépôt de matériel pour l'armée française puis de dépôt de matériaux à une entreprise locale. En 1950, M. Martel reprit les fouilles de la galerie Vidal. Elles furent poursuivies par R. Robert jusqu'en 1953. En 1966, René Gailli et A. Beltran découvrirent le diverticule des Bisons. De nouvelles fouilles furent entreprises dans la galerie Vidal entre 1993 et 1996 par Michel Barbaza. Après avoir servi d'entrepôt et de salle des fêtes, la grotte a retrouvé sa quiétude, troublée uniquement par les visites guidées et réalisées à la lampe torche des touristes.

La grotte compte actuellement 440 figures pariétales parmi lesquelles se trouvent vingt-six bisons, huit chevaux, deux bouquetins, trois cervidés, des animaux indéterminés, des signes, des mains négatives, des empreintes et des symboles sexuels. Les fouilles ont mis à jour plus de 1000 objets d'art mobiliers constitués de plaquettes gravées, de bois de rennes, d'os gravés ou d'outillage lithique.

Le porche de la grotte s'ouvre sur une vaste galerie longue de 400 m environ. À quelques mètres du porche, débouche, sur la droite, la galerie Achille en provenance du deuxième porche. Aucune figure pariétale n'est connue dans cette galerie qui est barrée par un mur. À 100 m du porche, part, sur la droite, en hauteur, la galerie Vidal. Cette galerie, longue d'une centaine de mètres et large de 2 à 3 m, possède des figures peintes sur les deux parois. Ces figures ont, depuis leur découverte, très souffert, car la galerie avait été fermée par un mur, ce qui a modifié le climat. Dans la galerie Vidal, ont été découvert, sur la paroi gauche, cinq bisons bichrome, un cheval, une figure animale rouge, des traits rouges, un bison, un signe noir et des traits gravés. Sur la paroi droite se trouvent un cheval bichrome, long de 2,50 m, un animal non identifié et un bison. À 250 m de l'entrée s'ouvre, sur la gauche, le petit diverticule des bisons. Y figurent deux bisons noirs dont celui de la paroi de droite est associé à des points et des signes rouges.

À 400 m de l'entrée, la galerie principale débouche sur trois salles contiguës dont la largeur peut atteindre 100 m. Dans ces salles débouchent des diverticules étroits qui contrastent fortement avec les dimensions gigantesques des salles principales. À quelques mètres après le diverticule des bisons s'ouvre la galerie des modelages. À l'entrée de cette galerie se trouve la gravure d'un bouquetin. Un passage bas, franchissable qu'en rampant, débouche dans la salle du fond. Dans cette salle, sur un panneau, sont modelés, en bas-relief, dans l'argile, quatre bisons, un signe en accolade, une vulve et des empreintes de doigts. Sur le plafond de cette salle a été tracé à l'argile un cheval et peint en noir un bison. Sur la partie haute de cette salle se trouvent des tracés digitaux, un bouquetin gravé, un cheval acéphale noir (1,30 m de long) et des empreintes de pas très effacées. Toutes ces œuvres se sont beaucoup détériorées depuis leur découverte.

Après le diverticule des bisons, les trois salles principales présentent des œuvres sur les deux parois. S'y trouvent de nombreux points et signes rouges, un grand bovidé noir (1,60 m de long) et deux mains positives rouges. Dans la salle terminale se trouvent des empreintes de doigts, trois bisons noirs, une vulve raclée, des figures indéterminées, un bouquetin gravé, un grand bison raclé et gravé, des points noirs et un bison et trois chevaux gravés dans l'argile. Tout au fond de la grotte figurent un cervidé gravé (1,20 m de long), des empreintes de doigts et une patte de cervidé. Ces œuvres ont toutes été attribuées au magdalénien moyen (14000 av. J.-C.). La grotte associe de manière inédite une zone d'habitat, dans la galerie principale, et un sanctuaire dans les galeries latérales.

Pour de plus amples informations sur l'art rupestre consultez la page consacrée à "L'art rupestre".

L'accès à la grotte de Bedeilhac est fléché depuis Tarascon-sur-Ariège ou depuis Bedeilhac. La visite est payante et dure environ 2h.

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