Les grottes d'Alliat

En face de la célèbre grotte de Niaux, sur l'autre versant de la vallée, se trouvent, côte à côte, trois petites grottes. L'une d'entre elles, la grotte de la Vache, servit d'habitat aux artistes de Niaux.

Les grottes s'ouvrent dans une petite falaise où de nombreuses voies d'escalade ont été équipées. La première des grottes accessibles le long du chemin d'accès à la grotte de la Vache est la grotte des Fées. Il s'agit d'une toute petite cavité de quelques mètres de développement.

À quelques mètres de là, mais inaccessible au commun des mortels, se trouve la Spoulga d'Alliat. Cette grotte, d'un développé de 45 m et d'une superficie de 120 m², possède deux porches. Le plus vaste s'ouvre à 8 m de hauteur dans la falaise. Le deuxième, bien plus petit, s'ouvre à 15 m de hauteur. Cette disposition, la rendant accessible que par escalade a été utilisée pour en faire une grotte fortifiée. Plusieurs grottes de la région ont été transformées en château fort, car la fortification d'une grotte est plus facile à réaliser que de construire un vrai château. Cette pratique fut cependant très limitée dans le temps. Les grottes fortifiées apparurent dans les documents officiels entre le XI^e et le XIII^e siècle. Elles ne sont plus mentionnées après le XIII^e siècle lorsque les comtes de Foix ont les moyens d'ériger de grands châteaux sur leur territoire. Dans un acte de 1213, les grottes de la région sont désignées sous le terme de "cauna" et au cours du second tiers du XIII^e siècle les grottes fortifiées sont nommées "Spoulga".

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Une vue sur un des porches de la Spoulga d'Alliat.
Le mur fermant le porche se trouve au centre de la photographie

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Vue sur la spoulga d'Alliat

Le grand porche de la Spoulga d'Alliat est fermé par un mur formant un angle droit. Il couvre toute la hauteur du porche soit 4 m et à une épaisseur de 60 cm. Au niveau du petit côté se trouve une petite porte, large de 65 cm, accessible uniquement par escalade. Lors de l'utilisation de la grotte, une échelle devait faciliter l'accès. Le mur est percé de trois ouvertures carrées de 20 cm de côté et son sommet est crénelé. Ce porche est prolongé par une galerie parallèle à la falaise et haute de 1,50 m. Cette galerie recoupe perpendiculairement la galerie en provenance du petit porche. Le petit porche est barré par un mur de 1,20 m de hauteur et de 50 cm d'épaisseur. Son sommet est également crénelé. Il ferme ¼ de la hauteur du porche. La galerie, haute de 3 m, présente jusqu'à l'intersection avec l'autre galerie, une rangée de mortaise. Ceux-ci, disposés de chaque côté et à mi-hauteur, témoignent de la présence de poutres supportant un plancher. Les murs sont construits en petit et moyen appareil non taillés et liés avec un mortier de chaux. Nous n’avons aucune information concernant la date de construction des fortifications ni de leur durée d'utilisation.

La grotte de la Vache doit son nom à une concrétion située près de l'entrée dont la forme évoque un bovin. Comme beaucoup de grottes ariégeoises, celle-ci possède deux porches. Ceux-ci donnent sur la première salle, la salle Garrigou où d'énormes piliers supportent une voute basse. De cette salle part une galerie qui mène vers la salle triangulaire. Les parois latérales de cette salle sont inclinées vers le centre et forment donc avec le sol un triangle. En 1941, la fille de Romain Robert en se glissant dans une anfractuosité de la paroi gauche de la salle Garrigou découvrit une nouvelle salle. La salle Monique, d'une superficie de 280 m², recevait la lumière du jour au cours de la préhistoire au travers d'une paroi stalagmitique qui, depuis, c'est comblée. La grotte a une longueur de 70 m. Elle fut utilisée comme étable jusqu'au XIX^e siècle.

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Le porche de la grotte de la Vache

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Le 2^e porche de la grotte de la Vache

En 1866, Félix Garrigou entame des fouilles dans la première salle qui porte désormais son nom. Il met à jour une couche magdalénienne riche de nombreux silex, d'outillage osseux (sagaies, poinçons, aiguille à chas, etc.) et d'un important art mobilier. En 1941, Romain Robert reprend les fouilles de Félix Garrigou. Après la découverte de la salle Monique, il poursuit les fouilles dans cette salle où il met à jour une couche magdalénienne épaisse de 1 m. Les fouilles dureront 20 ans. Une importante industrie lithique, des foyers et un grand nombre d'ossements d'animaux furent retrouvés. Les datations au C14 réalisées sur les foyers donnèrent des dates allant de 13770 (+/- 140) à 11650 (+/- 200) av. J.-C. soit deux millénaires d'occupation. Les divers foyers avaient été aménagés dans de grandes cuvettes remplies de pierres chauffées. Jean Clottes considère ces foyers comme des foyers "tribaux". Les différents restes osseux ont été étudiés par N. Pailhaugue qui détermina que 142000 animaux ont été dépecés dans la grotte. Les dépouilles furent ramenées entières puis dépecées dans la grotte. Parmi les animaux ont été dénombrés 4886 oiseaux (en majorité des lagopèdes), au moins 1831 bouquetins, 147 rennes, 92 renards, 85 isards, 42 lièvres, 5 lapins, 9 cerfs, des saumons et des truites. L'étude montra également que les animaux furent tués de l'automne au printemps. La grotte fut donc occupée comme lieu d'hivernage.

L'art mobilier a essentiellement été réalisé sur des pièces osseuses et des bois de rennes. Quelques galets gravés complètent le lot. Cet art est constitué de figures d'animaux parmi lesquels des carnivores (loups, lions), des animaux rares (antilope saïga, ours, phoque), des bisons, des aurochs, des bouquetins, des chevaux, des cerfs, des rennes ou des poissons. On y trouve également des représentations d'humains. Les sujets sont représentés en action avec un luxe de détails notamment pour les pelages. De nombreux objets montrent les animaux sous forme de frises, d'affrontement ou de diverses scènes.

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Plaquette gravée d'une tête de biche trouvée dans la grotte de la Vache (© Wikipédia)

Les dernières études réalisées sur les pigments de peinture de Niaux et ceux retrouvés dans la grotte de la Vache indiquent une contemporanéité entre les deux grottes. Les habitants de la grotte de la Vache sont donc probablement les artistes de la grotte de Niaux. Aucune œuvre pariétale ne figure dans la grotte de la Vache. Il n'y a que quelques tracés digitaux à gauche de l'entrée de la salle triangulaire qui est, par ailleurs, dépourvue de tout objet préhistorique.

Pour de plus amples informations sur l'art rupestre consultez la page consacrée à "L'art rupestre".

L'accès à la grotte de la Vache se fait par un sentier piétonnier depuis un parking au centre d'Alliat. L'accès est fléché depuis la route. La visite de la grotte de la Vache est payante.

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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