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Le sourire de Rouffach

La première mention de Rouffach dans l'histoire date de l'an 164 apr. J.-C.. Quelques fermes gallo-romaines étaient alors regroupées dans les environs. L'agglomération dénommée Rubeaquum doit son origine à une importante villa gallo-romaine dont les restes sont enfouis sous la place au sud de l'église. Au cours des Ve et VIe siècles, de nombreuses fermes se sont rassemblées au pied de la colline du Strangenberg. Au cours du VIIe siècle, le roi Dagobert II offrit, en reconnaissance de la guérison miraculeuse de son fils Sigebert, le domaine aux évêques de Strasbourg. À cette époque, une forteresse occupait déjà le site du château actuel de l'Isenbourg. La légende raconte qu'une tour de vigie romaine s'élevait à cet endroit. Les Alamans, lors de leur invasion de la région, entreprirent sa destruction. La tour leur résista si bien qu'ils la crurent construite en fer. Un de leur chef la transforma donc en résidence en la nommant "Eisenburg" (tour de fer).

la halle aux blès
L'ancienne halle aux blés

Le village fut détruit en 1199 par les troupes de Philippe de Souabe et en 1365 et 1375 par les Anglais. Dés 1380, l'évêque de Strasbourg entreprit la reconstruction du château d'Isenbourg et de l'enceinte de la ville. Les vestiges des remparts visibles au sud de la ville datent de cette époque. La base de la tour des sorcières est également de cette période. C'est la seule des six tours qui soit encore conservée. Le manque d'entretien de cette enceinte facilita la prise de la ville en 1633 par les Suédois au cours de la guerre de Trente Ans. En 1663, l'évêque de Strasbourg céda ses possessions en Haute-Alsace au roi de France : Louis XIV. Rouffach cessa alors de jouer un rôle dans l'histoire.

la facade
La façade de l'église

la croisée
La croisée avec sa flèche

Rouffach étant le centre administratif du Haut-Mundat (ensemble des possessions temporelles haut-rhinoises des évêques de Strasbourg) se devait de posséder une église digne de son rang. La construction de l'église Notre-Dame de l'Assomption débuta durant la deuxième moitié du XIe siècle. De cette époque, subsistent les deux absidioles du transept de part et d'autre du chœur. À la fin du XIIe siècle, les bras du transept furent voûtés. La croisée fut surmontée d'une flèche à base octogonale au milieu du XIIIe siècle. La partie orientale de la nef date également de cette période. À la fin du XIIIe siècle, le chœur fut reconstruit en style gothique. Il fut fermé en 1300 par un jubé qui sera démoli au XVIIIe siècle. Il n'en subsiste que les deux tourelles d'escaliers. En 1300 débuta également la construction de la façade occidentale. La façade fut cependant abandonnée lorsque les tours eurent atteint le premier étage. La rosace de la façade fut terminée durant le XIVe siècle. Avec ses vingt lancettes, elle est la plus complexe d'Alsace et surpasse celle de la cathédrale de Strasbourg qui n'en possède que seize. Au cours du XVe siècle, la tour sud fut surélevée d'un étage avant d'être à nouveau abandonnée. Les derniers travaux eurent lieu en 1508 où le maître d'œuvre Hans de Saint-Gall reconstruit la voûte et le mur sud du transept. Comme maîtres d'œuvres du XIVe siècle sont également connus Johann Behem et Woelflin de Rouffach sans qu'il soit possible de leur attribuer un élément précis de la construction. Woelflin est certainement l'auteur des statues d'anges de la façade.

la rosace

le choeur
Le chœur

la nef
La nef

L'église paya un lourd tribut à la Révolution française. La majorité des ornementations furent détruites. Ce qui nous laisse un monument qui parait être nu si nous le comparons à d'autres édifices religieux. Les rares statues et gargouilles qui subsistent nous donnent un minuscule aperçu de la splendeur que devait posséder ce monument.

la mort
La mort en gargouille

un ange
Un des anges qui ornent l'extérieur du chœur

Parmi ces vestiges d'ornementation figure le "sourire de Rouffach". Ce sont les têtes d'un jeune homme et d'une jeune fille disposés de part et d'autre du linteau de la porte d'accès à l'ancienne sacristie qui se situait jusqu'en 1918 au nord du chœur. Cette sacristie a depuis été transformée en chapelle. Je dois avouer mon étonnement lorsque j'ai découvert sur internet le "sourire de Rouffach". Étant natif de cette ville, je n'avais jamais vu ces ornementations. Il faut dire que l'autel est disposé au centre du transept et que le chœur était, durant mon enfance, interdit au public, surtout aux enfants. Le chœur possède d'autres joyaux de la sculpture telle que les chapiteaux des colonnes ou les stalles.

le sourire
Le sourire de la jeune fille

le sourire masculin
et le sourire du jeune homme qui lui répond

un chapiteau
Un des chapiteaux ornées

un autre
Un autre

Au cours du XIXe siècle fut entreprise une grande opération de restauration. En 1854, le remplacement de la flèche de la tour centrale (le doigt de la cité) porta celle-ci à une hauteur de 68 m. En 1866, l'architecte parisien Maximilien Émile Minay entreprit la surélévation des tours nord et sud de la façade. La tour nord fut terminée et culmine à 56 m. La guerre de 1870 interrompit une nouvelle fois les travaux. Et la tour sud restera inachevée à 42 m de hauteur. Ces restaurations ont été exécutées en utilisant le grès rose de Phalsbourg alors que l'édifice initial fut construit en grès jaune du Strangenberg. La dernière modification de l'édifice eut lieu en 1918 avec la construction d'une nouvelle sacristie au sud du chœur.

le 3e chapiteau

le 4e

une des stalles
Sculpture d'une des stalles

une autre stalle
Une autre tête sur une stalle

L'église de Rouffach possède également une particularité qui n'est plus tellement visible actuellement. Le côté droit de la nef traditionnellement occupé par les hommes est ici réservé aux femmes. Elles ont acquis ce droit le jour de Pâques 1106. Ce jour, Henri V, empereur du Saint-Empire, séjournant au château d'Isenbourg, fit enlever une jeune fille qui lui plaisait. La mère de la malheureuse demanda aux hommes de monter au château pour la libérer. Mais ceux-ci, trop lâche, ne bougèrent pas. Les femmes voyant cela prirent elles-mêmes les armes et attaquèrent le château. Devant leurs fureurs, l'empereur prit la fuite en abandonnant sa couronne, son sceptre et son manteau. Les femmes, après avoir délivré la jeune fille, allèrent déposer les insignes du pouvoir devant la statue de la Vierge dans l'église de Rouffach. Pour l'histoire, Henri V revient quelques jours plus tard et rasa la ville en représailles.

la Vierge
Autel de la Vierge à l'enfant du XVe siècle.

une autre Vierge

le maitre autel
Le retable du maitre-autel présente la vie de Saint Arbogast qui guérit Sigebert, fils de Dagobert II.

les vitraux du choeur
Les vitraux du chœur datent du XIXe siècle.

Une autre légende nous parle du sonneur de Notre-Dame. Durant le Moyen-âge, toutes les nuits un veilleur prenait son poste dans la tour de l'église. Un soir, le veilleur, ayant des peines de cœur, s'est enivré. Cette nuit, un incendie éclata et détruisit une grande partie de la ville. Pour sa punition, il fut transformé en statue. Ce serait une de celle située au-dessus du porche de l'église.

gisant
Gisant du chevalier Werner Falk sur le mur nord de la nef

la fleche
La flèche

sonneur de cor
Le veilleur ?

Ces photographies ont été réalisées en mars 2011.

 

Y ACCÉDER:

L'église Notre-Dame de l'Assomption est au centre de Rouffach.

 



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Cette page a été mise en ligne le 7 mai 2011

Cette page a été mise à jour le 23 février 2015