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Notre-Dame du chêne de Blotzheim

Les origines du pèlerinage Notre-Dame du Chêne à Blotzheim restent mystérieuses. Du point de vue de la légende, trois versions s'affrontent. Dans la première version, ce sont des oiseaux qui par leurs chants mélodieux ont attiré des bucherons vers un chêne où était accrochée une Piéta. Dans la deuxième version, c'est des enfants qui, en jouant au pied d'un chêne, entendirent des chants célestes et dans la troisième, la Vierge apparut à une bergère et demanda l'érection d'une chapelle à sa gloire.

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Historiquement, entre 58 av. J.-C. et 375 apr. J.-C., l'endroit était occupé par un fort romain connu sous le vocable de Robur. Un temple était donc vraisemblablement érigé à cet endroit. Pour éradiquer le culte à des divinités païennes, le site fut donc christianisé en transformant le temple en chapelle. En 727, le comte Eberhard d'Eguisheim offrit le village de Flobetesheim (l'actuelle Blotzheim) à l'abbaye de Murbach. En 1268, le site fut occupé par des nonnes cisterciennes. L'ancien curé de Blotzheim, Jean de Lenzbourg, devenu évêque de Chur, promulgua, en 1386, des indulgences pour tous les bienfaiteurs du pèlerinage de Notre-Dame. Il agit sur les dires de "Témoins de la foi" rapportant les grâces qu'accordait la Vierge aux pèlerins. L'évêque confirma les indulgences en 1395. L'évêque de Bâle fit de même en 1388 et les étendit aux visiteurs de l'autel de St-Antoine. En 1408, la chapelle située au rez-de-chaussée du clocher fut dédiée à St-Antoine.

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Les évêques réunis au concile de Constance en 1418 décrétèrent de nouvelles indulgences à l'égard des pèlerins et des bienfaiteurs du pèlerinage. Ces indulgences furent confirmées par l'évêque de Bâle puis réintégrées par le concile de Bâle en 1434. Le pèlerinage et la ville furent pillés par les Armagnacs et les Bâlois en 1444/1445 en représailles, le seigneur du château de Blotzheim Goetz von Eptingen ayant pris parti pour le roi de France à leurs détriments. En 1446, le chapitre de Sion, dans le Valais, accorda à "l'église de la Ste-Vierge de Blotzen dans le diocèse de Bâle, qui est complètement détruite, un précieux fragment d'une cloche intervenant dans la légende de St-Théodule". En 1448, l'église Notre-Dame et l'abbaye cistercienne furent incorporées à l'abbaye de Lucelle. Cette incorporation fut confirmée en 1454 par une bulle papale et fut effective en 1464 à la mort du recteur en fonction. L'église et le village de Blotzheim furent détruits en 1468 lors de la guerre que menèrent les confédérés suisses aux Autrichiens. L'église fut reconstruite en 1494 comme en témoigne une date gravée au pied du clocher.

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En 1625 fut constaté le mauvais état de l'église nécessitant d'urgence des réparations. Ce ne fut qu'en 1628 que l'abbé de Lucelle accorda 100 schillings et 20 sacs de blé pour les travaux qui furent entrepris en 1629. Mais en 1633, durant la guerre de Trente Ans, les troupes suédoises détruisirent l'église et le village. Après cette guerre, les Bâlois étant passés à la Réforme, le pèlerinage ne fut plus usité. En 1685, l'église était en ruine. La communauté engagea un procès devant le Conseil souverain d'Alsace pour contraindre les décimateurs (ceux qui percevaient la dîme) à la reconstruire. Les décimateurs furent condamnés en 1699, mais le projet de reconstruction ne fut pas du gout de la communauté qui engagea un nouveau procès. Ce ne fut qu'en 1717 que la reconstruction aboutit grâce aux efforts du seigneur Urs Glutz de Blotzheim. Cette reconstruction fut confiée à l'architecte bâlois Jean-Jacques Pack. En 1738 fut érigé à Blotzheim un couvent de capucins à qui fut confiée, en 1748, la gestion de l'église.

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Lors de la Révolution française, en 1791, le couvent et l'église furent pillés avant d'être fermés. Le père Bernardin Juif, curé de Blotzheim, rouvrit le pèlerinage en 1800. Ce même curé réussit, à grande peine, à sauver le pèlerinage de la destruction au cours des guerres napoléoniennes en 1815. En 1846, madame Ursula Moser de Village-Neuf fit ériger par testament le Mont des Oliviers devant l'église. Elle y consacra la somme de 1000 francs. Le peintre bâlois Reibel réalisa en 1891 de nouvelles fresques qui furent par la suite recouvertes de badigeons. En 1920, le château de Blotzheim fut occupé par la congrégation des Pères du Saint-Esprit qui y fondèrent une école missionnaire qui prit le nom du pèlerinage. Lors de l'exode de 1939, la statue de Notre-Dame du Chêne accompagna les blotzheimois lors de leur évacuation dans les Landes. Dès la paix revenue, en 1945, le curé Charles Weckerlin entreprit la rénovation des lieux. En 1957, la Piéta du XVe siècle qui orne l'autel central fut translatée depuis l'église paroissiale après sa rénovation par Joseph Saur. Une dernière campagne de rénovation eut lieu de 1999 à 2007.

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Le mont des oliviers

Le pèlerinage de Notre-Dame du Chêne, dénommé dans le passé "Sancta Maria ad Robur", fut un des plus importants des sept pèlerinages alsaciens dédiés à Notre-Dame du Chêne. L'église actuelle se compose d'une nef rectangulaire à trois travées, longue de 20,20 m et large de 11,55 m. La nef, datée de 1629, est recouverte par un toit à longs pans et est éclairée par six baies en arc brisé formé de doubles lancettes surmontées d'un cercle. Le chœur, construit entre 1712 et 1717, forme une abside à cinq pans coupés percés de quatre baies et d'un oculus. Le chœur a une longueur de 9,30 m et une largeur de 7,60 m. Il est flanqué au nord par la sacristie et au sud par la chapelle St-Antoine l'ermite. Cette chapelle, construite en 1388, est surmontée du clocher construit en 1494. Le clocher est coiffé d'un toit en bâtière surmontée d'un clocheton. L'église fut classée Monument historique le 26 mars 1986.

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L'autel latéral gauche

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L'autel latéral droit

Le maître-autel fut érigé en 1717 par Hugues-Jean Monnot. Il est constitué d'un tombeau (fictif) orné de guirlandes de fleurs et de feuilles surmontées du tabernacle dont les niches abritent les quatre évangélistes et un crucifix. Le retable encadré de quatre colonnes corinthiennes abrite la Piéta du XVe siècle. Sur le côté gauche de la corniche se trouve St-Michel, sur le côté droit, un ange sonnant de la trompette et au centre des angelots dans les nuages. Le maître-autel abriterait le chêne sur lequel se trouvait la statue originelle. L'autel latéral droit, installé en 1710, proviendrait de l'abbaye de Lucelle. Il est décoré de deux toiles de Charles Stauder (1640-1714). L'une représente le martyre de St-Sébastien et l'autre, une Vierge à l'enfant dans une couronne de roses tendant le rosaire à St-Dominique agenouillé à ses pieds. L'autel latéral gauche érigé au XVIIIe siècle est constitué d'une toile encadrée par des colonnes corinthiennes. Jusqu'en 1946, il s'agissait d'une représentation du Christ sur la croix d'où le nom de Kreuzaltar (l'autel de la croix). La toile fut remplacée en 1947, à la demande du curé Charles Weckerlin, par une toile représentant St-Nicolas de Flüe (saint suisse qui fut canonisé en 1946) réalisée par Joseph Gasser. Depuis 2006, un Christ en croix a repris sa place. Les vitraux furent réalisés en 1879 par le bâlois Kuhn et l'orgue, classé Monument historique en 1987, fut construit en 1843 par les frères Callinet.

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Ces photographies ont été réalisées en mai 2013.

 

Y ACCÉDER:

L'église Notre-Dame du Chêne est située au sein du cimetière de Blotzheim. Il est situé à l'est du centre-ville. L'église n'est pas ouverte tous les jours.

 



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Cette page a été mise en ligne le 10 avril 2015

Cette page a été mise à jour le 10 avril 2015