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L'aqueduc souterrain de Briord

Le village de Briord fut à l'époque gallo-romaine un important vicus. De nombreuses trouvailles archéologiques répertoriées depuis le XIXe siècle en attestent. Le vestige le plus visible reste l'aqueduc souterrain qui traverse la colline de Briarette.

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L'entrée sud de l'aqueduc souterrain

Cet aqueduc a été creusé pour détourner les eaux de la Brive (ou brivaz ?) qui coulent dans un vallon parallèle au cours du Rhône au nord de la colline de Briarette. L'aqueduc a une longueur de 197,20 m, une largeur de 1,50 à 2,50 m et une hauteur de 2 à 3 m. Il fut creusé au pic depuis les deux côtés de la colline. Les marques des outils sont toujours visibles ainsi que des niches pour les lampes des mineurs. Le creusement par les deux extrémités conduisit à un décalage axial des galeries de 11,50 m et vertical de 2 m. Le décalage vertical, relevé par les mesures, n'est pas très perceptible lors de la visite due faite que le sol fut surcreusé pour y poser une conduite moderne. Il n'est cependant pas établi si ce décalage était dû à un mauvais alignement des mineurs ou s'il était volontaire afin d'atténuer le courant de l'eau.

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Dans l'aqueduc souterrain

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Vue sur l'entrée sud

À la sortie nord de l'aqueduc, un canal fut construit pour amener l'eau de la Brive. Les traces laissées par l'eau (dépôt à la limite eau/air) montrent un niveau d'eau élevé et constant dans l'aqueduc. Un barrage, probablement construit à la sortie sud, a transformé l'aqueduc en réservoir d'une capacité d'environ 700 m3. L'altitude de l'entrée de l'aqueduc (241,25 m), de la sortie (240,50 m) et du vicus de Briord crée un dénivelé de 35 m propice à l'alimentation de moulins. La présence de moulin après la sortie de l'aqueduc n'est, à l'heure actuelle, pas prouvée.

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Le décrochement de la galerie

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Vue sur la sortie nord

Mentionnée dans les textes depuis 1650, l'obstruction de l'entrée en fit oublier pendant longtemps l'existence. Une datation de sa construction de l'époque de Marc-Aurèle (121 à 180 apr. J.-C.) a été avancée, mais sans certitude. Plusieurs châteaux d'eau (castela), installée sur le tracé de l'aqueduc, sont également signalés dans la littérature ancienne. L'un d'entre eux fut détruit en 1844.

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En parcourant l'aqueduc, entré du côté sud, car le côté nord est souvent envahi par l'eau, et en levant la tête, nous constatons, vers le milieu de la galerie, le départ d'une cheminée karstique. D'une hauteur de 30 m, elle n'a visiblement pas fait l'objet d'une exploration dans les temps anciens. Les spéléologues modernes qui l'ont exploré n'y ont trouvé aucune activité humaine préalable à leur passage.

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La marque sur les parois de la hauteur de l'eau

 

Au lieu-dit "La plaine" furent mise à jour, en 1892, six tombes du Bas-Empire (IIIe-IVe siècle apr. J.-C.). L'une d'entre elles était en pleine terre et le défunt était accompagné d'un vase. Une autre était constituée d'un cercueil en bois contenant une vingtaine d'objets, dont deux vases, une coupe, deux plats et une assiette. La tombe la plus importante était le sarcophage et le cippe de Connius Tyticus. La tombe était surmontée d'un monument funéraire dont il subsiste quelques blocs et le mur de soutènement. Celui-ci fut dégagé en 1965.

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Les tombeaux au lieu-dit "La plaine"

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Au lieu-dit "Les Plantées", les sondages de l'abbé Grange en 1956 mirent à jour une nécropole gallo-romaine et mérovingienne. Elle fut fouillée de 1958 à 1980. Les plus anciennes inhumations réalisées en pleine terre furent datées du règne de Tibère (14 à 37 apr. J.-C.). À partir du règne de Vespasien (69 à 79 apr. J.-C.), les incinérations devinrent majoritaires. Durant cette période, 20 inhumations furent réalisées en pleine terre et 98 furent incinérés. Les corps étaient habillés et munis de parures. Ils étaient accompagnés d'offrandes. Ceux qui furent incinérés le furent sur un bûcher. Les restes du bûcher furent ensuite déposés dans une fosse parallélépipédique. Ce mode d'inhumation diffère des coutumes funéraires du reste de la Gaule où les restes de la crémation étaient placés dans une urne. À Briord ne furent retrouvées que 3 urnes pour 98 fosses. Dans les fosses furent retrouvés les restes de petits coffres incinérés non sur le bûcher, mais directement dans la fosse. Peut-être comprenait-il les effets personnels du mort ou une offrande particulière.

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Les vestiges de l'église au lieu-dit "Les Plantées"

Au cours du Bas Empire (IIIe - IVe siècle) les inhumations furent réalisées en pleine terre. Les tombes ne contenaient aucun mobilier. Plusieurs tombes du Ve siècle contenaient des éléments de parures typiques du royaume burgonde comme des colliers en or et pierres semi-précieuses, des bracelets, des fibules zoomorphes, etc. À la fin du Ve siècle, un personnage important fit construire sur le site une basilique funéraire dédiée à saint Maurice. Elle ne dura pas très longtemps, car dès le début du VIe siècle, elle tomba en ruine.

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À la fin du Ve et au début du VIe siècle, les inhumations se firent en pleine terre. Au milieu du VIe siècle, des tombes à entourage de galets furent utilisées et au cours du VIIe siècle les tombes furent construites en forme de coffre réalisé à l'aide de dalles brutes. Le mobilier funéraire accompagnant les défunts était le reflet des modes et des croyances de la société locale. Le christianisme est attesté dans la nécropole à partir de la fin du Ve siècle. Quatorze inscriptions chrétiennes dont celles de trois prêtres ont été datées du début du VIIe siècle. La nécropole fut abandonnée au profit d'une nouvelle entourant l'église paroissiale du village vers le milieu du VIIe siècle.

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Les tombeaux au lieu-dit "La plaine"

Ces photographies ont été réalisées en mars 2015.

 

Y ACCÉDER:

Du centre-ville de Briord, prendre la D79a en direction de Vérizieu. Les tombeaux sont sur le bord gauche de la route avant le croisement avec la D19.

Poursuivre ensuite sur la D39a. Au croisement avec la D19, prendre à gauche. Se garer au niveau du panneau indiquant la nécropole (sur la gauche de la route à environ 1 km).

Pour l'aqueduc, prendre en face de la nécropole le chemin montant sur la droite vers la colline. Puis prendre le 1er sentier partant à gauche sur environ 50 m.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 15 août 2015

Cette page a été mise à jour le 15 août 2015